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Le Mariage

« Le Mariage », dont la publication s’étendra sur deux numéros de Promesses, a été écrit pour les chrétiens de notre monde occidental. Cependant, au vu de son contenu et de ses recom­mandations, on nous a prié de le faire paraître dans votre ca­hier. Nous nous y prêtons volontiers.

Les lecteurs d’Afrique et d’Amérique centrale voudront bien le lire en excluant ce qui peut ne pas convenir pour leur manière de vivre. Chaque peuple ou tribu a ses habitudes et ses modes. Une partie d’entre elles ont une valeur païenne et il faut les évi­ter. D’autres coutumes sont sans signification particulière.

Ce qu’il faut y chercher, ce sont des valeurs spirituelles. La plus profonde d’entre elles est bien celle qui proclame le par­don des offenses, le pardon réciproque.

Chantez à l’Eternel, vous qui L’aimez.
Célébrez par vos louanges Sa sainteté.
Car Sa colère dure un instant,
mais Sa grâce toute la vie.
Le soir arrivent les pleurs,
et le matin l’allégresse.

Ne serait-ce pas l’expérience de tout couple chrétien ?




A. et B. Wilder Smith


   De nombreuses personnes souhaitent contracter un heureux ma­riage. Pour certaines d’entre elles, ce voeu devient une idée fixe: elle peut rendre aveugle. Comme le dit un proverbe : « L’amour est aveugle, le mariage ouvre les yeux ». Le cas se présente qu’un jeune homme, normalement plein de bon sens, épouse une fille qui ne lui convient pas du tout. On peut donc trop se hâter, et avoir toute la vie pour le regretter.

   Dans la vie conjugale, deux êtres sont unis plus qu’en toute autre circonstance. Malheur au couple qui s’en aperçoit tardivement, et qui n’a pas appris en temps utile qu’homme et femme sont appelés à se fondre, corps, âme et esprit, jour après jour. Cette coexistence met à l’épreuve ce lien jusqu’en ses plus profonds retranchements. Il peut consister en un merveilleux accord, comme n’être que pure désillusion.

   Bien que mariés depuis vingt-quatre ans, nous nous croyons encore de jeunes conjoints ! Nous avons certainement beaucoup à apprendre. Cependant, les expériences de cette période semblent nous autoriser à dévoiler humblement les directives suivies pendant le cours de notre vie à deux. Elles devraient nous permettre d’être à même de préciser la direction à suivre pour les années à venir.

   Le coup d’oeil que nous pouvions jeter, ces jours derniers, sur les ruines de deux vies, nous ont pressé de donner le coup d’envoi à la pré­sente brochure. N’est-il pas indiqué de bien préciser, dès le départ, la ligne de conduite à proposer aux deux êtres qui pensent unir leurs des­tinées ?

   Comment se fait-il que des personnes fort honorables rappellent, en souriant, les beaux rêves des fiançailles ? Elles plaisantent comme si le mariage n’était que supercherie – ce qu’il ne serait pas sage de révéler, car elles pourraient être amenées à en dévoiler les secrets intimes ! Même au cours de nombreuses années à propos desquelles il n’y a pas de grandes déceptions à signaler, de nombreux époux vivent tranquillement l’un à côté de l’autre, mais séparés. Ils habitent la mê­me maison, portent le même nom et, apparemment, ne se disputent pas. L’homme s’occupe de ses intérêts et la femme fait de même. Cha­cun va son propre chemin, usant de tolérance. Ils considèrent qu’ils sont indispensables l’un à l’autre en vue de leur bien-être personnel. Que l’homme ait un bonheur réel et positif à la présence de sa femme, que les qualités d’esprit et d’âme de cette dernière lui apportent autant de plaisir que son corps, cela ne se rencontre que rarement. On pour­rait dire que le contraire est la règle. N’est-ce pas la condition de la plupart des couples ? Souvent le mariage est qualifié de « désespoir muet ». En serait-ce là le sens réel ?


LA RAISON DU MARIAGE

   Quel est le sens du mariage ? Existe-t-il uniquement pour la repro­duction de la race ? Ou pour que homme et femme soient à même de satisfaire aux exigences de leurs corps ? Pour avoir une gardienne du foyer à bon compte, une servante, qui même maltraitée, ne puisse s’en aller ? Ou bien, le but recherché par la femme consisterait-il unique­ment dans la perspective de jouir d’une position sociale agréable ou d’une retraite assurée.

   Quelle en est la raison profonde ? Ce n’est qu’au moment où l’on découvre le but d’une installation, que l’on est capable de la faire fonc­tionner. Ainsi, la connaissance du sens du mariage nous permettrait d’en découvrir la valeur et l’harmonie.

