1. Causes de l’incrédulité et mission de l’Eglise
Causes de l’incrédulité et mission de l’Eglise
Lecture biblique
Je t’adjure devant Dieu et devant le Christ-Jésus qui doit juger les vivants et les morts, et au nom de son avènement et de son royaume, prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non, convaincs, reprends, exhorte, avec toute patience et en instruisant. Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine ; mais au gré de leurs propres désirs, avec la démangeaison d’écouter, ils se donneront maîtres sur maîtres; ils détourneront leurs oreilles de la vérité et se tourneront vers les fables. Mais toi, sois sobre en tout, supporte les souffrances, fais l’oeuvre d’un évangéliste, remplis bien ton service. (2 Tim 4.1-5)
Je me suis senti obligé de vous écrire, afin de vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes. (Jude 3)
NB : Les citations bibliques sont tirées de la Nouvelle Version Segond Révisée, dite « de la colombe ».
RELIGION ET FOI
Le mot religion fait tellement partie du vocabulaire courant qu’on se demande rarement ce qu’il recouvre vraiment. Pour les uns, c’est l’adhésion à certaines maximes pour d’autres, ce sont des cérémonies par lesquelles on adore Dieu. Chaque être humain sait, tout au fond de lui-même, qu’il existe un être suprême, un dieu dont il dépend et qui a autorité sur lui. Il aspire à s’approcher de ce dieu qu’il ne connaît pas, et de cette aspiration sont nées toutes les religions du monde. Car l’homme est religieux par nature.
Ce qu’on entend par religion n’est souvent que simple crédulité, une conformité à des croyances et des rites traditionnels. Pour d’autres, il s’agit d’un acte de foi basé sur une conviction absolue de la réalité de Dieu telle que la Bible, Parole de Dieu, le révèle : La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ (Rom 10.17).
Entre ces deux attitudes, il y a une multitude de divergences plus ou moins nuancées, et personne n’ignore à quel point les convictions religieuses ont allumé les passions et provoqué des conflits parfois sanglants entre sociétés et nations anciennes et modernes. S’il est vrai que les questions concernant Dieu sont les plus importantes qui soient, il est inévitable que des positions diamétralement opposées provoquent des divisions. Il ne peut y avoir réconciliation entre les deux positions extrêmes qu’on peut résumer ainsi :
- Il existe une personne suprême, Dieu, qui a tout créé il s’est révélé par la Bible et en la personne de son Fils, Jésus-Christ la raison d’être de l’homme est de le servir et de lui faire honneur.
- Il n’y a pas de dieu: tout est le produit du hasard, et l’homme n’est responsable qu’envers lui-même.
La Bible déclare sans ambages : Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu ; celui qui s’approche de Dieu doit croire qu’il existe et qu’il récompense ceux qui le cherchent (Héb 11.6). La foi est d’une importance capitale dans l’enseignement chrétien, car d’elle dépend la justification du pêcheur, son accès à la grâce de Dieu, sa paix avec Dieu – en un mot: son salut (Rom 5.1-2). La foi sous-entend une confiance absolue dans un Sauveur personnel, qui est Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, en opposition à la confiance de l’homme naturel en des oeuvres méritoires et l’observation de traditions humaines. Cette opposition est présente dans tout le septième chapitre de l’évangile de Marc.
Comme cette foi est basée sur la Bible en tant que parole par laquelle Dieu se révèle quant à son être, son oeuvre et sa pensée, il doit y avoir soumission totale à l’autorité de la Bible, qui nous répète sans cesse que la parole de Dieu est éternellement valable (Ps 119.89 : Mat 24.35). La foi est une affaire de tête autant que de coeur: Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton coeur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé (Rom 10.9). Au début, la foi porte surtout sur l’action rédemptrice de Christ à la croix, sur le pardon et la paix avec Dieu que sa mort procure, et le croyant entre dans une relation personnelle avec le Sauveur. Mon Seigneur et mon Dieu ! s’exclame Thomas quand il comprend que Jésus, mort à la croix, est vraiment ressuscité (Jean 20.28). La compréhension de la vie terrestre de Christ, de ses miracles étonnants et de son enseignement représentent une étape ultérieure de la foi. La foi conduit à toute expérience et bénédiction spirituelle. L’intégralité du salut dépend de la foi.
Nous croyons que Jésus est la Parole (le logos, la raison de l’univers) faite chair, c’est-à-dire Dieu devenu homme (Jean 1.14). Nous croyons que Jésus est l’Agneau de Dieu immolé pour notre rédemption (Jean 1.29), et qu’il est ressuscité pour notre justification (Rom 4.25). C’est par la foi que nous nous réjouissons en Christ, l’espérance de notre glorification (Rom 8.17,23-24).
Tout comme le pardon reçu par la grâce de Dieu (Eph 2.8-9), la foi aussi est un don de Dieu (Jean 6.44; 1Cor 12.9). L’homme ne peut atteindre Dieu de lui-même (c’est la tour de Babel) ; Dieu vient atteindre l’homme (c’est Noël). Mais c’est par la foi, qui s’exprime par la confiance en Jésus-Christ et par l’obéissance à la parole de Dieu, que l’homme peut devenir le bénéficiaire du salut préparé par Dieu à son intention.
LES CAUSES DE L’INCREDULITE
Nous devons nous rendre à l’évidence: le christianisme est devenu, pour la grande masse, une religion sans foi. Comment cela est-il possible, vu que la foi est au coeur même du christianisme ?
