Série: Plaidoyer pour une cure d'âme biblique
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Plaidoyer pour une cure d’âme biblique (7)

En vous référant au numéro 84 de PROMESSES (p.26), vous constaterez qu’il y a un 4e point au chapitre 3 entamé au numéro 85: « Peut-on jeter un pont? » Voici son titre:

4. Compromis exclu

Beaucoup de chrétiens pensent que la psychothérapie peut être utile quand elle est employée par des chrétiens dans la cure d’âme. La parole de Dieu nous avertit contre un tel attelage disparate (2 Cor 6.14-16). Comment chrétiens et incrédules pourraient-ils ensemble édifier le temple de Dieu? En fin de compte, c’est ce que fait la relation d’aide. Rappelons-nous l’avertissement de 1 Cor 3.17! Dieu nous met en garde contre toute association avec l’incrédulité, ne fût-ce que par l’emploi d’une méthode qui n’est pas fondée sur la foi.

Dépouiller les Egyptiens?

Dans son ouvrage, « Die Last des andern » (1984 – Le fardeau de l’autre), L.J. Crabb entrevoit quatre relations possibles entre la cure d’âme et la psychothérapie.

Première possibilité

Relation d’aide et psychothérapie seraient séparées mais de valeur égale, vu que la Bible ne traiterait que de questions théologiques, alors que le spécialiste en psychologie serait seul compétent pour les problèmes d’ordre psychique. Crabb rejette cette possibilité, se rendant compte que la Bible a beaucoup à dire sur les relations psychiques.

Deuxième possibilité

Il stigmatise de « pot-au-feu » le mélange inconsidéré de relation d’aide et psychothérapie, qui risque de faire perdre au conseiller la base biblique.

Il y a environ 60 ans, un nouveau mouvement de relation d’aide prit naissance aux Etats Unis par un cours pour jeunes pasteurs sous le nom de « Clinical Pastoral Education ». Il eut un grand retentissement, et en Allemagne il est devenu partie intégrante des cours de théologie, grâce au libéralisme qui pratique la psychothérapie sans restriction.

Troisième possibilité

Elle consiste à strictement séparer cure d’âme et psychothérapie, ce que Crabb rejette aussi, estimant qu’il ne faut pas ignorer l’aide que peut apporter la psychothérapie. Sans elle, pense Crabb, on simplifie trop en se bornant à rechercher le péché et à ordonner un changement.

Quatrième possibilité

C’est celle que Crabb préconise: « Dépouillons les Egyptiens! » Il pense que, comme les Israélites, lors de l’exode, enlevèrent aux Egyptiens des objets de valeur, et ceci sur l’ordre de Dieu, nous pouvons utiliser les théories de la psychologie qui se prêtent aux buts que poursuit la relation d’aide.

Aucun des 4 modèles ne nous satisfaisant, nous préconisons donc une
cinquième possibilité: « Dépouillons les Egyptiens » en ce qui concerne le diagnostic, donc là où il s’agit de comprendre quel est le problème qui trouble l’interlocuteur. Par contre, « pas de compromis » dans la thérapie, donc là où nous intervenons pour soulager.

Raisons contre le compromis

Commençons par examiner certaines des raisons qui sont invoquées en faveur du compromis:

1. La psychothérapie agit au niveau horizontal (relations homme à homme), alors que la cure d’âme agit au niveau vertical (relation homme à Dieu).

Une telle séparation de l’aide apportée par la psychologie et de celle qu’apporte la foi est artificielle et aboutit à un dualisme existentiel. Pour le chrétien, l’aide efficace se fonde sur la foi. Les deux niveaux se complètent, car la relation avec le prochain est imprégnée de la relation avec Dieu. Le secours me vient de l’Eternel (Ps 121.2).

Le fruit de l’Esprit (amour, joie, paix, patience, bonté…) n’est promis qu’à ceux qui restent attachés à Christ comme les sarments au cep. Le conseiller doit donc toujours tendre à rétablir la relation avec Christ de laquelle dépend toute relation humaine. C’est une réalité maintes fois éprouvée.

2. La psychothérapie élimine des barrières qui empêchent le Saint-Esprit d’agir en profondeur.

Mais quelles barrières pourraient bien empêcher le Saint-Esprit d’agir? La Bible n’en connaît qu’une: le péché. Or, comment la psychothérapie saurait-elle enlever le péché?

R. Affemann, dans « Moglichkeiten und Grenzen der Psychotherapie » (Possibilités et limites de la psychothérapie)~ constate que celle-ci est incapable de délivrer du mal et de procurer le salut. Mais, dit-il, il ne faudrait pas pour autant refuser l’aide de la psychothérapie. Car certaines névroses persistent aussi après la conversion, qui ne signifie pas un renouvellement total.

Affemann a raison de dire que le nouveau converti porte en lui des restes de sa vie antérieure: c’est la chair dont il s’agit de se dévêtir. Mais si la psychothérapie pouvait l’en débarrasser, elle prendrait la place du Saint-Esprit qui seul a le pouvoir de sanctifier.

