Dossier: Déclarations de Chicago
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Le statut de la Bible et ses implications

DECLARATIONS DE CHICAGO

Les Editions Kerygma ont publié sous ce titre en 1998 un ouvrage de 63 pages qui regroupe le fruit du travail en commun de quelques deux cent cinquante théologiens évangéliques sur le statut de la Bible et ses implications. Ces théologiens se sont réunis à Chicago en 1978, en 1982 et en 1986 et ont signé chaque fois une déclaration commune.

Il nous semble utile de donner la plus large diffusion possible à ces textes, et nous commençons donc à vous les présenter dans ce numéro de PROMESSES. Afin de faciliter la lecture de cet important dossier, nous l’avons fractionné en plusieurs articles.

Comme l’auteur de la préface, Paul Wells, le dit, ces déclarations sont des « textes pour préparer le XXIe siècle ». Nous vivons une période particulière de combat pour la foi chrétienne car elle subit des assauts subtils venant du dedans et du dehors au sujet de celui qui est la Vérité et qui l’a aussi manifestée par la Parole incarnée et la Parole inscripturée. Une érosion profonde s’est amorcée depuis quelque trente ou quarante ans dans les milieux fondamentalistes et évangéliques pour aboutir à un courant « néo-évangélique » entraînant avec lui une philosophie imprégnée d’humanisme moderne. Certaines doctrines de la foi chrétienne orthodoxe (historique) sont mises en question, à commencer par celle de l’inerrance des Saintes-Ecritures. Il y va donc de l’autorité de la Bible, car « le christianisme est une religion d’autorité « . Ce court ouvrage est donc un don de Dieu venu à son heure pour rendre conscients les églises et les chrétiens individuels des concessions dangereuses consenties jusqu’à présent, pour affirmer avec force la doctrine de l’Ecriture, et pour réfuter les erreurs qui détruisent les bases de la foi chrétienne. Les catholiques romains, les orthodoxes, les protestants, les différentes églises, et même les Témoins de Jéhovah utilisent tous, en effet, l’ex- pression « statut de l’Ecriture « , mais il n’existe aucun consensus au niveau d’un « accord doctrinal au niveau de l’Ecriture ». Disons-le tout haut, les compromis consentis à ce niveau depuis toutes ces dernières années ont amené le christianisme à de grandes modifications quant à son contenu. Le pluralisme et le relativisme introduits dans l’église doivent être combattus vaillamment, car ils sont antiscripturaires ; ils attaquent d’abord les racines de la foi, puis ils modifient profondément son contenu au point de se rapprocher de la théologie libérale et du syncrétisme religieux. Cet ouvrage court mais très dense constitue donc une clarification pour celui qui veut suivre le Dieu vivant et vrai, dans l’obéissance à la Parole vraie, dans le Véritable, Jésus-Christ, Seigneur et Dieu. Mais il présente aussi une espérance pour l’Eglise véritable qui met sa confiance en la Parole, « roc inaltérable sur lequel les vagues (théologiques) s’écrasent et disparaissent ». Que le Seigneur nous aide à « discerner la vérité et l’erreur, la vraie prophétie et la fausse, l’Evangile et les pseudo-évangiles, la folie de Dieu et la sagesse du monde, la droite connaissance du salut et toute forme de gnose ».

Le lecteur prend d’abord connaissance d’une présentation générale des trois déclarations de Chicago. Puis, les auteurs nous donnent en liminaire une présentation de la doctrine de l’Ecriture, définissant la nature, l’interprétation et la mise en pratique de la foi biblique. La première déclaration est relative à l’inerrance biblique, la seconde à l’herméneutique biblique et la troisième à l’application de l’enseignement biblique. Chaque article contient une ou plusieurs affirmations et réfute les opinions contraires à ces affirmations; A la fin, une page est encore consacrée aux éléments bibliographiques avec l’indication d’excellents ouvrages à ce sujet. Nous considérons ce document comme une confession de foi fondamentale à la fin du 20e siècle, confession qui est d’une importance capitale à l’aube du 21e siècle, crédo qui affirme sa confiance totale en la Parole de Dieu, seule norme de notre foi. Ainsi, nous avons cru bon de nous étendre plus longuement sur chacun de ces textes, en espérant que nos lecteurs se procureront ce document pour approfondir eux-même ces textes magnifiques et limpides dans le but d’enraciner leur foi encore plus profondément en Dieu, notre Père.

