Série: Le Saint-Esprit donné
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Le Saint-Esprit donné (4)

Rappel de l’introduction

Les réflexions qui paraissent et paraîtront sous ce titre s’inspirent du magistral ouvrage de Frederick Dale Bruner: «A Theology of the Holy Spirit – The Pentecostal Experience and the New Testament Witness» (Une théologie du Saint-Esprit – L’expérience pentecôtiste et le témoignage du NT), Hodder & Stoughton, London 1970, 390 p. A ceux qui savent l’anglais, nous ne pouvons que chaleureusement en recommander la lecture. Ce livre est aussi actuel aujourd’hui qu’au jour de sa publication.

La réception du Saint-Esprit est devenue sujet à controverse depuis l’apparition du pentecôtisme en 1906 à Los Angeles avec son prolongement charismatique dans les années soixante. Il est impératif que l’Eglise soit édifiée, aussi en ce qui concerne ce point primordial, uniquement sur la base de l’Ecriture sainte, l’expérience ne pouvant être un fondement valable, pour deux raisons: elle n’est jamais normative; étant subjective, elle n’est pas nécessairement authentique quant à son origine et ses manifestations

III. Un seul baptême

Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance, celle de votre vocation; il y a un seul Seigneur une seule foi, un seul baptême. Eph 4.4-5

1. L’enseignement du NT

Nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit. I Cor 12.13

Autres textes à consulter: I Cor 6.11; Jean 3.5-8; Tite 3.4-8; Rom 6.1-11; Col 2.8-19.

a) Il ressort de la lecture des Actes que la foi n’est jamais désincarnée; elle devient un fait historique par l’action du baptême d’eau, qui est non seulement le sceau de la foi du nouveau converti, mais aussi le sceau de la venue de l’Esprit en lui.

Le NT atteste clairement la relation entre l’eau et le Saint-Esprit, à commencer par le baptême de Jésus (Marc 1.10). A la fin de la première prédication donnée par Pierre à la Pentecôte, le Saint-Esprit est offert ensemble avec le baptême d’eau: Pierre leur dit: Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés; et vous recevrez le don du Saint-Esprit (Act 2.38).

Cette relation entre baptême d’eau et réception de l’Esprit est enseignée avec la plus grande évidence dans les passages des Actes où il se produisit un intervalle de temps passager entre baptême d’eau et réception de l’Esprit; chaque fois, cet intervalle fut rapidement interrompu et l’Esprit reçu. Les événements décrits dans Actes 8.5-17, 10.43-48 et 19.1-7 enseignent d’une manière frappante que le don du Saint-Esprit et l’eau du baptême chrétien sont liés entre eux.

b) Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l’Esprit de notre Dieu (1 Cor 6.11).

Il ne s’agit pas là d’une succession imparfaite ou douteuse; l’emploi de l’aoriste pour les trois verbes (temps qui indique une action accomplie) montre que le baptême signifie que le croyant est purifié, sanctifié et justifié par le fait qu’il est devenu un membre du Corps de Christ en qui l’Esprit habite. 1 Cor 3.16: Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous?

Purification, justification, sanctification et l’Esprit sont donnés en Jésus-Christ à la fois et non par bribes. Le tout est scellé et solennellement signifié par le baptême.

c) L’Evangile de Jean présente l’enseignement du NT sur le baptême avec toute la clarté désirable. Voici ce que dit Jésus à Nicodème: En vérité, je te le dis. si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu (Jean 3.5). On peut considérer ce texte comme la description classique du NT sur le rite d’initiation qu’est le baptême. Les termes d’eau et d’Esprit pourraient difficilement être plus intimement liés, ce qui est encore plus évident en grec, où la traduction littérale donne: d’eau et Esprit, la préposition «ex» (= de) servant pour les deux termes, qui ne sont donc pas séparables. En plus de cela, le verbe étant à la forme de l’aoriste passif subjonctif, le sens littéral est: «naît une fois d’eau et Esprit».

Le croyant naît donc une seule fois d’eau et d’Esprit. Il n’y a qu’un seul baptême chrétien, qui est en même temps d’eau et d’Esprit, en même temps matériel et spirituel. L’accent dans l’Evangile de Jean est nettement sur l’Esprit. La nouvelle naissance est une naissance par l’Esprit, même si la venue de l’Esprit dans le croyant reste un mystère et un miracle de la grâce de Dieu, comme l’indique bien Jean 3.8. Cela exclut l’exigence de conditions ou d’évidences en rapport avec la venue de l’Esprit sur le baptisé. Sont à écarter: l’idée d’une quelconque vertu sacramentale de l’eau baptismale (Tertullien); la prétention d’une église de détenir le privilège d’administrer le seul baptême valable (catholicisme romain); la notion d’une preuve qu’apporterait l’expérience individuelle (pentecôtisme).

