Dossier: Le Salut - Témoignage
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Une leçon de modestie

Édification

« Jésus étant entré, un jour de sabbat, dans la maison de l’un des chefs des pharisiens, pour prendre un repas, les pharisiens l’observaient. Et voici, un homme hydropique était devant lui . Jésus prit la parole, et dit aux docteurs de la loi et aux pharisiens : Est-il permis, ou non, de faire une guérison le jour du sabbat ? Ils gardèrent le silence. Alors Jésus avança la main sur cet homme, le guérit, et le renvoya. Puis il leur dit : Lequel de vous, si son fils ou son bœuf tombe dans un puits, ne l’en retirera pas aussitôt, le jour du sabbat ? Et ils ne purent rien répondre à cela. Il adressa ensuite une parabole aux conviés, en voyant qu’ils choisissaient les premières places ; et il leur dit : Lorsque tu seras invité par quelqu’un à des noces, ne te mets pas à la première place, de peur qu’il n’y ait parmi les invités une personne plus considérable que toi, et que celui qui vous a invités l’un et l’autre ne vienne te dire : Cède la place à cette personne-là. Tu aurais alors la honte d’aller occuper la dernière place. Mais, lorsque tu seras invité, va te mettre à la dernière place, afin que, quand celui qui t’a invité viendra, il te dise : Mon ami, monte plus haut. Alors cela te fera honneur devant tous ceux qui seront à table avec toi. Car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé. Il dit aussi à celui qui l’avait invité : Lorsque tu donnes à dîner ou à souper, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni des voisins riches, de peur qu’ils ne t’invitent à leur tour et qu’on ne te rende la pareille. Mais, lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles. Et tu seras heureux de ce qu’ils ne peuvent pas te rendre la pareille ; car elle te sera rendue à la résurrection des justes. » (Luc 14.1-14)

Une respectabilité déficitaire

Jésus est invité à un repas chez un chef des Pharisiens. Il n’y a là que des personnalités honorables, des docteurs de la loi et des pharisiens. C’est l’élite de la nation, la crème religieuse du judaïsme. Nous nous serions certainement sentis tout petits devant ces hommes imposants aux grosses barbes parfois toutes blanches, et revêtus de vêtements somptueux…

Tous observent Jésus, dans le but de trouver, dans son comportement ou dans ses paroles, une faute, une entorse à la loi ou à la règle de la tradition : ce serait enfin l’occasion de le reprendre et de l’accuser.

L’apparition soudaine d’un homme malade d’hydropisie est peut-être un piège de leur part, car elle coïncide avec un jour de sabbat.

Seulement, avant d’agir, Jésus leur pose une question: « Est-il permis de faire du bien et de guérir le jour du sabbat ? »

Le grand problème pour les Pharisiens, comme pour la plupart des chefs religieux, c’est que la disposition du cœur a moins d’importance que l’acte extérieur. En fait, ils honorent Dieu des lèvres, mais leur cœur en est éloigné. Ils aiment paraître, occuper les premiers sièges dans les festins et dans les synagogues, et qu’on les salue bien bas sur les places publiques : « Rabbi, rabbi1 » (maître ; cf. Mat 23.5-7 et Luc 11.37-54)

Dans nos églises2, cette attitude ne s’exprime-t-elle pas à sa manière ? : « Pasteurs, serviteurs de Dieu, ne venez jamais à l’avance lors des rencontres, car vous êtes beaucoup trop importants ; attendez que l’église soit pleine, afin que tout le monde puisse bien vous voir ! Et lorsque vous faites votre entrée, assurez-vous que le tapis rouge a été déroulé au préalable devant vous. N’entrez jamais tout seuls, mais soyez toujours accompagnés par tout un protocole; de préférence des jeunes filles qui porteront votre lourde sacoche et votre grosse Bible ! »

Je ne voudrais pas être sarcastique, mais ces dispositions sont malheureusement trop évidentes dans beaucoup de nos assemblées ! On favorise le culte de la personnalité, et certains s’arrogent toutes sortes de titres et de ministères pompeux ! On a oublié les paroles du Seigneur Jésus :

«  Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé. » (Mat 23.11,12)

C’est pourquoi Jésus dénonce l’orgueil de ces chefs, leur hypocrisie, leur négligence de ce qui est essentiel à la loi : la justice et l’amour de Dieu : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée et ton prochain comme toi-même. » (Luc 10.27) N’ira-t-il pas jusqu’à leur déclarer : « Vous nettoyez l’extérieur de la coupe et du plat, et votre intérieur est plein de rapine et de méchanceté » (Mat 23.25) ?

