Série: Vocation chrétienne
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3.La formation des serviteurs de Dieu

Vocation chrétienne (3)

Lecture: Mat th. 5:1-2
             Matt.28:18-20
             Actes 20:18-21, 26-27
             1 Th. 4: 1-2
             2 Ti. 2:1-2
C’est avec une certaine hésitation que j’aborde ce sujet de la formation en vue de l’exercice de la vocation, sachant qu’il n’est pas facile, et conscient aussi des graves lacunes caractérisant nos églises, non seulement en Suisse, mais partout sur les trois continents qu’il m’est arrivé de parcourir. Certains de mes propos déplairont peut-être. Qu’ils soient entendus comme un cri d’alarme de la part d’un frère qui accepte sa part de responsabilité en face des faiblesses d’enseignement et de la pauvre connaissance de doctrine biblique qui marquent, hélas, la plupart de nos milieux. Et que dans sa bonté, le Seigneur nous donne la grâce de nous laisser conduire dans la recherche de solutions qui nous fassent sortir de la situation dans laquelle nous nous trouvons depuis plus d’un siècle!

Témoignage de l’Ecriture
Faut-il justifier, à partir de l’Ecriture, cette notion de l’enseignement, de la formation en vue de l’exercice de la vocation que Dieu nous adresse aux uns et aux autres? Les textes désignés ci-dessus nous montrent d’abord l’exemple du Seigneur qui, dès le début de son ministère, prenant la parole en public pour la première fois, se met à enseigner ses disciples.
Son ministère tout entier est marqué par cet élément d’enseignement qui semble même prendre de l’ampleur à mesure que les foules s’écartent et que Jésus se trouve seul avec la petite poignée d’hommes qui lui sont restés fidèles. Il concentre ses forces, ses efforts et son temps sur ceux-là, tant et si bien que pendant les derniers mois de son ministère, le Seigneur semble attacher une importance toute particulière à la formation de ses disciples et à la préparation de la relève qu’ils seraient appelés à assumer après son départ.
Si l’exemple du Seigneur n’est pas convaincant, qu’en est-il de l’ordre donné à ses disciples (mais qui concerne l’Eglise tout entière) à la fin de Matthieu? Ces instructions-là doivent être considérées comme normatives jusqu’au retour du Seigneur, n’en déplaise à ceux qui disent que l’Evangile selon Matthieu n’est pas pour nous, que nous vivons à une époque particulière, où le temps de l’église et des missions est révolu, que nous devons chercher une nouvelle vocation pour le peuple de Dieu, etc. Eh bien, non! Les instructions données par le Seigneur à son Eglise gardent toute leur validité jusqu’à son retour; si Jésus ordonne à ses disciples d’enseigner les croyants à garder ses commandements, cet ordre reste entièrement valable, entièrement normatif pour nous aujourd’hui.

L’église primitive a obéi à la lettre à ce commandement d’enseigner (Actes 2:42). Les milliers de nouveaux croyants du jour de la Pentecôte «persévéraient dans l’enseignement des apôtres, la communion fraternelle, la fraction du pain et les prières».
Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres. La suite du récit, d’ailleurs, présente un détail remarquable: tous ceux qui s’étaient tournés vers le Seigneur mirent en commun leurs possessions dans une communauté de biens. Pourquoi l’ont-ils fait? La solution se dégage, je crois, précisément de cette situation extraordinaire qui confronte les apôtres après le témoignage rendu par Pierre: tout d’un coup, il y a là plusieurs milliers de personnes qui viennent de se tourner vers le Seigneur. Ces hommes ont besoin d’être instruits et fondés dans l’enseignement du Christ. Par conséquent, toutes affaires cessantes, l’Eglise primitive met en commun ses possessions et se constitue aussitôt en école biblique extraordinaire, afin que les apôtres puissent enseigner le plus vite possible et le plus complètement possible tous ces bébés dans la foi. Nous n’aurions pas à chercher ailleurs l’explication de cette mise en commun des biens matériels. Voilà, si j’ose dire, le premier institut biblique, créé par les apôtres eux-mêmes afin de nourrir les nouveaux convertis et les rendre aptes à s’engager chez eux comme témoins et serviteurs de ce Sauveur qu’ils viennent de rencontrer.

