Une question importante ou une question secondaire?
Question:
Est-ce que l’hypothèse évolutionniste théiste ou le créationnisme dit «progressif» – touche aux fondements bibliques de notre foi, ou s’agit-il simplement d’une question secondaire sur laquelle les avis peuvent diverger sans que l’inspiration, l’inerrance(1) et l’autorité des Saintes Ecritures soient mises en doute?
Cette question, sous une forme ou une autre, nous a été posée oralement à plusieurs reprises et de plusieurs côtés, suite à la publication de textes opposant créationnisme biblique et évolutionnisme théiste. Nous nous faisons un devoir de répondre à cette préoccupation, car il nous paraît extrêmement important d’être au clair à ce sujet. Nous démontrerons que par la mise en doute d’une seule affirmation doctrinale biblique on en ébranle beaucoup d’autres, jusqu’à jeter le discrédit sur toute l’Ecriture. Nous croyons que pour connaître quelque chose de l’acte créateur de Dieu, les Saintes Ecritures sont notre unique document inspiré, donc faisant autorité. Inspiration et autorité de celui qui est en même temps, et à l’origine du monde et à l’origine de la Bible.
Réponse:
Remarque préalable
Selon l’hypothèse évolutionniste théiste, l’homme serait l’aboutissement d’une longue chaîne d’êtres inférieurs qui, par des interventions répétées de Dieu, aurait progressé au travers de millions d’années. L’homme ne serait donc pas le résultat d’une création directe à partir de la poussière de la terre, comme l’enseigne l’Ecriture. De même, les animaux n’auraient pas été produits selon leurs espèces, puisqu’ils descendraient les uns des autres. Il suffit de relire les premières pages de la Bible (Gen 1.21, 24, 25, 27; 2.7) pour constater que l’hypothèse en question est en évidente contradiction avec ce que dit l’Ecriture sur la création des êtres vivants, y compris l’homme. Ce n’est pas parce que la Bible n’est pas un manuel de science naturelle que ce qu’elle dit sur l’origine des êtres vivants doit être mis en doute, puisque non conforme aux hypothèses élaborées par les hommes. «Est-ce à Dieu qu’on enseignera la science?» (Job 21.22).
La mort avant Adam?
Les évolutionnistes, croyant que la formation des êtres vivants s’est échelonnée sur des millions, voire des milliards d’années, pensent que la mort a dû forcément exister pendant toute cette période, c’est-à-dire avant l’apparition d’Adam. Cette supposition leur est indispensable, car où et comment ces êtres, animaux et hypothétiques préhommes, nés pendant cet immense espace de temps, auraient-ils pu vivre en se multipliant constamment, sans jamais mourir? Les partisans de cette hypothèse invoquent en sa faveur quelques ossements fossilisés que certains datent d’avant l’apparition de l’homme, alors que d’autres contestent ces datations.
Mais que dit l’Ecriture? Elle déclare formellement que par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort (Rom 5.12).
Si donc la mort est entrée dans le monde par Adam, c’est qu’elle n’y fut pas avant. En entrant dans le monde, la mort s’est étendue à toute la création, qui a été ainsi «soumise à la vanité» et à la «servitude de la corruption» (Rom 8.20-21). La Bible établit en outre un rapport très direct entre l’acte de désobéissance du premier Adam qui a introduit la mort dans le monde et l’acte d’obéissance du dernier Adam, le Christ, qui procure la vie (Rom 5.15-19; 1 Cor 15.21-22). Ce parallélisme très significatif est tout simplement annulé lorsqu’on prétend que la mort a régné avant Adam.
Des implications
Voyons donc ce que l’acceptation d’une seule erreur, insignifiante aux yeux de certains, peut avoir comme conséquences sur l’ensemble de la doctrine biblique:
1. Si la mort a existé avant Adam, le point de départ de toute l’argumentation de Paul est faux et toute sa démonstration s’écroule. Il faut alors admettre qu’il n’a pas été inspiré de Dieu quand il a rédigé son enseignement sur ce sujet et qu’il s’est manifestement trompé. Mais s’il s’est trompé ici, il a pu se tromper ailleurs, et nous ne pouvons plus avoir confiance en ce qu’il écrit. Ainsi l’inspiration de «toute l’Ecriture» (2 Tim 3.16) est mise en question.