Au Congo, on dirait : « Soignez surtout votre apparence extérieure, et assurez-vous que vos chaussures sont bien cirées avant d’entrer dans la maison de Dieu ! Mieux encore, faites nettoyer vos chaussures par quelqu’un qui se mettra à vos genoux dans votre bureau avant de paraître devant le petit peuple, le commun des mortels ! »

Un certain péché nommé orgueil

À ce repas, que constate le Seigneur ? C’est que chacun s’est bousculé pour choisir les premières places ! Alors Jésus leur destine une parabole en guise de leçon de modestie. Qui n’en a pas besoin aujourd’hui ?

Bien souvent nos réactions et notre attitude dans la vie de tous les jours révèlent un aspect de notre vie intérieure et de notre niveau spirituel. Pourquoi tous ces dirigeants, cette élite, ont-ils besoin d’une leçon de modestie et d’humilité ? À cause de l’orgueil qui caractérise tout homme au naturel. C’est ce que le Seigneur Jésus développe dans son enseignement général : « Car c’est du dedans, c’est du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les impudicités, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans, et souillent l’homme. » (Marc 7 :21-23)

Ainsi pourrait-on dire que ce n’est pas la beauté de telle personne qui la rend orgueilleuse, ni sa force, son intelligence, ses dons, sa réussite, sa richesse, sa position sociale, etc… Mais ce sont plutôt ces avantages qui éveillent, qui font gonfler et éclater en elle l’orgueil qui s’y trouve déjà.

D’ailleurs, n’est-ce pas ce sentiment destructeur qui a poussé Lucifer, ce chérubin protecteur, cet astre brillant, à se rebeller contre Dieu, à se croire égal à Dieu et à essayer de le supplanter (És 14.12-14) ? N’est-ce pas son orgueil qui l’a détruit et précipité dans les ténèbres du dehors ? À sa suite, ce poison mortel a également fait tomber nos premiers parents en leur instillant l’idée qu’ils deviendraient comme des dieux !

Oui, nous dit la Bible, « par un seul homme, le péché est entré dans le monde … » (Rom 5.12) Et le péché d’orgueil n’a pas reculé devant la désobéissance à la parole de Dieu. Par la même occasion, il a ouvert la porte au diable et aux mauvais esprits, avec les terribles conséquences que l’on sait.

Le vrai visage de l’orgueil

Voici ce que la Bible déclare au sujet de l’orgueil :

a-  L’orgueil excite des querelles ; l’orgueilleux veut toujours avoir raison et le dernier mot (Pr 13.10) !

b-  L’orgueil précède la chute et conduit à la ruine (Pr 16.18).

c-  L’orgueil conduit l’homme à des actes de folie, à la folie des grandeurs, en le poussant à aller toujours plus loin, plus vite, à accumuler plus de puissance, plus de gloire, plus de richesses (Pr 30.32).

d-  L’orgueil endurcit l’esprit, à l’image du roi Nebucadnetsar dont il est dit que « lorsque son cœur s’éleva et que son esprit s’endurcit jusqu’à l’arrogance, il fut précipité de son trône royal et dépouillé de sa gloire. » (Dan 5.20)

e-  L’orgueil refuse d’entendre quand Dieu parle (Jér 13.9-10).

f-  L’orgueil n’accepte pas les conseils, les instructions, la réprimande. À tel point que sous l’Ancienne Alliance, l’orgueilleux était condamné à mort, comme nous le lisons dans Deut 17.12 : « L’homme qui, par orgueil, n’écoutera pas le sacrificateur placé là pour servir l’Eternel, ton Dieu, ou qui n’écoutera pas le juge, cet homme sera puni de mort. Tu ôteras ainsi le mal du milieu d’Israël. »

g-  L’orgueil du cœur aveugle et égare (Jér 49.16).

h-  L’orgueil est la porte ouverte à l’autosuffisance, à l’envie de se débrouiller sans Dieu, et à une trop haute opinion de soi (És 53.6 ; Luc 19.14).