L’exemple de l’apôtre Paul s’inscrit dans la même ligne. Vers la fin de son troisième voyage missionnaire, sur le chemin de retour à Jérusalem, Paul convoque les anciens d’Ephèse à Milet, où il leur rappelle les faits saillants du ministère accompli pendant son séjour de trois ans dans leur ville. Il leur avait annoncé tout le conseil de Dieu, il ne leur avait rien caché.
Chose étonnante, l’apôtre dit la même chose aux Thessaloniciens. Cependant, talonné par ses ennemis, il avait dû reprendre son voyage vers Bérée après un court séjour de quelques semaines à Thessalonique. Pendant ce temps-là, non seulement il avait évangélisé, d’abord dans la synagogue, puis à côté, mais il avait donné à ceux qui s’étaient confiés au Seigneur toutes les instructions nécessaires et utiles pour leur vie et leur service chrétien! Enfin, Paul, sur le point de «passer les pouvoirs» à ses adjoints, leur donne des instructions dans ce sens: lui-même les a instruits afin qu’à leur tour ils sachent instruire d’autres pour que ceux-là à leur tour instruisent. ..

Témoignage de l’histoire Les exemples tirés de l’histoire ecclésiastique et des missions mettent en relief le rôle prépondérant joué par des hommes formés pour se charger de 1’oeuvre de Dieu. Parmi les réformateurs, Luther et Calvin avaient une prodigieuse érudition. Luther était un linguiste de première qualité; c’est, d’ailleurs, en étudiant le texte biblique dans les langues originales qu’il fit les découvertes qui devaient transformer sa vie. Plus près de nous, parmi les initiateurs du mouvement des assemblées des «frères», par exemple, nous découvrons en Darby un grand érudit à qui Dieu confia une tâche à la mesure de ses capacités et de ses connaissances. C’est peut-être une ironie de l’histoire que cet homme si instruit devait être par la suite, sans le vouloir, une cause majeure du dépérissement de l’érudition dans ces assemblées.
Il en est de même pour les missions: après plusieurs générations d’efforts missionnaires depuis William Carey, nous avons fait le cercle complet des méthodes et nous revenons peu à peu aux meilleures, celles des apôtres: les méthodes de la Parole de Dieu! Celles-ci visent la création d’églises issues de l’effort missionnaire qui sachent se gouverner, se soutenir et se propager d’elles-mêmes sous la conduite du Saint-Esprit. Mais pour qu’une église autochtone, issue de l’effort missionnaire, puisse se gouverner et se propager, elle doit être dotée de responsables de mieux en mieux formés pour les diverses tâches. Il arrive que, de nos jours, les jeunes membres de ces églises réclament en nombre toujours plus grand une formation théologique et pastorale sérieuse que leurs pères n’ont pas pu recevoir. A Emmaüs, institut biblique en Suisse romande, le nombre des demandes d’admission en provenance des pays d’Afrique francophone ne cesse de grandir. De jeunes croyants africains désirent parfaire leur formation, parce qu’ils se rendent compte qu’ils ont à faire à une génération beaucoup plus instruite que les précédentes, et ils éprouvent la nécessité d’être aussi bien préparés que possible pour répondre aux appels et aux besoins de leurs pays. Les missions elles-mêmes, suivant une tendance générale, réclament des collaborateurs de mieux en mieux formés. Ces quelques exemples tirés de l’histoire de l’église et des missions viennent confirmer, si besoin est, le bien-fondé de l’enseignement biblique pour la formation du serviteur de Dieu.

