Série: Regards sur l'occident
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L’idole de l’homme machine

REGARDS SUR L’OCCIDENT

Ces machines qui font rêver.

Premier octobre 1900. C’est la date du jour de la rentrée scolaire qu’inscrit sur le tableau noir le père de Marcel Pagnol. Il vient d’être nommé instituteur dans une école de Marseille. Cette date inspire au laïc et à l’humaniste qu’il est un élan prophétique basé sur la vision pleine d’espoir d’un monde qu’il souhaite dorénavant beau, facile à vivre, généreux.

«Nous sommes entrés dans un siècle fabuleux, où les miracles – ceux nés de la science – seront quotidiens et apporteront de la joie aux plus pauvres et aux plus humbles. Les maisons auront le gaz, la lumière électrique, souvent même le téléphone! On pourra appeler, sans se déranger et même sans crier, des personnes qui habitent par exemple Aix-en-Provence!

Notre 20e siècle sera un très grand siècle. Le progrès est en marche. Bientôt, la Machine exécutera les travaux les plus pénibles. Elle permettra de réduire à dix heures la journée de travail, et l’ouvrier aura un jour de congé par semaine. Et, guidé et sauvé par l’instruction, chacun aura sa place dans un monde qui respectera tous les hommes. » (1)

A l’autre bout du siècle, nous sourions à la naïveté du discours. Mais changeons seulement les exemples cités à propos des progrès techniques, et le texte devient tout à fait actuel: l’homme inventif, fiable, organisant sa vie autour de l’efficacité et de son bien-être, est une référence toujours approuvée! Avec le recul du temps, l’enthousiasme de cet instituteur du début du 20e siècle ne nous permet-il pas de mieux appréhender les questions, les inquiétudes et aussi les mirages qui se présentent à nous au début de ce 21e siècle?

Machines et industrialisation

L’homme, en 1900, est très perplexe. Il sort d’un siècle qui a prôné l’industrie et il a découvert toutes les vicissitudes qui s’y attachent : rendement, cadences infernales, pollution, dangers permanents… en bref, les plus mauvais côtés d’un esclavage moderne!

L’homme est l’otage de sa machine… A croire que, dorénavant, le monde ne génère que des robots au service de l’industrialisation galopante. La population lui est asservie dans des villes vouées l’une à sa filature, l’autre à ses hauts fourneaux, l’autre encore à sa mine. Zola décrit et dénonce ce qui, désormais, ne fait plus rêver. Les conséquences de cet état de fait ne se font pas attendre!

La machine: une dépendance qui génère l’ennui

L’organisation de la vie, sous le signe du rendement et de l’efficacité, va concrètement développer d’imprévisibles nuisances pour l’individu. Contrairement à ce que celui-ci espérait, les «bons fruits » que le couple homme-machine promettait ne combleront ni ses plus grands espoirs, ni ses plus grands besoins comme le bien-être, la convivialité, le partage, l’harmonie, etc. Le drame se précise: l’homme se défie de ses outils sans pour autant pouvoir s’en détacher. La machine, qui est pourtant sa création, devient pour lui un mal nécessaire!

S’il ne fallait citer qu’un seul révélateur de ce «divorce», nous choisirions l’ennui. L’ennui d’être ensemble, et donc, l’ennui dans le travail…

«Quoi d’étonnant si, une fois passées ses huit heures, l’ouvrier n’a qu’une pensée: fuir, quitter la machine, l’atelier, se dépouiller du bleu de travail. La bousculade vers les grilles, les moyens de transport, est caractéristique…

Le comportement de l’ouvrier en fin de journée révèle son attitude réelle à l’égard du travail, ainsi que son degré d’intégration à l’entreprise. L’ennui est le compagnon de l’ouvrier plongé dans ce milieu, l’ennui auquel la tristesse et le cafard sont liés par des liens inextricables». (Les termes « tristesse » et «cafard» sont de G. Navel, lequel met en scène un ouvrier qui décrit son expérience de la vie en usine (2)).

