Dossier: Corps et maladie, foi et guérison
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Chrétien et dépressif ?

CHRETIEN ET DEPRESSIF ?

Attaques en chaîne

Mes 40 premières années de vie, dont 23 en tant que chrétien, s’étaient bien passées.

En quelques mois, j’ai vécu des changements importants : passage d’une grande entreprise à une PME, travail devenant itinérant, déménagement dans une autre ville, fin de mon rôle de coresponsable d’église exercé pendant dix ans.

J’ai alors traversé en deux ans trois épisodes dépressifs. Un antidépresseur conjugué à un ralentissement de mon rythme de vie m’ont permis d’en sortir sans m’arrêter de travailler. La troisième année, une soudaine fatigue inexpliquée m’a ralenti. Puis se sont successivement déclarées une grippe, une autre dépression, et enfin une hépatite (non virale), peut-être provoquée par la reprise de l’antidépresseur.

Affaibli par ces maladies simultanées, j’en suis graduellement arrivé à un stade d’affaiblissement et de fébrilité nerveuse où ma seule envie était de dormir pour oublier. Je craignais de perdre mon emploi, voire de ne plus jamais pouvoir retravailler. Chaque tentative pour m’en sortir ressemblait aux efforts d’une fourmi au fond d’une bouteille.

Un premier bilan

• Physiquement, j’admettais la nécessité de faire de l’exercice, mais n’en avais ni le goût ni la force.

• Psychiquement, j’étais sujet à des émotions disproportionnées : anxiété au moindre changement (négatif ou positif), pleurs faciles, impression d’être dépassé, etc.

• Spirituellement, je gardais « la foi » dans mon cœur, mais sans la paix. Chaque acte simple de la vie était pour moi un vrai casse-tête. Pour me remettre du modeste effort consistant à aller au marché et à y acheter mes provisions de légumes et de fruits, il me fallait une heure de récupération.

Remonter la pente

La guérison a commencé par un traitement médicamenteux approprié… qu’il a d’abord fallu trouver ! Les médicaments m’ont ainsi permis de sortir de l’ornière où j’étais immobilisé. J’ai pu envisager les choses simples de la vie avec plus de sérénité.

Une fois rétablis l’appétit et le sommeil, au moins en partie, j’ai traversé de longues semaines de convalescence : marches, lectures (pas trop intellectuelles), siestes, longues nuits, contacts téléphoniques, visite d’amis, prière et lecture de la Bible.

Ma dépression avait pu être accrue par la grippe et l’hépatite, mais aussi par certaines attitudes mentales néfastes qui me rendaient malheureux. Comment identifier ces dernières et surtout les réfuter au quotidien ?

Suite à des lectures, j’ai pris conscience de ce que la psychologie cognitive appelle les « pensées automatiques », qui surviennent à l’occasion d’émotions négatives et angoissantes. J’ai appris à leur substituer des pensées rationnelles. Ma surprise a été de voir que toutes les situations qui me semblaient insurmontables reprenaient ainsi de plus justes proportions.

Cette approche psychologique, quoiqu’utile, ne m’offrait aucune réponse sur le sens de ma vie. Et on se questionne à ce sujet pendant une dépression ! Un psychologue ne peut que donner des conseils très généraux du style : « Tout n’est pas noir dans la vie », « Le pire n’est jamais certain », « Apprenez à regarder ce qui est beau autour de vous ». Tout ceci est certes vrai, mais ne donne pas du « sens ».

Retour sur mon identité chrétienne

Je me suis donc penché à nouveau sur le thème de l’identité, et en particulier de l’identité chrétienne. Sans recevoir de « révélation nouvelle », j’ai simplement redécouvert l’amour inconditionnel de Dieu.

Quels que soient mes réussites ou mes échecs, ce que j’accomplis et ce que je n’accomplis pas, je suis (et je demeure) un enfant adopté de sa famille. Rien ni personne ne pourra me l’enlever.

Huit ans ont passé depuis le début de cette nouvelle période de ma vie. Je voudrais pouvoir me passer complètement de médicaments, mais je dois continuer à en prendre, même si c’est à faible dose. J’expérimente ainsi la complémentarité entre l’aide que Dieu m’apporte à travers les médicaments, et la façon dont il soutient ma foi.

Je ne cherche pas à tout comprendre, parce que l’intelligence de Dieu dans la Création me dépasse : il suffit d’un si petit dérèglement glandulaire pour que notre équilibre soit remis en cause !

Je peux dire que je vis simplement chaque jour dans la reconnaissance pour la vie normale que je peux mener.

Et je sais que toutes nos « infirmités » ne feront plus partie de la « nouvelle Création » dans laquelle Dieu m’a préparé une place.

Car je suis persuadé que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni le présent, ni l’avenir, ni les puissances, ni les êtres d’en-haut, ni ceux d’en bas, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu en Christ-Jésus notre Seigneur.
Romains 8.38-39.

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Dossier : Corps et maladie, foi et guérison
 

Théron Jean-Louis
Jean-Louis Théron a été responsable d’activités chrétiennes étudiantes, puis coresponsable au sein de deux communautés évangéliques grenobloises sur une période de quinze ans. Il est marié et père de deux enfants. Son épouse, Sylviane, compose et témoigne par le chant en s’accompagnant au piano.