Dossier: L'église locale noyau vital
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L’église : une vie d’équipe

Introduction

Retraçons un épisode de la vie d’un pasteur de Californie, du nom de Raymond Ortlund. Dans l’église dont il avait la charge, il avait appris à ne pas agir seul. Il disait ceci : « Dans l’église, nous travaillons uniquement en groupe. Et les décisions sont prises au niveau du groupe. »

Un jour, la société missionnaire Wycliffe l’avait invité à être l’orateur de la rencontre des missionnaires en Amérique du Sud. Quelle était sa réponse ? « Je viendrai si je peux venir avec une équipe. Quant aux finances nécessaires, Dieu pourvoira d’une manière ou d’une autre. »

Quatre personnes avaient fait partie de l’équipe : le pasteur, sa femme, et deux frères (un doyen d’une école et un dentiste). Pour reprendre les paroles du pasteur, « Dieu les a pétris jusqu’à ce qu’ils deviennent une même pâte. »

Ainsi, les quatre se sont rencontrés chaque jour pour prier, planifier, rire, pleurer, et invoquer Dieu. « Nous étions quatre bouches avec un seul message… Durant les rencontres avec les missionnaires, l’un ou l’autre d’entre nous pouvait prendre la parole… Nous étions le corps de Christ en action. » C’est alors qu’ils découvrirent pourquoi ils étaient là. Les missionnaires de la Wycliffe de Colombie et de Panama avaient donné leurs vies à Dieu, afin qu’il soit le premier dans leurs vies. Ils étaient également pleinement engagés au niveau de l’évangélisation. L’objectif de leur mission était d’apporter la Parole de Dieu à des tribus qui n’avaient jamais entendu l’évangile, dans leurs propres langues.

Mais qu’en était-il de leur engagement au sein du corps de Christ ? Bien que travaillant ensemble dans la même mission, partageant les mêmes objectifs, ces missionnaires travaillaient et vivaient en solitaires.

L’équipe des quatre — le pasteur, sa femme et les deux autres frères — ont partagé avec ces missionnaires comment le Seigneur était en train de les former en une équipe unie.

Cela signifie : « J’ai une responsabilité envers toi, et tu en as une envers moi…Tout ce que j’ai est à toi… Voilà où je suis faible et où j’ai besoin d’aide… j’ai besoin que tu pries pour moi et avec moi… »

La réponse de ces missionnaires : « Comment pourrais-je avoir le temps de faire tout cela ? Je n’ai déjà pas assez de temps pour faire mon travail ! »

Savez-vous ce que répondirent nos quatre frères ? « Alors remettez vos objectifs à plus tard. Le corps de Christ vient en premier — votre épouse, vos enfants, votre voisin isolé, votre ami qui souffre… »

Le matin du 8e jour, alors que les missionnaires se réunissaient, Dieu est intervenu, ayant fondu l’équipe missionnaire en une réalité du corps de Christ. Les chrétiens ont exprimé leur amour les uns pour les autres. Ils ont demandé pardon pour les blessures du passé. À travers les larmes et les rires, ils ont laissé sortir ce qu’ils avaient enfoui au plus profond d’eux-mêmes pendant si longtemps : leurs joies, leurs peines, leurs aspirations.

Puis ils ont prié les uns pour les autres. Alors une compassion authentique, un amour vrai pour les tribus indiennes a été rallumé.

Conclusion :

L’Église, à la base, n’est pas une organisation, mais un organisme.

Ceci a de nombreuses implications, quant à la vie d’église. C’est ce que nous allons examiner maintenant.

I. Pour un bon fonctionnement de l’Église : Un seul chef

Dans une équipe sportive, il y a un capitaine et des joueurs (pas de spectateurs) ; chacun a un rôle à jouer. Dans l’église, qui est le capitaine de l’équipe ? Pas le pasteur, ni les anciens, mais Jésus-Christ ! Redonnons-lui la première place qui lui est due !

Jésus-Christ est l’unique chef (« tête ») de l’Eglise : « Il a tout mis sous ses pieds, et il l’a donné pour chef suprême à l’Eglise, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous. » (Éph 1.22-23)

Souvent, les églises donnent trop de place aux dirigeants humains, et trop peu à Christ, la seule tête de l’Église ; or le titre « chef de l’Église » n’est pas un titre honorifique.

