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Utilisateur ou tyran, où vous situez-vous?

Nous pensons que l’univers est un puits sans fond, d’où nous pouvons tirer des ressources à volonté. Mais les biens de la création ont des limites…

Que penser des questions posées par l’environnement et des problèmes que sou­lève la pollution? Avons-nous réfléchi comment, en tant que chrétiens, nous de­vrions utiliser les ressources mises à notre disposition?

Sans aborder les grands débats sur le nucléaire ou la guerre, ces questions concernent directement notre vie quotidienne. Quelles sont nos priorités lors de l’achat d’un produit? Le prix le plus bas, un point c’est tout; ou bien recherchons -nous aussi le produit le plus respectueux de ce qui existe dans la nature? Achetons-nous des meubles en plastique (non-recyclables, fait de substances mortes) ou en bois (le reboisement étant possible)?

La nature, la pollution et nous

Jusqu’à une période récente, l’homme moderne a cru qu’il pouvait se comporter comme il voulait avec la création. Sa politique industrielle et agricole, même du logement, était fixée sans prendre en compte le caractère limité des ressources connues. La pollution est apparue, et on a commencé à comprendre que la tech­nique n’était pas l’unique solution.

La pollution existe dans beaucoup de domaines. Les grandes agglomérations la favorisent à cause de l’entassement des gens obligés de vivre dans des conditions de pénurie physique – béton, bruit, brutalité, ordures et manque d’oxygène. Le prin­temps n’est là que lorsque des jonquilles surgissent chez le fleuriste!

Si des villes comme celles du Mexique, de véritables cauchemars pour l’habitant, stimulent la pollution, Beverley Hills, où la richesse pousse à une consommation démesurée, le fait aussi. Plus le niveau de vie monte dans une société, plus celle-ci collicite ses ressources (et celles des autres) pour le maintenir et le développer. Ainsi, aux Etats-Unis, chaque année la population augmente d’un peu moins de 1 % et la production de l’électricité de près de 10%. Mais ne jetons pas la pierre aux habitants de ce pays: partout en Occident nous sommes, dans l’ensemble, des sur-consommateurs!

Un des plus grands inconvénients de la pollution est dû, depuis la deuxième guerre mondiale, au développement des produits non-recyclables. Les raccourcis de la technologie moderne permettent la production d’objets «à jeter». Ainsi l’homme est en train de «s’endetter» vis-à-vis de la nature; il y prend selon sa fantaisie au-delà de ce qu’il est capable de remplacer. La pollution croît plus vite que la production nouvelle. La voiture est l’image par excellence de la pollution, à plus d’un titre. Il y a, par exemple, plus dépaves à la casse que de voitures neuves vendues chaque année.

Une relation pour la vie

Le progrès technique a entretenu l’illusion que nous étions plus ou moins libérés de toute contrainte en ce qui concerne l’environnement. Tout devenait possible… Or, rien n’était plus faux! C’était oublier le message chrétien et faire de l’homme moderne un pollueur.

Dans la Bible, il y a un rapport étroit entre l’homme et la nature. Les deux ont été créés par Dieu. Certes, l’homme est personnel dans son être, alors que la nature ne l’est pas, mais il y a interdépendance. La création dépend de l’homme et l’homme de la création. L’homme a reçu l’ordre de bien gérer la nature, de la faire fructifier et d’en prendre soin. Ainsi il bénéficie de sa mise en valeur (voir Gen 1.29,30). Il est également appelé à respecter l’intégrité des animaux. Dans le récit de la création, il est sous-entendu que l’homme ne peut pas abuser de la création sans se dégrader lui-même et marquer son mépris vis-à-vis du privilège qu’il tient de Dieu: celui de gérer ce qui a été créé «bon».

Le jardin devenu décharge

Que s’est-il passé? Dans sa désobéissance, l’homme a détourné la nature de sa destination première. Il en a usé non pour la gloire de Dieu, mais pour se révolter contre lui. La nature souffre à cause de l’homme – elle est maudite à cause de lui et produit des chardons; l’homme se tue à la cultiver avec difficulté (Gen 3.17-19). C’est ainsi que, dans l’Ancien Testament, le péché d’Israël conduit à la malédiction de la terre et, dans le Nouveau Testament, l’apôtre dît que la «création soumise à la vanité» soupire en attendant la révélation des fils de Dieu (Rom 8.19-22).

De tout ceci se dégage le principe biblique suivant: le rapport entre l’homme et la nature est un reflet de celui qui existe entre l’homme et Dieu.

L’homme éloigné de Dieu a déclenché un cercle vicieux: l’industrie lourde détruit les forêts et cette destruction met la vie de l’homme en danger; une politique agri­cole favorable au nomadisme stimule la progression du désert et, en conséquence, la famine dans certains pays; pour notre agrément, nous abusons des aérosols, dont une des composantes chimiques détruit la nappe d’ozone qui nous protège; le refus de l’essence sans plomb va coûter plus cher à la longue que son adoption, à cause de la pollution de l’atmosphère.

Une attitude intérimaire

Nous sommes exclus du Paradis à la suite d’Adam et Eve.

Que faire? Avant la nouvelle création, il n’y aura pas davantage d’écologie par­faite que de justice parfaite parmi les hommes. Nous sommes bel et bien obligés de vivre en ville, de rouler en voiture, de placer nos achats au supermarché dans des sacs en plastique, etc. Il n’y a pas d’autre solution. Nous sommes solidaires d’une situation sociale et il est impossible de se retirer en une cocagne écologique pour éviter de mal agir.

En attendant le renouvellement de la création, les chrétiens sont donc appelés à préserver celle-ci autant que possible, car elle appartient à Dieu, et non à eux. Ils peuvent oeuvrer, dès maintenant, en vue de sa restauration, grâce des options appro­priées, tout en sachant que c’est Christ qui le fera un jour parfaitement. L’écologie et la pollution soulèvent des questions non seulement de technique, mais aussi d’éthique. La modération doit marquer nos choix en sorte que le respect de la création soit assuré au mieux.

Dieu est le Créateur; il nous appelle, nous, ses serviteurs, à gérer sa création en sages économes. Aussi investissons nos forces et notre argent en des projets propices à la nature et à notre prochain et évitons tout excès alimenté par la convoitise.

Une espérance

En même temps, sachons aussi user, en toute bonne conscience, des bienfaits qui nous sont accordés. La nature n’est pas une divinité, comme le donne à penser une certaine écologie panthéiste. Elle a été créée pour notre bien, et Dieu veut que nous nous réjouissions de sa richesse et de sa diversité merveilleuse. Il n’est sûrement pas dans la volonté du Créateur que ses dons soient une cause de tristesse pour nous!

Ceci dit, il faut savoir que nous continuerons à commettre des erreurs dans le domaine de l’écologie comme dans tous les autres. Mais nos fautes de jugement n’ont pas de conséquences éternelles, car Jésus-Christ est aussi le Sauveur de la nature. Si nous croyons en sa grâce, la nouvelle création, que notre foi attend, ne sera pas notre oeuvre mais son don.

Paul Wells
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Wells Paul
Paul Wells est doyen et professeur de théologie systématique à la faculté de théologie Jean Calvin (Aix-en-Provence, France).