Série: Les Béatitudes
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Heureux les pauvres en esprit

LA PREMIERE BEATITUDE

Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux
Matthieu 5.3

Commençons par définir le mot "heureux". Selon les traducteurs, il est rendu par des termes tels que bienheureux, béni, magnifique, joyeux, enviable, prospère. Le mot grec makarios traduit un mot hébreu dont le sens littéral pourrait se rendre par les bonheurs de… Il dérive d’un verbe marcher, être en mouvement, exprimant ainsi la notion de dynamisme. Chouraqui traduit par en marche. Il ne s’agit donc pas d’un état de "béatitude", précisément (béat = absence de désir, état passif), mais d’un état de pleine satisfaction dans l’action, d’une marche en avant.

Cette béatitude est la clé de toutes les autres. Car il y a un ordre intentionnel dans la suite des béatitudes; rien n’est laissé au hasard dans la Bible. L’entrée dans le royaume de Dieu est la première condition; tout le reste dépend de cela.

Que veut dire "pauvre en esprit"? Dans le Sermon dans la plaine, un texte parallèle au Sermon sur la montagne, nous lisons: "Heureux sont les pauvres…" (Luc 6.20). Il y en a qui comprennent ainsi: "Heureux en esprit sont les pauvres". Mais la Bible n’enseigne jamais que la pauvreté soit une vertu en soi! Le pauvre n’est pas plus près du royaume de Dieu, en tant qu’homme né dans le péché, que le riche. Il n’y a aucun mérite à être pauvre. La pauvreté ne garantit pas la spiritualité. Ce que Jésus enseigne, par contre, c’est de ne pas se fier à ses richesses.

Quand Jésus dit: "Heureux ceux qui sont pauvres en esprit", il parle d’une attitude envers soi-même. C’est là que se voit la différence fondamentale entre le chrétien et l’incrédule. L’homme du monde a confiance en lui-même. Il ne doit rien à personne. Il se hisse plus haut par son savoir, son éducation. Et le chrétien? Devant Dieu, que peut-il ressentir d’autre qu’une totale insuffisance, une pauvreté d’esprit absolue? Jésus veut dire que si tu te crois quelqu’un face à Dieu, tu ne l’as jamais rencontré, tu ne l’as jamais "vu" (je pense à Job, qui a "vu Dieu" après avoir contemplé les oeuvres de Dieu dans sa création).

Cernons la pensée de Jésus de plus près. Tout d’abord, "pauvre en esprit" ne veut pas dire certaines choses qu’on imagine souvent:

Il ne s’agit pas d’être timide, servile, écrasé, faible, ni de se tenir humblement à l’écart, ni de ne jamais se faire remarquer. Il y a des gens qui sont ainsi par nature. Pauvre en esprit ne veut certainement pas dire cela!

Ê tre "pauvre en esprit" ne consiste pas non plus à se minimiser, à écraser sa personnalité, ou à faire de grands sacrifices. Ni même à se sentir humble: presque tous les grands penseurs étaient humbles d’une certaine manière, parce qu’ils étaient conscients de l’énormité de savoir qui leur échappait. L’humilité due à un grand savoir, ce n’est pas être "pauvre en esprit". Ce qui gonfle, c’est de savoir peu de choses et croire qu’on sait tout.

Alors que signifie être pauvre en esprit? La meilleure réponse est donnée par la Bible elle-même. "Ainsi parle le Dieu Très-Haut dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint: Je demeure dans les lieux élevés et dans la sainteté, mais aussi avec l’opprimé et celui qui est humilié dans son esprit, afin de ranimer les esprits humiliés, afin de ranimer les coeurs opprimés" (Es 57.15). "Voici sur qui je porterai mes regards: sur le malheureux qui a l’esprit abattu, qui tremble à ma parole (Es. 66.2). Les sacrifices agréables à Dieu, c’est un esprit brisé, un coeur brisé et contrit: ô Dieu, tu ne le dédaignes pas" (Ps 51.19). Il s’agit d’un sentiment de totale insuffisance en présence de Dieu. La Bible contient de nombreux exemples de cet état d’esprit là:

Gédéon

Quand Dieu l’envoie, il dit: "Non, pas moi! J’appartiens à la tribu et à la famille la plus insignifiante d’Israël!" L’idée de grandeur lui semblait ne pouvoir s’appliquer à sa personne.

Moïse

Après 40 ans de réflexion, il en est venu à se sentir totalement indigne de la mission que Dieu voulait lui confier, pour laquelle il se sentait ne pas avoir les qualités requises.

David

Il s’exclame: "Qui suis-je, Seigneur, pour que tu viennes à moi?" Cela lui semblait incroyable.

Esaïe

Ayant eu une vision: "Je suis un homme aux lèvres impures."

