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Un autre danger: La nouvelle morale

Un autre danger :

Dans notre article « Le visage tourné vers l’Orient » (N° 46 de Promesses), ainsi que par « Qu’est-ce que la dynamique des groupes ? (D.D.G.) » (No 48), nous avons placé sous vos yeux DEUX DANGERS qui menacent actuellement les bases et la propagation du christianisme. La « Nouvelle morale » est dans la même ligne et se répand dans les églises chrétiennes – et même en Afrique, à ce que l’on nous a rapporté.

La lecture de l’étude qui suit sera difficile pour plusieurs de nos lecteurs. Nous avons essayé de faciliter cette lecture en donnant une expl cation d’un bon nombre de mots peu courants, si même l’équivalent n’est pas toujours facile à découvrir.

Pour avoir égard à nos nombreux lecteurs d’Afrique, nous présentons en grands caractères (lettres) ce que l’auteur de ce message veut enseigner. Les paragraphes en retrait ( et en petits caractères) comportent des explications et citations concernant la

NOUVELLE MORALE
c’est-à-dire la description du DANGER que fait courir au christianisme cette fausse doctrine. Veuillez relire les articles de M. G. Osei-Mensah dans les numéros 48,49 et 50 de Promesses.

Note de la Rédaction

A la lumière des Ecritures

Dans quelques milieux religieux dits chrétiens, on préconise ( on recommande) depuis quelques temps l’élaboration et l’adoption d’une nouvelle éthique – ou morale – adaptée à notre époque, mettant en cause (en question) le caractère fixe et autoritaire de la morale chrétienne biblique. On va jusqu’à nier l’existence d’une morale biblique ou chrétienne immuable, et l’on se prononce pour une éthique de situation, variable selon les temps, les lieux, les personnes et les circonstances. On veut laisser à chacun le soin de décider pour lui-même ce qu’il convient de faire.

Cela nous conduit à la société dite « permissive » (qui permet tout) dans laquelle chaque individu assume (prend à son compte) sa responsabilité selon un critère personnel, sans référence obligatoire à une norme établie, et où il est « interdit d’interdire » ! Les uns y voient un bien qui « décomplexe » et libère de la tyrannie de la « loi » (de la loi de Moïse). D’autres discernent un mal insidieux (qui cherche à tromper) et parlent de « dérapages éthiques ».

Le monde est moralement malade, et il a contaminé les églises, dont les réactions sont variées et contradictoires, quand elles ne sont pas inexistantes.

D’où vient cette tendance ?

Le laxisme (tolérance excessive) ne date pas d’hier, mais on n’a encore jamais essayé, comme de nos jours, de le justifier théologiquement et de lui accorder officiellement droit de cité dans les églises. C’est au modernisme religieux que nous devons en partie cette situation nouvelle.