Présentation générale

par James I. Packer

En 1977 fut fondé « Le Conseil international sur l’inerrance biblique » qui avait pour objectif de consolider, en 10 ans, « la confiance chancelante du peuple chrétien dans l’entière véracité des Ecritures » […] « par des publications et l’enseignement académiques ». L’ensemble des travaux a été marqué par trois conférences au sommet dont sont issues les trois déclarations que nous présentons aujourd’hui. Le premier sommet, celui de 1978, a reformulé la conception chrétienne traditionnelle de l’Ecriture Sainte: la révélation canonique, l’inspiration et l’inerrance des Ecrits des auteurs sacrés. Le deuxième sommet en 1982 a traité des principes herméneutiques et des critères de l’interprétation biblique et a été caractérisé par un très large consensus. Le troisième sommet en 1986 s’est préoccupé de l’application de l’Ecriture sainte aux réalités de la vie d’aujourd’hui. Le fondement trinitaire détermine la vie entière de l’Eglise et de son témoignage. « Un certain nombre de préoccupations en rapport avec la société » (l’éthique sociale chrétienne) a donc été traité lors du troisième sommet. Ce document est donc le témoignage d’un large consensus entre les défenseurs de l’inerrance et marque clairement la frontière entre eux et ceux qui la mettent en doute.

Liminaire: La doctrine de l’Ecriture

Ce préliminaire présente en huit points les principaux thèmes de la doctrine de l’Ecriture et de son actualisation dans la vie d’aujourd’hui. La Bible,  » livre de vie » et non pas « manuel de théologie et d’éthique » est constituée de 66 livres avec des textes de caractères divers: « didactiques, doctrinaux, liturgiques, relatifs à la piété ou à la morale », sous différentes formes: « sermon, lettre, hymne, prière, loi, liste, proverbe ou réflexion philosophique ou pratique ». « Sa colonne vertébrale est un ensemble de récits historiques s’étalant sur des millénaires et rapportant comment Dieu le Créateur est devenu Dieu le Rédempteur après que le péché fut entré dans le monde et eut corrompu l’humanité ». Les cultures des civilisations du Proche-Orient ancien des temps où la Bible fut écrite et la distance qui les sépare de notre pluriculture occidentale moderne, rendent souvent difficile le discernement et « l’application la plus fidèle et la plus sage des principes bibliques ». Il faut donc « dégager les vérités universelles sur Dieu et sur l’homme, en relation l’un avec l’autre », et les appliquer au contexte culturel moderne, en tenant compte des principes permanents suivants :

I. L’autorité de l’Ecriture et celle du Christ ne font qu’un

L’Ecriture est « le canal et l’organe de l’autorité du Christ », lui-même ayant certifié « qu’elle était la Parole et la seule autorité permanente ». Elle se compose de l’Ancien Testament auquel Christ a rendu témoignage et dont il a constamment fait usage et du Nouveau Testament inspiré lui aussi par le Saint-Esprit dont Jésus-Christ avait promis la venue pour assister les « auteurs apostoliques et prophétiques » dans leur rédaction. Donc, « l’autorité de l’Ecriture et l’autorité du Christ ne font qu’un », et il est impossible d’être fidèle à Christ en s’accommodant d’une lecture « sceptique et sélective » de la Bible.

II. L’Ecriture procède de la pensée de Dieu, l’Esprit

La Bible est totalement cohérente, car elle possède de Dieu l’Esprit. « Toute apparence de contradiction ou de confusion internes est donc trompeuse ». Dieu est vrai et ce qu’il dit ne peut être que vrai. Donc, l’harmonie des Ecritures est une vérité de base, et la tâche de l’exégète est de trouver comment comprendre et essayer de résoudre les difficultés et contradictions apparentes, en faisant totalement confiance à la véracité des Ecritures, car son Auteur, le Dieu vrai, a donné sa Parole comme certaine et sans aucune erreur.

III. Une révélation progressive

Il y a des « différences entre les étapes successives de la révélation divine », et nous devons « rester attentifs au fait que certaines exigences de Dieu aux temps pré/néotestamentaires étaient seulement temporaires ». Mais de ces exigences se dégageaient des principes spirituels et moraux permanents qui ont été appliqués et qu’il faut discerner avant de les actualiser aujourd’hui.

