Dossier: Un regard chrétien sur la sexualité - Témoignage
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Témoignage : Stop au porno

Paul, témoignage d’une lutte contre la pornographie

Interview réalisée par Silvain Combe pour Promesses

Qu’est-ce qui t’a conduit à consommer de la pornographie ?

C’est dans la cour du collège que j’ai vu pour la première fois des vidéos pornographiques, je devais avoir 12 ou 13 ans. Quelques garçons agglutinés autour d’un téléphone à clapet, ma curiosité m’a poussé à me joindre à eux. Ces premières images m’ont choqué, elles restent gravées dans ma mémoire. Puis il y en a eu d’autres, un ami de l’époque notamment, qui avait trouvé des vidéos dans la boîte mail de son père. Ensuite j’ai commencé à en chercher moi-même sur l’ordinateur familial, quand les parents s’absentaient. D’abord des images, mais très vite j’ai regardé des vidéos. À 13 ans, j’ai eu mon premier smartphone pour Noël. Étant passionné par la technologie, c’était génial! Mais ça voulait aussi dire que je pouvais maintenant regarder des vidéos dans ma chambre, à la salle de bain, aux toilettes, sans utiliser l’ordinateur familial du salon. Cette accessibilité m’a malheureusement permis d’en regarder plus souvent, menant à une addiction d’une dizaine d’années.

Pourquoi as-tu continué à en regarder ?

Au départ, j’étais un garçon en pleine puberté et j’entendais beaucoup parler de la sexualité au collège. Ma curiosité était bien plus forte que ma volonté pour résister à ces désirs. J’étais curieux de découvrir le corps des femmes et la sexualité avant l’heure. Par la suite, c’est une véritable addiction qui s’est mise en place. J’ai toujours eu envie d’arrêter, me disant : « Je regarde une dernière fois et j’arrête ». Mais impossible.
Comme pour une addiction à une drogue, je me rendais compte que le contenu que je regardais changeait : d’abord des images, puis des vidéos, puis des vidéos plus explicites, plus crues, plus violentes. J’avais l’impression de ne pas être moi-même, j’ai vu des choses terribles que j’essaie d’oublier maintenant.
Malheureusement ce qui choque reste encore plus ancré dans la mémoire. Après chaque visionnage, la plupart du temps suivi de masturbation, j’étais dévasté. Je me sentais sale et fautif devant Dieu, j’avais l’impression de mener une double vie par rapport à mon entourage, à qui je ne parlais pas de ce problème. Je me disais que les gens avaient une certaine image de moi, mais qu’au fond, je n’étais qu’un pervers sexuel dominé par ses pulsions.

Comprenais-tu le message biblique au sujet de la pornographie ?

Dès mes premières recherches je savais que je péchais. Je ressentais une adrénaline très forte en bravant l’interdit. Les paroles de Jésus en Matthieu 5 verset 28 étaient pour moi très claires : « Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur. » J’étais coupable d’adultère en pensées, avec ces femmes que je convoitais.
Le sujet de la masturbation n’est pour moi pas aussi clairement traité dans la Bible. Elle n’est pas obligatoirement liée à la pornographie ou à des pensées mauvaises de convoitise à mon avis. Mais elle peut être (et l’a été dans mon expérience) une pente glissante, qui peut amener à la pornographie ou à des pensées mauvaises.

Quel a été ton cheminement avec Dieu pendant cette addiction ?

