Regard sur la crise financière actuelle
En août 2007, l’une des plus graves crises financières mondiales atteint son paroxysme. Une année plus tard, ses effets se font encore sentir. Que s’est-il passé pour que, pendant plusieurs jours, les banques commerciales évitent de se prêter de l’argent entre elles, contrairement à leur habitude ?
A. LA CRISE FINANCIÈRE
1. La cause : des prêts hypothécaires de mauvaise qualité
Cette méfiance entre banques est due à la dégradation du marché hypothécaire américain, en particulier du prêt hypothécaire de mauvaise qualité appelé subprime. Ce prêt permet à des emprunteurs au mauvais historique de crédit d’obtenir des capitaux pour acheter leur logement, financer d’autres types de dépenses ou rembourser des crédits à la consommation à taux d’intérêts élevés. Les banques, sans s’inquiéter du niveau de rémunération des emprunteurs et de leur capacité à faire face aux charges hypothécaires, ont pensé pouvoir prêter sans risque. Elles se rassuraient, entre autres raisons, par le fait que la valeur des biens financés ne cessait d’augmenter depuis plusieurs années.
2. La folle expansion des subprimes
Cette catégorie de crédit a connu une expansion folle ces dernières années, atteignant la masse de 700 milliards de dollars US ! Pourquoi ? Les banques étant frileuses de crédits de moindre qualité, c’est le phénomène de la titrisation qui a permis une telle expansion. En quoi consiste ce procédé ? Pour octroyer un crédit de piètre qualité, la banque doit mobiliser en contre-valeur, à titre de provision, un montant conséquent de fonds propres. Mobiliser un haut niveau de fonds propres pour conclure des crédits de moindre qualité, c’est mal gérer le capital d’une banque. La titrisation a permis aux banques de sortir de leur bilan des sommes importantes de crédits de moindre qualité en les vendant sur le marché à d’autres investisseurs. Comme elles transféraient le risque à d’autres et évitaient de mobiliser des capitaux pour de tels crédits, elles se sont engouffrées dans la brèche avec ardeur. Rassembler, découper ces crédits en tranches différentes, les arranger en lots avec une diversification par région, les assurer, les reconditionner et les vendre est devenu un commerce très prisé des banques d’investissement : c’est une industrie très lucrative. Le rendement sur d’autres classes d’actifs dites sûres (obligations, créances comptables, dépôts à terme, etc.) étant momentanément faible, les arrangeurs de ces obligations hypothécaires n’ont eu aucune peine à trouver des institutions financières intéressées à posséder un actif si sûr et si rentable. Ces institutions pouvaient consister en des fonds de placement, hedge funds ou banques étrangères non internationales. Pour cette dernière raison, certaines banques régionales d’Allemagne, par exemple, ont été touchées alors même qu’elles n’étaient pas actives sur le marché hypothécaire américain.
3. La chute de l’immobilier américain
Ces hypothèques de mauvaise qualité étaient conclues pendant les deux ou trois premières années à un taux d’appel très attractif. Les prix de l’immobilier ont commencé à baisser début 2007 alors que les taux d’intérêts augmentaient. Le taux des crédits de mauvaise qualité a alors grimpé. Toujours plus de maisons étant disponibles et toujours moins d’acheteurs prêts à les acheter, le marché a chuté. À tel point que des prêts hypothécaires plus sûrs ont aussi été compromis.
4. Quelles sont les banques les plus touchées ?
Les banques les plus exposées sont celles qui ont été très actives pour constituer des portefeuilles d’obligations adossées à des prêts hypothécaires. Lorsque le marché s’est effondré, les banques se sont retrouvées avec une grande quantité de ces obligations hypothécaires au bilan (elles étaient en train de créer un portefeuille pour le remettre sur le marché au moment où tout s’est effondré, et où ces titres devenaient invendables). Les banques touchées ont alors dû réévaluer ces obligations hypothécaires qu’elles détenaient à la valeur du marché. Estimations très difficiles puisqu’il n’y avait plus personne pour acheter de tels instruments financiers ! Enfin, la construction de ces portefeuilles était si complexe, que les modèles pour les évaluer étaient pénibles à mettre en place et à valider.
5. Crise de confiance
En août 2007, les banques craignaient de se prêter entre elles car elles suspectaient leurs consœurs de posséder un nombre considérable d’obligations hypothécaires et d’être par conséquent des partenaires trop risqués. Les banques centrales ont alors pris le relais et injecté massivement une grande quantité de liquidités sur le marché.