Il suffit de savoir que l’Esprit vient d’en haut et qu’il est étroitement lié à l’eau du baptême, mais comment, où et pourquoi, cela nous échappe. Jean 3.9- 21 interprète Jean 3.3-8 et montre que l’Esprit est reçu en conséquence de notre foi.

d) Le passage de Tite 3.4-8 peut être considéré comme un résumé de la doctrine du NT sur «le baptême dans le Saint-Esprit»: Lorsque la bonté de Dieu notre Sauveur; et son amour pour les hommes, ont été manifestés, il nous a sauvés – non parce que nous aurions fait des oeuvres de justice, mais en vertu de sa propre miséricorde – par le bain de la régénération et le renouveau du Sain t-Esprit; il l’a répandu sur nous avec abondance par Jésus-Christ notre Sauveur, afin que, justifiés par sa grâce, nous devenions héritiers dans l’espérance de la vie éternelle.

La clarté de ce texte, en conjonction avec les autres déjà cités, permet de tirer quelques

 e) Conclusions finales.

1. Le Saint-Esprit en tant qu’agent du salut n’attend pas que le croyant devienne plus digne ou plus pur – comme s’il pouvait devenir plus digne ou plus pur que lorsqu’il a été «lavé» par Dieu -‘mais l’Esprit est donné avec le salut.

2. L’Esprit n’est pas donné partiellement, comme si Dieu était réticent, mais répandu sur nous avec abondance.

3. Etant aussi bien (a) l’agent du salut que (b) le don de Dieu, le Saint-Esprit n’est pourtant ni un agent indépendant, ni un don à part, ni (c) une source de richesses par lui-même.

Plutôt: (a) en tant qu’agent, l’Esprit baptise en Christ, et par conséquent aussi en l’Esprit, car Christ et l’Esprit sont inséparables; (b) en tant que don, l’Esprit est donné en et par Christ, et jamais par une expérience comme don séparé, comme si Christ, quand il est reçu, était incapable de communiquer l’Esprit; (c) en tant que don du salut en Christ, l’Esprit ne nous amène pas à faire des expériences meilleures ou plus riches en lui-même, mais à nous communiquer la richesse insondable du Christ.

Nous pouvons donc affirmer que l’oeuvre du salut accomplie par Christ à la croix et par sa résurrection a eu un triple effet: le message de l’Evangile est reçu par l’écoute dans la foi, le Saint-Esprit est reçu et le croyant est scellé dans le baptême; il devient ainsi une même plante avec Christ (Rom 6.5). C’est une des grâces de Dieu que le don de l’Esprit soit rattaché à un acte aussi terre à terre que le baptême d’eau, signe visible s’il en est, et non à un événement extatique ou ésotérique réservé à une élite sensible aux états émotionnels, ni à un acte demandant un effort acharné comme l’exige la doctrine du «parler en langues» du pentecôtisme.

2. La doctrine des deux baptêmes est insoutenable

a) Un baptême d’eau sans le Saint-Esprit ou un «baptême dans le Saint-Esprit» sans eau sont des impossibilités, comme les passages dans Actes 8.15-16 et 19.1-7 le démontrent.

Du Plessis ne semble pas comprendre qu’un nouveau converti est, par définition, quelqu’un qui a reçu le Saint-Esprit, quand il écrit: «Chaque converti est encouragé à recevoir le Saint-Esprit afin de devenir un témoin de Jésus-Christ» (dans «Religion in Geschichte und Gegenwart»). Quand les ..Assemblées de Dieu soutiennent que «cette merveilleuse expérience (de la réception de l’Esprit) est distincte de l’expérience de la nouvelle naissance et lui est postérieure», nous ne pouvons que conclure qu’ils connaissent mal ce que le NT dit du baptême.

Le pentecôtisme morcelle ce qui, dans le NT, est signifié par le seul acte du baptême: d’abord l’identification avec Christ (conversion), puis le baptême d’eau, ensuite l’accomplissement des conditions rendant le «baptême dans le Saint-Esprit» possible, et finalement la pleine identification avec l’Esprit par le «baptême dans l’Esprit» accompagné des langues. Tout au long, l’accomplissement dépend du croyant.

