Baruc : le Seigneur encourage un secrétaire découragé
BARUC : LE SEIGNEUR ENCOURAGE UN SECRETAIRE DECOURAGE
Philip Nunn a travaillé de 1992 à 2007 en Colombie comme missionnaire. À ce titre, il a été très impliqué dans le travail d’évangélisation, d’enseignement de jeunes croyants et a participé à l’implantation de plusieurs nouvelles assemblées chrétiennes. Toujours en contact avec la Colombie, il vit aux Pays-Bas, à Eindhoven, où il est s’est établi. |
Le royaume de Juda était tombé dans l’idolâtrie et la décadence morale.
Pendant plus de 40 ans (de – 627 à – 586), Jérémie avertit les Juifs qu’à moins qu’ils ne se repentent, Dieu les punirait sévèrement.
Pendant tout ce temps, trois nations puissantes se disputaient la domination du monde : l’Assyrie, Babylone et l’Égypte.
Juda ne pouvait éviter le conflit, puisqu’il était situé géographiquement au centre de ces trois puissances.
Le cœur des hommes et des femmes de Juda s’était endurci contre le Seigneur, et la punition semblait inévitable. C’était une triste période. Jérémie se lamentait et pleurait souvent.
Or Dieu a porté une attention particulière à un homme très découragé, Baruc, le secrétaire et l’assistant personnel de Jérémie, le prophète. Il avait travaillé très dur, et s’attendait à ce que quelque chose de positif se produise, mais il se disait maintenant : « Malheur à moi ! car l’Éternel ajoute le chagrin à ma douleur ; je m’épuise en soupirant, et je ne trouve point de repos. » (Jér 45.3)
Les journaux et magazines s’intéressent tout particulièrement aux riches, aux puissants, aux stars… Notre Dieu, lui, manifeste un intérêt plein d’amour non seulement à l’égard de ses serviteurs bien connus et en vue, mais également pour chacun de ces nombreux serviteurs invisibles : ceux qui travaillent dans les coulisses, ceux qui prient, qui donnent, qui nettoient, qui préparent, qui soutiennent, qui servent, qui organisent, qui traduisent, qui aident, qui réparent, qui multiplient et diffusent le message que Dieu a donné à d’autres… Se rendant compte que Baruc était découragé, Dieu a donné à Jérémie une prophétie particulière pour Baruc : « Ainsi parle l’Éternel, le Dieu d’Israël, sur toi, Baruc… » (Jér 45.2)
Pourquoi Baruc était-il découragé ?
Vous êtes-vous déjà senti découragé ? Parfois, le découragement s’infiltre doucement lorsque les nouveaux défis deviennent répétitifs, que nos efforts se heurtent à l’apathie, ou que nous commençons à douter de la valeur de ce que nous faisons. Parfois encore, le découragement nous tombe dessus et s’installe profondément, lorsque nous nous trouvons face à des obstacles sérieux, des contretemps frustrants ou une forte opposition. Nous nous rendons compte que nos grandes espérances ne vont pas être réalisées, et ne le seront peut-être jamais ! Quels ont pu être les facteurs de découragement de Baruc ?
1. Le message
Du fait de la désobéissance entêtée de Juda, les prophéties que devait écrire Baruc parlaient principalement de jugement et de punition (voir, par ex., 32.5 36.8,29). C’est une joie de donner un message d’approbation et de bénédiction de la part de Dieu. Mais, parfois, si nous voulons être trouvés fidèles, nous avons besoin de transmettre la désapprobation ou le jugement de Dieu, et ce n’est pas là une tâche facile !
2. L’auditoire
L’auditoire rejetait Dieu, son message et ses messagers. Baruc, avec Jérémie, a été menacé de mort (Jér 36.26). Les motivations du messager sont parfois remises en question, il est accusé à tort (Jér 38.4).
3. Le type de travail
Le travail du scribe était difficile, lent et méticuleux. « Baruc écrivit dans un livre, sous la dictée de Jérémie, toutes les paroles que l’Éternel avait dites à Jérémie. » (Jér 36.4) Or, après des mois passés à écrire, Baruc lut ce message dans le temple ; quelqu’un porta le rouleau au roi, qui jeta au feu le précieux manuscrit ! (Jér 36.23) Baruc n’en avait conservé ni photocopies, ni sauvegarde d’ordinateur… Alors « Jérémie prit un autre livre, et le donna à Baruc… » (Jér 36.32) et ils ont tout recommencé. Quel découragement pour Baruc ! Le fruit de notre labeur ne produit pas toujours ce que nous attendons et peut sembler complètement inutile, mais pour autant, prenons garde au service que nous avons reçu (Col 4.17).
4. Le manque de reconnaissance
À l’époque, peu de gens savaient lire et écrire. Cela pouvait donc ouvrir les portes pour obtenir des situations lucratives et d’influence. Gemaria, Élishama ou Jehudi (Jér 36.12,20,21) avaient des postes officiels importants. Et Baruc ? Après toutes ces années d’études et de travail acharné, il n’était toujours que le secrétaire d’un prophète mélancolique et impopulaire ! Personne ne semblait le remercier ou exprimer de l’admiration pour son travail dévoué. Parfois, nous pouvons aussi oublier que « vous servez le Seigneur Christ » (Col 3.23-24, Darby). C’est cela seul qui donne sa signification et sa dignité au ministère chrétien.