«(…) Les journées sont exactement identiques les unes aux autres (…). On est dans la même journée qu’hier et que demain… Ainsi, le pain que mange l’ouvrier dans l’industrie moderne n’est désormais plus payé de sueur (…). La Machine a pris la sueur. Mais la vieille malédiction demeure. Seule la formule a changé: – Tu gagneras ton pain dans la détresse et l’ennui. » (3)

L’ouvrier, l’employé, l’utilisateur d’une machine quelconque devient l’otage de son outil de travail. Il semble même qu’à l’époque actuelle nous puissions affirmer qu’il se crée une véritable dépendance vis-à-vis de la machine, dépendance proportionnelle à son degré de sophistication. Nous sommes subtilement passés de l’ère de l’esclavage à l’ère de la fascination, laquelle a pour vertu de donner des couleurs sympathiques à cette osmose mortelle!

La machine: un centre d’intérêt permanent

Aujourd’hui, on va plus loin encore. La modernité consiste aussi à faire l’amalgame entre la machine, l’entreprise et le travail…

Sans remonter trop loin dans le temps, le fameux «droit au travail » est un concept qui a été créé au XIXe siècle. Il s’adressait essentiellement à la population des usines, afin de s’assurer des services sans faille de l’ouvrier auprès de sa machine. Aujourd’hui, on parlera plutôt de «projet personnel », dont on vérifiera s’il est convenable, c’est-à-dire compatible avec celui de l’entreprise. Mais l’enjeu reste le même: il s’agit de s’assurer non seulement des performances de l’individu «machine en main», mais aussi conjointement de son dévouement à l’entreprise !

Les heures de travail ont régulièrement diminué durant ce siècle. Malgré tout, nous restons toujours à l’ère du temps complet. Cela se traduit par la demande expresse, vis-à-vis de l’employé, d’être «partie prenante» de son entreprise, et ce, au maximum de ses compétences et à tous les niveaux.

Ainsi, machines – souvent nouvelles – et stages se conjuguent. Sans parler de sa participation au capital de l’entreprise et à l’élaboration de son image de marque, on exige de l’employé une souplesse exemplaire, tant horaire que géographique. Toutefois, on fait allègrement abstraction de son être global, de sa famille, de ses attaches, de ses habitudes…

Comment ne pas vouloir sortir de cette spirale?

La machine: un piège à déjouer

Cette question obsédante a été posée dès le milieu du 19e siècle. Même s’il est vain de vouloir recenser les multiples réponses à cette question, relevons-en ici quelques points forts.

Par exemple, une solution serait de sortir des villes, qui sont devenues synonymes de noirceur, d’oppression, de maladies, tout cela étant dû à un excès d’industrialisation.

Une autre solution serait aussi de « simplifier» la machine, en revenant à l’outil élémentaire, avec l’idée nouvelle que l’artisan qui le manipule est plus enviable que l’ouvrier… Ou encore, il faudrait écouter le fort courant compensatoire qui prône le retour à la nature…

La machine: un engin à minimiser

Nombre d’artistes y ont rêvé, et nous ont offert une redécouverte de la campagne. La pollution et le bruit sont étrangers à ce monde; les outils restent à leur place de bons et loyaux serviteurs. L’absence des machines, avec leur cortège de nuisances, permet l’évasion dans des paysages empreints de pureté et de beauté… Enfin, en entrant dans le monde rural, l’homme a le sentiment de quitter son univers concentrationnaire de tous les jours, l’Usine, où il n’est qu’un esclave, l’esclave de sa Machine…

Ce qui vient d’être sommairement décrit se retrouve, entre autres exemples, dans la peinture. Au cours du 19e siècle, Millet, suivi de Van Gogh, pour ne citer qu’eux, exposent des scènes campagnardes avec grand succès («L’Angélus », «Les Glaneuses» de Millet; «Paysannes liant des gerbes» de Van Gogh, etc.).

Dans ces peintures de l’authentique, le travail ne semble aucunement visé, fustigé ou banni. Bien au contraire, la vie rurale, aussi rude soit-elle, y est exaltée. Il n’est pas question de scènes pastorales, plaisantes ou utopistes. Le propos de ces peintures ressemble à un profond rappel des valeurs perdues, qui voudrait contrecarrer la menace représentée par le monde des villes…

Le tableau de Van Gogh: «La Sieste », exprime la félicité du repos après un dur labeur, plus deviné que dessiné: la rudesse du travail existe et n’est pas l’apanage des ouvriers des villes !

La machine: une idole

L’homme, au jardin d’Eden, était convié au travail (4). Point de malédiction dans la manipulation de l’outil: seulement une certaine pénibilité… Sans imagination débordante, on peut se représenter Adam dans ses champs, avec ses outils… Ce n’est qu’après la chute que le travail devient rude (5). Le paradoxe est que l’outil – et plus tard la machine – y participe. Il s’imposera de moins en moins comme un partenaire, mais, avec le temps, bien davantage comme un dominateur exigeant.

