Premier exaucement
1 Jean 5.14
-Mais je t’assure, on peut savoir que l’on est sauvé! Jésus-Christ est venu pour cela, et quand Dieu fait quelque chose, ce n’est jamais à moitié.
-Ce serait formidable, pensais-je sans répondre, mais ce serait trop beau pour être vrai.
A 19 ans, c’étaient les premières paroles objectives jamais entendues sur le salut. Catholique d’éducation, j’étais inquiet pour mon avenir éternel. Le catéchisme, dont je connaissais par cour les réponses aux questions, était ma seule bible: la possession et la lecture de la Bible elle-même m’avait été interdites à 12 ans par l’aumônier qui aurait pu me la procurer. J’étais convaincu que le sacrifice du Seigneur était la seule rançon possible pour moi; encore me fallait-il «réussir», passer de vie à trépas au moment le plus opportun, l’assurance du salut étant un péché, donc une cause de perdition. Fallait-il toute ma vie (que j’espérais longue) me contenter d’un espoir imprécis pour une question aussi vitale? Telles étaient mes pensées sur un avenir éternel menaçant.
A mon insu, l’interlocuteur précité fréquentait des «réunions d’évangélisation». de là cette «grande connaissance» trop floue qui me donnait espoir sans me convaincre. Un an après, il se convertit et m’ écrivit une grande lettre à moitié incompréhensible: nouvelle naissance, vie éternelle, certitudes, amour de Dieu, un vrai Sauveur… C’était peut-être une solution à un problème spirituel jamais confessé, ou un danger, car changer de religion incluait une trahison, un reniement. Que faire, à qui en parler? Il me fallait un conseiller neutre, sans parti pris.
Chose inhabituelle à mon genre de religion, je ne trouvais pas d’autre conseiller que Dieu lui-même. N’était-ce pas un peu cavalier? Un soir cependant (on avait «quartier libre» à la caserne), je me rendis à la cathédrale de la ville. Elle était déserte, silencieuse; j’y trouvais un Dieu attentif et accueillant. M’étant agenouillé, et alors que je n’avais jamais prié autrement que par des récitations, devant le besoin j’ai parlé simplement à Dieu: «… vous voyez mon incertitude. Je ne sais pas où est votre volonté, dois-je changer de religion? Je sais que vous êtes tout-puissant, s’il vous plaît guidez-moi pour que ma réponse soit votre volonté et rien d’autre».
Après cela, j’ai remercié Dieu toujours aussi simplement, et subitement une grande paix est entrée en moi. J’étais sûr qu’il m’avait entendu de cette façon et dans ce lieu, et même qu’il avait déjà choisi ma voie. C’est ce qu’il a fait. Au travers de circonstances inhabituelles et dramatiques, le lendemain soir j’étais sauvé et délivré de toute incertitude. Je vous laisse penser la joie de mon évangéliste amateur et du petit groupe de chrétiens qui priait pour moi (à mon insu). Un évangéliste, un vrai, m’a fait un petit sermon tout à fait à côté de mes préoccupations, et il m’a fait répéter une prière (répéter, j’en avais l’habitude). Mais après il m’a fait signer un engagement devant Dieu, sur une minuscule petite carte, alors qu’un papier timbré aurait été très justifié. Mais j’ ai pensé que Dieu était indulgent et ma signature fut ma décision.
Ensuite l’évangéliste m’a embrassé comme un frère, il m’a donné un Nouveau Testament annoté (par Fd Faivre) qui devait me faire gagner du temps, et je suis reparti dans la nuit avec une immense joie dans le cour .J’étais désormais sauvé et je marchais avec Jésus. Je ne savais pas trop où il allait me conduire, ni ce qui m’attendrait demain; mais quelle importance? Partout, il serait toujours là.