Après chaque rechute, il me fallait du temps (quelques heures ou quelques jours) pour revenir à Dieu, mais à chaque fois Il me ramenait à lui. J’ai énormément appris de sa fidélité. J’ai réalisé le grand prix que Jésus a dû payer pour moi sur la croix. J’ai compris à quel point mon cœur est mauvais et à quel point j’ai besoin de Jésus pour retrouver l’accès à Dieu. J’en ai aussi voulu à Dieu, j’ai été en colère parfois, notamment par rapport au verset qui dit : « Aucune tentation ne vous est survenue qui n’ait été humaine, et Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces ; mais avec la tentation il préparera aussi le moyen d’en sortir, afin que vous puissiez la supporter » (1 Cor 10.13). J’avais l’impression d’être extrêmement faible devant la tentation. Je n’expérimentais pas du tout la force décrite en 1 Jean 2 verset 14 : « Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes forts, et que la parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vaincu le malin ». La Bible promet une libération de l’esclavage du péché mais cette addiction m’en faisait douter.
Les possibilités de m’engager pour Dieu ont toujours été une source de croissance personnelle et un moyen de revenir à Dieu. Je suis aussi toujours allé à l’église le dimanche, ce qui me forçait à me mettre en règle avec Dieu au moins une fois par semaine. Le culte du dimanche matin a parfois été un instant d’éclaircies au milieu de l’orage de mes chutes.

Dieu t’a-t-il complètement restauré à ce sujet ?

La guérison a été progressive, même si j’aurais voulu être guéri du jour au lendemain. Les deux dernières années de mon addiction, les rechutes étaient plus espacées (3, 4, voire 5 mois). Pour autant elles étaient très violentes, je retombais dans une consommation frénétique qui pouvait durer des heures. Cela fait maintenant presque 2 ans que je n’ai pas consulté de site pornographique. Je pense que le Seigneur a opéré en moi un miracle de délivrance par rapport à cette addiction. Je ne sais pas si je chuterai à nouveau un jour, mais j’ai confiance dans le Seigneur, qui m’a délivré et qui a rompu mes chaînes.
Pour répondre à la question, je pense que le Seigneur m’a pardonné et restauré les centaines de fois où je suis venu repentant à Lui.

Que conseillerais-tu à une personne addicte ?

Premièrement il n’y a pas de péché assez grand pour te séparer de Dieu à toujours. Satan essaie de nous le faire croire, mais c’est un mensonge. Jésus a porté tous nos péchés à la croix, et il désire une relation avec nous, même si nous sommes tombés tant de fois.
Je t’encourage à te renseigner sur l’addiction, les mécanismes qui se mettent en place dans le cerveau, notamment le circuit de la récompense qui devient drogué à la dopamine. Mieux comprendre notre addiction peut nous aider à la dompter. Se renseigner aussi sur l’industrie de la pornographie, la souffrance générée, la violence, les viols, le trafic d’êtres humains. La phrase « ça ne fait de mal à personne » est fausse : chaque fois que nous regardons une image, une vidéo, nous encourageons cette industrie criminelle.
Enfin, je t’encourage à trouver un confident du même sexe pour discuter de ce problème. Dans mon cas, ce péché était caché sous énormément de honte, et l’idée d’en parler me terrifiait. En en parlant à une, puis deux personnes, puis d’autres autour de moi, je me suis rendu compte que ce problème était très répandu. Même en connaissant les chiffres, on a parfois du mal à les croire pour notre entourage. Au lieu de se battre seul, nous avons intérêt à nous battre ensemble, à parler des tentations qui nous font chuter et comment les éviter, à demander des prières lorsque nous sommes tentés, à confesser nos péchés pour qu’ils ne soient plus secrets.

L’église t’a-t-elle apporté de l’aide dans ta lutte ?

J’ai entendu parler quelques fois de la pornographie en groupe de jeunes, en colonie de vacances, à l’église, mais de manière évasive. Je pense qu’avec le nombre de personnes touchées, il y a un besoin urgent pour les églises de traiter le sujet, de mettre en place une entraide, et une sensibilisation des jeunes sur les risques d’addiction.

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Dossier : Un regard chrétien sur la sexualité
 

Combe Silvain
Silvain Combe est marié et père de deux enfants. Il travaille dans le domaine de l’énergie et s’implique dans son église locale à Grenoble. Passionné par l’étude de la Bible, il étudie notamment la théologie à l’Institut Biblique de Genève à distance.