Etude biblique
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Isaac, la paix est-elle au fond des puits ?

Commentaires et sermons brossent les portraits d’Abraham ou de Jacob, mais qu’en est-il du maillon manquant, Isaac ? Dans le plan divin, ce dernier est pourtant indispensable à l’accomplissement des promesses faites à son père, et à la bénédiction de la terre entière. Ce serviteur a certes une vie moins flamboyante, mais néanmoins pleine d’instructions et remarquable pour un trait particulier : la recherche et le maintien de la paix. Signe de faiblesse ou marque de sagesse ?

Les faiblesses et les fautes de ce serviteur de Dieu sont souvent relevées. S’il n’a pas été exempt de chutes – c’est là le lot de tous –, ses manquements n’ont pas pour autant prêté à conséquences comme ceux de son père par exemple. Voici un homme qui malgré des problèmes de couple a été fidèle et n’a pas pris d’autre femme ou de concubine ; qui malgré les vexations n’a pas pris les armes ; qui malgré les tentations n’a pas quitté la terre promise. Fidélité, douceur d’esprit, tempérance, patience, débonnaireté, persévérance sont-elles si peu pour qu’on lui intente un procès en faiblesse ? Le Nouveau Testament honore de telles vertus. Isaac aurait-il été un homme en avance sur son temps dans une période peu encline à de tels comportements ? Il différait certes de son père, mais Dieu ne cherchait pas un clone. Dieu nous jugera sur ce qu’il nous donne d’être et d’accomplir, et non sur ce que d’autres sont ou font.

Retour à la source

Au crépuscule d’une étape de sa vie, Isaac se promène dans les champs pour réfléchir. Il attend de lever les yeux sur sa future épouse et ses prochaines responsabilités (Gen 24.62-67). Il s’en revient de Lakhaï-roï. Ce lieu signifie le « puits du Vivant qui se révèle (ou qui me voit) ». Isaac s’est rendu là où le Dieu qui sonde les profondeurs du cœur (Pr 20.27) révèle sa volonté. Après la mort de son père, il décidera même d’habiter, avec son épouse, aux alentours de ce puits de Lakhaï-roï (Gen 25.11). Nous avons justement tous besoin de cette connaissance de Dieu, dans les grands comme dans les petits changements de nos vies.

Un chemin parsemé d’embûches et de bénédictions

Une famine le contraint à lever le camp et à se mettre en quête d’un endroit où survivre. L’Éternel l’avertit alors d’éviter l’Égypte (Gen 26.1-4). Il séjourne chez les Philistins. Dès lors, l’homme de Dieu prospère. Il augmente ses biens et le nombre de ses serviteurs au point de susciter jalousie et malveillance : on bouche les puits de son père. Que l’on sache l’importance de l’eau pour les hommes et les bêtes, et l’on comprendra combien l’envie peut facilement conduire à ses sœurs que sont fraude, méchanceté, dispute et querelle. Après les pensées coupables dissimulées et les sabotages à l’encontre d’Isaac survient le rejet officiel, public, lorsque Abimélec lui ordonne de quitter son royaume, bourbier de mensonge et de conflits.

Isaac prouve qu’il est un homme de paix. Il n’insiste pas sur le fait qu’il n’a fait de tort à personne, au contraire de ses détracteurs, qu’il n’a pas rendu le mal pour le mal alors que l’on a ravagé une partie de l’héritage terrestre de son père. Il quitte la ville sans menace même si, de l’aveu de ses ennemis, il est plus puissant qu’eux (Gen 26.12-17).

En paix avec Dieu et avec les hommes, il creuse à nouveau les puits que ses ennemis de l’ombre avaient bouchés. Il redonne à ces points d’eau les noms attribués par Abraham (Gen 26.18). Cela témoigne que le fils est aussi en paix avec l’action et la pensée de son père. Il poursuit l’œuvre commencée ; à sa manière il est vrai, et avec son caractère, mais dans une humble continuité. C’est pour nous un enseignement précieux, à notre époque où l’on abandonne aisément les sentiers anciens (Jér 6.16), où l’on se creuse des citernes qui ne retiennent ni l’eau ni la paix (Jér 2.13). La paix, justement, n’est ni dans l’immobilisme ni dans la nouveauté à tout prix ; elle est un principe actif et non passif. Il faut la rechercher, ce qui demande des efforts. Il faut creuser pour la trouver, et recreuser pour la retrouver. Il faut l’entretenir comme un puits, y retravailler quand elle a été recouverte par des monceaux de pierres.