Et nous?
Si maintenant nous examinons nos églises de près, ce qui sera un exercice à la fois douloureux et salutaire, nous découvrirons des tendances qui, en Suisse et ailleurs, devraient nous inquiéter profondément. Nous nous rendrons compte de la pauvreté biblique, de l’ignorance doctrinale et théologique qui marque d’une manière générale ces mouvements. Dans les milieux issus du réveil du 19ème siècle à Genève, par exemple, les dons spirituels, l’exercice des ministères et la formation en vue de cet exercice sont tombés en désuétude, et cela depuis déjà quatre ou cinq générations! La pauvreté théologique qui en est la conséquence se manifeste dans toutes les activités de ces communautés, et nulle part, hélas! plus qu’au culte d’adoration! Là même où la richesse de notre héritage spirituel devrait se manifester, l’on s’aperçoit, au travers des chants, des prières et de quelques rares lectures bibliques commentées, que le champ de nos sujets de méditation est affreusement restreint. Comment nous libérer de cet étau d’ignorance et redécouvrir la mine d’or qu’est la Parole de Dieu? Posons plutôt les questions: Où sont les dons spirituels? Où sont les frères qualifiés pour exercer les différents ministères? Où sont les pasteurs, les évangélistes, les docteurs? Grâce à Dieu, il yen a, mais ils sont trop peu nombreux pour répondre aux besoins de nos églises et assemblées en Suisse romande, en France et ailleurs.

Et les jeunes?
Quant à la génération qui monte, elle a hérité les lacunes de nos ancêtres et de nous-mêmes. Au cours de divers camps récents de formation et d’évangélisation, ce sont les jeunes eux-mêmes qui ont reconnu leur ignorance en matière biblique et doctrinale. Et nous, les orateurs, nous constatons très vite qu’ils ne savent pas grand chose de la vie chrétienne, qu’ils n’ont pas reçu une bonne méthode d’étude biblique et ne savent pas comment diriger un groupe d’étude biblique, qu’ils ont peu d’expérience pratique du témoignage personnel et du travail pastoral, et que leur pratique du recueillement, de la méditation de la Parole de Dieu et de la prière est très pauvre. Les jeunes en sont conscients et, dans leur souffrance, ils cherchent à tâtons diverses solutions – l’indifférence ou la révolte, la séparation d’avec leurs églises, la recherche dans d’autres pâturages de ce que nous-mêmes n’avons pas été capables de leur donner. Avons-nous le courage de regarder cette situation dramatique en face et d’en reconnaître le caractère lourd de menace? …au point de vouloir sortir de ce cercle vicieux qui fait que génération après génération, nous nous complaisons dans notre médiocrité? Une jeunesse mal préparée ne saura pas tenir contre les attaques que l’Ennemi prépare!
Reconnaissons qu’il est bien plus difficile de proposer des remèdes que de diagnostiquer un mal. Quoi qu’il en soit, nous proposerons ici quelques éléments d’une solution.

Dans le foyer
La formation en vue de l’exercice d’une vocation commence idéalement alors que l’enfant se trouve encore dans le sein de ta famille chrétienne. A ce niveau déjà, il faudrait reconnaître ta nécessité d’un minimum: une atmosphère propice à l’éclosion de l’enfant, à sa préparation et à sa réponse à la vocation que le Seigneur lui adressera. Il nous paraît par exemple, indispensable que chaque foyer chrétien ait son culte de famille quotidien auquel les enfants peuvent être encouragés à participer activement dès qu’ils sont en âge de le faire – lectures bibliques, partage de pensées sur le texte, prière ensemble grâce à laquelle on pourrait initier les enfants à l’intercession pour les autres, pour les missionnaires, pour les inconvertis. Une autre chose qui nous paraît indispensable dans les rapports entre parents et enfants est le moment de prière seul avec chaque enfant. A la fin de la journée, par exemple, le père ou la mère se trouverait au chevet de l’enfant pour un moment de conversation en tête-à-tête, pour répondre à ses questions, l’encourager, le conseiller et prier avec lui. Au cours de ces moments de rapports personnels, les parents pourraient encourager leur enfant à développer de bonnes habitudes de méditation biblique et de prière personnelle. En troisième lieu (ce qui est encore plus important), l’exemple sera donné par les parents, souvent à leur insu, par leur intérêt pour les choses de Dieu et la joie qu’ils manifesteront lorsqu’ils parleront des choses qui concernent le Seigneur et son oeuvre. Leur enthousiasme sera contagieux et les enfants en prendront de la graine. Dans certains foyers, on pourra peut-être aller jusqu’à réaliser un programme d’étude systématique. L’auteur a connu en Afrique des parents missionnaires qui avaient l’habitude de se lever à cinq heures du matin avec leurs enfants pour une heure de travail biblique. La plupart des enfants de ces familles sont devenus à leur tour missionnaires.
Nombre de parents voudraient recevoir des conseils pratiques pour l’éducation de leurs enfants; n’est-ce pas là un sujet que nous avons négligé? N’y a-t-il pas des domaines pratiques dans la vie de l’individu et du foyer où nous n’avons pas fait des études suffisantes et n’avons pas cherché à nous aider les uns les autres? Chaque église locale devrait accepter sa responsabilité de répondre à ce besoin ressenti par tant de jeunes parents.

