Dossier: Toronto
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Toronto avant …après

Vous avez été nombreux à nous écrire, ce qui semble indiquer combien le phénomène de Toronto trouble les chrétiens. il nous a paru donc utile d’y consacrer encore un numéro. Nous aimerions le considé- rer sous l’angle du passé, du présent et du futur.

1. Le passé

L’histoire de l’Eglise est instructive. Dès son commencement à Pentecôte, elle a été en butte à diverses attaques de l’ennemi. Les plus insidieuses venaient toujours de l’intérieur de l’Eglise pour introduire de fausses doctrines (1). A travers ces combats spirituels pour la vérité sont nées les grandes confessions de foi chrétienne des Apôtres (avant 250), Nicée (325), Chalcédoine (451), Genève (1545), Heidelberg (1563), La Rochelle (1571), Dordrecht (1618/19), etc. (2). Dieu s’est servi des hérésies pour permettre à l’Eglise de définir clairement les fondements de la foi chrétienne par le moyen des Saintes Ecritures. Ainsi s’est affirmée la foi orthodoxe, biblique, de l’Eglise de Jésus- Christ dès son commencement et à travers les 20 derniers siècles. Elle reste invariable. Or, le mouvement de Toronto s’échafaude sur une somme de «révélations» qui remontent à des mouvements et des hommes porteurs de fausses doctrines: Kenneth Copeland et Kenneth Hagin (Evangile de la Prospérité), William Branham (3), «Latter Rain», Essek W. Kenyon (Confession Positive), etc. il est effrayant d’apprendre ce que certains de ces «docteurs» ont dit ou écrit à propos de la doctrine de base (sur Dieu, la Trinité, Jésus-Christ etl ‘homme) (4). John Arnott, pasteur du Vineyard à Toronto, doit son «onction» à R. Clark, qui doit la sienne à R. Howard- Browne, lequel est en étroite liaison avec K. Copeland. Arnott fut lui-même influencé par les ministères de Kathryn Kuhlmann et Benny Hinn (5). D’autre part, le phénomène de Toronto est issu du mouvement des «Signes et Prodiges, Vineyard», auquel le nom de John Wimber est associé. Quel fruit peut-on donc attendre d’un arbre qui plonge ses racines dans de fausses doctrines? Mais rappelons-nous que le Dieu de toute grâce voit ceux qui sont sincères même s’ils sont aveuglés et vient à leur secours. il peut aussi se servir de ce mouvement pour ouvrir les yeux de ceux qui le recherchent de tout leur cour. Le Seigneur :ne s’est-il pas servi de l’ânesse de Balaam pour accomplir son plan?

2. Le présent

Notre analyse devrait aussi tenir compte de la culture environnante. Or, nous avons négligé de discerner la culture humaniste actuelle déjà entièrement pénétrée par la philosophie du Nouvel-Age. Francis Schaeffer avait déjà averti l’Eglise d’une manière remarquable du changement profond qui, à travers ces derniers siècles, a abouti aujourd’hui à une rupture entre la foi et la raison (6). Le Nouvel-Age, en prolongement de cette rupture, s’est emparé de la pensée orientale. John Wimber lui-même parle d’un «changement de paradigme» (Paradigm-shift) (7), terme utilisé par le Nouvel-Age, et nous incite à changer de vision du monde (Weltanschauung), en inféodant notre façon de penser logique et occidentale à celle de l’orient. La raison doit capituler au profit de l’expérience. Ceci rejoint la philosophie du Nouvel-Age pour qui «il n ‘y a pas de réalité objective, la vérité étant ce que vous percevez, car la perception est la réalité». Pour l’occidental, au contraire, la réalité est objective et absolue, et notre perception d’une chose n’affecte pas une idée si celle-ci est vraie (8). Dans l’optique du Nouvel Age, Marilyn Ferguson écrit: «La voie de la réussite passe par la capitulation, la passivité, et non par une activation. Se relaxer et non se concentrer, doit désormais devenir la règle. Renoncez au sentiment de responsabilité, laissez-vous aller (…). il ne s’agit que de donner un peu de repos à votre moi personnel et convulsif pour découvrir la présence d’un Soi plus grand …» (9). Cette nouvelle philosophie charrie aussi le panthéisme. Dieu est en tout et tout est partie de Dieu, soit l’homme, soit la nature. Ainsi Copeland dit même: «Vous n’avez pas un dieu en vous, mais Vous en êtes un» (10). Notre société est profondément pénétrée par le pragmatisme. Une chose «marche», donc c’est bien. N’est-il pas évident que ce phénomène de Toronto a des similitudes avec le Nouvel-Age? Face à une recherche frénétique du sentiment de bien-être au travers d’expériences qui ne satisfont finale- ment que la chair, l’affirmation suivante est bien à propos: «Si le chrétien ne doit pas rechercher des signes et des miracles, que doit-il faire pour se distinguer du monde? Il doit être lui-même un miracle. Dans un monde enténébré et perverti, n’est-ce pas extraordinaire et miraculeux d’avoir passé de la domination de Satan au Royaume de Dieu et d’avoir une vie transformée? N’est-ce pas extraordinaire d’oser vivre différemment des autres et d’être capable de le faire de mieux en mieux avec l’aide du Saint-Esprit? C’est plus facile de passer inaperçu et d’agir comme Monsieur tout le monde. N’est-ce pas un témoignage extraordinaire que le fait de ne pas voler, d’être honnête, de ne pas tricher, d’essayer de faire son travail au mieux, de ne pas jurer, de ne pas mettre son cour dans ce qui fait la gloire des païens, les possessions, les amusements de toutes sortes? N’est-ce pas un témoignage extraordinaire que ne pas être adultère, concubin, de ne pas faire d’avortement, de refuser l’homosexualité, d’être chaste avant le mariage, d’avoir des enfants qui marchent selon le Seigneur? Dans un monde où il nous faut aller à contre-courant, il nous faut lutter, persévérer, tenir ferme. Le combat est dur, acharné, mais la tentation n’est jamais trop forte. La victoire nous est assurée. Si nous acceptons la communion des souffrances du Christ {Phi 13.10), Il nous préparera le moyen d’en sortir (1 Cor 10.13) (11)».

