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Expérience et parole de Dieu

Vous apprendrez ainsi en nos personnes à ne pas aller au-delà de ce qui est écrit. 1 Cor 4.6 ; cf. 2 Jean 9

Je n’ai pas la prétention par ces quelques lignes d’épuiser tous les aspects du parler en langues, mais seulement d’attirer l’attention sur ce phénomène et de donner quelques lignes directrices pour une étude plus approfondie.

Faux Oecumenisme

Nous assistons, depuis quelques années, à un courant convergent de beaucoup d’églises et mouvements évangéliques vers une sorte d’oecuménisme ayant comme porte-drapeau de leur unité le parler en langues.

Mais ce qui est paradoxal, c’est que c’est là l’unique unanimité qui se fait autour de ce sujet: les profondes divergences doctrinales entre les différentes pensées théologiques, particulièrement entre celle de la Réforme et celle de l’Eglise romaine, sont reléguées à l’arrière-plan et même semble-t-il gommées.

Les mouvements dits « charismatiques » servent sans conteste la cause oecuménique. Ils sont devenus la courroie de transmission entre le protestantisme et le catholicisme. Ces mouvements trouvent que l’oecuménisme traditionnel ne va pas assez vite. Il faut donc brûler les étapes; c’est l’exaltation, le ralliement des masses sous l’apparence d’un renouveau de piété. Une fausse unité s’établit au détriment de la vérité.

Notre regretté ami Francis Schaeffer me faisait part de l’expérience d’un jeune homme qui, après avoir parlé en langues, était persuadé que le Saint-Esprit lui ordonnait d’être plus assidu dans sa prière à la Vierge Marie. D’ailleurs, nous pouvons constater les effets de cet engouement chez les charismatiques d’origine catholique: déviation touchant presque, chez quelques-uns, au fanatisme à la Vierge Marie, regain d’assiduité à la messe…

Dans son livre intitulé « Catholiques pentecôtistes », Kevin Ranaghan écrit: « Le baptême de l’Esprit conduit à une dévotion plus entière pour Marie, une plus profonde vénération du pape, une consécration plus dévouée envers l’Eglise romaine, une fréquentation plus régulière de la messe et une plus grande conviction dans le témoignage de ces choses. » Henri Caffarel dans « Faut-il parler d’un pentecôtisme catholique? », souligne lui aussi ces effets: « Et combien, depuis la demande de » l’effusion de l’Esprit «, s’efforcent de participer quotidiennement à la Messe ».

Ce parler en langues a accrédité beaucoup d’hérésies théologiques. Bien des personnes ont pris comme critère de jugement, non plus la Parole de Dieu, mais ce « phénomène ». Elles sont persuadées avoir accès à la consécration suprême puisque pour elles le parler en langues est le sceau du Saint-Esprit; elles possèdent donc la Vérité! Tout ce que l’Ecriture ne dit pas, on le fait dire par le Saint-Esprit. Les charismatiques en sont arrivés à ne plus pouvoir désapprouver certaines fausses doctrines confessées par les catholiques, ou tout au plus à les minimiser, dès lors que ceux-ci parlent en langues.

Certains de ces mouvements charismatiques vont même jusqu’à conseiller aux nouveaux convertis, d’origine catholique, lors de réunions d’évangélisation, de rester dans l’église catholique. Des bouddhistes, des musulmans, des hindouistes pratiquent le parler en langues, ainsi que les spirites.

Une église sans vie

Les mouvements charismatiques ont tiré profit de l’enthousiasme d’une certaine jeunesse pour un certain surnaturel. Elle était devenue allergique à toute appartenance à une église établie (Mouvement de Jésus…)

Il faut bien reconnaître que beaucoup d’églises ont failli à leur mission. Elles sont devenues arides et stériles et cet état s’explique: -1) par l’abandon de la prédication évangélique basée sur la Bible toute entière, Parole de Dieu; un pasteur ne déclarait-il pas dans un journal: « Quand on me dit que la Bible est la Parole de Dieu, cela me met en colère! » – 2) par le fait de négliger l’action du Saint-Esprit, figée dans une position théorique qui la sclérose dans un formalisme sans vie et la prive du fruit de l’Esprit, Gal 5.22-25. Il n’est certes pas souhaitable de remplacer l’enthousiasme de certains, et leur exaltation, par une vie froide et sclérosée dans le pur formalisme.

Non! je souhaite à tous les chrétiens une vie exaltée, réveillée, plus dynamique, mais aussi plus profonde basée sur les pures vérités de la Parole de Dieu, données par un enseignement sérieux. Car c’est là que le bât blesse. Les charismatiques expriment leur position ainsi: < Dans la Bible il est question du parler en langues, il est impossible de l'ignorer.