Dans l’église
Qu’en est-il de nos écoles du dimanche: sont-elles suffisamment organisées, les classes sont-elles étudiées et préparées avec assez de soin, les moniteurs sont-ils bien formés? Pour cette dernière question, si importante, nous devrions profiter au maximum des cours de formation offerts aux moniteurs par la Ligue pour la Lecture de la Bible!
Une pensée au sujet de l’école du dimanche paraîtra sans doute révolutionnaire. Ici, en Europe, le terme «école du dimanche» évoque automatiquement les enfants et rien que les enfants. Est-ce juste? Dans d’autres pays, l’école du dimanche est pour tout le monde, à partir des bébés en garderie jusqu’aux vieillards. Le dimanche matin, il y a deux réunions successives, dont le culte d’adoration pour toute la famille et (avant ou après) l’heure des classes bibliques qui sont échelonnées pour tous dès les tout petits, en passant par les moyens, les adolescents, les étudiants et les jeunes adultes pour arriver aux classes d’adultes mûrs. Tous les membres de ces églises, quel que soit leur âge, trouvent leur place dans une classe qui correspond à leur âge, à leurs besoins et à leur connaissance de l’Ecriture, tant et si bien que l’instruction systématique ne s’arrête jamais!
A côté de l’école du dimanche, il existe à l’heure actuelle la classe des jeunes qui est à maintenir et à encourager, peut-être en l’intégrant dans le schéma élargi de l’école du dimanche proposé ci-dessus. Et il y a des camps de formation occasionnels qui, malheureusement, ne durent en général qu’une semaine. Des sujets, dont la nécessité nous est rendue évidente par les expériences faites lors des camps de ski ou d’évangélisation, y sont traités. Dans toutes ces activités, qu’il s’agisse de l’école du dimanche, de la classe des jeunes, ou des camps de formation, nous devrions garder en vue ce que Paul dit aux Ephésiens: «Je vous ai annoncé tout le conseil de Dieu». Ne nous contentons pas de développer une doctrine ou un aspect de la vie de l’église locale aux dépens des autres. cherchons à établir et à maintenir un équilibre biblique dans notre instruction.

Nos cultes aussi pourraient être des occasions d’édification ou d’enseignement biblique. Dans certaines communautés sans pasteur attitré, on a pris l’habitude de demander à un frère qualifié (docteur) de se préparer au préalable pour donner un message d’édification (ou, mieux encore, une série de messages sur un sujet donné), soit au début du culte, soit à la fin, après la cène.
Cette idée nous paraît excellente: le Saint-Esprit n’est-il pas capable de diriger des décisions prises ou recommandations faites plusieurs jours – voire semaines – avant le cuite en question? Ne faisons pas un fétiche de la spontanéité dans l’exercice des ministères: certes, l’Esprit est bien capable de pousser un frère à parler sur un sujet spécial au dernier instant, mais Il peut tout aussi bien éclairer, dans leur préparation, des frères pressentis longtemps à l’avance. Ne le limitons pas dans sa liberté d’action!