3. Le futur

Quelles que soient nos convictions sur l’eschatologie biblique, une chose est claire. Nous vivons dans les derniers temps. C’est une période de séductions de plus en plus amples accompagnées de prodiges et de miracles (2 Tim 4.3-5; Matt 24.4; 2 Thes 2.9-11). Personnellement, je crois que le retour de Christ est très proche. Le monde est mûr pour le jugement de Dieu {Apocalypse). Le phénomène de Toronto n’est qu’une nouvelle étape dans la progression des séductions de l’erreur. Cette dernière va envahir la chrétienté qui a abandonné le terrain de fondements de l’Ecriture, de la grâce, pour se construire sa propre tour de Babel qui sera finalement renversée par le Christ. Quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous et levez vos têtes, parce que votre délivrance approche {Luc 21.28; Rom 13.11-12). Jésus revient, sommes-nous prêts? Nous prouverons que nous le sommes si nous continuons de prier pour que notre affection pour le Seigneur s’approfondisse, et que nos églises connaissent la repentance et un retour à la Parole de Dieu, comme aux temps de la Réforme et des Réveils authentiques à travers tous les temps. Dieu est souverain et Lui seul connaît et accomplit toutes choses selon son bon plaisir.
H.L.

Notes:
1 The History of Christian Doctrines par Louis Berkhof
Heresies, The image of Christ in the Mirror of Heresy and Orthodoxy from the Apostles to the Present par Harold O.J. Brown
2 Le Catéchisme de Genève, Le Catéchisme de Heidelberg, Les Canons de Dordrecht et la Confession de la Rochelle, Editions Kerygma
3 Embrase nos coeurs, par Guy Chevreau, Editions Carrefour (p. 187)
4 The Agony of Deceit, ~8iteur Michael Horton, contributeurs: R.C. Sproul, C. Everett Koop, Joel Nederhood et d’autres
5 Embrase nos coeurs, par Guy Chevreau, éditions Carrefour (p. 42)
6 Démission de la raison, par Francis A. Schaeffer, Ed. Maison de la Bible
7Toronto-Segen, Trachsel- Verlag, p.5
8 Basic Principles of New Age, par Dr. John Eidsmoe, Ed. New Leaf Press (p. 31- 47)
9 La Révolution du Cerveau, par Marilyn Ferguson (p. 210) cité par R.-M. Berthoud dans son remarquable article «Méditation transcendantale, Yoga et autres pratiques religieuses» dans Résister et Construire, sept-nov. 1995, no 34-35, page 38
10 The Agony of Deceit, p. 92 (cassette de K. Copeland «The Force of Love» BCC- 56 (Forth Worth Tex.), texte en anglais: You don ‘t have a god in you, but You are one.
11
Méditation transcendantale, Yoga et autre pratiques religieuses (p. 47)

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Lüscher Henri
Cofondateur de la revue, il y a 48 ans, Henri Lüscher se consacre encore à plusieurs tâches administratives et rédactionnelles en faveur de Promesses.