3. A la psychothérapie incombe la tâche d’apporter la guérison du subconscient.

Certains sont persuadés qu’une cure d’âme efficace doit tenir compte des régions du subconscient pour agir en profondeur. Mais avons-nous à remuer ce qui est resté caché? La Bible dit que c’est Dieu qui sonde les coeurs (Ps 17.3). Paul exhorte: … ne jugez rien avant le temps, avant la venue du Seigneur, qui mettra en lumière ce qui est caché… (1 Cor 4.5).

Qu’est-ce à dire, sinon qu’une relation authentique avec Dieu ne peut s’établir que quand le subconscient a été dévoilé par la psychanalyse? On peut s’étonner que Dieu n’ait jamais révélé cette sagesse à l’apôtre Paul afin d’en faire profiter les générations avant Freud! Si la Bible n’ignore pas le subconscient, elle ne dit pourtant jamais qu’il faille le faire remonter à la conscience. David priait: Qui connaît ses fautes involontaires? Pardonne-moi ce qui m’est caché (Ps 19.13). Nous pouvons croire, comme David, que Dieu guérit le subconscient sans psychothérapie.

Jésus a dit: Si donc le Fils vous rend libres, vous serez réellement libres (Jean 8.36). Qui laisse agir Christ dans sa vie fera l’expérience de la libération des comportements instinctifs dus aux antécédents psychiques, des passions désordonnées de la chair, de la faim maladive d’être apprécié, et finalement de l’esclavage du Moi.

Paul écrivait: J’ai appris à me contenter de l’état où je me trouve… Je puis tout par celui qui me fortifie (Phil 4.11-13). Un homme qui traîne un fardeau maléfique dans son subconscient peut-il parler ainsi?

Il nous semble que le conseiller doit faire preuve de discrétion et respecter la réserve de son interlocuteur, et qu’il n’a pas le droit de s’insinuer dans son intimité par la petite porte des rêves et l’évocation d’associations perturbatrices.

Après avoir démontré que les arguments des psychiatres chrétiens sont bibliquement insoutenables parce que leurs méthodes n’ont rien en commun avec la manière dont Dieu opère la guérison, nous voulons énumérer les raisons de notre refus de tout compromis.

La psychothérapie est contre-indiquée

Toute intervention thérapeutique demande la clarté sur l’opportunité de la méthode employée pour effectuer la guérison. Il se peut que la méthode envisagée fasse effet contraire, ce qui nécessite un avertissement sérieux, comme c’est le cas pour les produits pharmaceutiques.

Or nous sommes persuadés que la psychothérapie est contre-indiquée pour un chrétien. Son emploi ne peut qu’éloigner le chrétien du but poursuivi. Il s’agit maintenant de prouver cette affirmation.

Rappelons-nous le but de toute cure d’âme: il n’est pas primairement la santé psychique (quoi que cela veuille dire), mais la sanctification, à savoir la formation des marques distinctives du Christ dans la vie du croyant. Il va de soi que cela comprend la santé psychique. La question fondamentale est donc celle-ci: La psychothérapie peut-elle contribuer à la sanctification?

Selon la Bible. le coeur est le centre de la personnalité: c’est là que les décisions sont prises. C’est le coeur qui doit être transformé pour que le comportement change. Mais quand une intervention de la psychothérapie a produit une amélioration du comportement, celui-ci doit être rangé parmi les oeuvres mortes dont, justement, notre conscience doit être purifiée (Héb 9.14)!

Les oeuvres bonnes ne sont que celles que Dieu produit en nous par sa parole, que le Saint-Esprit rend opérantes en nous, et par la foi en la vérité (2 Tim 3.16-17; 2 Thes 2.13). Il s’agit des oeuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance afin que nous les pratiquions (Eph 2.10).

Voici l’exemple d’un chrétien angoissé par la perspective d’examens. On réussit à réduire ses craintes par un entraînement autogène ou une désensibilisation systématique, de sorte qu’il se présente aux examens avec calme. Est-il meilleur chrétien? Est-il plus près de son Seigneur? Au contraire, il est devenu indépendant, car il dispose maintenant d’une technique qui lui permet de se libérer lui-même de l’angoisse le cas échéant. Il est plus autonome, son Moi se trouve fortifié (ce qui est le but de la psychothérapie) et s’érige en rempart contre les impulsions spirituelles. Ce genre d’auto-sanctification est donc nocif parce qu’il immunise le chrétien contre l’action du Saint-Esprit.

Dans un cas pareil, on peut commencer par chercher ce qui produit l’angoisse: un sentiment d’incompétence, une crainte innée de rater, un souci exagéré de perfectionnisme… On peut – mais on ne doit pas – expliquer à l’interlocuteur, sur la base de l’anamnèse, quel événement dans sa vie passée aura provoqué son attitude manquée.

La Parole vivante, par l’action du Saint-Esprit, atteindra l’esprit de l’interlocuteur. S’il réagit alors positivement, le résultat sera une croissance dans la sanctification. Si, par contre, il réagit d’une manière charnelle, le problème restera d’abord sans solution. Le fruit de l’Esprit ne s’obtient pas de force; il est toujours un don de grâce qui doit être accepté.

Roland ANTHOLZER:
Pladoyer fur eine biblische Seelsorge
(traduction partielle adaptée par J.P. Schneider avec la permission de l’auteur et des éditeurs)
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