Dossier: Déclarations de Chicago
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Sur l’inerrance biblique

1re déclaration de Chicago, 28 octobre 1978

Dans cet article, Henri Lüscher poursuit la présentation des « Déclarations de Chicago » au sujet du statut de la Bible et de ses implications. Dans l’ouvrage des Editions Kerygma, cette première déclaration occupe les pages 20 à 33. Nous avons résumé ces pages, et nous espérons que la lecture de cet article vous incitera à vous procurer et à lire l’intégralité de la déclaration.

I. Un résumé

En cinq points, les auteurs résument les 19 articles qui traitent de la révélation de Dieu en Jésus-Christ par les Ecritures, de son autorité divine et infaillible, du Saint-Esprit, son divin Auteur, de son inspiration verbale, de son infaillibilité, de son inerrance et des conséquences graves qui résultent d’une limitation ou d’une négligence de cette «totale inerrance divine».

Il. Dix-neuf articles

Les articles I et II affirment l’autorité totale des Ecritures, norme écrite suprême à laquelle l’autorité de l’Eglise est subordonnée. L’Ecriture ne reçoit pas son autorité de l’Eglise, de la tradition ou de quelque autre source; elle ne la reçoit ni des « symboles confessionnels de l’Eglise, ni de ses conciles, ni de ses déclarations ».

Les articles III à V affirment que « la Parole écrite dans son intégralité est révélation venant de Dieu ». Dieu a employé le langage comme mode de révélation, et cette révélation de Dieu dans la Bible est progressive. Ils rejettent la théologie existentialiste ou néo-orthodoxe selon laquelle la « Bible ne serait qu’un témoignage à la révélation et ne deviendrait révélation que dans l’ événement de la rencontre ». Elle n’est pas non plus soumise à la subjectivité de l’homme pour ne devenir valide qu’à sa réponse. Ni notre « finitude de créatures », ni la « corruption du langage et de la culture par le péché » n’ont empêché en quoi que ce soit « l’ouvre divine de l’inspiration ». Aucune « révélation ultérieure (qui peut accomplir une révélation antérieure) ne peut la corriger ou la contredire. Aucune révélation normative n’a été donnée une fois le Nouveau Testament au complet.

Les articles VI à X affirment l’inspiration plénière de la Bible, celle-ci étant inspirée « jusqu’aux mots mêmes de l’original ». Ils rejettent toute opinion sur une inspiration limitée. « Dieu a communiqué sa Parole par son Esprit au moyen des hommes qui l’ont écrite ». La personnalité et le style des auteurs ont été employés par Dieu dans son oeuvre d’inspiration. Ce n’était pas une inspiration « mécanique » où la personnalité des rédacteurs aurait été étouffée. L’inspiration a garanti la totalité de ce que les auteurs sacrés ont écrit. Tout est vrai et digne de foi, et aucune erreur n’a été introduite dans la Parole même à travers le canal des rédacteurs dont la nature était pourtant pécheresse. L’inspiration, au sens strict, concerne le texte des « autographes bibliques ». Mais, comme « Dieu a veillé dans sa providence » sur sa Parole, les manuscrits ont été établis avec grande exactitude, et l’on peut « affirmer que les copies et traductions des Ecritures sont la Parole de Dieu dans la mesure où elles se conforment fidèlement à l’original ». L’absence des autographes n’invalide en rien l’inerrance biblique ou la foi chrétienne.

L’article XI affirme l’infaillibilité de l’Ecriture et rejette « l’opinion selon laquelle la Bible pourrait à la fois être infaillible et errer dans ce qu’elle énonce. On peut distinguer infaillibilité et inerrance, mais non les séparer ».

Les articles XII et XIII affirment l’inerrance de la Bible dans « son intégralité » et rejettent l’opinion selon laquelle les thèmes spirituels et religieux touchant la rédemption sont inerrants en excluant de l’inerrance les énoncés touchant l’histoire et les sciences. L’inerrance des énoncés dans Genèse 1 à 11 (l’histoire de la création, du déluge, de la tour de Babel et l’origine des différentes nations) est clairement affirmée, et les « illégitimes hypothèses scientifiques sur l’histoire de la terre sont catégoriquement rejetées ». L’inerrance, en terme technique, signifie « l’entière vérité de l’Ecriture », et cela touche également « les problèmes de grammaire et d’orthographe,… les phénomènes de la nature… et les mentions de paroles fausses rapportées, l’usage de l’hyperbole et de nombres ronds, l’arrangement thématique des choses racontées, la diversité dans leur sélection lorsque deux ou plusieurs récits sont parallèles, l’usage de citations libres ».

