Etude biblique
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Conducteurs dans l’Eglise

Domination, direction ou dévouement

Une réflexion sur Marc 10 : 43

« J’ai l’ambition d’être un conducteur dans l’Eglise – j’aimerais occuper une position d’importance, d’autorité, d’influence ».

« Je voudrais diriger les membres de l’église de manière que l’église prospère et porte des fruits spirituels de première qualité ».

Ce sont des paroles jamais entendues, mais ne sont-elles pas souvent les paroles secrètes du coeur d’un ancien, d’un pasteur, d’un missionnaire, même si, dans la sincérité de leur désir de servir Dieu, ils ne s’en rendent pas compte ?

Parfois une telle ambition pourrait être entièrement charnelle, comme celle de Jean et de Jacques qui désiraient être assis, dans sa gloire, l’un à la droite de Jésus, l’autre à sa gauche (Marc 10: 37).

En répondant à cette demande, Jésus fait remarquer une nette distinction entre les moeurs des royaumes du monde et celles du royaume de Dieu, les moeurs du monde (voir Jean 17: 14-19) et celles qui doivent prévaloir parmi les chrétiens. Jésus dit: « Vous savez que… les chefs des nations les tyrannisent et que les grands les dominent. Il n’en est pas de même au milieu de vous ».

Or, l’usage du mot « nations » dans le Nouveau Testament est souvent religieux plutôt qu’ethnologique, c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas tout simplement de peuples physiquement différents des Juifs, mais spirituellement différents. Ce mot grec « ethnoi » est traduit quelquefois par « païens » (I Cor. 12: 2; Eph. 2: 11; Math. 5: 47). il est, d’ailleurs, intéressant de remarquer que dans Luc 6 : 35, verset parallèle à Math. 5 47, « hamartoloi », pécheurs, remplace « ethnoi », justifiant la traduction de « ethnoi » par « païens » plutôt que « nations » et, dès lors, le sens religieux que nous attachons à « nations ».

Remarquons aussi que Jésus parle à ses disciples non seulement comme aux adhérents de la race juive, mais comme aux hommes qui se soumettent aux lois de son royaume, comme à son peuple spirituel. La distinction dont il s’agit ici n’est pas entre Juifs et Gentils, mais entre chrétiens et païens.

Dans le cadre de cette distinction entre les païens et le peuple de Dieu, Jésus relève une différence particulière, la conception de la grandeur humaine. Dans la mentalité païenne. suggère-t-il, la grandeur et la supériorité d’un homme sont évaluées en fonction de sa position, de la mesure de son autorité, tandis que la vraie grandeur d’un homme « parmi vous », c’est-à-dire d’après les valeurs du royaume de Dieu, est une grandeur non pas de position mais de caractère, dont la qualité est démontrée par le travail accompli au service du Seigneur. La conséquence de la prééminence dans le monde est l’exercice de l’autorité, de la domination, tandis que la primauté dans le royaume de Dieu résulte du choix réel, intime de la dernière place au service de tous.

Cela ne veut pas dire qu’il ne doit pas y avoir de positions de responsabilité ou d’autorité dans l’église. Certes, tous les croyants sont des prêtres, devant offrir sans cesse à Dieu un sacrifice de louange; il est vrai, en outre, que les dons de l’Esprit sont distribués à tous les croyants de sorte que nul n’est sans fonction dans la communauté. Mais dans le Nouveau Testament, il est également évident que certains hommes oeuvrent comme conducteurs, occupant une position de responsabilité particulière, voire d’autorité parmi les autres chrétiens. Jésus lui-même n’a-t-il pas choisi parmi tous ses disciples une douzaine d’hommes auxquels il a donné une formation spéciale. Ce sont ceux qui l’ont accompagné dans ses voyages, et qui devaient devenir les conducteurs, les responsables de la première élise locale.

L’existence des charismes et des charges dans l’église n’est donc pas mise en question par Jésus, mais bien la façon d’évaluer et d’occuper ces ministères. La vraie grandeur d’un homme de Dieu ne doit pas être jugée à la position qu’il occupe, mais à son caractère.

