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Lire pour vivre

      Pierre de Benoît, fondateur de l’institut Emmaüs, avait constaté que les meilleurs candidats étaient encore très peu versés dans les Ecritures, et que la première tâche de l’institut était de combler cette lacune. « Je plaide, dit-il, pour une exégèse surtout cursive, qui souligne avant tout les idées directrices, les pensées dominantes et qui subordonne les détails à la perspective générale…/ …Nous sommes et nous devons rester une école biblique. L’appel que Dieu nous a adressé, c’est de faire connaître et aimer la Bible. Rien ne doit nous distraire de cette tâche centrale. »

      Va donc pour les étudiants d’un institut biblique. Mais faut-il qu’ils soient les seuls à jouir de ce privilège? L’étude systématique de l’Ecriture sainte doit-elle se limiter à une petite minorité de chrétiens, une élite qui se met à l’écart pour se former ? Je pose ces questions, car force nous est de constater et de déplorer l’indifférence grandissante du peuple de Dieu vis-à-vis de la Parole de Dieu. Cela se manifeste de plusieurs manières:

      1) L’exposition systématique d’un thème ou d’un livre biblique n’est pas la marque de la plupart des prédications que nous entendons dans nos églises. N’ayant pas l’habitude de suivre une explication biblique, la plupart de nos fidèles trouvent chose normale de venir au culte en laissant leur Bible à la maison. Faute d’avoir pu y goûter, ils ignorent le banquet dont ils sont privés. J’ai même entendu dire dans telle assemblée évangélique: « Nous n’avons plus besoin d’étudier la Bible, car Dieu nous parle maintenant par la prophétie ! » Et cependant, comme l’a dit dernièrement une de nos étudiantes:  » Quand le pasteur prêche une série de messages sur une personnalité de l’Ancien Testament, cela donne aux auditeurs le désir de creuser ces textes. »

      2) Autre exemple: les ouvrages qui se vendent sur nos comptoirs d’église ou d’autres rencontres. Les livres éphémères s’achètent comme des petits pains – des témoignages d’expériences plus ou moins spectaculaires, qu’on lit une fois avant de les classer ou jeter, et qui finissent par tuer à la longue même le goût de la lecture. Mais les commentaires, mais les livres à thème, mais les canevas d’étude ? Des trésors ignorés, négligés en somme, car qui les achète aujourd’hui… et qui s’en sert?

      Un frère en Christ, depuis peu auprès du Seigneur, n’a pas exagéré lorsque, il y a trois ans, il a jeté ce cri d’alarme:

      « Mon peuple est détruit parce qu’il manque de connaissance (Osée 4.6). Manque de connaissance de la Parole de Dieu signifie manque de connaissance de Dieu lui-même. C’est le manque d’enseignement donné uniquement sur la Bible qui explique le climat d’incertitude qui caractérise notre génération. On nous propose des brochures, des articles et des prédications qui évitent d’aller au fond des textes. On bâtit des énormités sur des fragments de vérité. Le plus grave – et de loin – c’est qu’on n’enseigne guère dans les églises la nécessité absolue d’une étude systématique et personnelle de la Bible entière. C’est le grand malheur de notre siècle.

      Le peuple de Dieu ressemble souvent à des brebis – faudrait-il que je dise plutôt: des moutons? – dispersées sur les montagnes, exposées, comme le Seigneur l’a prédit, aux loups ravisseurs. Le travail du vrai pasteur, du berger, consiste à nourrir le troupeau: d’abord les agneaux qui ont besoin qu’on les allaite, et ensuite les adultes qui doivent apprendre à manger par eux-mêmes. Sans cela, quel espoir peut-il y avoir pour notre génération ?…/ … La Bible est notre plus grand trésor. Elle est notre salut, car elle est LA VERITE : nous la négligeons à notre péril. »

      Voilà une voix prophétique d’outre-tombe. Mais vous me direz peut-être: « Que vous êtes pessimiste, mon frère ! » Oui, je le suis. Dans la série de jugements que prononce le prophète Amos sur un peuple de Dieu apostat, il mentionne la disette de la Parole de Dieu et annonce que les jeunes gens et jeunes filles mourront de la faim et de la soif d’entendre les paroles de l’Eternel (Amos 8.11-14). Que dire, alors, de croyants qui, par indifférence, ou dans la recherche de solutions de facilité, attirent ce jugement sur eux-mêmes et se condamnent à l’ignorance en matière de foi, et, par conséquent, à l’infantilisme, à la superficialité et à la stérilité?

      Il est vrai que notre génération lit mal ou ne lit plus du tout. Il est vrai que notre société est médiatisée, que l’image a remplacé le texte écrit. Il est vrai que pour atteindre nos contemporains avec 1’Evangile nous avons à explorer l’utilisation intelligente des masse-media – et grâce à Dieu il y a des chrétiens compétents qui s’y consacrent. Il est vrai, enfin, que la lecture sérieuse n’est pas une chose naturelle qui nous tombe dessus sans autre, mais qu’elle est une discipline qui s’apprend au prix d’un effort soutenu et qui se maintient au prix de la persévérance. Alors, est-ce que nous allons continuer à faire comme tout le monde, à glisser sur la piste dangereuse de la facilité, bref, à faire preuve de notre mondanité en remplaçant une lecture édifiante par des petits bouquins éphémères, des périodiques illustrés et… la télévision?

      Ou bien sommes-nous prêts à accepter le défi de nager contre le courant en développant de nouvelles ou de meilleures habitudes d’étude ? Les bénédictions en seront nombreuses. C’est par le lait et ensuite la viande de l’Ecriture que nous croîtrons dans la grâce et dans la connaissance du Christ. C’est en nous nourrissant de la Bible – de toute la Bible, l’Ancien Testament comme le Nouveau – que nous avancerons sur le chemin de la sanctification, que nous apprendrons à marcher dans les sentiers de la justice, et que nous discernerons la volonté de Dieu en face de la quasi-totalité des décisions que nous avons à prendre.

      Dieu nous parle par l’Ecriture et l’Esprit, par l’Esprit et l’Ecriture -jamais l’un sans l’autre. Et c’est comme si j’entendais le Seigneur qui nous dit: « Pourquoi cherches-tu des raccourcis… des moyens extraordinaires pour connaître ma volonté? Alors que j’ai pris la peine, pendant quinze siècles et par la bouche de tant de serviteurs, de descendre à ton niveau et de te parler dans un langage humain qui t’est accessible ! C’est là que je t’attends, moi ton Berger, pour t’instruire et te donner savoir, connaissance, discernement et sagesse.

      Et si nous prenions, devant le Seigneur, l’engagement solennel de prendre désormais sa Parole au sérieux et de nous en nourrir fidèlement ? Non pas seulement par la lecture quotidienne d’une périscope, mais aussi par une étude en profondeur. Je suis persuadé que nous verrions l’intervention bienfaisante de Dieu dans nos vies, au niveau personnel, familial et communautaire. Prenons à cour la béatitude qui marque le début et la fin de l’Apocalypse: Heureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie, et qui gardent les choses qui y sont écrites…/… Heureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre (Ap. 1.3; 22.7).

Frank HORTON
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Horton Frank
Après des études au Biblical Seminary à New-York, Frank Horton a été secrétaire général des GBU en France, professeur puis directeur de l’Institut Biblique d’Emmaüs à St-Légier en Suisse. Retraité depuis plusieurs années, il poursuit son ministère d’enseignant. L’article que nous publions est un résumé d’un message donné en Angola, pays où il a passé son enfance avec ses parents missionnaires. Frank Horton est membre du comité de soutien de Promesses.