La machine que l’homme se donne pour aide, la voilà accaparante, au point de lui demander tout son temps, son énergie, sa réflexion, et même parfois son argent… en bref, sa vie entière. N’est-ce pas là, en toute beauté, la définition même de l’idole?

Les machines de l’an 2000 sont complexes. Elles ont changé de nature, mais force est de constater qu’elles ont réduit l’homme à l’état de robot: celui-ci se soumet à leur mode de fonctionnement, en oubliant les principes qui ont régi sa fabrication…

Ainsi, tel élève ne connaît la division que par sa calculatrice, ayant oublié comment on pose cette opération! Le caractère indispensable de nos machines modernes – qui se mesure à sa juste valeur le jour où celles- ci tombent en panne! – ne réduitil pas l’homme à un état de soumission invraisemblable? Bien des personnes se sentent orphelines quand leur téléviseur ne marche plus…

Même baptisées «conviviales», les machines mettent en danger l’intégrité des personnes, par leur présence à nos côtés au quotidien, et surtout par leur trop grande accessibilité. Du même coup, même les enfants n’échappent pas à leur influence!

La place de la machine

Arrêtons-nous quelques instants et pesons nos mots: la machine inverse les rôles ; elle domine l’homme au point de le remplacer, de lui dicter sa loi. Il doit se former, s’y adapter, puis exécuter, devenu machine à côté de sa machine! Quand ce n’est pas un robot qui le remplace…

L’outil devient le centre de toute spéculation: «Cette machine me rapporte telle somme, alors que cet employé, ce cadre, me coûte telle somme ». Au nom de la rentabilité, le verdict comptable déclare de plus en plus l’individu trop léger !

Ne sommes-nous pas à des kilomètres de la pensée biblique? Lorsque l’Ecriture évoque le diktat de la machine, c’est pour nous avertir que celle- ci peut nous faire passer à côté de l’essentiel ! Penchons-nous sur un exemple.

Une machine qui captive

«… Heureux l’homme qui prendra son repas dans le royaume de Dieu ! Et Jésus répondit : «Un homme donna un grand festin, et il invita beaucoup de gens. A l’heure du souper, il envoya son serviteur dire aux invités : «Venez! Car tout est prêt. » Mais tous se mirent unanimement à s’excuser (…). Un autre dit: « J’ai acheté cinq paires de boufs, et je vais les essayer. Excusemoi, je te prie» (…). Le serviteur, de retour, rapporta ces choses à son maître. Et celui-ci fut irrité (…). Il dit : «Aucun de ceux qui avaient été invités ne goûtera de mon souper» (6). »

A notre époque, le Seigneur aurait peut-être remplacé les cinq paires de boufs par un tracteur… Peu importe: cela n’aurait pas changé les excuses.

Etait-ce important au point qu’il faille essayer les boufs le soir même, à l’heure du souper ? Etait-ce la saison des labours ou celle des récoltes, qui faisait que le rodage des boufs était si urgent?

L’homme de la parabole est un propriétaire comblé: il a les moyens matériels d’acheter dix boufs. Peut-être même était-ce un homme envié. Et voilà que le soir même, il est confronté à un choix. Il est l’objet d’une invitation, occasion d’un repas en commun pour partager sa joie et fêter son acquisition… Par ailleurs, il a l’envie irrésistible de faire un essai, et pas le lendemain: le soir même!

Les regards tournés vers la terre, les pensées captivées par les performances de ses dix boufs – sa belle machine! -, centré sur ce que demain peut lui rapporter, il est pourtant le plus malheureux des hommes. Que sert-il à un homme de gagner tout le monde s’il perd son âme (7) ? Il est passé à côté d’une relation vivante avec le Seigneur, parce qu’il a méprisé une pressante invitation de sa part… Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi (8).

Remettre la machine à sa vraie place

Suite à cet exemple, il ne faudrait pas conclure hâtivement que l’optique biblique est de déconnecter les hommes de leurs contingences terrestres, et de vouloir les transformer en entités spirituelles. Les Ecritures nous montrent clairement que l’intention du Seigneur est de combler tous nos besoins, y compris ceux d’ordre matériel.