Il convient de souligner quelques points essentiels qui caractérisent ces mouvements:
1) la primauté de l’expérience sur la doctrine biblique;
2) la recherche et la mise en exergue d’un charisme (le parler en langues) qui, comme nous allons le voir, n’a plus de raisons d’exister. Et cela au détriment d’autres facteurs de vie spirituelle plus profonds.

Il est impossible de trouver dans les mouvements charismatiques une théologie bien définie et officielle. En réalité, leur référence à la Bible est très nébuleuse.

Expérience et Sainte Ecriture

Je me souviens avoir subi les remontrances d’un pasteur charismatique, mais appartenant à une église traditionnelle, à propos du parler en langues. Il me reprocha vertement de rester figé dans mes croyances et de m’y fossiliser. Il m’incita à réclamer à Dieu ce don et termina par: « Quant à moi, je ne peux renier l’expérience que j’ai faite! »

L’expérience vécue est valable uniquement quand elle est conforme avec la Parole de Dieu (Sola Scriptura).

Nous savons que Satan peut très bien, déguisé en ange de lumière, nous faire faire des expériences qui peuvent paraître vraisemblables. C’est le cas pour cette servante qui, ayant un esprit de divination, procurait un grand profit à ses maîtres et se mit à suivre des hommes qu’elle ne connaissait pas, en criant que c’étaient des serviteurs de Dieu qui annonçaient la voix du salut. Paul excédé chassa le mauvais esprit qui hantait cette femme (Act 16.16).

Nous avons dans la Bible de multiples exemples qui nous montrent ce que Satan est capable de faire. Le Deutéronome, entre autres, nous met en garde contre les visionnaires et certains prophètes qui peuvent être les instruments de Satan et produire des signes et des prodiges (Deut 13.1-3)

Certaines pratiques peuvent nous mettre en relation avec les démons. Paul déclare: Or, je ne veux pas que vous soyez en communion avec les démons. Vous ne pouvez avoir part à la table du Seigneur et à la table des démons (1 Cor 10.18-21). Il nous invite à nous revêtir de toutes les armes de Dieu afin de tenir ferme contre les manoeuvres de Satan (Eph 6.10)<

La Parole de Dieu doit toujours primer sur l’expérience vécue.

C’est un principe auquel on ne doit jamais déroger; seul l’attachement à la doctrine biblique et à la foi transmise aux saints une fois pour toutes (Jude 3), ainsi qu’à la saine doctrine du Saint-Esprit, peut nous garder de sombrer dans les pires hérésies. Aucun esprit qui contredit les Saintes Ecritures ne saurait être le Saint-Esprit.

L’expérience chrétienne doit commencer par l’annonce du pardon de Dieu, dans une attitude de repentance. Elle est dynamique quand la Parole demeure dans le chrétien.

Il faut absolument prendre conscience que l’expérience personnelle est trop subjective pour être un guide infaillible. Le chrétien doit examiner la Parole pour savoir si les expériences acquises sont bien fondées. Il faut les examiner, non pas avec quelques textes tirés hors de leur contexte, ou avec ceux qui nous arrangent, mais à la lumière de toutes les données bibliques. Christ est le chemin, la vérité et la vie; il nous mène à Dieu, mais on ne va à Christ que par les Ecritures, toutes les Ecritures qui nous le révèlent, sous l’action du Saint-Esprit.

Nos regards fixés sur le Seigneur et Sauveur, Chef et Consommateur de la foi, nous ferons chaque jour l’expérience de sa présence, de sa force et de sa vie en nous. Christ fera alors passer en nous le souffle vivifiant de son Esprit. Si la connaissance de Dieu demeure purement cérébrale, sans l’action du Saint-Esprit, il peut alors rester un étranger dans notre coeur.

L’expérience déterminante qu’a faite l’apôtre Paul et qui en fait le grand apôtre des gentils, ce n’est pas le parler en langues ou tout autre charisme mais bien sa rencontre sur le chemin de Damas avec le Seigneur Jésus-Christ. Voilà l’expérience que je vous souhaite à tous de faire, amis lecteurs, c’est d’être saisi par lui. On n’est chrétien qu’à condition d’avoir fait la rencontre personnelle avec ce Sauveur divin et de s’être regardé attentivement dans le miroir de la révélation biblique.