i-  L’orgueil conduit à l’incrédulité vis-à-vis de Dieu, de Jésus-Christ, du salut et de la grâce divine, et mène finalement au blasphème suprême qui est le refus de la grâce, du pardon et du salut de Dieu. L’orgueil tue physiquement et spirituellement.

j-  L’orgueil est en tête des choses que hait l’Eternel en Pr 6.16-19 : « Il y a six choses que hait l’Eternel, et même sept qu’il a en horreur : les yeux hautains (= l’orgueil), la langue menteuse, les mains qui répandent le sang innocent … »

k-  L’orgueil est aussi une marque des faux serviteurs de Dieu : « Si quelqu’un enseigne de fausses doctrines et ne s’attache pas aux saines paroles de notre Seigneur Jésus et à la doctrine qui est selon la piété, il est enflé d’orgueil, il ne sait rien et il a la maladie des questions oiseuses et des disputes de mots, d’où naissent l’envie, les querelles, les calomnies, les mauvais soupçons, les vaines discussions… » (1 Tim 6.3-4)

l-  L’orgueil se cache parfois derrière une fausse humilité. D’où cet avertissement du Seigneur : « Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au-dedans ce sont des loups ravisseurs. » Il y a un camouflage que nous devons découvrir. Et l’apôtre Paul dira à son tour : « Qu’aucun homme sous une apparence d’humilité et par un culte des anges ne vous ravisse à son gré le prix de la course, tandis qu’il s’abandonne à ses visions et qu’il est enflé d’un vain orgueil par ses pensées charnelles. » (Col 2.18) 

 Faire pâlir l’orgueil

Maintenant, comment être délivré de l’orgueil ?

Premièrement, il nous faut le reconnaître comme la cause directe de la chute de l’homme, et ne pas l’excuser comme s’il constituait une « faculté » qui peut nous aider à être ambitieux, visionnaire et à faire de grands exploits ! Ainsi, dira-t-on, l’orgueil va renforcer notre estime de nous-mêmes, notre confiance en nous-mêmes, et nous aidera à nous surpasser. On citera peut-être à l’appui de cette thèse un passage comme celui-ci, adressé à la nation d’Israël : « Ton Dieu te donnera la supériorité sur toutes les nations de la terre […] L’Eternel fera de toi la tête et non la queue, tu seras toujours en haut et tu ne seras jamais en bas… » (Deut 28.1,13) Ou encore Ps 60.14 : « Avec Dieu, nous ferons des exploits ! » Gardons-nous de sortir ces versets de leur contexte pour justifier notre orgueil et nos ambitions charnelles ! Car tout ce qui n’est pas fait dans la pleine volonté de Dieu sera tôt ou tard rejeté et consumé (voir 1 Cor 3.11-15). Aussi, après avoir reconnu notre propre orgueil, confessons-le sincèrement devant Dieu en acceptant son pardon et la purification par le sang de Jésus.

Ensuite, écartons résolument toute pensée, tout esprit et tout acte d’orgueil, en nous dépouillant de toutes ces œuvres de la chair. Refusons par exemple les modes introduites dans nos églises pour nourrir notre orgueil, tels ces applaudissements à l’entrée en chaire du prédicateur, ou pendant et après son message, applaudissements que nous justifions d’une façon fausse et hypocrite en avançant qu’ils sont destinés au Seigneur.

N’y a-t-il pas suffisamment de serviteurs de Dieu qui sont tombés à cause de l’orgueil pour éviter d’en faire tomber d’autres ? Méfions-nous des éloges des hommes et de l’ennemi : « Comme tu as bien prié, chanté, prêché… » Ou encore : « Comme tu es humble ! » La Bible dit justement en Pr 4.23 : « Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie » et : « Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche point ; mais celui qui est né de Dieu se garde lui-même, et le malin ne le touche pas. » (1 Jean 5.18)

Un habit nouveau

Ayant confessé à Dieu notre orgueil, remplaçons ce dernier par l’humilité en nous revêtant de l’ « habit » du Seigneur Jésus lui-même (Zach 9.9 ; Jean 13.5 ; 2 Cor 8.9 ; Col 3.12). Portons-le vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans nos relations, comme la Bible nous le recommande : « Tous, dans vos rapports mutuels, revêtez-vous d’humilité. » (1 Pi 5.5)

