Série: Les béatitudes
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La septième béatitude: heureux ceux qui procurent la paix car ils seront appelés fils de Dieu

La septième béatitude

« Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu. » Matthieu 5.9

D’emblée, j’ai un problème. Les béatitudes précédentes ne caractérisent-elles pas justement les fils de Dieu ? Certains voient une différence entre « enfants de Dieu » et « fils de Dieu ». Je constate pourtant que les deux appellations sont parfois employées d’une façon interchangeable.

En voici deux exemples :

1. Romains 8.16,19,21 : « L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. […] La création attend avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. […] La création aura part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu. »
2. Galates 3.26-27 : « Vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ ; vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. »

Qui peut procurer la paix ?

Évidemment ceux qui sont en paix avec Dieu. Et qui est en paix avec Dieu, sinon les enfants ou fils de Dieu ?

Je comprends cette septième béatitude ainsi : étant fils de Dieu, ils procurent la paix et seront donc reconnus comme fils de Dieu.

Une fois de plus, cette béatitude présuppose les précédentes. Cela explique pourquoi le monde ne trouve jamais la paix dont il parle continuellement, le péché ne pouvant produire que la guerre. Ceux qui procurent la paix sont des hommes transformés. Tous les accords, toutes les conférences et conventions imaginables ne pourront procurer la paix, car ils ne peuvent éliminer le péché, la révolte contre Dieu, qui est la racine de tous les malheurs. La raison de tous ces échecs n’est ni politique, ni économique, ni sociale ; elle est d’ordre théologique et doctrinal : le cœur de l’homme, de tous les hommes, est mortellement malade et ne peut être changé que par Jésus-Christ, par l’action du Saint-Esprit. Les fils de Dieu ne resteront toujours qu’une poignée en comparaison avec le monde dans son ensemble (ils sont « le sel de la terre »). Il faudra que Christ revienne sur la terre qui l’a rejeté afin d’établir son royaume de paix et de justice, que les prophètes prédisent si clairement1. Ce royaume terrestre durera 1000 ans (selon Apoc 20, même si ce chiffre signifie peut-être simplement une période très longue, mais limitée dans le temps), alors que le royaume éternel dans lequel il débouchera sera sans fin.

Ce qui caractérise celui qui procure la paix

Passivement, il doit être paisible, parce que son cœur est en paix avec Dieu.

Activement, il doit faire tout pour apporter la paix quand se produisent des discussions ou des querelles. Comment serait-ce possible si le cœur est plein d’envie, de jalousie, d’amertume, de violence (Gal 5.15) ? Le porteur de paix ne doit pas être susceptible, ni sur la défensive, ni préoccupé par la prestance de sa personne. Il ne doit pas agir en fonction de ce que cela lui coûtera. Là encore, Jésus est le suprême exemple !

Une réalité à ne pas oublier

Le chrétien est soumis à deux influences : celle de la chair et celle de l’Esprit. Par l’Esprit, il apprend à faire mourir les actions de la chair. Le Saint-Esprit a créé en lui un homme nouveau, ce qui fait qu’il s’inquiète aussi de ses prochains. Il ne leur en voudra pas d’être méchants, injustes, voleurs, menteurs, même meurtriers , car il sait qu’ils sont sous l’emprise de Satan, animés par cet « esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion » (désobéissance) (Eph 2.2). Ils sont les victimes du péché en eux et du prince de ce monde. Il ne peut qu’en avoir pitié, même si leur comportement le révolte et le dégoûte. Vu de cette manière, il est possible de comprendre le commandement de Jésus d’aimer même ses ennemis. En cela aussi, nous avons l’exemple de Jésus, qui nous a aimés quand nous étions encore ennemis de Dieu.

Un aspect essentiel

C’était le but primordial de Jésus de glorifier Dieu, son Père, qui par lui est aussi devenu notre Père. Le glorifier doit donc aussi être notre premier but. Produire la paix, tout d’abord la paix avec Dieu, c’est donner toute la gloire à Dieu. Qu’est-ce qui est plus important, que j’obtienne justice auprès des hommes ou que Dieu soit honoré ? Nos considérations personnelles doivent y céder le pas.

Tout cela peut paraître utopique. Pouvons-nous vraiment être ainsi, nous comporter de cette manière, comme Jésus ? Non, à moins que nous ayons « été ensevelis avec lui dans la mort par le baptême, afin que, comme Christ est ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. […] Nous savons que notre vieille nature a été crucifiée avec lui. […] Considérez-vous comme morts au péché et comme vivant pour Dieu en Jésus-Christ. » (Rom 6.4,6,11) « Considérez-vous » : c’est un ordre, l’ordre de vivre pour Dieu et non pour nous-mêmes. C’est l’exact contraire de la psychologie, qui veut revaloriser le Moi du pécheur. L’abnégation du Moi est le trait saillant de la personne de Jésus. L’apôtre Paul s’exprime d’une manière frappante : « Je suis crucifié avec Christ, et ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi. » (Gal 2.20) Je vous laisse sonder la profondeur de cette constatation dans la prière, en vous abandonnant à l’action du Saint-Esprit en vous.

Comment mettre en pratique

Je vous livre les indications suivantes tirées du livre sur les béatitudes de Martyn Lloyd-Jones :

1. Apprendre à se taire. Jacques 1.19 dit : « prompt à écouter, lent à parler, lent à la colère ». Donc : mettre un frein à s’exprimer.
2. Réfléchir. Évaluer la situation en fonction de l’évangile, et se demander si la cause de Christ en profite ou en pâtit, donc finalement l’Église. Quelle est l’impression faite sur le monde ?
3. Chercher le moyen et la méthode qui amènera la paix. Jésus nous recommande de donner à manger à nos ennemis qui ont faim.
4. Être abordable et compréhensif ; faire fi de sa dignité.

On le voit, nous revenons toujours au point essentiel : prendre exemple sur Jésus. N’oublions jamais que la paix a coûté cher au Père : le don de son Fils. Jésus s’est donné, son sang a dû couler, il a dû mourir, lui le Fils, Dieu devenu chair. Si nous sommes prêts, nous aussi, à nous donner jusqu’à la mort, nous agissons aussi comme Jésus, en tant que fils de Dieu. Cela lui a coûté, il n’y a pas de raison pourquoi cela ne nous coûterait pas, à nous aussi. Cela commence par une dépense : mes forces physiques, mon argent, mes loisirs, mes aises, mon confort, mon temps, tout ce que j’ai et que je suis !

Nous comprenons mieux ce qu’implique le commandement qui inclut tous les commandements : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. […] Et voici le second, qui lui et semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mat 22.37,39). Paul y revient dans sa lettre aux Galates, déjà citée : « Toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (5.14).

Nous le voyons : la septième béatitude est d’une portée immense et englobe toutes nos activités en tant qu’expression de notre statut de fils de Dieu.

1Parmi les passages les plus explicites, voir Ésaïe 11 ; 60 ; 65.17-25.

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