Lorsque les serviteurs d’Isaac creusent un puits dans la vallée, les opposants ne tardent pas à revenir. Ils cherchent à s’approprier le fruit du travail d’autrui, mais plus encore ils cherchent à provoquer, à pousser à la faute celui qu’ils jalousent (Gen 26.19-20). Isaac est réellement homme de Dieu : il ne cède pas à la tentation de faire justice lui-même, alors qu’il en a les moyens. Une fois de plus, il n’insiste pas sur ses droits, et ce que beaucoup considèrent comme une faiblesse est au contraire un témoignage pacifique de la force que Dieu lui donne. Il lui est donné de résister au mal et plus encore de le surmonter par le bien (Rom 12.21) en leur cédant cette eau vive si importante pour les bergers.

Poursuivant la paix comme nous devons tous encore le faire aujourd’hui (Rom 12.18), Isaac leur laisse le point d’eau non sans l’appeler le puits de la dispute. Il se déplace et fait creuser à un autre endroit quand ses ennemis viennent à nouveau lui contester le fruit de son labeur. Avec la force d’En haut, il ne répond pas à ce qui est maintenant de l’opposition franche, du harcèlement. Il leur abandonne ce puits de la haine (Gen 26.21). Mais l’Éternel a en réserve pour lui un autre puits, bienfaisante récompense, où Isaac peut jouir d’un moment de paix (Gen 26.22), comme par la suite le peuple d’Israël trouvera un lieu de repos après l’amertume des eaux de Mara (Ex 15.22-27). Enfin un espace où vivre sans dispute, sans querelle, sans provocation, sans violence. Pourquoi ne pas s’y installer durablement après tant de peines, d’agacements et de retenues ?

Le sentier de la paix

Étonnant Isaac. Il sait qu’il doit encore se remettre en route et monter à Beer-Shéba. Il marche sur les traces de son père qui y avait creusé un puits, et surtout bâti un autel où il avait invoqué le Dieu d’éternité, aux desseins et promesses sûrs et véritables. Sans attendre, l’Éternel lui apparaît dans la nuit pour l’encourager, l’assurer de sa présence, de son action en sa faveur, et lui réitère la promesse faite à son père. Dans ce lieu béni, le fils adore. Il dresse sa tente et fait creuser un puits (Gen 26.23-25).

Le diable ne tarde jamais à revenir, quand bien même il se drape d’atours plus charmeurs. Abimélec, flanqué d’un conseiller et de son général, se présente tout en flatterie et en dissimulation. Isaac n’est pas dupe. L’ennemi ne change pas mais s’adapte au gré des circonstances. Abraham n’avait-il pas déjà eu affaire à ce même roi en ce même lieu ? N’avait-il pas repris ce monarque quant à sa propension à s’emparer de force des biens d’autrui ? Le puits de Beer-Shéba était à Abraham et Abimélec le sait très bien (Gen 21.22-34). Le roi de Guérar craint probablement la puissance du fils. En homme rusé, il veut tourner la situation à son avantage ou tout du moins en statu quo (Gen 26.26-30). Après avoir flatté, il se présente à son avantage. Il estime avoir été généreux en laissant partir Isaac sain et sauf. Expulser un hôte après avoir laissé ses sujets lui causer du tort, est-ce là un traitement de faveur ?

Le caractère pacifique d’Isaac se manifeste à nouveau. Il ne relève pas la duplicité de celui qui le hait et accepte de le laisser partir en paix après lui avoir juré qu’il ne lui fera pas de mal ni dans le présent, ni à l’avenir. Après avoir officialisé ce serment sans tarder, il renvoie son ennemi avec grâce. Alors, en ce même jour, comme pour manifester clairement son approbation, Dieu fait jaillir de l’eau au fond du puits que les serviteurs ont creusé. Ce point d’eau devient alors pour Isaac le puit du serment comme il l’avait déjà été pour son père.

Conclusion

Quel encouragement pour nous, à poursuivre, de génération en génération, la recherche de la paix et sa sauvegarde ! Se contenter de mentionner le puits de Shéba et le souvenir qui y était lié ne pouvait suffire à assurer le succès d’Isaac. De même, il nous faut recreuser les puits que nos devanciers dans la foi nous ont indiqués. L’ennemi a souvent travaillé à les faire disparaître.

« Retire-toi du mal, et fais le bien ; cherche la paix, et poursuis-la. » (Ps 34.14).
« Quand les voies d’un homme plaisent à l’Éternel, il met ses ennemis mêmes en paix avec lui. » (Pr 16.17).

Il n’est pas facile de poursuivre la paix, mais à la fin du chemin parsemé de pièges, d’embûches, de tristesses, d’exercices de foi, cette entreprise mène à la lumière divine qui manifeste toutes choses et éclaire le visage de ceux qui sont appelés fils ou filles de Dieu (Mat 5.9).

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Théret Sébastien
Sébastien Théret habite Solre-sur-Sambre où il développe différents ministères ; club d’enfants, diffusion biblique, etc. Engagé dans une assemblée de Frères à Hornu, il est le représentant de Promesses en Belgique.