Wesley, l’homme qui sauva l’Angleterre
Nous avons déjà parlé de George Whitefield et de Jonathan Edwards. Aujourd’hui, nous continuons nos articles sur Ies Réveils avec John Wesley, un des pionniers du «réveil méthodiste».
Le réveil méthodiste fut l’un des plus grands réveils de tous les temps, mis à part la Réforme. il a eu pour auteurs deux hommes, George Whitefield et John Wesley.
Une Angleterre corrompue
Ce renouveau spirituel a bouleversé la vie de tout un peuple à tel point qu’on a pu dire que Wesley a sauvé l’Angleterre d’une véritable faillite spirituelle et morale! Au début du l8e siècle, le Royaume d’Angleterre vit des moments effroyables. La corruption et la dégradation des moeurs ont atteints des sommets inimaginables et la spiritualité est quasi nulle. La raison de cet état catastrophique s’explique aisément: l’Eglise anglicane a été emportée par la vague de fond du déisme (1). Le déisme est la révolte de l’homme contre le dogmatisme de l’Eglise. La raison humaine s’émancipe et devient autonome par rapport à Dieu et à sa Parole. Les conséquences sont logiques: l’homme cherche à comprendre le monde par sa seule raison. Le déisme croit à l’existence de Dieu, mais il n’interviendrait plus dans les affaires des hommes. La foi au Dieu transcendant et révélé est ainsi évacuée. Les évêques délaissent leurs diocèses et font de la politique, tandis que les fidèles sont livrés à des prêtres qui hésitent à célébrer le culte ou à prêcher.
Si les églises anglicanes vont au plus mal, les autres églises (baptistes, presbytérienne, etc.) subissent les assauts de la philosophie déiste et l’arianisme fait des ravages dans les paroisses. Quant aux pasteurs, ils ont cessé de combattre…
Sur le plan social enfin, c’ est le désordre complet. Le niveau moral des Anglais est très bas, la police est impuissante devant le raz-de-marée de la criminalité. Dans bien des régions, c’est la débauche et la violence, surtout parmi la population ouvrière. Les mineurs de fonds sont qualifiés de «sauvages».
L’Angleterre est-elle perdue? Mais non! Dieu va susciter Whitefield, puis Wesley. Le miracle se produit. Des centaines de milliers de personnes se convertiront à Christ et seront délivrées de l’alcool et la débauche. Ce sera le réveil méthodiste.
L’enfance de Wesley
John Wesley est né en 1703 dans une famille pastorale anglicane. Il était le quinzième des dix-neuf enfants de Samuel et Suzanne Wesley. Son enfance fut marquée à jamais par l’amour et l’abnégation de sa mère. Cette femme admirable, fille du célèbre pasteur Satriuel Annesley et vingt-quatrième enfant d’une famille de vingt-cinq, se consacra tout entière à l’éducation de ses enfants. A l’âge de cinq ans, chaque enfant devait apprendre l’alphabet. Une fois l’alphabet appris, et dès le lendemain, l’enfant apprenait à lire la Bible! Chaque semaine, Suzanne Wesley avait un entretien spirituel avec chacun des enfants.
Chercher la volonté de Dieu en tâtonnant…
Il n’est pas étonnant que le jeune Wesley voulut à son tour servir Dieu. En 1720, Wesley commença ses études au collège de Christ à Oxford où il apprit le latin, 1’hébreu, le grec et le français. En 1725, il fut ordonné diacre et, l’année suivante, il devint suffragant dans la paroisse de son père. En 1729, il devint, enseignant au Lincoln’s College, où il enseigna les lettres.
C’est pendant ce séjour à Oxford que le frère de John Wesley, Charles, fonda une association religieuse d’entraide et de piété religieuse. Bientôt John Wesley en devint le chef. George Whitefield fréquenta également ce groupe dont les membres furent appelés «méthodistes» par dérision.
Mais Wesley voulait aller plus loin. Son zèle missionnaire l’amena en Géorgie. Au cours de son voyage, il rencontra des chrétiens moraves; il fut très impressionné par leur foi et leur sérénité face aux dangers de la traversée. Son séjour en Géorgie fut un échec. Il voulait convertir les Indiens, mais il n’était pas encore converti! Ce fut pour lui une douloureuse remise en question.
