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Tente puis édifice

Article extrait du « Témoin » de l’Action Biblique, no 4, juillet-août 1980

De même que nous avons porté l’image du terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste (1 Cor 15.49).

Les versets mentionnés ci-dessus sont les deux seuls passages de toute la Bible qui révèlent explicitement quel corps Dieu donnera aux croyants après leur vie terrestre. La lecture de ces deux textes montre que le Créateur a prévu « d’habiller » le croyant, de le revêtir d’un corps parfait pour le temps et le service nouveaux qu’il a préparés pour tous ceux qu’il aura reconnus comme siens.

Nous allons examiner successivement la condition du croyant dans son corps terrestre, les deux destinées possibles de ce corps, puis la condition du croyant dans son corps céleste.

La tente

Si cette tente où nous habitons sur la terre… (2 Cor 5.1). Inspiré par le Saint-Esprit, l’apôtre emploie l’image de la tente comme illustration du corps qui abrite l’âme humaine. Lui-même. faiseur de tente durant une période de sa vie – à côté de son ministère, pour subvenir à ses besoins – savait de quoi il parlait. La tente évoque deux caractéristiques principales du corps: nomadisme et précarité.

Premièrement, la tente est l’habitation des nomades. A la notion de nomadisme s’attache plus ou moins celle d’étranger ou d’apatride. La Bible ne dit-elle pas que nous, les croyants, avons à vivre comme étrangers et voyageurs sur la terre (Héb 11.13)? Bien que spirituellement nous ne soyons plus des étrangers, mais des gens de la maison de Dieu (Eph 2.19), il n’en demeure pas moins vrai que nous sommes prisonniers d’un corps qui nous retient à distance du Seigneur, selon les paroles de Paul lui-même: En demeurant dans ce corps, nous demeurons loin du Seigneur (2 Cor 5.6). D’après certaines traductions, ce verset exprime l’idée d’exil, ce que confirme bien la démarche des héros de la foi qui ont recherché une patrie meilleure, c’est- à-dire céleste (Héb 11.14-16). D’ailleurs, celui que nous avons reconnu pour Seigneur et Roi, Jésus-Christ, n’a pas son royaume dans ce monde, et par conséquent nous non plus (Jean 18.36). Aussi, vivant comme exilés sur cette terre, nous devons veiller à ne pas nous y attacher, à ne pas investir ou thésauriser comme si notre espérance et notre avenir étaient « dans cette tente ».

Deuxièmement, la tente est une habitation des plus précaires. Pour le vérifier, il suffit de se trouver sous tente durant une bonne tempête. Dans ces moments-là, la seule question est de savoir jusqu’à quel point sardines, cordages, piquets et toile vont tenir. Le matériel moderne, et surtout non usagé, est généralement assez fiable, mais il n’est guère utilisé que quelques semaines par an. Notre corps, par contre, en service jour après jour, est soumis à la dure loi de l’usure, de la fatigue, du vieillissement, aux attaques d’agents extérieurs et intérieurs, accidents et maladies. Face à ces atteintes du temps et de la sénescence, l’apôtre résume la condition du chrétien en une phrase, merveilleuse par son contenu et sa simplicité: Même si notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour (2 Cor 4.16).

En effet – vérité capitale de l’Ecriture – l’esprit du croyant qui vit avec le Seigneur suit une évolution qui est l’inverse de celle du corps. Autrement dit, la vivacité de l’esprit augmente pendant que celle du corps diminue. Il ne s’agit pas moins que du début de la réponse du Dieu créateur et rédempteur au défi de la mort et du diable. Faut-il préciser que si l’esprit est renouvelé (version Darby), il l’est par le ministère du Saint-Esprit, ce qui n’est nullement une autosuggestion ou une culture mentale proposée par des « maîtres » anciens ou modernes, mais bien l’effet de la loi de l’Esprit de vie qui est en Jésus-Christ (Rom 8.1)? Gloire à Dieu et grâces soient rendues à Jésus-Christ!