5. L’avenir sombre
Baruc était un visionnaire qui servait Dieu mais il rêvait également de grandes choses pour lui-même (Jér 45.5). Aurait-il le glorieux avenir de Josué après Moïse ou d’Élisée après Élie ? Les prophéties de Jérémie décrivaient un avenir collectif triste et déprimant. Aucun travail important, respecté ou stable auquel Baruc pouvait aspirer ! Pourquoi l’avenir de Baruc était-il si sombre ? Le Seigneur a une tâche, un ministère ou un avenir différent pour chacun de ses serviteurs. « Que t’importe ? Toi, suis-moi », dit Jésus (Jean 21.21-22).
6. Le sacrifice
Le service de Baruc l’a conduit à accompagner Jérémie dans de nombreuses situations à la fois difficiles et douloureuses : tous deux étaient ensemble ridiculisés et rejetés, ils avaient ensemble faim et froid, ils étaient ensemble accusés à tort et menacés (Jér 36.26). Le sentier de l’obéissance a ses joies — et ses peines aussi. La souffrance injustifiée est particulièrement difficile à accepter, même s’il est dit que c’est « digne de louange » (1 Pi 2.19-20, Darby). Notre ministère peut parfois exiger que nous nous privions de bénédictions légitimes, comme Jérémie à qui le Seigneur avait demandé de ne pas se marier (Jér 16.2). Mais le Seigneur voit et récompense toujours un sacrifice généreux et fait de bon cœur (Matt 19.27-29).
7. Le silence de Dieu
Baruc se sentait totalement désespéré (Jér 45.3). C’est déjà assez de gémir, de se sentir épuisé, de se révolter. Mais le désespoir commence à agripper notre âme lorsque nous entretenons la pensée que notre Dieu est froid, détaché et passif. Et c’est pire si nous commençons à en conclure que Dieu ajoute réellement de la tristesse à notre peine, et que notre vie serait meilleure sans lui. De telles pensées sont d’origine démoniaque et ont pour but de nous faire douter de la puissance, de la sagesse et de la bonté de notre Père céleste. Si elles sont entretenues, la spirale dépressive descendante va sûrement s’accélérer. Lorsque nous sommes tristes ou fatigués, nos esprits sont affaiblis et plus vulnérables aux attaques de Satan. Il nous faut identifier l’origine de tels mensonges au sujet de Dieu, et les rejeter fermement au nom de Jésus. Il est tout à fait possible que nous ne comprenions pas le moment choisi par Dieu, ni pourquoi il permet, fait (ou ne fait pas) quelque chose. Mais que notre propre limitation ne jette aucun doute quant à la puissance, la sagesse ou la bonté du Seigneur (És 26.3).
La réponse de Dieu au découragement de Baruc
Notre Père céleste qui nous aime voit nos circonstances, nos actions et nos motivations. Il écoute nos paroles et nos pensées intérieures, il perçoit nos émotions. Il est très réconfortant de savoir que « tout est nu et découvert » à ses yeux (Héb 4.13) ; comme le chantait David : « Tu pénètres de loin ma pensée. » (Ps 139.2) La déprime et le découragement de Baruc trouvaient leur origine dans des pensées incorrectes. Par un message court, direct et personnel, le Seigneur encourage Baruc à croire la réalité telle qu’elle est vraiment : « Voici, ce que j’ai bâti, je le détruirai ; ce que j’ai planté, je l’arracherai, savoir tout ce pays. Et toi, rechercherais-tu de grandes choses ? Ne les recherche pas ! Car voici, je vais faire venir le malheur sur toute chair, dit l’Éternel ; et je te donnerai ta vie pour butin, dans tous les lieux où tu iras. » (Jér 45.4-5) Ce message est en trois parties.
1. Le Seigneur corrige la vision qu’a Baruc de la réalité
Les efforts et les sacrifices de Jérémie et de Baruc donnaient des résultats décevants ; ils ne changeaient tout simplement pas le monde autour d’eux. Leur travail en valait-il la peine ? Le Seigneur voit le désarroi intérieur de Baruc, son apitoiement sur lui-même, son combat intérieur et il commence à diriger la vision du scribe à l’extérieur de lui-même.
Le Seigneur peut bâtir et planter avec ou sans Baruc (notez la répétition du « je » divin). C’est un fait. C’est la réalité. Le Seigneur peut nous inviter à participer à une partie de son grand projet, mais cela reste son projet. Les hommes ne sont pas le centre de l’univers. Notre Père céleste nous aime, prend soin de nous et se réjouit en nous, mais « nous » et « nos efforts » ne sont pas au centre des plans de Dieu. Ce qui s’y trouve, c’est le Seigneur Jésus Christ, son œuvre, sa gloire (Col 1.16-18). Cher compagnon de service, prends du recul et regarde la réalité avec les yeux de Dieu ; comprends que toi, ton travail et tes sacrifices, n’êtes qu’une petite partie du plan éternel et global de Dieu. Au temps convenable, au moment choisi, Dieu réalisera ses desseins.