Les chrétiens du premier siècle ont dû faire face principalement à l’opposition extérieure. Les Juifs ne voulaient pas abandonner la loi, le principe du mérite que conférait son observation, au profit de la grâce conférée au croyant sur la base des seuls mérites du Fils de Dieu. Les païens ne voulaient pas abandonner leurs idoles, leurs superstitions et leurs pratiques, dont l’immoralité était condamnée par le christianisme. Plus tard, ce dernier fut ravagé par des luttes intestines provoquées par l’intrusion de philosophies pseudochrétiennes et la corruption du clergé, entre autres.
« Pendant huit années de guerre au Liban, dit le pasteur Eicher, nous avons assisté à l’augmentation du nombre d’idoles à travers toutes les régions chrétiennes des vierges en plâtre et des saints en bois de différentes tailles sont partout adorés comme de véritables personnes. Quelle idolâtrie C’est une des raisons pour lesquelles la paix n’est pas intervenue dans ce beau pays.
De nos jours, nous pouvons, sans prétendre à être exhaustifs, nommer trois causes principales de l’incrédulité qui balaye nos églises chrétiennes.
1. Manque d’un enseignement biblique fondamental
Dans beaucoup d’églises, il n’y a pas d’études bibliques systématiques pour jeunes et adultes, et souvent peu ou pas de réunions de prières.
Les grands réformateurs croyaient sans réserve en l’autorité finale des Ecritures, guide divin en matière de foi et de discipline dans l’Eglise. Ils étaient entièrement convaincus que la Bible est la parole inspirée de Dieu. Ils défendaient tout ce qui s’y trouve et abandonnaient ce qui n’y est pas.
Nos pères aussi avaient une connaissance solide de la parole de Dieu et une foi ferme en sa vérité. Cela leur à permis de tenir contre les difficultés et les persécutions. Ils ne se joignaient pas aux incroyants et acceptaient de payer le prix de la séparation pour Dieu. Quelle est notre part aujourd’hui à la grande bataille de la foi ?
Un jour, on demanda au pasteur Eicher de donner un cours biblique dans une classe terminale d’une école secondaire missionnaire pour garçons. Comme aucun cours spécifique n’avait été fixé, le pasteur Eicher proposa une série de leçons sur les doctrines chrétiennes de la Bible. On lui fit alors comprendre que cela ne s’enseignait pas à cette école, et on lui proposa un livre écrit par un théologien libéral. Monsieur Eicher refusa, persuadé que la négation des doctrines chrétiennes fondamentales conduit à une religion sans foi. C’est là une deuxième cause de l’incrédulité
2. Le modernisme ou la théologie libérale
Cette école de pensée théologique ne considère pas la Bible comme inspirée par le Saint-Esprit, et quand elle professe de le faire, elle le fait avec tant de réserves que cela équivaut à une négation de l’inspiration sacrée des Ecritures. Evidemment que la théologie libérale n’a que faire de l’analogie scripturaire, qui stipule que la Bible, ayant été écrite sous l’autorité d’un seul auteur, le Saint-Esprit, s’explique par elle-même et forme un tout cohérent. Pour cette théologie-là, la Bible contient toutes sortes d’erreurs, notamment des erreurs historiques, bien qu’aucun des faits historiques relatés dans la Bible n’ait jamais pu être prouvé faux.
Parmi les promoteurs de la théologie moderniste-libérale, il faut nommer Bultmann, les évêques Robinson et Oxnam, Fosdick, Buttrick, ainsi que Teilhard de Chardin et Henri Guillemin, bien que d’une trempe différente. On pourra mesurer le gouffre qui sépare les affirmations bibliques des énoncés de ces hommes, véritables traîtres de la foi, en lisant quelques brefs extraits de leurs écrits.
« Notre enseignement devient de l’idolâtrie s’il présente Jésus comme la seule manifestation de Dieu ou étant Dieu lui-même. Il y a beaucoup à faire pour enlever des prières, des hymnes et de certains livres pour enfants la manifestation de l’adoration de Jésus-Christ. » (Werner Fallow dans « Twentieth Century », p. 189)
« Marie nous le savons, a été trouvé enceinte avant d’être engagée au doux Joseph. Nazareth était sous le règne d’une garnison romaine dont les soldats étaient mercenaires allemands. Jésus serait donc l’enfant d’un soldat allemand, selon la revendication nazie. » (Nells F.S. Ferré dans Le soleil et l’ombrelle », p. 191) Ce blasphémateur moderne vint à Beyrouth donner une conférence aux étudiants de la « Near East School of Theology », nid de production de pasteurs libéraux au Moyen-Orient.
« Le Christ n’est pas vraiment venu pour mourir, mais pour dire et pour attester. Idée qui n’a pas encore fait son chemin et que l’institution semble peu prête à accueillir. Subsiste là, pour d’innombrables esprits légitimement rétifs, l’impossibilité de croire à une rédemption-rachat. » – « Pendant des siècles, les catéchisés ont été dressés à souscrire sans problème à un scénario mis au point par saint Paul. » (Henri Guillemin dans « L’affaire Jésus », 1982, p. 82 et 78)
Les fruits d’une telle aberration théologique sont « la mort de Dieu » l’idée qu’adorer Jésus constituerait une idolâtrie, la « démythologisation » des évangiles (qui ne relateraient pas des faits historiques, mais des légendes). Ces renégats de la foi reconnaissent Jésus seulement comme celui qui est venu sur terre pour aider les pauvres et les opprimés, pour lutter contre les injustices humaines, et qui est mort en martyr pour une juste cause, sans que sa mort ait le sens d’une expiation des péchés de l’humanité, comme tout le Nouveau Testament l’affirme pourtant avec une clarté éblouissante.
Conférence donnée par
E.C. EICHER, pasteur au Liban
(Adaptation J.-P. Schneider)