2. Si la mort a existé avant Adam, elle ne saurait être le châtiment de la désobéissance du premier homme (Gen 2.17), ou le salaire du péché (Rom 6.23), et le sacrifice de Christ ne peut plus être mis en relation directe avec l’entrée de la mort dans le monde. Mais alors on porte atteinte à la doctrine de la chute, du péché et de ses conséquences, ainsi qu’au sens et à la portée de l’oeuvre expiatoire de Christ, le tout formant un ensemble indivisible de vérités bibliques fondamentales.
3. Si la mort a existé avant Adam, il faut admettre, avec les évolutionnistes, qu’elle fut introduite pour sélectionner et améliorer progressivement les êtres vivants en faisant constamment place à de nouvelles générations toujours plus développées. La mort aurait ainsi été un facteur indispensable dans le processus évolutif.
4. Si la mort a existé avant Adam, elle ne saurait plus être considérée comme un ennemi, le dernier ennemi qui sera réduit à l’impuissance (1 Cor 15.26) et jeté dans l’étang de feu (Apoc 20.14), dans lequel il partagera le sort éternel du diable, de la bête, du faux prophète (Apoc 20.10) et de tous ceux dont le nom n’est pas écrit dans le livre de vie (Apoc 20.15). Le nom d’«ennemi» donné à la mort, le sort final qui lui est réservé et la compagnie en laquelle elle est située montrent bien que la Bible ne la juge pas avantageusement comme si elle avait été la collaboratrice de Dieu dans la supposée création progressive.
Conclusion
Nous constatons que l’hypothèse évolutionniste théiste sème le doute et jette le trouble dans les esprits, parce qu’elle met implicitement en cause l’inspiration, l’inerrance et l’autorité des Ecritures, et qu’elle divise les chrétiens. Elle ne met pas seulement en doute ce que dit la Bible au sujet de la création d’Adam, mais, par voie de conséquence, elle ébranle d’autres vérités bibliques fondamentales, car «l’harmonie qui lie entre elles les doctrines de la foi est si contraignante qu’une erreur commise à l’égard de l’une provoque une distorsion qui atteint toutes les autres».(2)
La révélation biblique forme un tout. Fragmenter les données bibliques pour en accepter certaines et en mettre d’autres en question, c’est détruire l’unité de la Bible et la rendre finalement tout entière suspecte. Nous voulons bien croire que ceux qui sont favorables à l’hypothèse évolutionniste théiste – ou qui sont tout simplement «tolérants» à son égard – ne réalisent pas forcément qu’ils jettent le discrédit sur la Parole de Dieu, aussi ne voulons-nous pas leur faire un procès d’intention. Mais le danger est d’autant plus grand qu’il n’est pas perçu, qu’il laisse indifférent le plus grand nombre et que beaucoup continuent d’affirmer leur foi en toute l’Ecriture tout en n’acceptant plus tout ce qu’elle enseigne. Voilà ce qui est grave. Il s’agit donc bien d’une question importante qui touche aux fondements de notre foi, même si cela n’apparaît pas immédiatement aux yeux de chacun. Tout chrétien vraiment évangélique est concerné. Ne pas s’y intéresser et refuser de prendre position, c’est ouvrir la porte à l’erreur et faire le jeu de l’adversaire. Qu’au «Dieu a-t-il réellement dit?» (Gen 3.1) nous sachions répondre par «Il est écrit» (Mat 4.4), pour que la parole du Seigneur soit en tout et partout honorée!
(1) Inerrance des Ecritures: leur qualité d’être exemptes d’erreur.
(2) Boettner, dans «la Revue Réformée» No 147, septembre 1986. p. 157.