   S’il ne consiste qu’en la satisfaction des besoins sexuels, alors les prostituées devraient être les femmes les plus heureuses. Si la repro­duction de la race en est le but, les familles nombreuses seules de­vraient jouir d’une vie harmonieuse. S’il ne s’agit que du bien-être ma­tériel et de la sexualité, alors nos besoins ne s’élèvent guère au-dessus de ceux de l’animal. S’il s’agit de communion intellectuelle ou spiri­tuelle, alors les savants et les artistes devraient être particulièrement heureux ! En fait, parmi cette dernière classe, les divorces semblent être plus nombreux qu’ailleurs. Cela provient-il du fait que les person­nes instruites connaissent mieux que d’autres les possibilités de cette solution ? Nous n’avons pas observé que le bonheur habite une classe sociale plutôt qu’une autre. Quelle est alors la ligne de conduite à sui­vre pour jouir d’une vie idéale à deux ?

   Comme Dieu a institué et béni le premier mariage dans le jardin d’Eden, nous sommes invités à rechercher le sens qu’il lui a Lui-même attribué. Nous aurons là un bon point de départ.

a) Communion

   La première signification du mariage est la communion dans le sens général du terme. « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; je lui ferai une aide semblable à lui » (Gen. 2:18). Ainsi l’homme doit avoir une deuxième personne auprès de lui, qui lui soit semblable en tous points. La vie commune ne doit donc pas être vécue en vue de la seule perpétuation de la race, ni uniquement pour que l’homme sorte de son isolement. Homme et femme doivent correspondre l’un à l’autre, se compléter, aussi psychiquement et spirituellement. Cette conformité ouvre le chemin à la communion. N’est-il pas possible, en effet, de se trouver bien seul même au sein d’une communauté vivante ?

   L’être humain est composé de trois éléments : corps, âme et esprit. Une entente en ces trois domaines permet de jouir d’une vie heureuse. Il est donc nécessaire qu’une certaine unité de vue soit réalisée par le couple. Le Créateur attribue à cette condition une valeur exceptionnelle, car il est écrit:

« Le Dieu de la paix vous sanctifie lui-même parfaitement; et que votre être tout enttier, l’esprit, l’âme et le corps, soit conservé irré­préhensible pour la venue de notre Seigneur Jésus-Christ » (I Thess. 5 : 23).

   Cela veut dire que le Seigneur tient en haute estime l’intégralité de l’être humain. L’époux qui ne tient qu’au corps de sa femme, qu’à ses capacités ou à ses forces de travail, ignorant ses qualités spirituelles et psychiques, est un matérialiste sordide. Il ne peut guère s’attendre à un vrai bonheur conjugal. Les deux ne correspondent pas l’un à l’au­tre: ils ne se complètent pas !

   L’époux, son travail terminé, revient à la maison; il s’attend à un repas savoureux; il aime que ses vêtements soient propres, ses en­fants bien soignés et sa maison en ordre. Tout cela est l’oeuvre de sa femme. Lorsqu’il est rassasié, il lit le journal, écoute la radio, s’entre­tient avec ses amis, fréquente son club politique ou religieux. Il ne con­sacre que peu de temps à sa femme; le développement intellectuel ou spirituel de cette dernière ne l’intéresse guère.

   Les occupations dont nous parlons ci-dessus sont toutes bonnes. Ce serait mieux s’il les partageait avec son épouse, ce qui le rapprocherait d’elle. L’homme néglige facilement la part de complémentarité que la femme pourrait apporter à son âme, si l’un et l’autre cherchaient à s’éduquer réciproquement. C’est la volonté de Dieu que chacun puisse trouver, dans son conjoint, communion de corps, d’âme et d’esprit. Cela correspond aux besoins humains les plus intimes. La communion dé­crite ci-dessus étant réalisée, une joie toujours renouvelée, un bonheur qui demeure peuvent en découler.

   Un cher pasteur nous écrivait récemment: « Ne vous serait-il pas possible de nous donner un message, un enseignement pour les hom­mes, les aidant à mieux comprendre l’âme de la femme. Lors de la cure d’âme, je me heurte très souvent à un inconvénient de ce genre. Il est frappant de constater combien de femmes souffrent de mélancolie. Dans notre région, la femme surchargée de travail à cause d’une agri­culture extrêmement diversifiée.., c’est un fait que nulle part, en Suis­se, on ne travaille si durement qu’ici ! Ce serait peut-être encore sup­portable, car les femmes sont solides et fortes, si la question de l’état de l’âme n’entrait pas en ligne de compte.