L’expérience décisive de Wesley
John Wesley se convertit le 24 mai 1738, quatre mois après son retour d’ Amérique, au cours d’une réunion d’édification. C’est en écoutant un texte de Luther (L’introduction de l’ épître de Paul aux Romains) que Wesley se donna entièrement à Christ. Son coeur se «réchauffa» et il reçut l’assurance du pardon des péchés et du salut.
Wesley était dans l’oeuvre de Dieu depuis treize ans. Son zèle et son dévouement étaient extraordinaires, mais les fruits maigres. Il fallut ni plus ni moins qu’une authentique conversion à Dieu pour que sa vie puisse être transformée. Depuis lors, sa vie et son ministère furent radicalement changés et les fruits abondants.
Un ministère extraordinaire
A partir de ce moment-là, sa vie se confond avec le Réveil méthodiste. John Wesley fut l’infatigable prédicateur du Réveil. Il sillonna sans cesse l’Angleterre. Il parcourut 400’000 km à cheval (soit 9 fois le tour de la terre!). Il prononça pas moins de 50’000 sermons et ses auditoires dépassaient parfois 20 à 30′ 000 personnes, chiffre énorme pour l’ époque, quant on sait que la population en Angleterre atteignait tout juste les huit millions d’habitants.
Bien entendu, le ministère de Wesley suscita une violente opposition. En 1743, à Wednesbury, une émeute frénétique se déclencha contre lui et ce fut par miracle qu’il réchappa à la foule déchaînée. Par ailleurs, il dut se séparer de l’Eglise anglicane. En effet, l’évêque de Bristol lui avait interdit de prêcher dans son diocèse. L’ironie des événements fit que la première chapelle méthodiste fut construite à Bristol!
La controverse arminienne
Nous ne pouvons pas passer sous silence la séparation de John Wesley avec son compagnon de combat, George Whitefield à propos de la doctrine de la prédestination. Wesley était «arminien» (2) tandis que Whitefield état «calviniste». Ce fut Wesley qui mit le feu aux poudres en publiant un traité De la Libre Grâce. Wesley réfutait avec une extrême violence la doctrine de la prédestination. Il déclarait notamment que «cette doctrine est tout à fait blasphématoire», qu’«elle fait se contredire la révélation», qu’«elle rend la prédication vaine», etc. Whitefield répondit avec sagesse et pondération. Malgré cela, les hommes se séparèrent en 1741.
Cette controverse, au demeurant fort regrettable, ne nuisit pas au développement du Réveil. Wesley et Whitefield, chacun de leur côté mais en se respectant mutuellement, servirent Dieu avec beaucoup de zèle. Dieu, en dépit de l’imperfection des hommes, était le vainqueur.
La fin de Wesley
Wesley est mort à l’âge avancé de 88 ans. Jusqu’au bout, il a été actif au service de son Maître. A 80 ans, il se levait à 4 heures du matin pour prier; à 83 ans, il travaillait près de 15 heures par jour; à 87 ans, presque aveugle, il continua de prêcher! Enfin, le Seigneur reprit son serviteur. Ses dernières paroles furent: «Ce qu’il y a de meilleur, c’est que Dieu soit avec nous.»
Wesley a laissé son monumental Journal qui est le journal de bord du Réveil du 18e siècle. Ses oeuvres complètes ne comportent pas moins de 32 volumes! Mais surtout, il a été l’homme qui par son rayonnement spirituel a «sauvé» l’Angleterre d’un véritable naufrage spirituel. On peut estimer, en effet, que près d’un million de personnes ont été touchées par la grâce de Dieu!
Dans une des dernières lettres de John Wesley, il écrivait: «Donnez- moi cent prédicateurs qui ne craignent que le péché et ne désirent que Dieu, et je ne me soucie pas plus que d’un fétu qu’ils soient pasteurs ou laïques; ils ébranleront les portes de l’enfer et établiront le royaume des cieux sur la terre».
NOTES:
(1) Le déisme est la doctrine qui admet l’existence d’un Dieu, sans référence à un dogme ni à une religion révélée.
(2) Arminius (1560-1609 ), théologien hollandais, s’opposait à la doctrine calviniste de la prédestination et de la persévérance finale. Selon lui, la grâce n’était pas irrésistible et l’homme, dans une certaine mesure, pouvait répondre positivement à l’appel de Dieu. La doctrine arminienne fut condamnée au Synode de Dordrecht en 1618. Les fameux «Canons de Dordrecht» explicitent la position calviniste de l’élection et de la persévérance finale.