Il est à remarquer ici que l’expression «baptême dans le Saint-Esprit» ne se trouve nulle part dans le NT!

b) Selon Romain 6, la vie chrétienne est fondée sur le seul baptême en la mort, la mise en tombe et la résurrection de Christ. Au v. 10, le terme grec «une fois pour toutes» indique que ce baptême ne peut être répété, de sorte que le chrétien n’a pas besoin de deux morts par deux baptêmes avant d’avoir reçu la vie spirituelle. Son baptême d’eau signifie qu’il est baptisé du Saint-Esprit et qu’il est aussi spirituel que le Christ avec lequel il a été baptisé.

Le baptême spirituel enseigné par le NT est la base et non pas le but de toute activité chrétienne.

c) L’épître aux Colossiens enseigne que le résultat de l’identification du croyant avec Christ dans le baptême le délivre non seulement du péché et de la loi, mais aussi de son piètre effort de se débarrasser lui-même de certains péchés.

1. Col 2.12-13 dit que, ensevelis avec Christ par le baptême, le croyant est rendu à la vie par lui. Point n’est besoin d’un «baptême» supplémentaire pour cela. Le baptême en Christ n’est pas un symbole préliminaire, mais signifie la réception de la plénitude qui est en Christ: vous avez tout pleinement en lui (2.10).

Le baptême selon le NT n’offre pas seulement, mais donne tout ce que Dieu a accompli pour l’homme en Christ; l’accent est sur le mot «tout».

2. Col 2.16-23 avertit contre la pratique de la mortification de la chair comme moyen d’atteindre un niveau spirituel plus élevé. Non! dit Paul; la croissance spirituelle est une croissance qui vient de Dieu (v. 19). Bien entendu, la discipline et l’humilité ont leur place (3.1-12), mais non pas avant et en vue du baptême, mais après et à cause de la plénitude reçue en Christ.

d) La redécouverte du sens du baptême selon le NT est de la plus haute importance, car du moment où il est vidé de son véritable contenu, on doit avoir recours à des substituts. Or ces substituts ont forcément toujours pour effet de mettre en question la toute suffisance aussi bien de la foi concrétisée par le baptême que du Christ avec lequel le croyant est identifié dans le baptême.

Quand le seul baptême ne donne plus une certitude suffisante, il faut trouver d’autres certitudes, d’autres évidences, car la certitude du salut est un des soucis majeurs de l’homme. Nous avons vu à quels expédients les Colossiens avaient recours pour pallier à la carence créée par l’introduction de règles basées sur la philosophie et la tradition: observation de sabbats, cultes des anges, visions, divers préceptes humains (ne prends pas! ne goûte pas! ne touche pas!).

Certaines des conditions pentecôtistes ne sont pas répréhensibles en elles-mêmes; elles ont même une apparence de grande spiritualité. Cependant l’introduction de conditions dans le but d’obtenir les grâces de Dieu transforme la vertu en loi. «Faire le vide» est une condition pentecôtiste afin d’être rempli de l’Esprit, alors que cet état est la conséquence de l’habitation de l’Esprit en le croyant dès sa conversion. Il faut se rappeler que l’Esprit n’est pas un fluide, mais une personne, la troisième Personne de la divinité, qui exerce son influence sur le croyant. En être rempli veut tout simplement dire: s’y soumettre volontairement pour que l’Esprit puisse diriger la pensée, le coeur et la volonté du croyant. Aussi Paul peut-il enjoindre aux Ephésiens: Soyez remplis de l’Esprit (litt.: Soyez toujours en train d’être remplis de l’Esprit; autrement dit: ayez la volonté de vous laisser guider par lui).

Alors même que les règles de discipline et de dévotion religieuse des Colossiens leur paraissaient si admirables, Paul dut les reprendre durement: enflé d’un vain orgueil, contribuant à la satisfaction de la chair (2.18,23). Par leurs abnégations, ils ne plaisaient pas à Dieu, mais à eux-mêmes.

La discipline et la dévotion chrétiennes caractérisent bel et bien le chrétien né d’en haut, mais non en vue d’obtenir quelque chose de plus; c’est le résultat de la nature nouvelle (3.10) dont il a été revêtu à la conversion, nature qui se manifeste par l’amour et la compassion que le Saint-Esprit lui communique par le Christ en lui (3.12-17). Tout ce qui est bon en lui découle de la grâce, de la puissance et de la plénitude qu’il a reçues lors du baptême d’eau et d’Esprit.

Responsable de la traduction-adaptation du texte de Bruner:
J.-P. Schneider

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