Il manquerait un aspect important dans ce premier chapitre si le fait de la souffrance n’ était pas évoqué. Liée à la maternité, à la maladie, à l’ infirmité, à la vieillesse, la souf france fait partie du pèlerinage terrestre. Les apôtres, qui étaient de la même nature que nous (Act 14.15), ont éprouvé la souffrance dans leur chair comme dans leur âme; toutefois, ils ont mis l’accent essentiellement sur les souffrances endurées en raison de leur foi en Dieu et en Christ. Les souffrances de cette origine sont normales pour le croyant, en raison de la haine du monde et du diable contre Dieu (Jean 15.20; 2 Tim 3.12; I Pi 4.12-13). Si le monde paie les chrétiens en souffrance, voyons comment le Seigneur paie les siens: C’est là ce qui fait votre joie, quoique maintenant, puisqu’il le faut, vous soyez attristés pour un peu de temps par diverses épreuves, afin que l’ épreuve de votre foi, plus précieuse que l’or périssable (qui cependant est éprouvé par le feu), ait pour résultat la louange, la gloire et l’honneur, lorsque Jésus-Christ apparaîtra (1 Pi 1.6-7). Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui. J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous (Rom 8.17-18; cp. 2 Cor 4.17-18).

Du premier texte ressort le bilan positif d’une foi éprouvée et victorieuse; le second texte est porteur de la promesse d’une récompense en gloire dans le ciel. Il y a donc un bénéfice spirituel présent puis éternel, résultant de l’acceptation de la souffrance pour Dieu. N’oublions jamais que Dieu n’est pas indifférent à la souffrance car ce n’est pas volontiers qu’il afflige les enfants des hommes (La 3.33). S’il le fait, c’est dans le but de nous tourner vers les choses invisibles et éternelles, donc vers le Seigneur, afin que notre espérance se situe véritablement dans l’au-delà et non dans le futur seulement.

Revêtement ou dépouillement

Car tandis que nous sommes dans cette tente, nous gémissons, accablés, parce que nous voulons, non pas nous dépouiller, mais nous revêtir, afin que ce qui est mortel soit englouti par la vie. Et celui qui nous a formés pour cela, c’est Dieu, qui nous a donné les arrhes de l’ Esprit (2 Cor 5.4-5). Dans son brûlant désir d’être de corps avec le Seigneur, l’apôtre Paul laisse éclater son espérance de participer de son vivant à l’enlèvement de l’église, selon le mystère que le Seigneur lui a révélé: Voici, je vous dis un mystère: nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés, en un instant, en un clin d’oil, à la dernière trompette. La trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons changés. Car il faut que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l’immortalité (l Cor 15;51-53).

Il s’agit là d’une des plus extraordinaires révélations données par Dieu et concernant l’Eglise. Elle signifie explicitement qu’au jour décidé par le Seigneur – sans doute assez proche – le corps des croyants vivants sera sublimé en moins de temps qu’il ne faut pour l’expliquer! Survêtue d’immortalité sans connaître l’atteinte de la mort: tel sera le privilège de la dernière génération de l’Eglise avant l’exécution des sentences de Dieu sur le monde.

Si telle était l’espérance de Paul, quelle ne devrait pas être la nôtre, nous qui avons les mêmes promesses et vivons assurément dans un temps pré-apocalyptique! C’est l’une des deux destinées réservées à notre « tente », si le Seigneur n’usait plus longtemps de patience à l’égard du monde.

Malgré cette fenêtre dans le ciel, l’apôtre envisage aussi l’autre destinée de son corps, à savoir le dépouillement, la mort physique. Son désir de rejoindre le Seigneur est si ardent et sa confiance si entière qu’il déclare: Nous sommes pleins de confiance, et nous aimons mieux quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur (2 Cor 5.8). Autrement dit, il préférerait passer par la mort que d’attendre l’enlèvement (si c’était possible), puisque pour lui, comme il le dit, être avec Christ est de beaucoup le meilleur (Phil 1.23). Il faut relever que les textes cités ci-dessus établissent la doctrine de l’introduction de l’âme du croyant dans la présence du Seigneur dès après la mort du corps.

