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La Bible et ses versions

(Dans cet article, les abréviations suivantes ont été employées: le F.C. = la version en Français Courant; la C. = Version dite à la Colombe; la P .V. = Parole Vivante).

Devant le foisonnement des versions différentes de la Bible, certains croyants restent interloqués. «Quoi», s’exclament-ils, quand sort sur le marché une traduction nouvelle, «encore une autre! » .Et de se décider de l’acheter aussitôt «pour voir», même si, par la suite, sur l’étagère, elle sert plutôt de «ramasse-poussière» !

De multiples versions aujourd’hui.

Reconnaissons que le monde entier bénéficie de cette multitude de nouvelles traductions. Ainsi, beaucoup d’ethnies lisent pour la première fois la Parole de Dieu dans leurs langues maternelles, (1). Grâce à des missionnaires, surtout ceux de la Société Wycliffe, et à des P.C., genre deskop solaire, l’immense travail de la création d’un alphabet pour écrire une langue «inconnue», et ensuite la traduction de la Bible dans cette langue, sont de beaucoup accélérés. Ce qui ne veut pas dire pour autant que le traducteur se dore au soleil pendant cette activité intellectuelle intense. Je connais personnellement plus d’un missionnaire qui a profité de son travail et de ses vastes connaissances de «sa nouvelle langue non-écrite», pour présenter sa thèse de doctorat d’université. Bravo! Le missionnaire restera ainsi une véritable autorité au «top» de la culture, et sera estimé du peuple qu’il a appris à aimer et à servir. Il sera assi très apprécié du gouvernement du pays.

L’historique de la traduction de la Bible

Des traductions de la Bible ont été faites avant l’ère chrétienne. Vers 250 av. J.-C., des Juifs de la très grande communauté israélite d’Alexandrie en Egypte, ont traduit l’ A. T .en grec. Cette version s’appelle la Septante, (connue sous le sigle «LXX»), et s’est répandue dans tous les pays du bassin méditerranéen oriental où se trouvaient des communautés juives, issues de la Diaspora. La LXX était «la Parole de Dieu» de l’Eglise primitive, et Paul, dans ses épîtres, la cite plus fréquemment que le texte hébraïque. Il existerait d’autre versions grecques, ainsi que des Targums (sorte de paraphrase en araméen, langue proche de 1’hébreu, et parlée par les Juifs de la Palestine).

La Réforme et après

Au moment de la Réforme, l’élément le plus important – et loin au-dessus de toute la portée sociologique de ce réveil – fut le retour à la Bible. Les traductions de celle-ci se multiplièrent alors, et au moins deux d’entre elles, – celle de Martin Luther, en allemand, et celle de la Version autorisée du King James d’Angleterre, ont jeté les bases et ont façonné tout la langue de ces peuples, tant le génie de la traduction faisait autorité. Puis, lors de la Contre-Réforme, les catholiques, à leur tour, s’y mettaient aussi. Là, la version en «vieil françois», (le N.T. en 1667; l’A.T. en 1696), de Lemaistre de Sacy – qui était d’ailleurs d’origine huguenote – a remporté une grande victoire littéraire. Le poète Jean Racine en était tant influencé que ses deux pièces, Athalie et Esther, en furent inspirées.

Au X Xe siècle

C’est depuis la deuxième guerre mondiale que la traduction de la Bible en français a pris un nouvel élan. Du côté catholique, les Moines de Maredsous en Belgique, le Cardinal Liénart de Lille et l’Ecole Biblique de Jérusalem, ont chacun sorti leur version. Elles ont été suivies plus tard par celles du chanoine Osty et de Pierre de Beaumont, et d’autres encore. Les protestants, surtout l’aile évangélique, se sont concentrés davantage sur une nouvelle forme de version, appliquant les principes de traduction de l’Américain Eugène Nida. Il s’agit de ne pas traduire littéralement (Darby), ou littérairement (Segond, la Colombe), mais de surtout rendre le texte compréhensible. Ce principe, dit de «l’équivalence dynamique», est excellent. Il permet au non-croyant et au lecteur inhabitué de toujours saisir le sens du texte hébreu et grec. Dans ces versions (le F.C., Bible du Semeur, le Livre), les hébraïsmes et hellénismes disparaissent, mais le sens des idiomes est présenté dans un langage clair et moderne. Il s’agit néanmoins d’une vraie traduction.