Comme Jésus se trouvait près du lac de Génésareth et que la foule se pressait autour de lui pour entendre la Parole de Dieu, il vit au bord du lac deux barques, d’où les pêcheurs étaient descendus pour laver leurs filets. Il monta dans l’une de ces barques, qui était à Simon, et il le pria de s’éloigner un peu de la terre. Puis il s’assit, et de la barque, il enseigna la foule. Lorsqu’il eut cessé de parler, il dit à Simon: «Avance en pleine eau, et jetez vos filets pour pêcher. » Simon lui répondit: «Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre; mais sur ta parole, je jetterai le filet. » L’ayant jeté, ils prirent une grande quantité de poissons, et leur filet se rompait. Ils firent signe à leurs compagnons qui étaient dans l’autre barque de venir les aider. Ils vinrent, et ils emplirent les deux barques, au point qu’elles enfonçaient (…). Et ayant ramené les barques à terre, ils laissèrent tout, et le suivirent (9).

Le texte de l’évangéliste Luc n’a pas pour objet de rapporter le contenu de l’enseignement de Jésus. Il insiste plutôt sur deux priorités: d’abord celle de répondre au besoin exprimé par la foule d’entendre la parole de Dieu; puis, à celle de ne pas léser les pêcheurs qui ont prêté leurs barques!

Ce dernier aspect nous montre à quel point le Seigneur a conscience d’avoir mobilisé l’outil de travail des pêcheurs. La demi-journée qu’il leur fait perdre est largement compensée par l’abondante pêche qui s’en suit. Quelle leçon pour celui qui sait choisir les bonnes priorités! Et ce que vivent Pierre, André, Jacques et Jean – selon l’évangéliste Matthieu (10) – est tellement parlant qu’ils décident aussitôt de suivre Jésus.

L’apôtre Paul, convaincu des mêmes choses, dira: Les choses qui étaient pour moi des gains, je les regarde maintenant comme une perte, à cause de Christ (11).

L’expression générique ces choses recouvre ce qui peut entraver notre marche chrétienne, toutes sortes de pièges et de tentations. Or, il ne s’agit pas de la confession d’un jeune converti qui exprimerait un vou vibrant. Non! C’est la déclaration d’un homme à la fin de ses jours, qui se réjouit d’être allé, grâce à Dieu, audelà des contingences purement matérielles.

La machine détournée de sa fonction

De nos jours, cette déclaration de l’apôtre Paul est totalement inacceptable. Notre société est progressivement passée de la sous-traitance, à la création permanente de machines qui nous asservissent. C’est un échafaudage qui s’est progressivement construit avec le temps, et qui ressemble à une fusée à trois niveaux:

– La base reste la machine service, celle qui nous soulage dans l’effort, nous permet de vivre mieux, améliore nos loisirs.

– Le premier étage est celui de la machine alliée, qui permet de vaincre la solitude, de rapprocher des hommes entre eux, d’avoir un bien-être appréciable.

– Le deuxième étage est celui de la machine dominatrice, qui permet de reculer toutes les limites, de densifier le travail, et finalement de vaincre le temps, mais à quel prix!

Brièvement et sans être exhaustif, nous examinerons ces trois niveaux. La base de notre fusée, celle qui soutient les autres étages, paraît raisonnable: nous n’insisterons pas sur les bienfaits du lave-linge, le côté pratique du stylo ou les vertus de la cafetière! Ce qui inquiète, c’est que plus personne ne se cantonne à cet étage…

Le premier étage est le minimum revendiqué par tous. Qui n’a pas en tête, pour vaincre la solitude, l’exemple de la télévision? Notre propos n’est pas ici de polémiquer sur ce thème. Mais posons-nous une seule question: les inventeurs du poste de télévision ont-ils mesuré les conséquences de leur petit écran sur l’ensemble de la population? En vrac: la primeur de l’image sur l’écrit et l’imagination, avec ses conséquences pour l’enfant. La surinformation qui grille la simple information, et cautérise en nous les réflexes de curiosité, de compassion et d’intérêt… Les heures passées devant l’écran, au nom du culturel, de l’information, et ce, au détriment du sommeil…

Il nous semble que toute invention devrait être passée au crible en ce qui concerne les implications multiformes de sa présence auprès de l’homme. Comment concevoir une machine, sans concevoir dans le même temps les implications qu’elle aura dans notre société! Combien de fois n’a-t-on pas réfléchi à l’impact – pour ne pas dire aux dégâts – de cette invention sur l’homme, sur sa conscience, son mental, sa vie! Mais tout rattrapage, toute explication rétrospective n’arrivent plus à gommer le mal profond commis.

