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Tour d’horizon oecuménique (3)

Syncrétisme: Une déclaration du Concile du Vatican sur l’Indouisme, le Bouddhisme, l’Islam, le Judaïsme et les autres religions non chrétiennes, inquiète les commentateurs protestants. Dans «Réforme», le pasteur A. Finet écrit: «Cette déclaration ne donne-t-elle pas à penser que, parmi toutes les religions des hommes, le christianisme est simplement la meilleure?». Il se demande si «l’Eglise catholique romaine ouvre la porte sans s’en rendre bien compte au syncrétisme religieux». Dans cette attaque contre la Révélation que dénonce le Dr Visser’t Hooft dans son récent ouvrage, «l’Eglise face au Syncrétisme», le signe le plus récent serait-il la déclaration «votée avec chaleur par les pères, à la fin de la troisième session du Concile du Vatican?» (S.OE.P.I., 3 décembre 1964).
Malheureusement, nous devons dire qu’une autre forme de syncrétisme, déjà très répandue dans les milieux dits chrétiens, et même oecuméniques, est le mélange, sur le plan pratique, des convictions évangéliques et des négations libérales. l’Eglise Réformée de France n’a-t-elle pas déclaré à New-Delhi qu’elle était elle-même «pluraliste» en face de la doctrine de la divinité du Christ et de la trinité? Les Eglises Réformées de Suisse ont exprimé une position analogue, beaucoup d’autres n’ont rien dit, mais il est clair que le C.O.E., malgré sa base, groupe des tenants de «plusieurs Evangiles» contradictoires (cf. Gai. 1 , 6-9).
Dans le «Christian Century» du 15 juillet 1964, D.-W. Ferm donne les étranges précisions suivantes: «Un éminent Jésuite américain a relevé avec approbation le fait que beaucoup de catholiques intellectuels n’acceptent plus littéralement la naissance miraculeuse du Christ, mais la conçoivent symboliquement, puisque tout langage est symbolique en soi.» M. Ferm ajoute: «Je confesse que moi-même, avec beaucoup d’autres, ne puis, en bonne conscience, accepter littéralement quelques-unes des principales doctrines de la foi chrétienne, doctrines qui maintenant paraissent fausses, dénuées de sens et de portée, doctrines qui souvent font plus de mal que de bien en nous séparant des autres, et en nous éloignant des éléments plus importants de notre foi. Beaucoup d’autres doctrines historiques ont besoin d’une interprétation radicale, en particulier la Trinité, l’Eglise et la Résurrection. Ou bien nous donnerons à ces croyances une signification cadrant avec la révolution intellectuelle moderne, ou alors nous ferions mieux de les abandonner, car le monde n’écoute plus nos pieux discours de perroquets. Dans une prochaine génération, ces doctrines-là pourraient paraître aussi superflues et dénuées d’importance que celle de la naissance miraculeuse aujourd’hui. La réinterprétation de la religion doit être orientée vers un universalisme vivant qui parle à tous les hommes, et non pas vers un esprit de chapelle réservé à quelques élus.»
Voilà peut-être, en effet, le plus grand danger de l’avenir: avec Rome, qui ne peut rien changer à la lettre infaillible de ses dogmes, l’accord risque de se faire, par delà les formules, au moyen d’une «réinterprétation» libéralisante de toutes les doctrines.
Qu’un tel syncrétisme ait tendance à englober aussi les religions non chrétiennes, nous venons de le voir. En voici d’autres indications. Au centre universitaire d’études oecuméniques à Bossey, le professeur R. Martin-Achard, doyen de la Faculté de Théologie de l’Université de Genève, a déclaré: «La réflexion entre le peuple juif et l’Eglise paraît entrer dans une nouvelle phase. L’antisémitisme est mis au pilori. ..Il apparaît à quelques théologiens que la présence d’Israël est nécessaire au progrès du mouvement oecuménique. Certains n’hésitent pas à dire que l’unité de l’Eglise ne se fera pas sans le peuple juif. La famille de Dieu ne peut se retrouver au complet que si le fils aîné s’assied à la table commune» (S.OE.P.I., 8 oct. 1964). Toute la question est de savoir si l’on va s’entendre entre «chrétiens» et juifs en passant sous silence la divinité de Jésus-Christ (unique divergence réelle), ou plutôt si Israël, selon la prophétie, se laissera sauver par son divin Messie.
En attendant, on apprend de Melbourne (Australie) que dix mille personnes ont participé à la première campagne oecuménique organisée dans cette ville avec la collaboration d’orateurs protestants, catholiques romains et juifs (S.OE.P.I., 21 mai 1964). En Louisiana (U.S.A.), les protestants, les catholiques romains et les juifs de Bâton-Rouge ont préparé une «campagne pour apprendre à se mieux comprendre». Elle débuta en janvier et comporta des visites de paroisse à paroisse et d’église à synagogue (S.OE.P.I., 17 déc. 1964). De son côté, Radio-Vatican, dans un commentaire officiel sur le nouveau secrétariat du Vatican pour les non chrétiens, a lancé un appel aux religions du monde à s’unir contre la croissance de l’athéisme. «Le grand combat du monde contemporain est par-dessus tout spirituel et religieux. Il se déroule entre l’athéisme et le matérialisme, d’une part, et la foi en Dieu, de l’autre. Tout comme l’athéisme tend à former une seule organisation pour détruire la foi en Dieu, ceux qui croient en Dieu et L’aiment doivent chercher à former un seul front» «Christianisme au X Xe siècle, 17 sept. 1964).
Le modérateur de l’Eglise Unie du Canada, élu récemment, le Dr E.-M. Howse, a milité comme l’un des chefs de l’Union Islamo-Chrétienne (Moslem Christian Fellowship). En 1956, il fit parler dans son église le sheik Muhammed Bahjat AI-Bitar. Selon le journal «The Globe and Mail», des 5 et 6 mars 1956, il fut déclaré à l’auditoire: «Les différences entre l’Islam et le Christianisme sont aussi minimes que celles qui séparent les 300 dénominations chrétiennes des Etats-Unis, pour des questions de virgules. Que vous vous appeliez chrétien ou musulman, les croyances sont les mêmes. Les différences ne sont que dans les rites.» D’après le même journal, le Dr Howse exprima l’espoir final de voir toutes les trois religions monothéïstes (Christianisme, Islam, Judaïsme) groupées en une seule organisation (cité par Gospel Witness, 17 septembre 1964).
Nous pourrions multiplier de telles citations, toutes récentes, mais force nous est d’arrêter là notre tour d’horizon. Chaque année qui passe démontre avec plus d’évidence la vérité qui nous est apparue depuis longtemps: l’unité véritable ne ressort pas du contact ou du heurt des Eglises plus ou moins fidèles à la Parole de Dieu. Elle est une réalité spirituelle sur le seul plan de l’Eglise, corps de Christ, entre les croyants régénérés par le baptême du Saint-Esprit, sur la base chère aux Réformateurs, de l’unique autorité de l’Ecriture tout entière.
Puissions-nous recevoir chaque jour la grâce de manifester cette unité-là dans la vérité, l’amour et le discernement de la volonté de Dieu!

Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique».

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Pache René
René Pache (1904-1979) a été directeur de l’Institut biblique d’Emmaüs et auteur de plusieurs livres de doctrine chrétienne. Cet article est extrait du livre Notes sur l’Évangile de Jean (éd. Emmaüs, Vennes sur Lausanne, 1963, p. 153-157, 32ème leçon, Le Saint-Esprit).