Edito
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Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix

Quelle scène saisissante, dans Mat 27.40-44! Jésus cloué à la croix, apparemment impuissant, souffre la solitude, l’abandon, l’opprobre. Pourquoi n’est-il pas descendu de la croix, s’il est vraiment le Fils de Dieu? Pourquoi pas ce miracle visible? Pour­quoi ce silence absolu de la part de Dieu face à une foule déçue et qui aurait été épatée s’il en était descendu? Elle l’aurait acclamé comme une vedette!

Au plus profond de sa détresse, de son abaissement, Jésus subit encore un terrible assaut de l’ennemi par l’intermédiaire des chefs religieux. Pour eux, la puissance de Dieu devait se manifester par la descente spectaculaire du Seigneur de la croix. Si Dieu aimait son Fils, qu’il le descende de là! Ils refusaient de croire et de com­prendre les Ecritures, qui témoignaient tout au long de l’AT de la gloire de Dieu en Christ à travers son incarnation, de son humanité et de sa divinité, de sa mort ignominieuse et expiatoire. Non, ils demandaient des miracles (1 Cor 1.22). Ils igno­raient ce «il fallait» des souffrances de Christ avant d’entrer dans sa gloire (Luc 24.26). Ils avaient une image faussée de l’Eternel, de son caractère et de ses attri­buts. La tradition les tenait captifs et les aveuglait dans leur compréhension des Ecritures. Pour eux, Dieu se devait de prouver sa puissance et son amour en déli­vrant son Fils de l’ignominie de la Croix. C’était ignorer le dessein de Dieu.

Imaginons un peu cette scène à la croix: la foule, les chefs religieux, les brigands même; personne n’avait compris le chemin de l’obéissance sacrificielle du Christ. Ils voulaient voir pour croire, comme Thomas (Jean 20.24-29). Aujourd’hui rien n’a changé. Le même esprit règne. Tout ce qui touche au sensationnel, au visible, au succès, bref à la glorification de l’homme, attire.

Nous avons à éviter un piège: le triomphalisme. Le monde moderne a passé du «micro» au «macro». Nous voyons les choses à une échelle de plus en plus grande. Ce qui est petit et insignifiant est mal venu, mal accepté. On aspire à des «oeuvres de puissance», des miracles qui frappent, des sentiments sublimisés, des visions qui nous ouvrent la voie au triomphe.

Nous risquons de passer à côté de la plénitude en Christ. Nous avons à appliquer la théologie de la croix, de la souffrance, en suivant l’exemple de Christ sur le chemin du renoncement et du sacrifice (1 Pi 2.21). C’est à cela que nous avons été appelés. Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit (Jean 12.24 sqq.).

Le silence de Dieu à la croix du Calvaire a été plus parlant et plus efficace finalement que si Jésus avait été miraculeusement délivré de la croix par Dieu. Non, « il fallait» qu’il passe par l’horrible abîme du péché qu’il a fait peser sur lui à cause de nos péchés. Il est mort pour nous racheter. C’est dans une adoration profonde et respectueuse que nous regardons au Père pour le louer de son amour infini.

Le Seigneur veut aussi être un exemple pour nous, afin que nous prenions courage dans notre course terrestre parfois bien difficile. Dans cette optique, la souffrance, les afflictions et la faiblesse dont parle l’apôtre Paul dans 2 Cor 12.6-10 nous sont nécessaires pour progresser dans la sanctification. N’oublions pas que Dieu se plaît à faire avancer son oeuvre à travers ses enfants soumis à sa Personne et à sa Parole, quel que soit le chemin tracé par lui. La puissance de Dieu peut alors agir à travers ses serviteurs faibles. Nous serons alors puissamment fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur; que le Christ habite dans vos coeurs par la foi et que vous soyez enracinés et fondés dans l’amour, pour être capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, et de connaître l’amour de Christ qui surpasse toute connaissance, en sorte que vous soyez remplis jusqu ‘à la pléni­tude de Dieu (Eph 3.16-20).

H. Lüscher
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Lüscher Henri
Cofondateur de la revue, il y a 48 ans, Henri Lüscher se consacre encore à plusieurs tâches administratives et rédactionnelles en faveur de Promesses.