A. Le terme « tête » dans la Bible

Dans l’A.T., le terme « tête » (chef) s’applique à des dirigeants humains. L’organisation est de type hiérarchique. Moïse dit : « Je pris alors les chefs [héb. rosh] de vos tribus, des hommes sages et connus, et je les mis à votre tête comme chefs de mille, chefs de cent, chefs de cinquante, et chefs de dix, et comme ayant autorité dans vos tribus. » (Deut 1.15)

Dans le N.T., le terme « tête » (chef) est employé principalement pour Jésus, la tête de l’Eglise. Il est aussi employé quelquefois pour le mari. Par contre, il n’est jamais utilisé pour désigner un dirigeant de l’église.

B. Un passage clé dans les Epîtres

Quelques extraits d’Éph 5.21-30 aideront à préciser cette notion de « chef »:

« Vous soumettant les uns aux autres dans la crainte de Christ.

Femmes, que chacune soit soumise à son mari, comme au Seigneur ; car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Eglise qui est son corps, et dont il est le Sauveur. Or de même que l’Eglise est soumise à Christ, les femmes aussi doivent l’être à leur mari en toutes choses.

Maris, que chacun aime sa femme, comme Christ a aimé l’Eglise, et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant et en la lavant par l’eau de la parole, pour faire paraître devant lui cette Eglise glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable.

C’est ainsi que le mari doit aimer sa femme comme son propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Car jamais personne n’a haï sa propre chair, mais il la nourrit en en prend soin, comme Christ le fait pour l’Église, parce que nous sommes membres de son corps1.

C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. Ce mystère est grand ; je dis cela par rapport à Christ et à l’Église. Du reste, que chacun de vous aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari. »

Christ est notre modèle. Comment agit-il en qualité de chef ?

– Il a un rôle de Sauveur (v. 23).
Il initie l’amour — il nous a aimés le premier. Or l’amour est plus qu’un sentiment ; c’est une manière de traiter les personnes.
– En tant que « chef », il recherche le bien des autres.

Conclusion :

Diriger, c’est avant tout renoncer à soi pour servir ceux dont nous avons la charge.

II. Pour un bon fonctionnement de l’Église : Des dirigeants compétents

Qu’entend-on par « compétents » ? Sont-ce des dons exceptionnels, une personnalité hors du commun ?

A. Quelle est l’identité des dirigeants ?

Ce sont des dirigeants-serviteurs

« Mais vous (en contraste avec les chefs religieux), ne vous faites pas appeler Rabbi ; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères. » (Mat 23.8)

« Ceux qu’on regarde comme les chefs des nations les tyrannisent, et les grands les dominent. Il n’en sera pas de même parmi vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur. » (Marc 10.42-43)

« Vous m’appelez Maître et Seigneur ; et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres. » (Jean 13.13-14)

B. Quelle est la méthode des dirigeants ?

– Ils doivent être des modèles : « Sois un modèle pour les fidèles », dit Paul à Timothée (1 Ti 4.11-16).

– Ils doivent être des ministres de la Parole : « Veille sur toi-même et sur ton enseignement » (1 Tim 4.16) : c’est la seule compétence requise des anciens (être apte à enseigner). Les anciens sont avant tout des hommes de prière et de la Parole. Notre priorité est de nous placer devant Dieu dans la prière et de prendre le temps dans la Parole de Dieu. Aujourd’hui, ceci représente un vrai défi ! Pourtant, c’est ce que pratiquaient les apôtres : « Et nous, nous continuerons à nous appliquer à la prière et au ministère de la parole. » (Act 6.4)

C. Quelle est la mission des dirigeants ?

Le NT est unanime : Ils doivent répondre aux besoins spirituels des croyants, en les nourrissant et en les équipant :

« Prenez garde à vous-mêmes et à tout le troupeau. » (Act 20.28)

« Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde. » (1 Pi 5.2)

« Pais mes brebis. » (Jean 21.15-17)

Mais un des rôles essentiels des responsables d’église est d’aider les membres à développer des relations harmonieuses avec Dieu, ainsi que les uns avec les autres.

– Avec le Père : Cette relation s’exprime avant tout par l’adoration et la prière.