L’article XIV affirme l’unité et l’harmonie interne de la Bible et rejette l’opinion qui infirme la vérité de l’Ecriture à cause des passages apparemment contradictoires et des difficultés non résolues.

L’article XV affirme que la doctrine de l’inerrance se fonde sur l’enseignement de la Bible au sujet de son inspiration. Il rejette l’opinion selon laquelle on pourrait négliger l’enseignement de Jésus sur l’Ecriture qui se serait accommodé « aux idées de son temps ». Il réfute également « toute limitation naturelle de son humanité ».

L’article XVI affirme la doctrine de l’inerrance comme partie intégrante de la foi chrétienne historique. Elle n’a pas été inventée par le protestantisme scolastique et n’est pas une résultante de la haute critique négative, opinions à rejeter.

L’article XVII affirme que le Saint-Esprit rend témoignage aux Ecritures et assure les croyants de cette vérité. Jamais le Saint-Esprit ne pourrait s’écarter de l’Ecriture ni la contredire, puisqu’il est Dieu, l’auteur de cette Parole.

L’article XVIII parle de l’herméneutique de la Bible en affirmant « qu’il faut interpréter l’Ecriture par une exégèse grammaticale et historique en tenant compte des formes et procédés littéraires ». L’Ecriture doit aussi être interprétée par l’Ecriture. Il rejette toute relativisation ou « dé-historicisation » du texte dans l’étude de la Bible. Une telle interprétation mènerait à la destruction de la foi chrétienne.

L’ article XIX affirme « la confession de la pleine autorité, infaillibilité et inerrance de l’Ecriture » comme « vitale pour la saine compréhension de la foi chrétienne ». Cette « confession devrait nous conduire à nous conformer toujours plus à l’image du Christ ». Mais le salut ne dépend pas d’une telle confession. Toutefois, la renier « ne serait pas sans graves conséquences pour le croyant individuellement et pour l’Eglise ».

III. Exposé

Pour une meilleure compréhension de la doctrine de l’inerrance, les auteurs ont esquissé un schéma doctrinal servant de base pour le résumé et les articles.

A. Création, révélation, inspiration

 » Le Dieu trinitaire a tout formé par ses commandements créateurs » et « gouverne tout par sa Parole « . Il a créé l’homme à son image pour « entendre la Parole que Dieu lui adressait et répondre dans l’obéissance joyeuse de l’adoration ». Depuis Adam, l’homme a reçu de Dieu « des messages de nature verbale: soit directement, comme l’Ecriture le rapporte, soit indirectement sous la forme du texte scripturaire ou d’une partie de ce texte ». A la chute, Dieu a promis le salut en commençant « à se révéler dans une série d’événements historiques », spécialement envers les croyants, pour se focaliser sur l’événement principal de la venue du Fils de Dieu sur la terre pour accomplir son oeuvre rédemptrice. Tout au long de cette histoire, « Dieu a prononcé des paroles précises de jugement et de miséricorde, de promesses et de commandements, adressées à des pécheurs pour les faire entrer dans une alliance avec lui ». Il l’avait fait par la bouche de ses prophètes de l’Ancien Testament. Puis, « l’ultime et suprême message de Dieu, sa parole au monde concernant ]ésus-Christ, une fois prononcé, puis expliqué par les membres du cercle apostolique, la série des messages révélationnels est venue à son terme ». Ils ont donc tous parlé de la part de Dieu, poussés par le Saint-Esprit (2 Pi 1.21). Cette Parole venant de Dieu, a l’autorité de Dieu, parce que Parole de Dieu.

B. Autorité: Le Christ et la Bible

 » Jésus-Christ, le Fils de Dieu, la parole faite chair, notre Prophète, Sacrificateur et Roi est l’ultime Médiateur de la communication de Dieu avec l’homme ». En plus de sa révélation verbale, « il révélait le Père par sa présence et ses actes ». Il est le centre de l’Ecriture. Les prophètes de l’Ancien Testament l’ont annoncé comme le Messie et les auteurs sacrés du Nouveau Testament ont affirmé et proclamé sa première venue en « relançant l’espérance dans l’attente de son retour ». En conséquence, l’Ecriture toute entière constitue « le témoignage divinement inspiré et partant normatif, au Christ ». La Bible est donc « essentiellement le témoignage du Père au Fils incarné », et nous devons rejeter comme « inacceptable » toute herméneutique qui ne « focalise pas sur le Christ historique ». Comme le Canon de l’Ancien et du Nouveau Testament est définitivement clos après le témoignage apostolique, « aucune révélation nouvelle ne s’ajoutera jusqu’au retour de Christ », Le mot « Canon » veut dire « règle » et nous rappelle l’autorité. L’Eglise est soumise à Dieu à qui appartient « l’autorité dans la révélation » et qui l’a conférée à Christ, Parole vivante et à l’Ecriture sainte, Parole écrite. Le Christ a rendu témoignage à l’Ecriture et est mort « dans l’obéissance aux prophéties messianiques », donc aux Saintes-Ecritures. Conjointement, les apôtres ont rendu témoignage à sa Personne qui leur avait promis et donné le Saint- Esprit pour les inspirer. Ainsi, le Christ et l’Ecriture deviennent « de façon solidaire une unique source d’autorité. Conclusion: « Ce que l’Ecriture dit, le Christ le dit ».

