L’action de la foi
Le récit de la célèbre confrontation entre le jeune berger David et le géant Goliath (1 Sa. 17) nous a permis, dans le précédent article, de dégager une première ligne de réflexion destinée à nous aider dans l’action de la foi. Les versets 38 et 39 soulignent la dimension personnelle du mode d’action de la foi. Le second des « cinq doigts indissociables de la main de la foi » apparaît au verset 40.
2. Le mode d’action de la foi doit être choisi avec soin :
David vient d’éviter un premier piège en renonçant à l’armure de Saül. Se retrouvant dans sa peau de berger, il fait un choix réfléchi en tenant compte des données de la position particulière dans laquelle il se trouve. Les détails du verset 40 dénotent l’absence de précipitation et de fébrilité, le soin avec lequel le jeune homme s’équipe en vue du combat décisif. Rien n’est laissé au hasard! Il choisit soigneusement cinq pierres dans le lit du torrent. La foi n’a jamais signifié absence de précautions ! Si elle sait être audacieuse, elle n’est pas pour autant présomptueuse. Elle ne se confond en rien avec une attitude de « tête brûlée » et ne fait pas abstraction de bon sens. Peut-être David a-t-il repéré dans l’armée ennemie quelques autres géants du gabarit de Goliath… on ne sait jamais… S’il prenait à un second colosse l’envie de venir à la rescousse !… sans compter avec la redoutable éventualité de manquer le premier coup de fronde, même quand on a la foi !
Des dizaines d’années plus tard, parvenu à la fin d’une impressionnante carrière militaire, le grand roi fera face à d’autres géants Philistins qui nous sont décrits dans 2 Sa. 21 : 15 à 22. L’un des quatre mastodontes s’appellera lui aussi Goliath et sera originaire de Gath comme son ancêtre et ses trois compagnons… Il y avait donc de la réserve dans le pays des Philistins ! David va même plus loin. Dans sa recherche intelligente, il n’omet pas de viser l’efficacité. Les cinq cailloux sont choisis avec soin. Polis par les eaux du torrent et l’usure du temps, ils voleront plus vite et iront plus loin. Si la foi a des tonalités d’aventure, elle est bien plus sûre qu’une aventure.
Lorsque le peuple d’Israël tournait jour après jour autour de Jéricho avec l’Arche de l’Alliance et tes trompettes, il démontrait l’audace réfléchie de la foi. Josué suivait scrupuleusement les ordres de l’Eternel reçus jour après jour dans le tête à tête de Guilgal. Mais quand une poignée d’hommes grisés par la victoire partent à la conquête d’Aï, c’est la présomption de l’orgueil qui les domine. Il n’y a pas eu au préalable de rendez-vous avec Dieu à Guilgal (7 : 2 = ils partent directement de Jéricho), pas de recherche de la volonté de Dieu, pas d’examen de la situation exacte de l’adversaire, aucune stratégie ni réflexion. Lorsque l’Eternel sera intervenu pour remettre de l’ordre dans les affaires de son peuple, Il transmettra alors les détails d’une stratégie minutieuse nécessitant l’engagement de toute l’armée dans la bataille et aboutissant à la victoire du « javelot de ra foi » (8 : 1-7, 18). Dieu a en réserve un moyen de délivrance, un mode d’action de la foi spécifique, une solution unique pour chaque situation. Nous pouvons être confrontés à plusieurs reprises avec des problèmes identiques sans pour autant devoir répéter le même mode d’action de la foi pour les vaincre.
Alors que David était roi depuis peu sur tout Israël, il eut à faire face aux Philistins à deux reprises successives dans la vallée des Rephaïm (2 Sa. 5 : 17-25). Bien que vainqueur dans la première bataille après avoir consulté Dieu, il eut la sagesse de ne pas tomber dans le piège d’une répétition servile de sa première action de foi, alors qu’à vues humaines il semblait que les données du problème aient été exactement les mêmes chaque fois. Il consulta de nouveau l’Eternel, cherchant Sa présence et recevant de Lui des directives précises concernant un nouveau mode d’action de la foi. Obéissant scrupuleusement aux ordres divins, il remporta une nouvelle victoire parce qu’il avait appris durant les longues et douloureuses années d’éducation de la foi, pourchassé par la folie meurtrière de Saül, à dépendre de son Dieu constamment.