   Je vous présente un exemple: un homme croyant, fils de paysan avec une grosse ferme. Les parents sont chrétiens ils fréquentent une assemblée chrétienne. A la maison, seul le travail compte. Pas question d’une vie de famille intime, cordiale, des besoins de l’âme et des va­leurs qui y sont enfouies.

   Cette manière de faire a naturellement été conservée dans le nou­veau ménage. Le jeune époux ne sort jamais. La jeune femme, par con­tre, avait été élevée dans un milieu totalement différent de celui du ma­ri. Là, on cultivait la bonne humeur. Là, il y avait un sens pour les belles choses. Ses qualités auraient été un heureux complément à celles de l’époux. Mais la jeune femme s’est pliée aux coutumes de la maison. Ses qualités équilibrées et son aide ont été ignorées. Le mari l’a com­plétement dominée par sa force de caractère: il s’est imposé. Ainsi, cette femme souffre de mélancolie, de dépression mentale. En mi-sai­son, elle a froid dans son logis. L’époux estime que cela « peut encore aller » sans chauffer ! Par contre, il verse des sommes considérables à la… mission chrétienne. Il est très pieux. Mais il ne semble pas capa­ble d’offrir à sa femme toute son amitié, afin de témoigner de sa recon­naissance pour le travail fourni. Il n’a pas l’idée de lui proposer, à elle qui apprécie les beautés naturelles, une simple promenade dans les environs de sa demeure.

   Cette lettre est claire elle ne demande pas d’explications. Un ma­riage basé sur le matérialisme et le travail sera forcément malheureux – il n’est pas complet. Deux domaines de l’être humain n’y trouvent pas leur compte. Ils demeurent insatisfaits !

   La relation la plus élevée entre deux êtres consiste dans la commu­nion intime dans tous les domaines. Une telle entente apporte une joie profonde, tranquille, bienfaisante. Pour le comprendre, il faut en avoir fait l’expérience.

b) Comment peut-on être heureux ?

   Il y a quelques années, au cours de mon service parmi les prison­niers de guerre allemands, je les trouvais souvent pleins d’amertume et fort déprimés. Un jour, la question suivante fut posée et provoqua des réponses très variées: « comment être heureux ? ». Quelques-uns répondirent que s’ils étaient à nouveau libres, ils seraient pleinement heureux; d’autres, s’ils possédaient quelque argent; d’autres encore, s’ils retrouvaient femme et enfants.

   Après leur libération, nous avons eu l’occasion de visiter quelques-uns de ces hommes, et nous avons pu nous convaincre que ni argent, ni liberté, ni femme, ni enfant ne peuvent rendre pleinement heureux. Au camp des prisonniers, nous avons toujours soutenu qu’il existe une méthode infaillible pour devenir heureux: procurer le bonheur à d’au­tres : ce devrait être le cas dans le mariage. Dieu veut nous donner du bonheur dans la vie à deux, cependant à une condition : plus on cher­che à apporter joie au conjoint, plus on est heureux. Plus on cherche sa propre satisfaction, plus on devient malheureux.

   De nombreuses personnes passent à côté de ce bonheur, parce qu’elles estiment que le mariage consiste exclusivement à être servi par le conjoint. C’est un chemin qui conduit au désastre. L’homme dési­reux de jouir de l’amour de sa femme doit être prêt à de réels sacrifi­ces. Il ne s’agit pas toujours de grands renoncements, mais ils ne peu­vent être faits que dans un esprit d’abnégation, si le bonheur doit en découler.

   Quand as-tu, pour la dernière fois, apporté un moment de joie à ta femme ou à ton mari ? Un bouquet de fleurs ravive en elle le sens de la beauté ; une prière commune d’actions de grâce rafraîchit son esprit. Un mot d’amitié, une caresse la récompense et lui fait paraître le tra­vail plus léger. De même l’épouse sait trouver facilement une petite chose qui fera plaisir à son mari. Le sachant et le voulant, les époux prendront soin l’un de l’autre, et s’en réjouiront – s’ils désirent en récolter une joie durable. Lorsqu’un père de famille a du succès dans sa profession et qu’il lui arrive d’être trop occupé, il court le danger de perdre le contact avec les siens. Nous connaissons plusieurs familles ainsi ruinées, parce que le père n’avait pas une minute pour sa femme et ses enfants.

