Dossier: Un regard chrétien sur la sexualité - Témoignage
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Témoignage : En quête d’identité

Jean-Louis, un chrétien qui a abandonné la transsexualité

Propos recueillis et retranscrits par Jean-Paul et Silvain Combe

Qu’est-ce qui t’a conduit à entamer une transition de genre ?

Je me suis décidé quand j’ai su que cela existait, que certains avaient franchi le pas de la transformation. Mais depuis bien longtemps, je sentais que j’avais un côté très féminin. En revanche, quand j’étais enfant, j’étais amoureux des petites filles, je ne crois pas que j’avais de problème particulier. Mais assez vite, vers l’âge de 15 ans, je suis devenu jaloux de la femme, c’est devenu une obsession. Je me suis senti les deux, homme et femme, je ne savais pas quoi faire de ma peau… Plus tard je me suis marié, j’ai eu des enfants, puis j’ai divorcé. J’en suis arrivé progressivement à l’idée de faire une transition chirurgicale. J’ai dû me battre avec les médecins pour qu’ils acceptent de m’opérer, je suis allé jusqu’à me mutiler pour les convaincre. J’avais la quarantaine lorsque j’ai enfin pu commencer les transformations. A l’époque ce n’était pas encore à la mode.
La transition t’a-t-elle aidé, même temporairement, à te sentir mieux ?
Pendant trois ans je l’ai très bien vécu. J’étais très heureux, j’étais une femme, je plaisais, les gens disaient que c’était très réussi.
Un jour, un chirurgien m’a demandé : « Je vous appelle Monsieur ou Madame ? » Je lui ai répondu : « On va la jouer net, c’est Monsieur, on sait très bien que je ne suis pas une femme. » A la fin du rendez-vous, je lui ai dit au revoir et il m’a répondu : « Au revoir Madame. » Là, je me suis retourné, je l’ai regardé, surpris, et il m’a dit : « Oui, je vous dis ça, car pour moi vous êtes plus une femme qu’un homme. » Cela m’a paru à l’époque comme une seconde d’éternité, comme si c’était ça la vie, la vraie. Le Seigneur a dû travailler pendant longtemps après cela pour me faire voir les choses différemment.

Comment as-tu réussi à entreprendre la démarche d’un retour en arrière pour te réapproprier ton genre originel ?

Après les premières années de transition, j’ai fini par ne plus contrôler la situation. Il y a eu des maladies dues à certaines opérations qui se sont mal passées. Je me suis aussi laissé entraîner à une sexualité débridée. Au bout d’un moment, j’ai vieilli, et je ne pouvais plus jouer mon numéro. Je me suis aussi mis à avoir des terreurs nocturnes. Je ne dormais quasiment plus, j’étais épuisé, et là j’ai vraiment prié.
J’ai dit : « Seigneur, trouve-moi un chirurgien. » J’en ai contacté plusieurs qui ne voulaient pas, car ils considéraient que je me sentais encore femme. Et par hasard, quelqu’un m’a dit qu’un certain chirurgien suisse, ouvert à ce sujet, était rentré en France. Il a été tout de suite d’accord et quinze jours après c’était fait. J’ai vraiment pris cela comme un exaucement de ma prière.
J’étais soulagé, vraiment. Ensuite, cela a encore pris quelques années après l’opération pour que ce problème de féminité disparaisse complètement. Aujourd’hui, j’ai encore quelques difficultés car j’ai pris des hormones, je ne peux donc plus avoir de barbe. De plus, je suis menu, j’ai des petits pieds, des mains fines. Il peut donc arriver encore que des gens se trompent sur mon genre et ce n’est pas facile à vivre. Malgré tout, si quelqu’un me dit aujourd’hui : « Je te donne 40000 € et tu refais tout à neuf », non, je ne le referai pas. Ce n’est pas la vie, ça. Aujourd’hui, on prône plutôt ce genre de choses. On encourage à fond à aller dans ce sens. Moi, je suis désolé, je ne peux pas être pour. Si la Bible dit que ces choses ne sont pas bonnes, c’est qu’il doit y avoir une bonne raison. Ce n’est pas pour le plaisir d’embêter les gens.

As-tu reçu de l’aide et du soutien, et en particulier par ton église ?

Certains chrétiens jouent à culpabiliser les gens, à les rabaisser pour se sentir plus forts. C’est honteux, un chrétien qui va accuser un autre chrétien car c’est un ancien transsexuel, ou un ancien alcoolique, ou bien un divorcé. Heureusement, j’ai rencontré aussi des chrétiens très bien qui ne m’ont pas jugé à mon retour dans l’église. Bien sûr, il faut être capable de recevoir les transsexuels dans une église. En revanche, leur dire que ce qu’ils ont fait est bien pour eux, là c’est autre chose. Toute la difficulté, c’est de les accompagner avec amour, pour leur montrer qu’il y a un chemin meilleur pour eux. Mais c’est très délicat. Il faut des trésors d’amour. Je crois que quelqu’un peut te toucher s’il est capable de pleurer avec toi.
Cela montrerait qu’il souffre vraiment de ta situation et qu’il sait qu’il y a tellement mieux pour toi.

Pour aller plus loin, retrouvez un autre témoignage, celui de Janick Christen, auteur du livre « Je croyais être un homme », sur le site : https://trans4freedom,org/

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Dossier : Un regard chrétien sur la sexualité
 

Combe Silvain
Silvain Combe est marié et père de deux enfants. Il travaille dans le domaine de l’énergie et s’implique dans son église locale à Grenoble. Passionné par l’étude de la Bible, il étudie notamment la théologie à l’Institut Biblique de Genève à distance.