Quand la machine devient pouvoir

Si nous reprenons l’image de la fusée, il est évident qu’il y a de plus en plus de monde au deuxième étage. Nous entrons dans un monde fabuleux, et en même temps, terriblement dangereux!

Si nous songeons, par exemple, aux organes artificiels, si nombreux et performants, nous sommes dans l’admiration. Et en même temps, n’est ce pas l’indice que l’on est déterminé à reculer les frontières de la mort à tout prix ? Si nous pensons à l’ordinateur, c’est un outil fantastique par la rapidité de son fonctionnement. Mais n’espère- t-on pas beaucoup plus que des gains de temps. Par exemple, qu’il nous remplace, qu’il apprenne à nous connaître, à penser et à prévoir pour nous? On veut transposer l’antique phrase Et Dieu créa l’homme (12), en une autre que l’on voudrait valide: Et l’homme créa le robot!

Si nous réfléchissons au récent Internet, comment ne pas être intéressés par ses capacités, et en même temps inquiets de voir tous ces gens, seuls, dans leur bulle, absorbés par leur écran?

L’équilibre retrouvé

La trame cachée de tout cela, c’est l’homme qui veut toucher l’Eternité. Il s’illusionne volontiers, en pensant que la machine va l’aider dans ce sens, et qu’à terme il pourra reculer les frontières du temps, voulant non plus ressembler à Dieu, mais remplacer Dieu!

C’est un lieu commun de dire que nous assistons actuellement à une explosion irréversible de moyens de communication, qui sont tout à la fois outils de loisirs, et outils de travail à dimension planétaire…

Le monde en est-il plus heureux pour autant? La surenchère, qui s’appuie sur deux thèmes : «nécessité apparente » et « fascination», essaie de convaincre les hommes de bonheur.

Je reste persuadé que nos contemporains n’ont plus de réels besoins en ce qui concerne l’apport technologique; par contre, ils ont toujours ce besoin vital de direction, de projet pour leur vie! Il ne s’agit pas de négliger ce qui facilite notre existence humaine, mais de retrouver la saveur des Ecritures qui décrivent notre nature et répondent au mieux à ses vrais besoins.

Retrouver cet équilibre signifie retrouver le sens de la vie: créé à l’image de Dieu, mais corrompu par le péché, l’homme a besoin d’un Sauveur qui le libère du péché et qui le restaure. Justifié par la foi en vertu de l’ouvre rédemptrice parfaite accomplie à la Croix et régénéré par le Saint- Esprit, il retrouve la communion avec son Créateur. Devenu une nouvelle création, il est restauré à l’image de Dieu, ce qui le rend capable de se servir de la machine pour faciliter son existence et pour le bien de son prochain et non pas pour le réduire à l’état d’esclave. Lisons le grandiose Sermon sur la Montagne (Matt 5 – 7) qui situe les chrétiens comme le sel de la terre et la lumière du monde au milieu d’une société matérialiste. Et apportons donc au monde, otage de ses machines, le Seigneur et Sauveur Jésus- Christ dont la souveraineté n’a pas besoin de toutes les merveilles de la technologie pour s’exercer de manière irrésistible.

B.C.

(1) «La gloire de mon père», Marcel Pagnol, version DVD 1990
(2) «Travaux», Georges Navel, 1945
(3) «Où va le travail humain?», Georges Friedmann, 1950
(4) Gen 2.15
(5) Gen 3.17
(6) Luc 14.15-24
(7) Matt 16.26
(8) Apoc 3.20
(9) Luc 5.1-7,11
(10) Matt 4.18-22
(11) Phil 3.7
(12) Gen 1.27

A lire aussi:
«L’éthique du travail», Robert Somerville
«Le huitième jour de la création», Jacques Neirynck, 1990
«Le système technicien», Jacques Ellul, 1977
«Les périls totalitaires en occident », Jean-Pierre Graber, 1983

 

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Série : Regards sur l'occident
Cousyn Bernard
Bernard Cousyn a été durant plusieurs années ancien dans son église locale dans le Nord de la France. Jeune retraité, il vit à Evian et est membre du Comité de rédaction de Promesses.