Le principe de «l’équivalence directe» (2)

Par contre, le principe de l’équivalence directe, ou complète, dans la traduction de la Parole de Dieu, est tout autant nécessaire. Autrement -oui, encore une foi – le sens exact pourrait nous échapper! Si les versions visant seulement la compréhensibilité du texte biblique se prévalaient complètement, le chrétien qui voudrait approfondir les paroles du Seigneur, pourrait se trouver lésé.

Par exemple, le verset: Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu (Mat 5.9, la C.) est rendu dans le F.C., Heureux ceux qui créent la paix autour d’eux, car Dieu les appellera ses fils. Si le sens semble être clair dans le F.C., ce n’est pas vraiment ce que dit le texte original dans le grec, qu’on trouve justement dans la Colombe. La forme passive «seront appelés» inclut une autre pensée: Dieu pourrait ne pas être le seul qui les appelle ses fils.

Pour la traduction de certains termes également, la différence est parfois grande. Le message de Jean-Baptiste: Repentez-vous… (dans la C.) devient: Changez de comportement (dans le F.C.). Mais le terme «repentance» signifie, dans le grec, un changement de pensée, de mentalité, ce qui produit par la suite un changement de comportement. Ce changement de comportement est reconnu nécessaire par Jean-Baptiste, qui dira aussi: Produisez donc des fruits dignes de la repentance (la C., Luc 3.8), tandis que le F.C. traduit: Accomplissez des actes qui montrent que vous avez changé de comportement. Cette traduction comporte presque un pléonasme.

«Le changement de comportement» du F.C. a donc devancé la pensée du Saint-Esprit, et a occulté pour ainsi dire la source du changement qui est la pensée, la mentalité, donc la volonté de l’homme. Le terme «repentance» est certainement plus juste, mais celui qui annonce la Bible aura le devoir le l’expliquer.

En même temps, une version de complète équivalence comme celle de Chouraqui, va bien trop loin et finalement obscurcit le sens de la Parole de Dieu – même si ceux qui déjà connaissent bien le texte biblique apprécient son pittoresque.

Versions oecuméniques

Il existe aussi plusieurs versions oecuméniques, dont la principale est certainement la TOB (Traduction Oecuménique de la Bible). Il s’agit là probablement de l’un des rares bons fruits du mouvement oecuménique, à moins que l’on y inclue l’esprit de tolérance envers les «frères séparés» que Vatican II a engendré. La TOB, cependant sert plutôt à la communauté catholique, l’ encourageant à lire davantage la Parole.

Dans la TOB, les livres et chapitres apocryphes (3), sont en principe groupés ensemble et placés entre les deux Testaments, ce qui aide celui ou celle qui débute sa lecture de la Bible à les reconnaître, et… à les éviter plutôt. Mais dans les versions Maredsous, Liénaft et Jérusalem, les livres apocryphes sont mélangés aux textes des livres canoniques, et par conséquent, le jeune enfant de Dieu peut tout confondre. J’ai une fois constaté qu’une chrétienne, dans une librairie évangélique a malencontreusement vendu l’édition oecuménique du F.C. contenant donc les apocryphes, à une jeune femme qui cherchait Dieu. J’avais par la suite le fâcheux problème d’expliquer à cette jeune femme que certains livres de sa nouvelle Bible n’ont pas été inspirés du Saint-Esprit! La difficulté fut grande. Et comment devrais-je dire que la soeur lui avait vendu une «mauvaise» Bible? Dans le F .C., les livres apocryphes sont quand même groupés ensemble entre les deux Testaments.

Editons annotées

Autrefois la gloire des éditions protestantes de la Bible a été de les imprimer sans notes explicatives. La Parole elle-même, pensaient les réformateurs, était suffisamment claire. Par contre, celles éditées par les imprimeurs catholiques comportaient des notes, surtout celles de la Contre-Réforme. La hiérarchie romaine craignait la clarté toute simple du texte de la Bible. Mais avec «les arguments et les réflexions» de J.-F. Ostervald, introduits dans les Bibles protestantes au début du XVIIIe siècle, les Protestants ont commencé à faire machine arrière. Aujourd’hui, les éditions telles que Scoffield et Thompson surabondent en annotations, commentaires explicatifs, introductions, vocabulaires, glossaires et schémas.