Notre responsabilité est de conduire les croyants à mieux connaître Dieu, afin qu’ils puissent répondre par l’adoration. Tozer a dit à propos de l’adoration qu’elle est « le joyau manquant de l’Eglise ». L’adoration doit retrouver son vrai sens au sein de l’église. « A celui qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons, à lui soit la gloire dans l’Eglise et en Jésus-Christ. » (Éph 3.20-21)

– Avec le Fils : Cette relation qui se traduit par l’obéissance : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole. » (Jean 14.23)

– Avec le Saint-Esprit : Nous devons apprendre à écouter sa voix, et à nous laisser conduire par lui. « Marchez par l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair » (Gal 5.16), mettant en contraste les œuvres de la chair avec le fruit de l’Esprit.

– Les uns avec les autres : Le N.T. présente l’Église comme des frères et sœurs qui partagent leurs vies.

L’apôtre Pierre déclare : « Avant tout [i.e. avant qu’il parle des dons], ayez les uns pour les autres un ardent amour, car l’amour couvre une multitude de péchés. » (1 Pi 4.8)

L’apôtre Paul dit : « Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime a accompli la loi. » (Rom 13.8)

Jésus résume le tout par ses mots : « Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. » (Jean 13.34-35)

III. Pour un bon fonctionnement de l’Église : Un organisme vivant

Plusieurs hommes étaient assis autour d’une table de conférence de l’église. Lorsqu’ils avaient commencé à se réunir au début, ce n’était qu’un comité. Mais Dieu avait uni leurs cœurs, et ils étaient devenus « un cœur et une âme » (Act 4.32). Maintenant, autour de cette table, ils s’engageaient à se soutenir mutuellement.

L’un d’eux était découragé. Il dit aux autres : « Je ne sais pas si je peux m’engager envers vous. Je suis si découragé, je me sens si faible… je n’ai rien à vous offrir. »

Et un autre lui répondit : « Eh bien, c’est le moment pour nous d’investir nos vies dans la tienne. Le temps viendra où tu pourras à ton tour nous fortifier ».

Voilà la pensée que Dieu avait, lorsqu’il a institué l’Église : un corps (un organisme).

Un ministère n’aura d’impact que s’il s’exerce dans un contexte d’amour et d’unité :

« Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d’une manière digne de la vocation qui vous a été adressée, en toute humilité [c’est la qualité première] et douceur, avec patience, vous supportant [faisant preuve d’indulgence] les uns les autres avec amour, vous efforçant de conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. » (Éph 4.1-3)

Le Seigneur nous invite à entrer dans de telles relations :

« Je vous dis encore que, si deux d’entre vous s’accordent (sumphônizô qui a donné le mot « symphonie ») sur la terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père qui est dans les cieux. Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mat 18.19-20).

Le Seigneur connaît la tragédie de lutter seul au niveau spirituel.

Luc nous relate dans le livre des Actes que les premiers chrétiens (Act 2.44-46) se rencontraient chaque jour, tous ensemble et en petits groupes. Personne ne leur avait dit : « Vous devez vous rencontrer chaque jour » ; ils avaient besoin les uns des autres.

Actes 4 nous rapporte que « la multitude qui avait cru n’était qu’un cœur et qu’une âme » (unis au niveau de leurs cœurs et de leurs pensées). Une telle communauté va vivre des choses… et elle aura un témoignage efficace !

Le danger est grand de nos jours de confondre une église (qui est un organisme) avec une entreprise.

Conclusion :

Un soir, un groupe d’hommes se rencontraient. Ce soir-là, ils avaient une communion merveilleuse : ils partageaient la Parole de Dieu, et aussi ce qui les préoccupait. Un étranger entra. Chacun pensait que l’un d’entre eux l’avait invité. C’est ainsi qu’il était assis et qu’il écoutait, alors que chaque participant partageait ses frustrations et ses besoins ; et tous avaient tant de plaisir à partager l’évangile et à lire ensemble la Parole, dans l’amour de Christ. Enfin, ils demandèrent à cet homme de se présenter. Il leur a dit : « Je m’appelle Paul. Puisque vous avez été honnêtes, je le serai aussi. Je suis toxicomane. Je suis venu ici ce soir pour vous voler, afin de me procurer de la drogue. Mais je crois que j’ai trouvé quelque chose de meilleur. »

1 On retrouve ici la pensée de l’Église comme un organisme.

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Bohrer Michel
Michel Bohrer a obtenu un Bachelor of Arts à Washington Bible College et un Master en Théologie à Capital Bible Seminary aux USA. Pasteur dans plusieurs églises en Suisse durant plus de 25 ans, enseignant à l’Institut Biblique de Genève, il est aujourd’hui retraité.