Une deuxième chance pour Jonas
Dieu appelle
Ainsi donc, Dieu avait appelé Jonas : « Lève-toi, va à Ninive » en prenant soin de préciser la nature de la mission : « Crie contre elle ! » (1.1). C’est le genre de mission qu’on laisserait volontiers à d’autres… Il ne s’agissait en effet de rien moins que de faire irruption dans la capitale de l’Assyrie, en pleine prospérité et complètement païenne, pour y amener un message de repentance !
Aujourd’hui encore, Dieu appelle. Il appelle à la repentance et à la foi ceux qui vivent sans lui (2 Pi 3.9). Il appelle ses enfants à le mettre à la première place dans leur vie (Eph 1.18). Il appelle ceux qui lui appartiennent à le servir (1 Thes 1.9). Mais Dieu nous appelle aussi parfois pour des missions spécifiques : prier et soutenir un missionnaire, suivre et s’occuper soigneusement d’une personne qui a besoin d’aide, accepter la proposition d’un ancien de notre assemblée locale pour diriger l’école du dimanche, etc. Son appel peut aussi être en forme d’avertissement : il veut nous arrêter alors que nous prenons un mauvais chemin, il souhaite que nous mettions en ordre un problème familial jamais réglé, etc.
Nous ne savons exactement comment Dieu s’est adressé à Jonas. S’il s’est adressé à certains de ses serviteurs en songe (à Joseph et à Samuel, par exemple), il a parfois utilisé des anges (pour instruire Jacob, ou Marie), il a parlé de manière audible (à Saul) et a même utilisé la nature (les étoiles pour guider les mages) ou des animaux (un âne pour reprendre Balaam, un coq pour confondre Pierre). Ne restreignons ni ne négligeons pas les moyens que Dieu utilise pour nous appeler ou nous parler ! Bien entendu, il nous parle prioritairement par Jésus-Christ, Fils de Dieu, Parole divine incarnée et Parole écrite (cf. Hébr 1.1-4 et Jean 20.29-31), mais sachons aussi le laisser nous surprendre… Job nous apprend que « Dieu parle […] tantôt d’une manière, tantôt d’une autre, et l’on n’y fait pas attention. Il parle en songe, en vision nocturne, quand un profond sommeil tombe sur les hommes, quand ils sont endormis sur leur couche. Alors il fait des révélations aux hommes » (Job 33.14-16a).
La réponse de Jonas
Face à cet appel, Jonas choisit la fuite. Qu’est-ce qui l’a dissuadé de répondre à cet appel ? Ninive était une ville païenne. Pour un Juif, prêcher la repentance et la foi à un peuple étranger était un acte hors du commun : il fallait accepter que Dieu n’envisageât pas seulement le salut de son peuple élu, mais également celui des nations. Il fallait également être prêt à accepter que Dieu puisse revenir sur sa décision, renoncer à sa colère et ne pas exécuter le jugement prévu (3.10). C’en était trop pour Jonas qui avait déjà imaginé cette issue, car il savait « … que tu es un Dieu qui fais grâce et qui es compatissant, lent à la colère et riche en bienveillance, et qui regrettes le mal » (4.2). Le prophète qui prononçait un message que l’Eternel ne lui avait pas communiqué devait être mis à mort. Lorsque la chose annoncée par le prophète ne se réalisait pas, c’était un signe que son message ne venait pas de l’Eternel (Deut 18.20-22). On comprend donc un peu mieux la crainte de Jonas…
Quelle est notre réponse aux appels de Dieu ? Lorsque Dieu appelle Moïse pour parler au Pharaon, le futur libérateur d’Israël demande au Dieu souverain d’appeler quelqu’un d’autre (Ex 4.13). Jérémie estime ne pas savoir parler et n’être qu’un enfant (Jér 1.6). Souvent, les demandes que Dieu nous adresse semblent être au-dessus de nos forces. Et notre première réaction, si elle n’est pas de fuir, est de jouer à celui qui n’a pas entendu ou alors de produire des foules d’excuses (valables à nos propres yeux) pour ne pas faire ce que Dieu nous demande. Par expérience, je crois que les appels de Dieu sont souvent des objectifs difficiles à atteindre, car il veut que nous comptions sur lui… Si les défis qu’il nous propose étaient trop simples, nous voudrions les accomplir par nos propres forces… Or lui qui nous donne le but à atteindre, veut aussi nous donner les moyens. Nous-mêmes, comme Jonas, en avons trop souvent douté…
L’épreuve de Jonas
Jonas a donc décidé de fuir Dieu. Il est intéressant qu’il nous soit précisé qu’il a payé le prix de sa place pour fuir en navire. Combien de fois dépense-t-on des sommes importantes pour s’éloigner de Dieu plus que pour se rapprocher de lui ? Le meilleur moyen de transport de l’époque, la plus grande des fortunes ou le sommeil le plus profond ne permettent pas de fuir la présence de Dieu : « Où irais-je loin de ton Esprit et où fuirais-je loin de ta face ? » (Ps 139.7). Dieu va alors se rappeler à son serviteur au cœur de la tempête. Dieu utilise la tempête, des marins idolâtres et le sort pour parler à la conscience de Jonas. Mis face à l’évidence de sa désobéissance, Jonas aura le courage d’expliquer sa situation aux marins et, signe évident de foi, de leur proposer de le jeter à la mer ! Répondant à sa foi, Dieu enverra un poisson : dans l’épreuve, il créera l’issue démontrant que sa main prend toujours soin de ses enfants.
Nos fuites et nos désobéissances sont souvent l’occasion de toucher le fond du gouffre (2.7a). Et là au fond, comme Jonas, nous pouvons expérimenter : « Quand mon âme était abattue au-dedans de moi, je me suis souvenu de l’Eternel, et ma prière est parvenue jusqu’à toi » (2.8). Celui-là même qu’il fuyait devient celui qui le fait remonter vivant du gouffre (2.7b). Oui, Dieu fait grâce ! Il pardonne nos inconséquences lorsque notre repentir est sincère… Jonas a reconnu son erreur – savons-nous reconnaître la nôtre ?
Une deuxième chance pour Jonas
Ramené au point de départ de manière miraculeuse, fort de cette expérience de la providence et de la toute-puissance de Dieu, Jonas est appelé une seconde fois : « Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et fais-y la proclamation que je te dis ! » (3.1). Cette fois, le texte nous apprend que « Jonas se leva ; il alla à Ninive, selon la parole de l’Eternel » (3.2). Dieu donne une seconde chance à Jonas pour le mettre à l’épreuve ! Notons bien que cette seconde chance lui a été accordée après un repentir sincère. Jonas ne persiste pas dans son erreur. Combien souvent, il nous arrive de continuer à ne pas vouloir entendre l’appel de Dieu et à ne pas vouloir faire acte de repentance…
Ce qui est merveilleux avec Dieu, c’est que jamais il ne nous enfonce. C’est lui qui a relevé Jonas, comme il peut me relever lors de mes chutes. Ma responsabilité, c’est de confesser ma désobéissance, de me mettre en ordre avec lui, de rétablir le contact. Une fois le contact restauré, la ligne nettoyée des péchés qui empêchaient une bonne communication, Dieu peut à nouveau m’appeler. Dieu veut aussi te donner cette seconde chance… si tu as laissé passer une occasion de répondre à l’appel de Dieu. Si tu as fui sa présence, si tu as lui a désobéi, confesse-lui cette erreur ! Et tiens-toi prêt… car il pourrait bien t’appeler une seconde fois.