Dossier: Foi et société
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

Sexe et médias

« […] les païens, qui marchent selon la vanité de leurs pensées. Ils ont l’intelligence obscurcie, ils sont étrangers à la vie de Dieu, à cause de l’ignorance qui est en eux, à cause de l’endurcissement de leur cœur. Ayant perdu tout sentiment, ils se sont livrés à la dissolution, pour commettre toute espèce d’impureté jointe à la cupidité. Mais vous, ce n’est pas ainsi que vous avez appris Christ. » (Éph 4.17-20)

Au secours ! Les médias, sous toutes leurs formes, propulsent l’intimité sur la place publique. Pour être branché, il faut être osé. Effet de mode ? Ce domaine semble être devenu un marché imposé… car rentable. Il faut dire que tout ce qui tourne autour du thème est particulièrement lucratif : boîtes de nuit, Internet, lingerie, images impudiques, etc. et des auditeurs qui appellent, et des téléspectateurs qui font grimper l’audimat.

La question est plus profonde, en réalité. Elle interpelle particulièrement les chrétiens que nous sommes. Comment réagir ? Doit-on crier au scandale ? Ce serait vrai si nous n’étions que des garants de la moralité chrétienne. Mais nous sommes plus que cela …

1. Les yeux fixés sur le monde

a) La radio

Une ancienne vedette du cinéma pornographique anime depuis peu une émission sur les questions de sexualité… en plein après-midi et sur une radio très écoutée. Les limites qu’elle s’impose visent seulement « la manière dont on en parle » . Pour elle, il faut surtout démystifier le sujet et « libérer » le discours.

Fait intéressant, on y parle moins de sexe que de sexualité. Les interventions des auditeurs révèlent leur misère sexuelle, mais aussi et surtout morale : manque de désir et infidélité sont les sujets les plus abordés. En exposant en direct ses comportements intimes, c’est toute une société désespérée qui avoue quelle pauvre médecine elle tente de s’administrer.

b) La télévision

Une chaîne « 100 % gay » a été lancée en octobre 2004, destinée à la communauté homosexuelle (ainsi qu’à ses partisans). Peut-on réduire des individus à leur dimension sexuelle pour en fonder un média ? Pourquoi accorder autant d’importance à cette dimension ?

c) La presse spécialisée

Une revue pour adolescentes veut se charger de les « aider » à découvrir leur orientation sexuelle (homo-, hétéro-, bi- ou… trans- !) Un mot d’ordre : surtout ne pas être normatif, ne pas dire « il faut » ou « il ne faut pas ».

Mais si beaucoup trouvent cette « libéralisation » bien naturelle, n’est-ce pas parce qu’elle correspond aux penchants de la nature humaine livrée à elle-même ? Les hommes ont décidé de vivre sans Dieu et d’ignorer sa loi, et Dieu les a livrés à l’impureté et à leurs passions (Rom 1.19-32).

2. Le monde et l’Église

a) Le point de vue du monde

Celui-ci ne connaît pas Jésus-Christ, ni l’amour de Dieu. Il paraît donc évident que les repères lui échappent : il n’est pas « exercé par l’usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal. » (Héb 5.14) Il n’y a plus de limites : à vouloir devenir parfait par ses propres efforts, il tombe dans les excès de la chair (Gal 5.13) : « Qui veut faire l’ange fait la bête » (Pascal). Le monde ne sait pas, de toute évidence, comment aimer.

– Pourquoi réduit-on l’individu à sa dimension charnelle ? Entre autres parce que l’engagement responsable qu’exige l’amour terrifie, mais que le sexe « libre » (c’est-à-dire irresponsable) ne fait pas peur.

– Pourquoi confier ses dérives amoureuses à une vedette du porno ? Parce qu’on se rabat sur les techniques quand le sentiment nous échappe.