C’est un état d’esprit, une attitude volontaire que d’être humbles dans nos paroles et dans nos actes. Non pas en marchant pieds nus, ou en priant ostensiblement à genoux devant tout le monde, la tête penchée et en prenant une voix chevrotante… Comprenons-nous bien ! La Bible nous demande de rechercher l’humilité authentique, non sa contrefaçon : « Cherchez l’Eternel, vous tous, humbles du pays, qui pratiquez ses ordonnances ! Recherchez la justice, recherchez l’humilité ! Peut-être serez-vous épargnés au jour de la colère de l’Eternel. » (Soph 2.3)

N’ayons donc pas peur d’être repris et critiqués par les autres, d’être touchés dans notre amour propre et notre dignité. L’orgueil n’accepte pas ces « offenses » car il est très susceptible, il se vexe très rapidement (de telles réactions ne sont-elles pas le miroir de notre état spirituel ?) Jésus déclare : « Quiconque s’élèvera sera abaissé et quiconque s’abaissera sera élevé. » (Mat 23.12) Il est bien dit : « Quiconque ! ». Dieu résiste aux orgueilleux (1 Pi 5.5), mais fait toujours grâce aux humbles (Jac 4.6). Oui, Dieu se plaît à sauver l’homme ou le peuple qui s’humilie (Ps 18.28).

L’humilité : un bon remède

L’humilité est la voie de la restauration individuelle, comme de celle de l’Église.

L’humilité est le fruit de la grâce du salut ; c’est une évidence de la foi qui sauve, parce que pour être sauvé, je dois m’abaisser et reconnaître que je suis un pauvre pécheur. Mais plus je réalise mon dénuement et mon néant devant Dieu, plus je puis recevoir sa miséricorde, son pardon, son salut, et vivre de sa grâce. En effet, le salut en Christ, ainsi que toutes les bénédictions spirituelles, désamorcent tout motif de s’enorgueillir : « Où donc est le sujet de se glorifier? Il est exclu. » (Rom 3.27)

L’humilité apportera un grand changement dans notre attitude vis-à-vis des autres. L’apôtre Paul recommande aux Philippiens : « Que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes » (Phil 2.3), mais il commence par s’appliquer ce conseil : « Je suis le moindre des apôtres, le moindre de tous les saints. » (1 Cor 15.9 ; Éph 3.8)

L’humilité libère des disputes et de la jalousie, de l’esprit de rejet, de la peur d’être mis de côté, d’être écrasé par la critique et les faux jugements. L’humilité libère de l’irritation et de la susceptibilité. Elle nous affranchit de la course au pouvoir, de l’entêtement, de la conviction d’être indispensable à l’Église et à Dieu. Elle nous aide à maintenir une appréciation juste et réaliste de nous-mêmes. L’apôtre Paul déclare encore : « Par la grâce qui m’a été donnée, je dis à chacun de vous de n’avoir pas de lui-même une trop haute opinion, mais de revêtir des sentiments modestes, selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun. » (Rom 12.3)

L’humilité nous apprend à ne compter que sur Dieu seul et sur sa parole ; à lui être entièrement consacrés et soumis, à accepter d’être employés par lui, afin d’être serviteurs des autres (Rom 12.1 ; 1 Cor 9.19). Ce sont les humbles que le Seigneur conduit dans la justice et à qui il enseigne la voie à suivre, selon Ps 25.9. Jésus notre Sauveur et Maître reste notre modèle d’homme parfait, doux et humble de cœur (Mat 11.29 ; Phil 2.5-8).

Le nerf de la victoire sur l’orgueil

Souvenons-nous que tout ce que nous venons de rappeler n’aurait pas de sens ni de réalité si Christ lui-même n’en était aussi l’artisan et le but. Laissons toute la place à Jésus-Christ dans notre cœur, afin de pouvoir dire comme Jean-Baptiste : « Il faut qu’il croisse et que je diminue. » (Jean 3.30) Oh ! que l’Esprit de Christ puisse nous habiter et nous animer, parce que nous aurons appris à lui céder la place d’honneur en nous revêtant de son humilité.

1 Ce terme araméen signifie : « maître » ; cf. Mat 23.5-7 et Luc 11.37-54.
2 L’auteur fait référence à des églises africaines, mais il n’est pas difficile de transposer les commentaires qui suivent pour les appliquer à d’autres églises, européennes, américaines ou asiatiques.

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Monot Ronald Jean
L’auteur est pasteur. Il a exercé son ministère auprès des Assemblées de Dieu en République démocratique du Congo, à Lubumbashi.