Mais l’apôtre Paul, merveilleux de spiritualité, de soumission à Dieu et de réalisme, ne s’en tient pas qu’à lui-même. Il considère toutes les Eglises qu’il a été appelé à servir, lui, l’apôtre des païens; c’est pourquoi il écrivait à celle de Philippes: Mais à cause de vous il est plus nécessaire que je demeure dans la chair (Phil 1.24).

A cause de vous… concernait non seulement les Philippiens, mais tous les chrétiens qui bénéficièrent de son ministère dans son temps, après son temps, puis nous, et ceux qui nous suivront si l’avènement du Seigneur tarde.

Par cet exemple pratique, Paul démontre que s’il vit, ce n’est plus lui seul qui vit, c’est Christ qui vit en lui (Gal 2.20), et que ses sentiments, ses souhaits doivent céder le pas devant ceux du Seigneur. Quel exemple de dépendance et de confiance sereine dans la providence divine, toute bonne, toute agréable et toute parfaite (Rom 12.2). Chez l’apôtre Paul, la révélation des intentions de Dieu et leur réalisation dans sa vie de serviteur sont confondues au point que l’on ne peut distinguer si les vérités qu’il transmet procèdent de l’expérience ou de la révélation, et laquelle a précédé l’autre.

Comme nous l’avons vu, il importait à Paul d’être avec le Seigneur dans son corps – en participant à l’enlèvement. ou hors de son corps – par la mort. Il savait que de toute façon les morts dans la foi et les vivants dans la foi participeraient à la même promesse lors de l’enlèvement de l’Eglise, selon la révélation qu’il en avait eue: Voici, en effet, ce que nous vous déclarons d’après la parole du Seigneur: nous les vivants, restés pour l’avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui sont décédés. Car le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange, et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement. Ensuite, nous les vivants, qui seront restés, nous serons tous ensemble enlevés avec eux sur des nuées, à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur (1 Thes 4.15-17).

Ainsi, morts ressuscités et vivants métamorphosés recevront un corps de même sorte. Essayons maintenant de comprendre ce que dit l’Ecriture du domicile céleste que nous revêtirons.

L’on réalise bien vite que le vocabulaire humain est insuffisant et inadapté pour décrire les réalités célestes, preuves en sont les expressions demeure éternelle ou corps spirituel. Dans sa bonté, Dieu nous donne des images terrestres pour nous apprendre des vérités éternelles, mais nous ne contemplons malheureusement que l’ombre des choses à venir.

L’édifice

Nous savons, en effet, que si cette tente où nous habitons sur la terre est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui est l’ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n’a pas été faite de main d’ homme (2 Cor 5.1). La comparaison entre l’image de l’édifice et celle de la tente permet de dégager un triple contraste. D’ abord, une construction correspond à un domicile fixe alors qu’une tente est faite pour être déplacée. Ensuite, une maison est bâtie pour assurer l’entière sécurité de ses occupants, elle doit résister à toute menace extérieure comme le montre bien la parabole des deux maisons (cp. Mat 7.24- 27). Enfin, la maison dure au moins aussi longtemps que la vie de l’occupant, ce qui n’est guère le cas de la tente. On peut résumer les caractéristiques de l’édifice par les trois mots: stabilité, sécurité, pérennité.

