Ministère féminin
Un grand abîme
Entre les églises multitudinistes et les églises confessantes existe un grand abîme. Au moins, officiellement.
A première vue, toutes se réclament de la Parole de Dieu. En réalité, leurs fondements sont souvent fort éloignés. Tandis que les églises confessantes s’efforcent, dans l’ensemble, de vivre en conformité avec les enseignements de l’Ecriture, les églises multitudinistes, quant à elles, s’appuient davantage sur leur tradition, sur leur histoire propre, ou sur les présupposés de la société contemporaine, que sur la Révélation biblique.
Concernant la question que nous avons à examiner -le ministère féminin dans l’Eglise, ses libertés et ses limites, -nous avons à constater qu’en principe les grandes églises multitudinistes n’ont pas le désir de respecter l’enseignement de la Bible à ce sujet. Certes, Jean-Paul II, qui dit «non» aux femmes prêtres, fait quelques références à l’Ecriture, mais l’autorité déterminante reste pour lui celle de la Tradition de l’Eglise romaine et du Magistère.
Heureusement, au moins jusqu’à un passé récent, les Eglises des confessants ont accepté comme critère de leur vie et de leur action: Que dit l’Ecriture? Parfois nous nous demandons si chez certaines ce souci prime toujours, en particulier concernant le sujet que nous traitons dans ce numéro de Promesses.
Attention: terrain piégé
Néanmoins, deux pièges existent dans lesquels les églises confessantes risquent de tomber.
Le premier est l’ ambiance féministe dans laquelle nos églises évangéliques vivent et évoluent. Etant les enfants de notre siècle, qu’on le veuille ou non, nous risquons d’en subir les influences.
Non pas que tout soit mauvais dans cette mouvance pour la promotion des femmes ! Toutes les retombées ne sont pas forcément négatives. Ne sommes-nous pas prêts à applaudir la lutte contre la pornographie? La femme ne doit jamais être un jouet sexuel. Et sans discussion, les femmes devraient gagner un salaire égal à celui des hommes si elles accomplissent le même travail qu’eux.
Cependant, quand le mouvement féministe veut créer une sorte d’unisexe qui entraîne certains de ses adhérents, prétendument chrétiens, à ne plus reconnaître Dieu comme Père, nous crions halte. Là, on exagère.
Ainsi, nous rejetons catégoriquement l’accusation féministe qui veut que notre Seigneur, et Paul et les autres apôtres, aient subi l’influence de leur temps dans leur attitude au sujet de la condition féminine. C’est mal connaître la société d’il y a 2000 ans, car le Nouveau Testament est plutôt révolutionnaire par rapport aux femmes. Nous demandons à ces détracteurs un peu d’honnêteté. Ne peuvent-ils pas imaginer que ce sont plutôt eux qui sont influencés par leur époque? Il est facile d’accuser les autres de ce qu’on manifeste soi-même. Attention à cette forme de transfert.
Expérience et doctrine
Le deuxième piège concerne l’ expérience et la doctrine, appelées dans «Semailles et Moisson» (no 8, act. 1994) «deux sours ennemies?», avec un point d’interrogation. Nous ne savons pas si la journée de réflexion à ce sujet a pu abolir l’inimitié supposée entre l’expérience et la doctrine, mais le grand principe est sûrement de ne pas laisser l’expérience l’emporter sur le clair enseignement de la Parole de Dieu. La première est subjective. Si nos émotions dominent, elle peut nous amener très loin de ce que Dieu a déclaré.
En effet, pour le sujet traité, nous avons constaté ceci: le fait que nos sours missionnaires aient dû accomplir ce dont des hommes auraient pu se charger -s’ils n’avaient gardé leurs pieds dans leurs pantoufles tout près du foyer -prime à tel point que cet exemple de dévouement dans le domaine de l’expérience amène certains promoteurs du ministère pastoral féminin à voir la doctrine biblique tout à fait autrement (1). Certes, nous admirons nos sours missionnaires et louons Dieu pour leur engagement, mais si Dieu s’est servi d’une Débora ou d’une Jaël quand les hommes manquaient à l’appel, il a néanmoins pu conférer la charge de «juge» à des hommes plus souvent qu’à des femmes. Il ne faut pas faire une règle à partir des exceptions.
Dieu est souverain
De tels exemples d’expérience nous apprennent justement que Dieu reste souverain. Sa volonté s’accomplira et son oeuvre se fera de toute façon. Si son peuple a besoin d’être délivré d’un Jabin quelconque et que Dieu ne trouve pas d’homme suffisamment courageux pour le faire, Il suscitera très facilement une Débora et ensuite une Jaël. Si les apôtres ont le cour trop lent à croire à la résurrection du Fils de Dieu et que de saintes femmes y croient plus facilement, elles deviennent aussitôt les messagères du Seigneur ressuscité. Si, pour aller sur le champ missionnaire, les hommes sont paresseux, le Dieu souverain se sert bien volontiers de nos sours -à la honte des frères -pour sauver les âmes qu’Il a prédestinées à la vie éternelle.
Dieu est souverain: sa volonté s’accomplira toujours. Alléluia.
1 Dans le récent débat en milieu évangélique au sujet du ministère de la parole et des «droits» des soeurs le concernant, on relève régulièrement l’anomalie que constituent des femmes missionnaires qui, à l’étranger, sont souvent obligées de «tout faire», mais qui, dès leur retour en Europe, sont implicitement tenues au silence. Nous comprenons que d’aucuns en soient troublés, voulant éviter «deux poids et deux mesures», pourtant, c’est mal s’y prendre pour rétablir l’autorité, la souveraineté et la volonté de notre Dieu.