C. Infaillibilité, inerrance, interprétation

 » L’Ecriture sainte, Parole inspirée de Dieu » est donc infaillible « qui ne trompe ni ne se trompe » et inerrante, donc « exempte de toute fausseté et de toute faute ». Elle est « totalement vraie et digne de foi dans tous ses énoncés ». Cette Parole doit toujours être interprétée sur la base de son infaillibilité et de son inerrance. « En inspirant les rédacteurs de son message, Dieu a utilisé la culture et les conventions de l’environnement de ces hommes, environnement régi par la souveraine providence divine; imaginer qu’il en a été autrement, c’est interpréter de travers ». Il faut l’interpréter selon son sens littéral ou naturel – sens historico-grammatical, donc celui que l’auteur a exprimé en tenant compte des différents genres littéraires et en respectant leurs conventions des temps bibliques. Nullement liée à la culture de son temps « dans le sens que son enseignement ne serait pas universellement valide », la Bible est parfois « conditionnée culturellement par les coutumes et les conventions d’une période particulière, de telle sorte que l’application de ses principes aujourd’hui prend une forme modifiée ».

D. Scepticisme et critique

Depuis la Renaissance, l’humanisme a sérieusement érodé la foi chrétienne. La philosophie des Lumières a amené un fort courant de scepticisme qui a abouti à la haute critique. Les différentes formes humanistes s’attaquent alors subtilement au christianisme. « Ainsi, l’agnosticisme nie que Dieu soit connaissable, le rationalisme nie son incompréhensibilité, l’idéalisme nie sa transcendance et l’existentialisme nie la rationalité de ses relations avec nous. Quand ces principes non-bibliques s’insinuent dans la théologie au niveau des présupposés – c’est chose fréquente aujourd’hui – il devient impossible d’interpréter fidèlement la Bible ».

E. Transmission et traduction

Le texte des autographes (documents originaux) a été divinement inspiré. Vu sa transmission non exempte d’erreurs, le maintien de la critique textuelle est nécessaire pour détecter des altérations éventuelles au cours de la transmission des textes hébreu et grec extrêmement bien conservés à travers les manuscrits. Dieu, dans sa providence, a fidèlement veillé à sa transmission. Quant aux traductions, elles nous « éloignent d’un pas supplémentaire des autographes ». Mais on peut affirmer que « les sciences du langage permettent de déclarer » que nous possédons des traductions excellentes qui donnent le sens de l’Ecriture à son lecteur pour le rendre sage à salut par la foi dans le Christ Jésus (2 Tim 3.15).

F. Inerrance et autorité

L’autorité de l’Ecriture est affirmée,  » impliquant sa totale vérité ». Les auteurs de la présente déclaration se mettent sous l’autorité de cette Parole et « se rangent derrière le Christ et les apôtres, derrière toute la Bible en fait, et derrière la majeure partie de l’Eglise depuis les premiers jours jusqu’à tout récemment ». Il est préoccupant de voir que plusieurs de nos jours abandonnent cet article de foi, faisant preuve ainsi d’une insouciance irréfléchie et inconsciente. Une fois rompu ce premier maillon de la foi chrétienne, à savoir la foi en la totale vérité de la Bible, celle-ci diminuera dans son autorité et son contenu pour finir par perdre peu à peu toute son autorité. Ce sera la confusion et la perte de tout repère absolu et sûr, le chaos de la foi chrétienne, l’humanisme relativiste et subjectiviste ayant érodé totalement les fondements de la foi chrétienne.

« Notre affirmation: ce que l’Ecriture dit, Dieu le dit. A Lui soit la gloire! Amen! Amen! « 

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Dossier : Déclarations de Chicago
 

Lüscher Henri
Cofondateur de la revue, il y a 48 ans, Henri Lüscher se consacre encore à plusieurs tâches administratives et rédactionnelles en faveur de Promesses.