L’Evangile est une puissance s’écrie Paul, la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit… (Rom 1.16). Cette puissance opère un miracle dans notre vie, un miracle qui dépasse tous les autres, celui qui fait de nous de nouvelles créatures.

Charismes: dons particuliers conférés par la grâce de Dieu

Les charismes sont des dons de Dieu. C’est lui, qui décide souverainement quel don nous est nécessaire pour un ministère que lui seul connaît d’avance et a décidé de nous donner: Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier comme il veut (1 Cor 12.11). L’auteur de l’épître aux Hébreux, souligne cette libre décision: Dieu appuyant leur témoignage par des signes, des prodiges, des miracles variés et par des communications du Saint-Esprit selon sa volonté.

Si nous attendons tout du Seigneur, si nous nous abandonnons entre ses mains, il saura nous révéler le travail qu’il veut nous donner, ainsi que le don nécessaire à son accomplissement. Il y a d’après les indications de Paul des dons plus importants que d’autres. Dans 1 Cor 12.26-31, il les énumère: Dieu a établi dans l’Eglise, premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement des docteurs, ensuite il y a le don des miracles, puis le don de guérir, etc… Dans cette épître, Paul nous donne un indication certaine et de première importance; tous ne parlaient pas en langues, comme tous n’avaient pas le même don; mais tous avaient reçu le Saint-Esprit.

Alors comment, dans ces conditions, a-t-on pu faire du parler en langues, le signe du baptême du Saint-Esprit? C’est ce que nous allons examiner un peu plus loin.

Les charismes définitifs ou provisoires?

Dieu a donné au peuple Hébreux des règles particulières à certains moments précis de leur séjour dans le désert Elles ne peuvent pas être mises en parallèle avec les lois éternelles, telles par exemple, les dix commandements, qui restent au travers des siècles l’expression de la volonté de Dieu pour tous les humains.

De même, Dieu, aussi bien dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau, a multiplié les dons à certains moments précis de l’histoire suivant un plan conforme à sa volonté. Il accomplit par ses serviteurs des prodiges, des miracles extraordinaires afin de donner la preuve de son intervention, Ils ont été nombreux dans l’Ancien Testament et encore bien davantage au temps de Jésus. Mais n’oublions pas que ces périodes ont été bien souvent séparées par d’autres, sans signe ni miracle. Nous pouvons en donner quelques exemples: pendant le long séjour des Hébreux en Egypte, ce peuple semblait abandonné, sans aucun signe, aucun prodige: il souffrait atrocement. Puis soudain Dieu fit apparaître des signes de jugement sur le maître de l’Egypte qui se croyait tout puissant: les dix plaies, (Ex 8 à 11). Et aussi des signes de grâce pour Moïse et on peuple, la nuée, l’eau du rocher et la manne, ce pain d’en-haut descendu sur la terre. Cette manne dura quarante ans; mais dès leur arrivée dans cette riche terre promise et tant attendue, pays où coulent le lait et le miel, la manne cessa, car les choses promises étaient devenues une réalité, le lendemain de la Pâque, quand ils mangèrent du blé du pays, (dos 5.11-12).

Puis succéda une période longue de plusieurs centaines d’années sans aucun signe. Sous les ministères d’Elie et d’Elisée, où l’infidélité s’était accrue, les signes reprirent très nombreux. Ensuite nous sautons jusqu’à l’instauration de la Nouvelle Alliance; dans les Evangiles et les Actes, de très nombreux miracles reprirent pour attester l’origine divine de Jésus-Christ.

Le parler en langues

Ainsi nous venons de voir que Dieu effectue des miracles suivant un plan très précis. Il en est de même pour les dons qu’il donne, ne l’oublions pas, pour l’utilité commune et non par hasard (1 Cor 12.7).

Tous ces dons ne se perpétueront pas, seul l’amour subsistera jusque dans l’éternité (1 Cor 13.8-13); lisons de près tout ce chapitre. Il est bien dit que le don du parler en langues, donné seulement à quelques-uns (1 Cor 12.29-30), devra disparaître un jour.

a) Pentecôte

Trois signes ont accompagné la venue du Saint-Esprit: un grand bruit, des langues de feu visibles et séparées posées sur chaque disciple et le parler en langues. Même les charismatiques admettent que les deux premiers signes ont disparu. A Pentecôte, des signes extraordinaires et des phénomènes physiques se produisirent. Mais rien n’indique dans le Nouveau Testament que ces phénomènes eurent lieu plus tard.

Pentecôte est irremplaçable et ne peut se reproduire, elle fait partie de l’histoire chrétienne et est du même ordre que l’incarnation, la résurrection et l’ascension.