– Pourquoi payer pour « coucher » ? Parce qu’on préfère « garder le contrôle de la relation pour éviter l’intimité amoureuse. »

– Pourquoi rejeter tout discours normatif ? Parce qu’en rejetant une vérité absolue, on espère évacuer la crainte viscérale du jugement final.

b) Le point de vue de l’Église

Plusieurs observateurs constatent un échec historique : celui de n’avoir pas su présenter positivement l’enseignement biblique. Pourquoi des homosexuels ou d’autres personnes d’orientation différente sont-ils si endurcis, systématiquement sur la défensive ? Pourquoi souffrent-ils de n’être pas reconnus ? Bien souvent parce qu’ils n’ont pas été écoutés par ceux-là même dont c’était la vocation.

On les classe parmi les pécheurs à cause de leur immoralité sans s’inquiéter d’abord de leur vie spirituelle. Comme si l’homosexuel (ou le pédophile, ou l’adultère, ou le débauché), était plus répréhensible que le voleur. Mais sans Christ, tous finiront au même endroit, fussent-ils des hommes de bien très estimés. « Bien » faire sans Dieu, c’est déjà mal faire.

3. Les yeux fixés sur Jésus

a) Ils n’ont pas Christ…

Il faut admettre que nous avons parfois tendance, moi le premier, à nous jeter à corps perdu dans des combats futiles. Que vaut de moraliser le monde s’il n’a pas Christ ? Quelle règle de vie biblique inculquer à l’homme « charnel, vendu au péché » (Rom 7.14) ? Les exhortations morales du Nouveau Testament ne s’adressent pas au monde, mais à des saints, car seul l’Esprit transforme le disciple : « Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, ainsi vous n’aurez pas soin de la chair pour en satisfaire les convoitises. » (Rom13.14)

Que ces débordements médiatiques ne nous étonnent pas : ils sont le miroir d’un monde en dérive. D’un monde perdu. Ôtons nos dernières illusions sur la nature humaine, nous n’en verrons que mieux le champ missionnaire : un monde qui meurt. C’est probablement sur ce drame que devraient se concentrer nos réflexions et nos efforts.

b) Montrons le chemin !

Comme les perdus, nous étions aussi soumis à la domination de notre nature déchue. Mais « Christ nous a affranchis. » (Gal 5.1) Si nous reconnaissons la grâce dont nous avons fait l’objet, ne saurons-nous pas aussi user de cette même grâce envers les pécheurs ? Ne nous occupons pas de transformer la nature humaine : c’est lorsque nous laissons ce rôle à l’Esprit que nous pouvons remplir notre mission d’ambassadeurs de réconciliation entre Dieu et les hommes.

Conclusion

Nos stupeurs ont parfois un fondement essentiellement moralisant. Rendons-nous plutôt disponibles pour une approche d’inspiration plus spirituelle : la compassion envers les perdus.

Comme chrétiens, nous avons refusé de vivre selon nos penchants naturels. Christ nous a ouvert le chemin vers un Dieu saint : à nous d’éclairer ce chemin pour les perdus. Comment ? En vivant une vie qui plaise à Dieu. Romains 1.18-19 donne deux clés : reconnaître Dieu et rendre grâce. Voilà le début d’une vie pleine.

Ne perdons pas trop d’énergie à fustiger les passions charnelles, mais tendons plutôt à glorifier le Dieu trois fois saint. En nous entraidant, exerçons-nous à montrer l’exemple d’une communauté libérée de la pression égoïste de la chair et de ses convoitises. Offrons l’exemple d’une vie qu’il vaut la peine de vivre. Dirigeons les regards vers le chemin de la vie éternelle : Jésus-Christ. Nous pourrons alors pleinement rendre témoignage de la vérité qui libère.

« Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. » (Mat 5.16)

Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page
Dossier : Foi et société
 

Mondin Frédéric
Frédéric Mondin travaille pour les éditions BLF. Il vit actuellement en Bolivie avec sa femme. Il est membre du comité de rédaction de Promesses.