Les tactiques de notre Dieu sont variées à infini, Son imagination est sans limite, Ses voies et Ses pensées ne sont pas les nôtres (Esaïe 55 : 8-9). Il semble se plaire à changer constamment de stratégie pour nous obliger à vivre dans une dépendance de chaque instant. Toute nouvelle situation, même si elle présente de parfaites similitudes avec celles du passé, doit nous conduire dans le secret de la présence de Dieu pour recevoir de Lui le mode d’action de la foi, qu’Il aura choisi dans Sa souveraineté et Son absolue sagesse. Attention! nous ne re recevrons pas passivement ! Il y aura au préalable une recherche soigneuse, un examen des circonstances, l’utilisation du bon sens et de intelligence sanctifiés par re règne du Saint-Esprit en nous, le refus de la négligence, de la précipitation et de l’automatisme dans l’action. C’est parce que, trop souvent, nous sommes brouillons dans la recherche du mode d’action de la foi que nous nous exposons à de cuisants échecs. Oui d’entre nous n’en a pas fait la douloureuse expérience ?3. L’accent est mis sur Dieu et non sur le mode d’action de la foi :
David vient de franchir un second obstacle sur le chemin de la victoire dans l’action de la foi, mais il n’est pas encore au bout de sa peine. Son moyen d’action, aussi bien choisi soit-il, peut facilement devenir un écran empêchant la gloire de Dieu de se manifester pleinement. Notre homme va éviter ce nouveau piège en prenant soin de ne pas mettre l’accent sur son arme, mais bien sur Dieu. La source de la victoire ne sera ni dans la lance, ni dans l’épée, le caillou ou la fronde, ni même dans l’adresse du lanceur, mais en Dieu (v. 45, 47, 50). Il semble même que le Saint-Esiprit se soit plu à souligner la miniature et la faiblesse de l’arme utilisée, pour braquer les projecteurs sur le vrai vainqueur, le Dieu de l’armée d’Israël. En agissant ainsi, David affirmait deux grandes vérités présentes tout au long des Saintes Ecritures :
– Dieu n’est pas limité par mes limitations. Rien ne lui est impossible (Luc 1 : 37; 2 Cor. 12: 9a). Quelqu’un a dit que « lorsque Dieu veut faire un petit miracle, Il nous place dans une situation difficile ; quand Il veut faire un grand miracle, Il nous place dans une situation impossible ».
– Ce combat se situe en réalité au niveau céleste. C’est là-haut que se gagnent les batailles de la foi. Ma fronde n’est qu’un accessoire… les vraies ressources sont en Dieu. C’est donc de Lui que je dois dépendre et non du mode d’action de ma foi. Un serviteur de Dieu traversant une période très difficile avait écrit à un ami : « Le Seigneur a besoin de nous montrer parfois non seulement la puissance de l’adversaire, mais aussi la faiblesse de nos coeurs. Les batailles ne sont pas gagnées par la force, par les actions d’éclat, mais par la faiblesse totalement faible, qui refuse de faire quoi que ce soit pour elle-même, mais se confie dans la fidélité de Dieu, même quand cette confiance semble folie ».
Il nous faut noter ici l’équilibre remarquable dans la foi de David: si d’une part il fait un choix très soigneux de l’arme qu’il va utiliser, il prend soin d’autre part de ne pas la mettre en avant. Luther a dit que « l’homme est un cavalier ivre; tombé d’un côté, quand on le remet en selle, il tombe de l’autre ». Nous avons tendance au déséquilibre vers deux extrêmes :
– Ou bien nous sommes tentés de négligence dans le choix des armes, des moyens, des méthodes… Nous comptons sur Dieu de la mauvaise manière, notre spiritualité est trop désincarnée et irréaliste. Nous agissons en dilettantes, sans stratégie, sans but précis, nous méfiant terriblement des facultés de réflexion, d’intelligence et de bon sens que Dieu nous a accordées, comme si elles étaient inutilisables à jamais parce que gangrenées par le péché. Nous oublions alors que le problème se situe plutôt au niveau de l’indépendance de nos facultés vis-à-vis de Dieu qui désire les contrôler complètement pour les utiliser à Sa seule gloire. Le christianisme authentique n’est pas dans l’annihilation de notre personnalité, avec ses facultés et sa volonté, mais dans ta soumission librement acceptée de tout notre être à Celui qui devient le Seigneur de nos vies, au moment où nous lui disons oui. Notre volonté fonctionne pour servir la Sienne ; notre « nous » (pensée, intelligence, raison, entendement) doit travailler sous Son contrôle dans un esprit de dépendance.
– Ou bien nous avons tendance à mettre en avant l’argent, les méthodes, l’organisation, la publicité, le système, la stratégie, le nom, l’éloquence et le prestige de tel orateur invité, l’étiquette de l’église, l’ingéniosité… Nous exaltons l’organisation, rendons un culte au dieu cerveau et copions tout bonnement le monde dans sa mentalité d’autonomie vis-à-vis de Dieu et d’idolâtrie de l’homme. Une seconde remarque s’impose aussitôt: le moyen d’action peut devenir un sérieux obstacle, une entrave qui desservira le combattant! Les versets 41 et 48 nous offrent le spectacle comique de la super-organisation militaire qui se met lentement en branle avec tous ses accessoires. Voilà précisément à côté de quoi David est passé en refusant sagement de garder l’armure du roi Saül. Quel contraste entre le lent déplacement du géant et la mobilité de David qui évolue rapidement sur le terrain, sans aucune gêne (v. 48, 51). Ce dernier n’est pas prisonnier de son moyen d’action de la foi. L’Eglise n’est-elle pas trop souvent semblable à Goliath, rencontrant de sérieux problèmes lorsqu’elle met trop l’accent sur ses moyens d’action de la foi ? Ceux-ci peuvent devenir un handicap au lieu d’être une aide, un boulet à traîner, une source de soucis et, chose plus grave, un empêchement ou un frein puissant à l’utilisation des armes primordiales et prioritaires que sont la prière et l’engagement personnel. Tenons-nous très près du Seigneur et de Sa Parole pour être constamment rééquilibrés et gardés de toute forme d’extrémisme destructeur dans le domaine de l’action de la foi.