Histoire d’une conversion
En 1975. je me trouvais dans une famille chrétienne comme aide familiale. J’avais beaucoup d’admiration pour la mère de cette famille, qui élevait ses enfants dans l’amour et la simplicité. Ce n’était pas si facile dans un appartement de trois pièces. Le père était porteur à la gare. On priait avant les repas, et moi, je me sentais misérable à la pensée d’avoir laissé ma fille à son père. Un jour, j’ai accompagné la famille à un culte.
En 1980, mon père désira que je lui apporte une Bible; ne pouvant plus travailler, il avait le temps de la lire. Il mourut deux ans plus tard dans la paix de Dieu. Après l’enterrement, craignant que cette grosse Bible amasse de la poussière chez elle, ma mère me la remit. Dès lors, elle resta chez moi dans un coin pendant deux ans.
J’eus une semaine de vacances en septembre 1984. Je tirai la Bible de son coin et me mis à la lire. Alors même que je ne comprenais pratiquement rien, je continuais à lire: c’était plus fort que moi. Pourtant, dans le livre des Proverbes je voyais tous mes défauts et tous mes péchés. Mais que faire?
Quelque temps avant cela, j’avais pu reprendre ma fille chez moi; nous étions heureuses ensemble, de sorte que je croyais avoir trouvé la liberté. Mais depuis que j’avais ouvert cette Bible. je ressentais le besoin d’être seule, et j’arrêtai d’aller danser. Je savais qu’il me fallait absolument revoir la mère de la famille chrétienne où j’avais été, mais j’éprouvais de la gêne de lui téléphoner parce que j’étais bègue depuis toute petite. Il me fallait donc aller à un culte pour la rencontrer. Je me suis trompée d’église et n’ai pas rencontré celle que je cherchais. Et pourtant, ce 18 novembre 1984 a été le plus beau jour de ma vie! Du début à la fin du culte, mes larmes ont coulé comme un ruisseau. Je me rappelle cette prière faite en français. «Le Seigneur est ton ami: lui aussi a souffert; il a connu la tentation. Parle-lui, ouvre-lui ton coeur…». Avec tant de douceur, il m’a forcée de lui répondre: «Oui, Seigneur, je t’ouvre la porte de mon coeur» En sortant du culte, les larmes continuaient à couler, mais c e-tait des larmes de joie. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, mais quelque chose s’était passé.
Bien sûr que lundi j’ai téléphoné à la dame. C’est elle qui m’a fait comprendre ce qui s’était passé en moi. Par le suite, elle est devenue ma «mère spirituelle». J’ai quitté l’église du réveil au bout de quatre mois, car on me disait que je n’avais pas le Saint-Esprit parce que je n’avais pas parlé «en langue». Depuis plus de cinq ans, je vais à la même église que ma mère spirituelle.
Même si le Seigneur a transformé mon coeur, les luttes et les chutes ne me sont pas épargnées. Mais il me relève comme un bon Père compatissant. Il m’a guérie de mon bégayement, surtout pour parler de lui dans les familles où je vais.
Moi qui avais toujours été la brebis galeuse pour ma famille, voilà que le bon Berger prend soin de ma vie, et elle sera toujours trop courte pour le remercier pour tout ce qu’il a fait pour moi. J’aime beaucoup le Psaume 40, dont voici le début: J’avais mis en I ‘Eternel mon espérance. Et il s ‘est incliné vers moi…
Marie-Lou Théraulaz