Dans « Evangile et Loi », le professeur Henri Blocher montre comment « la conception barthienne a préparé celle des néo-libéraux contemporains, de ceux en particulier qui mettent, avec Joseph Flechter, l’accent sur la « situation ». De façon générale, l’Evangile est pour eux la dévaluation de la loi. Le même auteur cite encore le barthien Jean Bosc qui rejetait déjà la morale des normes et des principes parce que, disait-il, « nous éprouvons qu’elle est une menace pour la liberté ».
Des hommes comme l’évêque anglican John A. T. Robinson ont considérablement favorisé cette dégradation. Il déclare avoir accepté les idées qui lui furent suggérées par la lecture de Paul Tillich, de Dietrich Bonhoeffer et de Rodolf Bultmann.
Selon ces auteurs universellement connus, Dieu ne serait pas « un Autre, au-delà des cieux », mais plutôt «le fond de notre être » (Tillich). Aux hommes dépourvus du désir de salut personnel, dépouillés du sens du péché, il faudrait présenter une autre forme de « christianisme » qui ne dépendrait plus des prémisses (bases ou affirmations) de la religion Bonhoeffer), c’est-à-dire si nous comprenons bien, qui se passerait des notions et conceptions bibliques, car on a cru trouver dans la Bible un élément mythologique qui ne serait plus qu’un jargon (langage déformé) incompréhensible à l’homme moderne (Bultmann). Marqué par de telles idées, Robinson en arrive à rejeter « honnêtement » le Dieu « surnaturel » et à s’accorder avec Bonhoeffer pour parler d’une compréhension – ou d’une connaissance – non religieuse de Dieu !
De fait, pour ces auteurs, Dieu est éliminé ! Le terme de Dieu devient interchangeable avec celui d’ « univers ». C’est ainsi que Tillich va jusqu’à dire :
« Il faut oublier tout ce que vous avez appris de traditionnel sur Dieu et peut-être jusqu’au mot lui-même » et Bonhoeffer d’ajouter: « Dieu nous enseigne à vivre comme des hommes qui peuvent très bien agir tout seuls sans lui ». Ce Dieu qui enseigne à vivre sans lui n’est plus le Dieu au-dessus de nous – les cieux seraient vides – il serait plutôt « la profondeur de notre être » ! Cette négation du Dieu « supranaturel » entraîne logiquement le rejet d’une volonté divine révélée par les Ecritures, donc de normes établies par Dieu.
La notion d’un Dieu qui se confond avec le fond de notre être laisse à chacun la liberté d’agir comme il entend en suivant les impulsions de son coeur naturel.
C’est ainsi que l’on arrive à la « morale de situation » (ainsi que le dit Joseph Fletcher), pour qui il n’y a plus d’autre prescription que l’amour. Robinson précise: le « Pourquoi ne pourrais-je pas ? » ou le « Qu’y a-t-il de mal à cela ? »… « sont des questions qui pour notre génération exigent une réponse. Et les arguments supranaturels – que Dieu ou le Christ ont dit que c’était un péché – ne gardent plus aucune force, ni même aucun sens pour personne, excepté pour un reste religieux en voie de disparition ».
On cherche manifestement à supprimer absolument les « vieux points de repère » moraux bibliques en ridiculisant ceux qui y restent attachés et en leur annonçant leur prochaine disparition.
Robinson déclare encore qu’en soi, rien ne peut être qualifié de « mauvais » et que « le seul mal intrinsèque est le manque d’amour ».
Au nom de cette notion d’amour très floue, on en vient à justifier l’adultère. L’homosexualité ne serait plus à considérer comme une perversion, mais plutôt comme une authentique expression d’affection, et la prostitution ne serait pas formellement condamnée par le Nouveau Testament. Où cela conduit-il ? Cette influence néfaste pénètre même dans les foyers protestants par le moyen de certains feuillets de calendriers. C’est ainsi qu’on a pu lire dans « Une parole pour tous » ( calendrier protestant à effeuiller) en date du 5 octobre 1975 :

« que de l’absolu du caractère indissoluble du mariage (Mt. 19 : 1-12), on avait fait un carcan (collier de fer) juridique « qui risque d’entraver la liberté de l’amour authentique ».

« Un tel engagement devrait être l’aboutissement d’un long chemin à deux… En attendant d’arriver à cette maturité, il est peut-être préférable que les jeunes puissent s’aimer sans se marier et vivre leur amour, comme leur foi, dans le provisoire » !

Il semble (selon l’auteur de cette méditation) que le mariage chrétien n’est pas à la portée de tous! C’est tout simplement une incitation à ce que l’on appelle « l’amour libre » et qui bibliquement parlant n’est autre chose que de l’impudicité, de la fornication ou de l’immoralité. Il s’agit ici, comme dans l’adultère, de relations sexuelles en dehors du mariage formellement condamnées par l’Ecriture (1 Co. 6 : 9 ; Hé. 13 : 4).

Voilà où nous conduit cette nouvelle éthique (ou morale) fondée sur « l’amour ». – Il est temps que les chrétiens se réveillent et réagissent en remettant en honneur ce que dit la Bible et en renversant les raisonnements captieux (induisant en erreur) de ceux qui « bouleversent des familles entières, enseignant… ce qu’on ne doit pas enseigner » (Tite 1 : II).

N e pas voir le danger, c’est être déjà atteint par le mal! Faire confiance malgré tout, collaborer pour conserver une apparente unité, se taire pour avoir la paix, c’est de la complicité, à tout âge, à tout niveau !

Antinomisme ou légalisme

ANTINOMISME (ou le refus de toute loi) ou
LEGALISME (ou le respect absolu d’une loi religieuse)

L’antinomisme (de anti- contre – et nomos – loi) est une réaction naturelle de l’homme contre toute règle de vie ou de conduite établie. Certains prétendent qu’il n’y a plus de commandements à observer pour le chrétien, puisque la grâce a remplacé la loi (la loi de Moïse). Le professeur P. Courthial écrit judicieusement :

« L’évangile ne nous sauve pas de la malédiction de la loi pour que nous soyons sans loi, hors-la-loi, mais pour qu’unis à Jésus-Christ par grâce, par le moyen de la foi, nous progressions en sainteté, en obéissant de plus en plus et de mieux en mieux à la loi qui n’est autre que l’expression de la volonté de Dieu ». Mais voici que pour certains, tout ce qui est texte, code, commandement, loi ou précepte, représente « une structure aliénante insupportable », parce qu’incompatible avec leur notion de liberté et de maturité chrétiennes. C’est ce qui les a conduits à cet antinomisme, c’est-à-dire à cette hostilité de la loi, au rejet de toutes ou de certaines règles de conduite, au laxisme et à l’anarchie.