Stabilité. Le corps céleste sera incorruptible, glorieux, plein de force, et sa condition ne pourra être modifiée en quoi que ce soit. Quel contraste avec le corps terrestre, corruptible, méprisable, infirme, sujet à la dégradation, puis à l’anéantissement. Ce corps ressuscité sera en harmonie parfaite avec l’esprit qui l’habitera. Tous les humains se trouvent sur terre, tout au moins à certaines périodes de leur vie, plus ou moins « mal dans leur peau »; ce genre de sentiment n’existera plus. Pour le croyant, le douloureux antagonisme entre la chair et l’esprit ne sera plus. De même auront disparu larmes, deuils, cris, douleurs et mort (Apoc 21.4). Cet état de béatitude sera l’aboutissement du plan de Dieu qui nous a formés en vue de cela (2 Cor 5.5), et qui rendra parfaite son oeuvre au jour de Jésus-Christ (Phil 1.6). Quelle espérance !

Sécurité. Les textes relatifs au corps céleste précisent qu’il ne sera pas fait de chair et de sang (1 Cor 15.50), que Dieu lui donnera la forme qu’il lui plaira (1 Cor 15.18), et qu’il sera tout entier l’ouvrage de Dieu, sans filiation humaine (2 Cor 5.1). L’on peut évidemment se demander si les traits de corps céleste ressembleront à ceux de notre corps terrestre. La Bible ne permet pas de l’affirmer. Le fait important réside surtout en ce que notre corps d’humiliation sera rendu semblable au corps de gloire du Seigneur Jésus-Christ (Rom 8.29; Phil 3.21; 1 Jean 3.2). Cela doit non seulement nous satisfaire, mais nous transporter de reconnaissance !

Pérennité. Si l’état céleste du croyant n’est pas facile à concevoir, c’est encore la notion d’une éventuelle suppression du temps qui est la plus difficile à saisir. Il semble que l’écoulement de temps soit lié à l’univers matériel, Dieu lui-même ayant réglé la « mécanique » de ce temps par les mouvements des astres. Aussi, les expressions « toujours », aux siècles des siècles sont propres au système physique. Mais hors de cette création – que nous quitterons assurément – nul ne peut dire si le temps sera mesuré ou non et comment. A ce sujet, la déclaration de l’apôtre Pierre est significative: …devant le Seigneur, un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour (2 Pi 3.8). Autrement dit, Dieu se déclare maître du temps, donc il peut fort bien ne pas en tenir compte.

Si Jésus est notre Sauveur et notre Seigneur, réjouissons-nous de ce que nos noms soient écrits dans les cieux (Luc 10.20) et acceptons de ne pas en savoir plus que la Bible ne dévoile.

Et si la foi nous a donné de percevoir quelques-unes des réalités de l’au-delà, exerçons-nous à l’adoration de notre Dieu qui nous a sauvés pour célébrer la gloire de sa grâce (Eph 1.6).

En conclusion, nous pouvons retenir que Dieu créera tout à nouveau: nouveau ciel, nouvelle terre, nouvelle Jérusalem, hommes nouveaux de cour et de corps. Cela signifie aussi que le ciel et la terre d’à présent sont appelés à disparaître. Alors, répondons à l’appel de l’apôtre:Si donc vous êtes ressuscités avec Christ (spirituellement), cherchez les choses d’en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu. Attachez-vous aux choses d’en haut, et non à celles qui sont sur la terre (Col 3.1-2). Et prenons à notre compte la profonde réflexion du pasteur Charles Rochedieu (1857-1928): « Une vision plus claire de la gloire à venir créerait en nous un désir plus intense de partir, un « heimweh » (mal du pays) plus profond, même au milieu d’une vie facile et heureuse. Mais combien souvent nous obligeons le Seigneur à mettre dans notre nid trop douillet une épine de sa couronne, pour nous empêcher de plonger trop avant dans le sol des racines de notre vie! »

Parmi les Israélites de toutes les nations s’échange, par une phrase si lourde de sens, le souhait suprême de beaucoup d’entre eux: « L’an prochain à Jérusalem! »

Que parmi tous les chrétiens du monde entier, nés de nouveau, s’entende le soupir d’Apoc 22.20: Viens, Seigneur Jésus!

F.B
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