Le mariage a encore un autre sens très important: il doit être un symbole.

c) Le mariage comme symbole

« Le mari est le chef de la femme, de même que le Christ est le chef de l’Eglise… Maris aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant et en la lavant par l’eau de la parole, pour faire paraître devant Lui cette Eglise pleine de gloire, sans tâche, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irrépréhensible. De même, le mari doit aimer sa femme comme son propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Jamais homme, en effet, n’a haï sa propre chair, mais il la nourrit et en prend soin, ainsi que Christ le fait pour l’Eglise… Ainsi donc, que chacun aime sa femme comme lui-même; et que la femme respecte son mari » (Eph. 5 : 22-23).    Si le monde est appelé à se rendre compte, d’une manière évidente, de l’amour de Christ pour les siens, un coup d’oeil sur un couple chrétien devrait suffire.

   Le Christ s’est dévoué et s’est offert lui-même en sacrifice pour l’église. Le mari doit agir d’une manière semblable en prenant soin de sa femme et en se dévouant pour elle. Il lui donne « une place à part », à l’exclusion de toute autre femme. Il « s’identifie » à elle, comme le Christ s’est « identifié » à l’église et sera « uni » à elle, par une résur­rection semblable à la sienne (voir Rom. 6 : 5). C’est dans ce sens que l’époux est redevable à sa femme de l’aimer.

   Lorsque la femme respecte son mari, elle le fait pour le Seigneur. Elle représente également un symbole dans sa vie d’épouse. Elle montre par là comment les vrais enfants de Dieu obéissent volontiers à la Parole. Au préalable, l’époux doit avoir gagné sa soumission, comme Jésus a donné premièrement son corps comme offrande pour son égli­se. Ainsi doit agir l’époux avec sa femme. A ce moment-là, il n’est guère difficile à l’épouse d’être soumise à son mari.

   Le despote exige la soumission sans y avoir droit. L’époux obtient par son amour et par l’exemple de sa vie la soumission de sa femme – comme Christ a gagné notre soumission par son amour, par son sa­crifice et par la croix. Mais si, malgré l’amour de son mari, la femme décline toute soumission envers lui, elle ne peut espérer les joies d’un mariage chrétien.

d) Complémentarité – harmonie

   Lorsque deux personnes désirent se marier, elles doivent premiè­rement chercher à se rendre compte si, dans tous les domaines, il y a harmonie entre elles. Mais l’harmonie ne se forme que là où des sons de valeur différente sont émis et se complètent. Les différentes quali­tés de la femme doivent s’intégrer à celles, distinctes, de l’homme et ne pas provoquer de dissonnances. Le fait que la femme est « un être plus faible » (I Pi. 3 : 7) offre la possibilité d’une concordance avec la force de l’homme qui lui fait face. La femme, qui vit par le sentiment, invite l’homme à s’abstenir de grossièreté. Plus sensible, elle découvre chez l’être humain des qualités que l’homme ne voit pas. Celui-ci, plus sévère, rend attentif aux exagérations éventuelles d’une sentimentalité excessive.

   C’est ainsi que l’on peut, en ce qui concerne la formation du carac­tère, chercher à se compléter réciproquement. Les taches et les rugo­sités peuvent être éliminées: le mariage se présente à nos yeux com­me un tout, dans les accords d’une belle harmonie. Les qualités des deux époux se conjuguent. Une belle entente peut régner et les deux moitiés s’entrecroisent comme les pièces d’une mosaïque.

   Mais si l’homme impose sa manière de penser et de faire, un voile d’incompréhension s’établit entre eux. L’harmonie en souffre. L’opposé est aussi vrai, lorsque l’épouse veut conduire la barque. Un chef d’en­treprise disait un jour qu’il n’engageait aucun célibataire au-dessus de trente-cinq ans, pour une place comportant des responsabilités. Cette prise de position peut être un peu exagérée, mais ce directeur avait raison à plusieurs points de vue. Il avait observé qu’un homme s’entend facilement avec ses collègues de travail lorsqu’il a à ses côtés une fem­me sensée qui l’appuie réellement et qui, si nécessaire, lui montre ses erreurs. Le mariage tend justement à créer cet équilibre entre les ca­ractères. L’homme ne doit pas être pouponné, ni servi comme un prin­ce; la femme ne doit pas porter la culotte en revanche ; elle ne doit pas être maltraitée.

   Homme et femme doivent chercher à s’éduquer réciproquement et, en ce qui concerne le caractère, à s’adapter l’un à l’autre. Le jeune hom­me, comme la jeune fille, doivent être rendus attentifs à cette question, avant de songer à un futur conjoint. Dieu donne beaucoup d’importance à l’éducation du caractère, et une telle formation n’est pas utile pour les parents seulement, mais aussi pour les éventuels enfants et autres compagnons de route.

A suivre
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