On ne peut répéter le sacrifice de la croix et la résurrection du Seigneur Jésus-Christ. Alors posons nous la question: pourquoi, alors que les deux premiers signes de Pentecôte n’existent plus, le parler en langues subsisterait-il?

Voici ce qu’un père de l’Eglise, Augustin, nous dit sur ce sujet, dans « Homélies sur la première épître de Jean »: « C’étaient des signes appropriés à cette époque. Ils étaient destinés à annoncer la venue du Saint-Esprit chez les humains de toutes les langues, pour démontrer que l’Evangile de Dieu devait être annoncé à toutes les langues de la terre. Cette chose arriva pour annoncer quelque chose, puis disparut. »

L’apôtre Paul confirme cette définition: Car nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit (1 Cor 12.13).

Le baptême dans l’Esprit est l’acte du Saint-Esprit, qui rassemble dans une unité spirituelle des personnes d’origines diverses, venant de toutes les nations, pour qu’elles forment le corps de Christ, c’est-à-dire l’Eglise. Etre baptisé dans l’Esprit ne signifie pas être rempli de l’Esprit, c’est l’acte qui nous fait entrer dans l’alliance de grâce et fait de chaque croyant un membre du corps de Christ.

Les Juifs avaient du mal à comprendre et à accepter l’universalité de l’offre du salut, Ils étaient jaloux de leur prérogative de peuple élu, Ils ne pouvaient pas envisager que Dieu accorde des grâces aux païens et le don du Saint-Esprit. Pourtant le Seigneur a donné un ordre: Allez dans le monde entier et prêchez la bonne nouvelle à toute la création (Marc 16.15).

b) Dieu donne un signe

Dans la communauté chrétienne, il y avait des Juifs incrédules, alors Dieu donna un signe pour eux: Tous les croyants circoncis qui étaient venus avec Pierre furent étonnées de ce que le don du Saint-Esprit soit aussi répandu sur les paiens… (Act 10.45).

Le parler en langues est donc bien le signe qui confirmait à ceux qui s’y opposaient, l’entrée de gens d’autres langues dans une même et seule Eglise. Ce salut est pour quiconque croit. C’est ce que Pierre répond à ceux qui l’interrogent, en citant le prophète Joël: Je répandrai mon Esprit sur toute chair. Alors quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé (Act 2.17-21) et Paul dans Eph 3.6: les païens ont un même héritage, forment un même corps etparticipentà la même promesse en Christ-Jésus par l’Evangile… et dans 1 Cor 14.22: Par conséquent, les langues sont un signe, non pour les croyants, mais pour les non-croyants. Voilà une déclaration qui doit enlever le doute de notre esprit.

c) Cessation des signes

A partir du moment où les Juifs ont été convaincus que Dieu étendait son salut à toutes les nations du monde, le but étant atteint, le signe n’avait plus lieu d’exister. Il s’est éteint par la volonté de Celui qui l’avait suscité. Paul est très affirmatif: L’amour ne succombera jamais. Que ce soient les prophéties, elles seront abolies; les langues cesseront… (1 Cor 13.8). Il en est de même pour le don de prophétie dont parle l’apôtre Paul; je pense qu’il a cessé lorsque tout fut consigné dans les Saintes Ecritures. Sinon ces prophéties devraient être mises en parallèle avec la Bible, ce qui est impensable, car la Bible forme un canon immuable. Nous n’avons ni le droit, ni le pouvoir d’y rajouter ou retoucher quoi que ce soit. Ce don fut certainement remplacé par celui de la prédication basée sur la parole de Dieu.

d) Le parler en langues est un signe pour les païens, mais il s’adresse à Dieu:

celui qui parle en langues ne parle pas aux hommes mais à Dieu… (1 Cor 14.2).

J’ai eu plusieurs fois l’occasion d’assister dans des Assemblées à la traduction, par un membre, d’un parler en langues; or la plupart du temps, cette traduction, beaucoup plus longue que le message lui-même, s’adressait aux hommes, comme un avertissement, et non pas à Dieu.

CONCLUSION:

L’expérience chrétienne doit être essentiellement l’expression de la vérité biblique. Elle doit être notre soumission dans tous les domaines à notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.

Notre responsabilité à nous chrétiens, c’est de dispenser droitement, inlassablement, toute la parole de Dieu. Quand le Seigneur fut tenté dans le désert, il répondit à Satan: Il est écrit.

J.E. GAILLARD
Avec la permission de « Kérux »,
A.C.R.C., B.P. 126, 75623 Paris Cédex 13
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