La nouvelle morale devient tout simplement de l’amoralité, voire de l’immoralité. Etre dans le vent, c’est dès lors s’opposer à toute espèce d’autorité ou refuser ce que l’on appelle la « directivité » : « Vive la vie sans contrainte! », sauf la contrainte inconsciente de l’erreur, du péché et du mauvais exemple.

LEGALISME

Il faut sans doute se garder du légalisme! par lequel les pharisiens de tous temps ont cru pouvoir apaiser leur conscience et faire leur salut en accomplissant certaines prescriptions légales. Mais veillons à ne pas passer d’un extrême à l’autre! Le professeur Courthial dit aussi à ce sujet: « Au long des siècles, le légalisme – la fausse doctrine du salut par la loi – et l’antinomisme – la fausse doctrine du salut sans la loi – ont fait à l’église autant de mal l’un que l’autre.

* * *

La Loi sous la grâce

Il est vrai que sous la grâce, l’observance de la loi ne saurait plus être considérée comme un moyen de salut, car « si la justice s’obtient par la loi, Christ est mort en vain» (Ga. 2: 21). «C’est par grâce que vous êtes sauvés » (Ep.2 : 5). Et l’apôtre Paul de demander: « Anéantissons-nous donc la loi par la foi ? Loin de là! Au contraire, nous confirmons la loi » (Ro. 3 : 31). Pour Paul, la loi est sainte et spirituelle, le commandement est saint, juste et bon (Ro. 6 : 12 ; 7 : 14). La loi demeure donc effectivement l’expression de la volonté de Dieu et elle nous enseigne la façon de nous comporter.

Nous n’ignorons pas qu’il est écrit que la loi a été accomplie (amenée à sa perfection: a atteint son but) en Christ et certaines ordonnances sont de ce fait tombées en désuétude. Nous y reviendrons. Ce qui nous intéresse ici, ce sont les éléments de la loi qui ont été reportés sur le plan de la nouvelle Alliance selon le témoignage du Nouveau Testament. Ces lois ont parfois trouvé une application spirituelle ou ont été réinterprétées et complétées. Ainsi Jésus a pu déclarer: « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras point d’adultère. Mais moi je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis adultère avec elle dans son coeur » (Mt.5 : 27-28). Jésus remonte donc des actes aux pensées, mais la grâce ne diminue pas les exigences morales, elle les augmente plutôt et en ajoute d’autres, spécifiquement chrétiennes.

Sous « l’Ancienne Alliance », la loi avait pour fonction de révéler le péché (Ro. 3 : 20 ; 7 : 7), de manifester l’impuissance de 1’homme devant le péché (Ro. 7 : 19-24) et de le maintenir dans une certaine servitude ( « enfermé sous la garde de la loi » Ga. 3 : 23) pour le conduire à Christ ( Ga. 3 : 24). Elle a encore ce rôle à remplir en faveur de l’homme irrégénéré, mais lorsque ce but est atteint, nous ne sommes plus sous la loi. Nous ne sommes pas non plus sans la loi de Dieu, étant sous la loi de Christ (I Co. 8 : 20-21). Il n ‘y a pas de suppression des commandements divins, mais plutôt, progressivement, impression dans les coeurs par le moyen de la Parole de Dieu et du Saint-Esprit : « Je mettrai mes lois dans leur esprit, je les écrirai dans leur coeur » (Hé. 8 : 10). La loi garde pour le chrétien sa valeur normative morale et nous oblige d’autant plus que nous sommes invités à nous y soumettre librement.

Ainsi devons-nous nous garder de procéder à des accommodements ou à des éliminations qui rendraient les commandements moins impératifs. Leur caractère contraignant disparaîtra d’ailleurs à nos yeux au fur et à mesure que, par l’action du Saint-Esprit, notre amour pour Dieu et pour le prochain augmentera. Alors la loi divine sera vraiment en nous, et nous comprendrons ce qu’a voulu dire l’apôtre Jean en affirmant que les commandements de Dieu n’étaient « point pénibles, parce que ce qui est né de Dieu triomphe du monde; et la victoire qui triomphe du monde, c’est notre foi » (I Jn 5 : 3-4). C’est là l’oeuvre de la grâce de Dieu qui, après nous avoir affranchis du péché, nous a fait devenir esclaves de la justice pour nous faire parvenir à la sainteté » (Ro. 6 : 19-22).