Pierre

Il était naturellement agressif, confiant en son savoir-faire – image même de l’homme moderne! Mais écoutons-le quand il voit vraiment qui est le Seigneur: "Éloigne-toi de moi, car je ne suis qu’un pauvre pécheur!" Regardez combien il rend hommage à l’apôtre Paul, qui pourtant l’avait repris et blâmé devant les anciens réunis à Antioche:" Considérez que la patience de notre Seigneur est votre salut, comme notre bien-aimé frère Paul vous l’a aussi écrit selon la sagesse qui lui a été donnée" (2 Pi 3.15). Pierre reste toujours un homme plein d’audace, il ne devient pas un homme timide ou servile. L’essence de sa personnalité reste la même, et cependant il est "pauvre en esprit".

Paul

Il est intellectuellement puissant et en est conscient. Dans Phil. 3 il se vante de ses capacités naturelles, de sa descendance, etc. Mais tout cela, face à Christ, il comprend que ce n’est que du fumier! Paul a dû combattre fierté et orgueil; c’est pourquoi qu’il parle souvent de "se vanter", mais pas de lui-même! non, de Christ! Quand il a prêché aux Corinthiens, il l’a fait "dans un état de faiblesse, de crainte et de grand tremblement" (1 Cor 2.3). Parlant de l’évangélisation, il écrit: "Qui est suffisant pour ces choses?" (2 Cor 2.16) Pourtant lui, Paul, aurait pu se sentir à la hauteur… Voici un des témoignages les plus frappants: "…vous pouvez comprendre l’intelligence que j’ai du mystère de Christ… A moi, le moindre de tous les saints, cette grâce a été accordée…" (Eph 3.4,8). C’est cela, être "pauvre en esprit": savoir qu’on a tout de Dieu et rien par soi-même. Paul savait qu’il avait énormément reçu, et pourtant il se savait petit devant Dieu.

JÉSUS, notre modèle suprême

Il est l’égal de Dieu mais s’est fait homme. Il a consenti à vivre la vie humaine avec toutes ses limites, tout en étant toujours Dieu. Il proclame qu’il ne peut rien faire de lui-même, lui, le Fils de Dieu qui ordonne au vent et aux vagues, qui ressuscite des morts… Il dépend entièrement de Dieu: c’est cela, être pauvre en esprit. Tout le temps qu’il passe dans la prière montre à quel point il se sait pauvre en esprit, combien il s’appuie sur Dieu seul.
En vue de tout cela, essayons de résumer ce que pauvre en esprit signifie: absence totale d’orgueil, de fierté personnelle; savoir qu’on n’est rien sans Dieu; savoir qu’on ne peut produire quoi que ce soit de valable sans Dieu. Face à Dieu, je ne compte pas sur ma position dans la société, je ne compte pas sur mon argent, ni sur mon éducation, ni sur mes capacités naturelles, ni sur ma propre intelligence, ni sur mon sens moral aussi élevé soit-il, ni encore sur ma bonne conduite. Face à Dieu, la manière dont j’ai vécu ne compte pas du tout, car je n’ai rien qui ne soit dû à sa grâce, à sa miséricorde, à son amour exprimé en Christ.

Posons-nous donc la question: Est-ce que je suis ainsi? Qu’est-ce que je pense de moi-même au tréfond de moi-même? dans la présence de Dieu? Pour quoi est-ce que je prie? et surtout: en ce qui me concerne? Une traduction moderne de Prov. 27.21 dit: "Un homme est mis à l’épreuve par la louange qu’il reçoit". Est-ce qu’elle me flatte et me rehausse à mes propres yeux? Ou est-ce que je dis: "C’est l’oeuvre de Dieu en moi"? Tout ce dont je pourrais bien me vanter comptera pour zéro en ce grand jour où nous serons tous dans la présence de Dieu.

Autre question: Comment devient-on pauvre en esprit? La réponse: ne pas regarder à soi-même, ne pas essayer de se changer en homme meilleur, mais regarder à Jésus-Christ. Plus je regarde Jésus, sa personne sainte, son oeuvre d’amour, plus je me rétrécis, plus il grandit. Et où puis-je le contempler? En lisant la Bible, le seul livre qui parle de lui, même dès le premier chapitre, où le "Dieu dit" est la parole de Christ, cette Parole qui a été faite chair pour me sauver de mon état de pécheur perdu et faire de moi un enfant de Dieu. La Bible me dit ce qu’il attend de moi. Plus les disciples regardaient Jésus vivre, agir, parler, plus ils sentaient leur nullité. Seigneur, augmente notre foi! Ils comprenaient à quel point leur foi était petite, inadéquate. "Seigneur, nous pensions avoir quelque chose parce que nous avons prêché et chassé des démons – et maintenant nous sentons que nous n’avons rien!"

Plus nous le regardons, plus notre cas semble désespéré, plus nous nous accrochons à lui, plus nous devenons "pauvres en esprit", et plus il peut nous remplir de son Esprit et oeuvrer par nous. Et plus nous l’écoutons, plus nous nous imprégnons du Sermon sur la montagne, la base de tout son enseignement et celui des apôtres, plus nous devenons semblables à lui, "car ceux que Dieu a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils, afin qu’il soit le premier-né d’un grand nombre de frères" (Rom 8.29).

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