Une fois les modèles de calculs admis et les titres évalués à leur valeur de marché, plusieurs banques ont dû annoncer des dépréciations d’actifs. Les prix de leurs obligations hypothécaires continuant à baisser régulièrement, plusieurs banques ont dû annoncer des amortissements importants à plusieurs reprises.
B. REGARD CHRÉTIEN
Cette crise nous apprend que sous le soleil, il n’y a rien de nouveau (Ecc 1.9). Pour augmenter ses bénéfices, l’homme a créé un véhicule financier qui s’est révélé toxique et dangereux pour l’économie. Souhaitant maximiser leurs rendements, certains instituts financiers ont largement investi dans de tels titres. Les systèmes de contrôle des risques n’ont pas su détecter la dangerosité de tels instruments. Le gain d’argent trop facile, sans considération des risques courus, explique les motivations de ceux qui se sont lancés dans l’aventure.
1. La cupidité : une caractéristique humaine
La cupidité, la même qui pousse certains spéculateurs à exagérer le cours des matières premières sans aucune mesure avec la loi de l’offre et de la demande, est à l’origine de cette crise. La Bible nous enseigne la cupidité du cœur de l’homme naturel (Mc 7.21-22). Comme toujours, les spéculateurs espèrent gagner un maximum d’argent en peu de temps. Ils amplifient les mouvements de marché à la hausse et à la baisse.
2. La cupidité : un signe de la fin des temps
Timothée précise que dans les derniers jours, les hommes seront égoïstes et amis de l’argent. Quant à Pierre, dans son testament de fin de vie, il appelle les chrétiens à la sainteté et à une marche exemplaire, d’autant plus qu’ils seront entourés d’hommes qui suivront leurs instincts, se livreront à la débauche en plein jour et n’auront plus rien à apprendre en ce qui concerne l’amour de l’argent (ou la cupidité, 2 Pi 2.14). Ces hommes dangereux prendront au piège les chrétiens mal affermis… Le remède que Pierre propose, c’est la vigilance (2 Pi 1.13), l’attachement à Christ et à la vérité biblique (2 Pi 1.16-21). Le péril matérialiste guette chacun d’entre nous… Sommes-nous vigilants ?
3. La solution à la cupidité
Ce n’est pas une nouvelle législation en matière financière qui changera le comportement humain. Seule l’action du Saint-Esprit dans un cœur peut le transformer. Paul propose de faire mourir dans nos vies les tendances mauvaises de notre nature terrestre, dont la cupidité (Col 3.5). Nous ne pouvons pas y parvenir nous-mêmes ; cette nouvelle disposition du cœur n’est possible qu’en union avec Christ. De cette communion jaillit une puissance de vie pour lutter contre les ténèbres du cœur naturel (Col 1.27-29). Le Saint-Esprit nous donne une entière sagesse et un parfait discernement (Col 1.9). Ainsi, et seulement ainsi, nous avons une conduite digne du Seigneur et qui lui plaît (Col 1.10). Sommes-nous convaincus d’avoir, en Christ, les ressources nécessaires pour combattre les penchants de notre cœur naturel ?
C. QUEL COMPORTEMENT ADOPTER ?
Le chrétien peut renoncer à investir dans des véhicules hautement spéculatifs. Il doit avoir une attente de rendement raisonnable. La cupidité crée des déséquilibres. Le chrétien peut être sel et lumière s’il est soucieux de rendements justes, de redistribution des richesses équilibrée entre employés, dirigeants et actionnaires. Plus nombreux seront les intervenants sans éthique chrétienne, plus les exagérations des marchés seront importantes. Nous n’avons malheureusement pas encore tout vu : nul doute que l’ouverture du troisième sceau d’Apoc 6 (v.5-6) évoque un chaos financier gigantesque dont cette crise n’est qu’un avant-goût, comme l’ont été d’autres avant elle (crise de 1929, chocs pétroliers, 11 sept. 2001, etc.) Si nous ne pouvons retenir les événements prophétiques, nous pouvons, à notre échelle, témoigner d’une autre manière de vivre, d’une autre vision d’avenir, d’un meilleur trésor que celui des disciples de Mamon. Les recommandations de notre Seigneur, toutes simples qu’elles paraissent, expriment toutefois le meilleur du bon sens : « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les vers et la rouille détruisent et où les voleurs percent et dérobent, mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où ni les vers ni la rouille ne détruisent, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. » (Mat 6.19-34).