Amour et obéissance

Il est vrai que la loi de Christ se résume en ces deux commandements : « Tu aimeras le Seigneur… » et « Tu aimeras ton prochain… » (Mt. 22 : 37- 40). L’apôtre Paul dit aussi que la loi est accomplie dans une seule parole : « Tu aimeras… » (Ga. 5 : 14). On cite parfois la parole d’Augustin: « Aime Dieu et fais ce que tu veux » pour montrer qu’aimer suffit, le reste suivant tout seul. Oui, mais à condition que ce soit l’amour selon Dieu et non une vague bonté du coeur naturel, car l’amour authentique a besoin d’être éclairé, et ce sont justement les prescriptions bibliques qui lui fournissent cette lumière. La loi royale de l’amour (Ja. 5 : 2) ne remplace pas les commandements de Dieu, elle les accomplit. « L’amour de Dieu consiste à garder ses commandements » (I Jn 5 : 2) « et à marcher selon ses commandements » (2 Jn 6). « Ce qui compte, disait Paul, c’est l’observation des commandements de Dieu » (I Co. 7 : 19) parce qu’elle constitue la preuve évidente de notre amour pour le Seigneur. Remarquons que « commandements » est ici toujours au pluriel. Le véritable amour se manifeste donc par l’obéissance et plus précisément par une obéissance de coeur (Ro. 6 : 17). Toute autre conception de l’amour risque de conduire dans l’illuminisme ( certain mysticisme) ou le subjectivisme (tout ramener à soi). Il en est comme du rapport entre foi et oeuvres.

Le professeur P. Courthial dit aussi: « Nous devons rejeter, pour suivre l’Ecriture sainte, cette réduction, ce rétrécissement des commandements de Dieu à un seul, alors que nous devons tenir le double commandement de l’amour de Dieu et du prochain pour l’ordre fondamental de toute la loi ».

Quiconque lit sans préjugé le Nouveau Testament réalise très vite que le véritable amour pour Dieu, plutôt que de rendre l’obéissance facultative ou superflue, y pousse immanquablement tout enfant de Dieu. Paul a mis les chrétiens à l’épreuve pour voir s’ils étaient obéissants en toutes choses (2 Co. 2: 9) et il était prêt à châtier toute désobéissance (2 Co. 10: 6). Il demandait même aux Thessaloniciens de noter ceux qui n’obéissaient pas à ses instructions (2 Th. 3 : 14). Parfois l’obéissance précédera même l’amour quand quelqu’un se soumettra à telle ordonnance dans la crainte du seigneur « comme des enfants obéissants » (I Pi. 1 : 14). C’est ainsi que Paul a pu écrire aux Colossiens: « Comme vous avez toujours obéi, mettez en oeuvre votre salut » (2 : 12). La consigne donnée aux premiers chrétiens était : « Obéissez à vos conducteurs et soyez-leur soumis » (Hé. 13 : 17). Passer SOUS silence de telles exigences, ou laisser entendre qu’elles sont dépassées, c’est faire le jeu de ces chrétiens indépendants, orgueilleux, insoumis et volontaires qui croient pouvoir être leur propre chef et qui ne retiennent dans les Ecritures que ce qui leur convient.

L’obéissance n’est donc pas un état d’enfance dont nous devrions sortir en devenant « adulte ». Jésus lui-même, bien qu’il fût Fils, dut apprendre l’obéissance (Hé. 5 : 8), et il fut obéissant jusqu’à la mort (Ph. 2 : 8). Si nous aimons vraiment Christ, nous garderons ses commandements (I Jn 14 : 15) et si nous gardons ses commandements, nous demeurerons dans son amour (Jn 15 : 10). Nous deviendrons ainsi les esclaves de Jésus-Christ, mais nous le servirons dans un esprit nouveau (Ro. 7 : 6). Nous dirons : « J’aime mon maître… je ne veux pas sortir libre » (Ex. 21 : 5-6), c’est-à-dire, nous aimerons assez notre Seigneur pour vouloir être et demeurer ses esclaves plutôt que de retomber dans l’esclavage du « MOI », du péché et de Satan. L’amour et l’obéissance ne font qu’un, l’obéissance à Dieu étant l’expression de notre amour pour Lui. Quiconque sépare l’un de l’autre, ou les oppose, accomplit une oeuvre de dissolution.

(à suivre)
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Hoffmann Jean
Jean Hoffmann (1925-2002) fut pendant plus de 40 ans pasteur dans des églises évangéliques en France et en Suisse ; il fut aussi rédacteur de la revue La Bonne Nouvelleet chargé de cours de formation dans des églises et dans divers instituts bibliques. Le texte qui suit est extrait de la collection de courts messages intitulée Points de repères (Éd. Farel, F-77421 Marne-la-Vallée et Éd. Emmaüs, CH-1806 St-Légier, 1996).