Si. en principe ces ajouts, tout en laissant le texte intact, aident l’étudiant de la Bible à cerner plus facilement le plan d’ensemble de la volonté de Dieu contenu dans la Bible, nous devons bien faire attention aux notes accompagnant les versions catholiques et oecuméniques. Celles qui sont archéologiques, historiques et géographiques, conviennent fort bien. Cependant, d’autres d’ordre dogmatique et ecclésiologique sont tout à fait tendancieuses et présentent aussi parfois le point de vue de la théologie libérale, critique et moderniste, tordant le sens de l’Ecriture. Cette tendance de tordre le sens des Ecritures existait autrefois (voir 2 Pierre 3.16): nous n’en sommes malheureusement pas exempts aujourd’hui.

A propos, il serait plus sage de mettre votre version Témoin de Jéhovah au feu, si vous en avez une, à moins que vous ne la gardiez pour confondre ces «Témoins» au moment où ils frappent à votre porte. Pour certains versets, tel que Jean 3.16, le sens est bien rendu, mais pour d’autres versets le sens exact est non seulement faussé mais même carrément contredit par des paroles mensongères (4).

Quelle version utiliser?

Tout dépend du travail que le Maître vous donne à faire!

Si vous devez visiter une personne inconvertie et âgée ou encore un immigrant, ignorant toujours les nuances de la langue qu’ il est en train d’ apprendre, et qui de plus ne connaît pratiquement rien sur le Dieu de la Bible, surtout ne partez pas lui rendre visite avec la version de Chouraqui dans votre serviette! Servez-vous plutôt du F.C. ou de la Bible du Semeur.

S’il s’agit d’un chrétien âgé ou d’un jeune enfant de Dieu, la P.V. vous sera certainement un bon outil de travail. Même quand vous partez à l’étude biblique, la P. V. s’avérera précieuse.

Cependant, au moment de votre culte personnel, il nous semble que la C., la Scoffield, ou la Thompson seraient plus indiquées, car les notes pourraient vous aider dans votre méditation du texte. Sans hésitation nous proclamons que la Parole a été conçue, dans son fond et par sa forme, pour être étudiée, et c’est tout exprès que le St-Esprit a fait écrire à travers les écrivains sacrés des textes difficiles, voire obscurs, afin de nous amener à la réflexion profonde à leur sujet. L’immense champ qu’est cette Parole de Dieu ne produira beaucoup de fruits que s’il est sérieusement labouré. Les plus précieux trésors de la Parole n’apparaissent qu’après le bêchage, l’ensemencement et ensuite le mûrissement de l’esprit.

Conclusion

En terminant ces remarques au sujet des versions nombreuses de la Bible qui sont à notre disposition, nous ne pouvons que vous encourager à devenir des ouvriers qui n’ont pas à rougir, dispensant avec droiture la parole de la vérité (2 Tim 2.15).

Toutes les versions bonnes, exactes et utiles que nous ont légués les savants capables de traduire la Bible, constituent pour nous un héritage spirituel des plus précieux. Elles contribuent grandement à ce que souhaite Paul pour son enfant spirituel Timothée, énoncé dans le verset ci-dessus. Pourvu que nous les utilisions.

Notes

1Au 31 décembre 1990
318 langues possèdent la Bible entière
726 langues possèdent le N.T.
902 langues possèdent au moins un livre de la Bible
Ces 1946 langues sont des langues maternelles de 80% de l’humanité. (Chiffres donnés par «La Bible dans le monde» no 154, le! » trimestre 1991).
2 Le livret anglais «Complete Equivalence in Bible Translation» par le Dr James Price explique ce principe. 1987. Thomas Nelson Publishers, Nashville, USA.
3 Les apocryphes: Il s’agit de livres religieux juifs écrits vers lafin de l’époque de l’A.T., et qui n’ont pas été reconnus par le peuple juif comme faisant partie du Canon de l’A.T. Cependant au XVle siècle, le magistère de l’Eglise romaine, au Concile de Trente, les a acceptés dans sa Bfble, la Vulgate, pour des raisons évidentes – certaines doctrines qui s’y trouvent militent contre le protestantisme. Le substantif «moderne» pour ces livres est «deutéro-canoniques» – ça sonne moins faux! – mais autrefois, au XVllle siècle et avant, tout le monde les appelait «apocryphes» (= cachés quant à leurs origines).
4 Le petit livre «Les Sainte Ecritures.., une falsification» expose très clairement les textes de la Bible qui ont été falsifiés par les Témoins de Jéhovah. A obtenir à: Diffusion de l’Evangile, 70, Rue de la Gardiette; F -13013 Marseille

P.W.
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