Des séries spéciales d’édification pourraient aussi être organisées de temps à autre. Une expérience positive dans ce sens a été faite il y a quelques années à B… où, pendant quatre dimanches successifs, les croyants se sont réunis pour trois heures d’enseignement biblique avec le concours de différents frères qui ont développé à tour de rôle divers sujets. Nous y avons vu une expérience pilote sur un plan régional qui pourrait être répétée. L’institut Emmaüs, lui aussi, a organisé dans le passé des cours de formation biblique et spirituelle pendant l’hiver qui ont attiré jusqu’à une centaine de personnes dont de nombreux représentants d’églises. Rien n’empêcherait de reprendre ces séries dans un proche avenir.
Lorsque nous discernons l’existence d’un don spirituel auprès d’un de nos membres – jeune ou moins jeune – est-ce que nous encourageons ce frère à développer son charisme et à le faire valoir en l’exerçant pour le bien de la communauté? C’est là une responsabilité des anciens que de remarquer de tels frères et leur donner l’occasion de s’épanouir.

Instituts bibliques et facultés de théologie
Les institutions actuellement nombreuses pour la préparation formelle des serviteurs de Dieu sont une innovation assez récente dans l’histoire de l’église; c’est depuis la fin du 19è siècle surtout, grâce à l’essor de l’oeuvre missionnaire, que tant d’écoles ont vu le jour partout dans le monde. Et pourtant, on a souvent constaté, dans certains milieux évangéliques, une réticence plus ou moins accusée à l’égard des instituts bibliques et, à plus forte, raison encore, des facultés de théologie.
Un article paru dans un numéro récent d’un périodique évangélique américain mettait les lecteurs en garde contre les dangers d’une formation offerte par les instituts bibliques, et avançait les raisons suivantes: d’abord, le jeune qui fréquentait un institut ou une faculté en sortirait la tête farcie d’informations inutiles! Ensuite, l’instruction reçue pousserait le jeune en question à mépriser son église à cause de la simplicité de la structure et des principes de celle-ci. Enfin, avec tout le bagage de connaissance acquise, notre jeune chercherait certainement le salaire plus élevé qui lui serait offert par d’autres églises.
A vrai dire, ces raisons laissent froids ceux d’entre nous qui servent le Seigneur dans un institut biblique, parce que l’expérience nous montre que les dangers qui existent – et il y en a – sont tout autres que ceux énumérés! Car si un jeune homme spirituel et solide, répondant à la vocation que Dieu lui adresse, se fait inscrire dans une école biblique, il évitera de tomber dans des pièges si évidents. Non, les dangers réels sont plus subtils: celui de l’orgueil spirituel, parce que la connaissance enfle; ou encore celui d’une indigestion spirituelle, résultat d’un banquet d’enseignement biblique quotidien, riche et concentré, mais mal assimilé. Nous sommes conscients de ces dangers et prenons les précautions qui s’imposent pour assurer aux élèves une vie équilibrée qui consiste, non seulement à recevoir, mais aussi à donner, d’où les activités spirituelles de tous genres.
Certes, il y a quelques défections: certains jeunes ne sortent pas vainqueurs des épreuves particulières et indéniables qui s’attachent aux études formelles dans un institut biblique. Mais la plupart en sortent approfondis, fortifiés, formés pour le service du Seigneur; ceux-ci donnent ta preuve par la suite, en accomplissant un travail de pionnier remarquable, ou en devenant des membres utiles – voire piliers – de leurs églises ou assemblées, que les années consacrées à la formation n’ont pas été passées en vain.
En plus des différentes facultés de théologie «officielles» en Suisse romande et en France, il existe depuis quatre ans une nouvelle Faculté libre de théologie évangélique à Vaux-sur-Seine (près de Paris), fondée par l’action concertée des «églises de professants». Cette faculté attendait plus de 40 étudiants régulièrement inscrits pour la rentrée de 1969. La plupart suivent des cours pendant quatre ans en vue de l’obtention d’une licence en théologie.