Nous ferions bien de nous demander si notre mentalité est réellement chrétienne, si nous évaluons la grandeur d’un pasteur ou d’un ancien simplement par sa position, ou même par les résultats visibles, voire spectaculaires, de son travail, et non pas par le degré de dévouement apporté à son service.

Nous devons sans doute admettre que l’Eglise a été et est encore souvent influencée par la mentalité du monde en ce qui concerne les positions de responsabilité spéciale. Ce n’est pas uniquement le cas dans les églises institutionnelles où opère un système hiérarchique. Même dans les églises de structure plus simple, dans les assemblées locales autonomes, les pasteurs et les anciens risquent de concevoir et de jouer leur rôle de conducteurs dans une perspective mondaine, de donner à leur charge l’image d’un conducteur dans la société contemporaine. En occident, cela pourrait être l’image d’un directeur ou d’un gérant dans une entreprise industrielle ou commerciale dont le travail est de surveiller un ensemble de subordonnés et envers qui ces subordonnés seraient responsables; ou bien du leader ou de l’animateur d’une oeuvre sociale avec droit de délégation de travail et d’organisation des travailleurs. En culture africaine, un pasteur pourrait s’attribuer dans l’église le rôle d’un chef coutumier dans une position d’autorité sans limite, avec des sujets à qui incomberait le devoir de le servir, de pourvoir à ses besoins, sous peine de sanctions.

Jésus dit: « Il n’en est pas de même au milieu de vous ». Dans beaucoup de régions du monde, il est de coutume que les hauts fonctionnaires soient accompagnés en voyage d’une suite nombreuse; mais dans la société chrétienne, qui est l’Eglise, le conducteur doit être l’esclave de tous.

Ni la culture européenne, ni la culture africaine ne nous offrent l’image biblique d’un leader chrétien. En effet, quand nous considérons la relation entre le christianisme et les diverses cultures du monde, il ne s’agit pas de l’adapter à telle ou telle culture, ni d’adapter une culture humaine au christianisme, mais de rechercher et d’appliquer la culture spécifiquement chrétienne qui franchit les frontières politiques, culturelles, raciales et sociales du monde. Le conducteur spécifiquement chrétien ne se conforme point à l’image païenne d’un conducteur, qu’il soit en Afrique, en Asie, en Amérique ou en Europe. « Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence » (Rom. 12: 2). Nous devons cultiver la mentalité chrétienne. Chez les païens, conduire, c’est dominer, commander, régner, gouverner; c’est l’arrogance, la parade, la primauté, même l’effronterie. Dans la mentalité chrétienne, conduire c’est servir; c’est l’humilité, l’obscurité.

Cette leçon est difficile à apprendre en pratique, que l’on soit ancien dans une assemblée, missionnaire ou pasteur dans une église de brousse. Ici en Afrique, le missionnaire aura de la peine, peut-être, à ne plus se considérer comme le dirigeant d’une oeuvre et dont la parole s’impose en toute affaire; le pasteur africain aura peut-être de la peine à ne pas s’attribuer les droits d’un chef, à être esclave de ceux qui sont moins instruits que lui.

Oui, très difficile pour tous, et pourtant non pas plus difficile que pour le Fils de l’homme qui est venu, comme il l’explique à Jacques et à Jean (Marc 10: 45), « non pour être servi, mais pour servir ». Le Roi des rois prit la forme de serviteur, ôta ses vêtements, prit un linge et lava les pieds de ses disciples. Il exhorta ses disciples avec ces paroles: « Je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait ».

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Ce qui importe !

Ce qui importe, ce n’est pas ce que pensent et disent de nous les gens, mais ce que nous sommes devant Dieu.
Ce qui importe, ce n’est pas qui nous sommes, mais comment nous sommes.
Ce qui importe, ce n’est pas d’avoir beaucoup de connaissance, mais de mettre en pratique la connaissance que nous avons.
Ce qui importe, ce n’est pas ce que nous paraissons être, mais ce que nous sommes.
Ce qui importe, ce n’est pas que la souffrance nous épargne, mais que les souffrances atteignent en nous leur but.

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