2. Le Seigneur corrige la vision qu’a Baruc de sa propre mission
La frustration de Baruc, du fait de l’absence de résultats visibles, l’a poussé à rêver de travaux plus significatifs, de manières plus efficaces d’obtenir reconnaissance et satisfaction. Le Seigneur a vu les intentions du cœur perturbé de Baruc et lui a demandé : « Et toi, rechercherais-tu de grandes choses ? » Parfois, le Seigneur appelle, prépare, et confie à des hommes et des femmes une grande tâche — « grande » du point de vue de Dieu. Mais lorsque, comme Baruc, nous regardons à nous-mêmes et nous cherchons de grandes choses pour nous, le message du Seigneur est clair : « Ne les recherche pas ». En tant que chrétiens, le Seigneur nous appelle à penser « grand » et à emmagasiner de « grands » trésors, mais à le faire au ciel (Matt 6.20-21).
Quels talents et quelles capacités vous ont été confiés ? quel est votre appel ? quelle est votre mission ? Une fois que vous savez ce que le Seigneur vous a donné à faire, tenez-vous-y. Jusqu’à ce que le Seigneur vous montre clairement que vous devez en changer, donnez-vous totalement à l’œuvre du Seigneur, parce que vous savez que « votre travail ne sera pas vain dans le Seigneur » (1 Cor 15.58). Parfois, notre stratégie ou la méthode employée peut devoir être modifiée à la lumière des résultats obtenus, mais notre cœur n’est pas fixé sur les statistiques. Avant tout, nous désirons entendre notre Maître nous dire : « C’est bien, bon et fidèle serviteur ; […] entre dans la joie de ton maître. » (Matt 25.21) Est-ce là toujours le désir de votre cœur ?
3. le Seigneur corrige la vision qu’a Baruc de l’avenir
L’un des facteurs qui a contribué aux pensées dépressives de Baruc est qu’il n’a vu aucune espérance pour l’avenir. Les dirigeants de Juda continuaient à ignorer le message de Dieu, et Dieu allait bientôt utiliser l’armée babylonienne pour envahir, tuer, détruire et prendre le contrôle de Juda. Le Seigneur a partiellement confirmé le sombre point de vue de Baruc : « Voici, je fais faire venir le malheur sur toute chair. » (Jér. 45.5)
Le fait que Dieu décide d’arrêter un projet, d’interrompre un ministère ou même de discipliner son peuple ne signifie pas qu’il s’en est allé, ni que tout espoir s’est évanoui. En fait, les actes mêmes de renverser et d’arracher sont des indications claires que Dieu est toujours impliqué, actif, et aux commandes. Aussi longtemps que nous serons sur terre, de tels changements douloureux et de tels contretemps apparents ont un but. Et il est heureux qu’il y ait toujours un « mais » divin.
Le Seigneur a béni Baruc en lui donnant cette promesse personnelle : « Mais je te donnerai ta vie pour butin, dans tous les lieux où tu iras. » Cette promesse se situe historiquement au milieu des événements du ch. 36. Après que le roi a brûlé le rouleau et ordonné l’arrestation de Baruc et de Jérémie, survient un autre « mais » divin : « Mais l’Éternel les cacha. » (Jér 36.26) Baruc était en sécurité ; le Seigneur avait commencé à tenir sa promesse.
Craignez-vous l’avenir ? Votre vision est-elle obscurcie par de sombres pensées ? Le Seigneur ne nous a jamais promis sur cette terre que nous connaîtrions uniquement la croissance constante et le succès visible. Mais il nous a dit : « Allez. Et, voici, je suis avec vous tous les jours. » (Matt 28.19-20). Face à une attaque spirituelle, nous savons que les bonnes promesses de notre Seigneur s’étendent bien au-delà de notre court voyage sur terre, jusqu’à son retour pour nous prendre auprès de lui (Jean 14.1-3).
Après avoir reçu en promesse l’assurance qu’il aurait la vie sauve, Baruc a-t-il eu peur de se faire attraper et tuer ? Peut-être, mais il n’avait pas à le faire. Nous ne pouvons jouir des promesses de Dieu que si nous les connaissons et les croyons. Les croyons-nous réellement ?
Conclusion
Notre Père céleste voit ce qui se passe à l’intérieur de chacun de nous, que nous le servions au front ou aux bagages, et il s’en soucie. Comme Baruc, beaucoup d’entre nous se sont vus confier quelques petites tâches. Comme Baruc, nous pouvons aussi parfois nous sentir las et découragés. Nous ne voyons pas les résultats auxquels nous aspirons, et pouvons commencer à es-timer que notre travail ne sert à rien. À quoi le Seigneur regarde-t-il, chez tous ceux qui le servent ? Les deux seuls critères qu’il utilise pour évaluer la réalité de chaque vie sur terre sont l’obéissance et la fidélité. Alors continuons à écouter, à obéir et à avancer.