L’auteur tient à recommander tout particulièrement cette faculté, conscient du fait que, de toutes les églises de professants francophones, celles de la Suisse romande sont restées dans la plus grande ignorance au sujet de cette entreprise. Pourquoi nos jeunes intellectuels en quête d’une formation théologique s’achemineraient-ils uniquement vers des facultés à théologie pluraliste et à tendance oecuménique? La moindre loyauté n’exige-t-elle pas qu’ils soient mis au courant de l’option valable que représente pour eux la Faculté de Vaux?
Soyons francs. Au cours de ces dix-sept dernières années, l’auteur a suivi l’évolution de plusieurs jeunes intellectuels des églises de professants en France ainsi qu’en Suisse, pendant et après leurs études dans une faculté «officielle». Ce qu’il a vu le pousse à poser la question: est-il vraiment dans le meilleur intérêt des mouvements d’églises comme les nôtres de continuer à orienter nos jeunes dans ce sens? D’abord, n’en déplaise au jeune intéressé qui se ferait facilement des illusions à ce propos, rien ne prouve à priori qu’il serait assez solidement ancré dans la foi et la connaissance de la doctrine biblique pour tenir ferme pendant quatre ans d’études. Au contraire, plusieurs ont basculé dans des vues théologiques plus larges et, le reconnaissant loyalement, ont cru devoir changer d’obédience ecclésiastique. D’autres, moins conscients de leur évolution théologique et de ce qui, par conséquent, les met en porte-à-faux avec leurs communautés, seraient tentés d’attribuer la faute à celles-ci et croiraient facilement devoir leur apporter «la lumière.».
D »autres encore mettent tout en oeuvre pour tenir tête à leurs professeurs afin de sauvegarder coûte que coûte leur héritage biblique et évangélique, mais à quel prix personnel! Et à supposer que ces étudiants sortent «indemnes» comme au travers du feu, ne leur manque- t-il pas trop souvent une dimension qui nous paraît pourtant essentielle – confiance totale dans l’inspiration plénière des Ecritures, et d’une formation dogmatique solide et orthodoxe? – D’autres, il est vrai, passent par une période de réaction plus ou moins violente pour «digérer» leur théologie et ensuite retrouver leur équilibre et leur confiance en la Parole de Dieu. Quoi qu’il en soit, nous touchons ici à une question déterminante pour l’avenir de nos églises: ayons le courage et la charité qui nous permettent de l’examiner ensemble dans un esprit fraternel, car c’est à nos risques et périls que nous persisterons à passer ce problème sous silence. ..
Un exemple réjouissant
En conclusion, l’auteur se permet d’évoquer le souvenir d’une église locale, réformée, dont les pasteurs successifs ont été choisis en fonction de leur don d’enseignement biblique. Depuis plus de trente ans, les membres de cette église ont reçu, au travers de la prédication, un enseignement systématique de la Parole de Dieu, des doctrines bibliques et de la vie chrétienne; au cours de ces trente années, plus de cinquante jeunes ont entendu l’appel du Seigneur et se sont présentés pour son service à plein temps, soit sur le champ des missions, soit comme évangélistes, soit comme pasteurs. La conclusion s’impose: là où la Parole de Dieu est à l’honneur, là où elle est enseignée totalement et systématiquement, les vocations ne manqueront pas d’éclore.

(Conférences de Lavigny, Suisse, 1968)


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Série : Vocation chrétienne
Horton Frank
Après des études au Biblical Seminary à New-York, Frank Horton a été secrétaire général des GBU en France, professeur puis directeur de l’Institut Biblique d’Emmaüs à St-Légier en Suisse. Retraité depuis plusieurs années, il poursuit son ministère d’enseignant. L’article que nous publions est un résumé d’un message donné en Angola, pays où il a passé son enfance avec ses parents missionnaires. Frank Horton est membre du comité de soutien de Promesses.