IV. L’Ecriture est suffisante et claire

L’Eglise est sous l’autorité de la Bible. D’une part, « les prétentions traditionnelles du magistère catholique romain ne sont ni justifiées bibliquement ni vraisemblables en elles-mêmes. D’autre part, celles de certains groupes protestants se disant conduits et enseignés par l’Esprit ne le sont pas davantage, tant que manque l’appui biblique ». Ce sont les deux extrêmes : L’Eglise catholique romaine qui se place au dessus de l’Ecriture par sa tradition et le charismatisme qui se réclame de révélations extra-bibliques. La foi chrétienne historique a démontré que « l’Ecriture canonique s’interprète d’elle-même de l’intérieur sur tous les sujets d’importance pour la vie: la foi, l’espérance, l’obéissance, l’amour et le salut ». L’Ecriture telle que nous la possédons est donc suffisante et claire; cette affirmation des réformateurs est confirmée par « la quasi-unanimité des commentateurs respectueux des Ecritures sur ces points essentiels ». La Bible est donc « complète en tant que révélation de Dieu et claire quant à son message et à sa signification » pour ceux qui acceptent de se soumettre à son autorité. Toutefois, il est vrai qu’à cause de la « sanctification intellectuelle des chrétiens qui est encore imparfaite, comme le reste de leur sanctification » il existe des « divergences d’opinion entre lecteurs « évangéliques » sur des points secondaires ». Mais ce n’est pas une mise en cause de la « clarté intrinsèque » de la Bible.

V. L’Ecriture doit nous façonner intellectuellement, moralement et spirituellement

Les auteurs réfutent le réductionnisme de la doctrine biblique par une contextualisation culturelle. Les deux siècles précédents ont produit ce phénomène par le rationalisme, le libéralisme, le modernisme et l’existentialisme théologiques. Au contraire, « toute opinion humaine sur les valeurs, les priorités et les devoirs doit être évaluée et, si nécessaire, corrigée à la lumière de cette révélation ». « L’Ecriture dévoile l’ouvre du Créateur, chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation (Jac 1.17), ses voies et sa volonté pour l’humanité en tant que telle ». « Le péché plonge l’intelligence dans les ténèbres et l’égare quand il s’agit de choses d’importance capitale ». l’Ecriture seule peut « éclairer nos ténèbres mentales et spirituelles » et les « limites des conceptions et prétentions de toute culture » et apporter les rectifications nécessaires. « L’approche correcte de l’Ecriture consiste à la laisser nous façonner intellectuellement, mentalement et spirituellement ». Nous devons donc chercher en nous ou dans notre culture l’obstacle qui barre, la route au discernement de l’application de la Parole à notre situation.

VI. Les désaccords sur la meilleure application des principes bibliques ne doivent pas troubler

Ce point évoque la difficulté de l’application des principes bibliques à une situation donnée, du fait qu’elle est conditionnée par « les limites de notre information ». Nous trouverons donc nécessairement des apparitions de désaccords sur la « façon la meilleure et la plus sage d’agir » (exemples : problèmes industriels, politiques, économiques, etc.). Que l’on ne soit pas troublé, car ce n’est pas une question de principes d’application ni forcé- ment un reflet « des interprétations opposées de l’infaillible Ecriture ».

VII. Une liberté responsable

 » En appliquant des principes bibliques, il convient de reconnaître des zones de liberté dans l’espace balisé par les lois de Dieu ». A nous . »la responsabilité de choisir les options qui nous semblent les plus fécondes pour la gloire de Dieu et le bien de l’humanité, dont le nôtre ». Les facteurs personnels ou culturels peuvent influencer cette application, mais sans aucun désaccord au sujet de la Bible.

VIII. Pour appliquer la Bible, il ne faut pas s’appuyer sur sa propre sagesse

L’onction de l’Esprit nous est nécessaire à l’application de l’Ecriture, et il ne faut pas nous appuyer sur notre propre sagesse. Reconnaissons humblement que nos connaissances sont limitées. Nous avons à apprendre constamment face à l’infinie richesse et sagesse de Dieu et le Saint-Esprit doit faire de la lumière dans nos sours et nos intelligences à travers la Parole.

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Dossier : Déclarations de Chicago
 

Lüscher Henri
Cofondateur de la revue, il y a 48 ans, Henri Lüscher se consacre encore à plusieurs tâches administratives et rédactionnelles en faveur de Promesses.