Conseils à un intercesseur découragé
Pour renoncer à la prière en gardant bonne conscience, nous trouvons aisément des prétextes. Sous forme de conversation, nous dénonçons ces prétextes en suggérant des pistes pour les surmonter. Ainsi, Valério se propose de répondre à Barnabé, inquiet et désemparé. Nous croyons que ces lignes pourront aider ceux qui éprouvent quelque difficulté à prier.
Barnabé – Je suis découragé en constatant combien mon cœur est sec. Ma prière est froide, sans vie, dénuée de ferveur. Elle devient une corvée.
Valério – Cesse donc de regarder à la « sécheresse » de ton cœur. Après tout, peu importe que ta prière soit ceci ou cela, pourvu que tu t’attendes au Seigneur, pourvu que tu te « concentres » sur Jésus. C’est lui qui, le moment venu, éveillera ton cœur. Il te donnera, lui, la ferveur que tu ne peux créer.
Barnabé – Lorsque je m’approche de Dieu, j‘ai l’impression qu’un mur se dresse entre lui et moi. C’est pour cette raison que j’hésite à prier.
Valério – Quand donc cesseras-tu de considérer tes impressions et de jauger ta prière en fonction de ce que tu ressens ou ne ressens pas ? Réfléchis ! Tes impressions négatives sont du domaine de notre Ennemi, trop heureux de te voir éloigné du Seigneur. Une bonne fois pour toutes, sache que tu as une « libre entrée dans le sanctuaire au moyen du sang de Jésus ». (Héb 10.19) Celui qui a « renversé le mur de séparation » par son sacrifice (Éph 2.14) ne veut surtout pas que tu le rétablisses. C’est pourquoi, « passe ce mur » et « approche-toi avec assurance du trône de la grâce » (Héb 4.16). C’est l’attitude conforme à l’Écriture.
Barnabé – Mais n’y aurait-il pas quelque infidélité de ma part qui expliquerait le malaise que je ressens lorsque je cherche sa face ?
Valério – Ici, tu tiens le langage de chrétiens tellement scrupuleux qu’ils sont devenus une proie facile pour l’Accusateur. Je t’en conjure, cesse de t’introspecter. Ce « moi » incurable qui bronche toujours, regarde-le donc « comme mort », sachant que tu vis pour le Seigneur (Rom 6.11). Au lieu de chercher tes fautes — Satan ne se privera pas de t’en révéler du matin au soir, si bien que tu n’oseras plus t’approcher du Seigneur —, laisse plutôt au Saint-Esprit le soin de te convaincre et de dénoncer le ou les obstacles à une vraie communion ; mais surtout ne te substitue pas à lui en prétendant jouer son rôle. À toi de marcher dans la lumière, toujours ouvert à l’action de l’Esprit, déterminé à obéir à sa voix chaque fois que tu t’approches de lui.
Barnabé – J’ai rarement envie de prier. Puis-je honnêtement m’adresser à lui si je ne le fais pas de tout mon cœur ?
Valério – Balaie ce nouveau prétexte et avoue à ce Père aimant ton indifférence et tes négligences en lui disant ton ardent désir de lui consacrer du temps dans la prière, pour lui être agréable. Vouloir la joie de l’autre, n’est-ce pas déjà l’aimer ?
Barnabé – Ce qui me désespère et m’attriste, c’est de voir mon esprit vagabonder lorsque je prétends l’invoquer. Je me surprends bien souvent à penser à des choses très éloignées de ce que je suis en train de lui dire. Prier seulement du bout des lèvres me désole et me culpabilise.
Valério – Surtout que ce motif n’en soit pas un pour déserter la prière. Devant Dieu, reconnais ce travers et demande-lui, avec détermination, la grâce de penser à ce que tu dis. Avec son aide, sois centré sur la personne du Seigneur. Tu dois savoir que Jésus est là, à tes côtés. Pense à lui et non à tes pensées. Devant un haut personnage, la conversation ne s’égare pas, encore moins les pensées.
Barnabé – Au bout de quelques minutes, je ne sais plus que dire au Seigneur. Je suis à court d’idées. De plus, je ne suis pas certain qu’il s’intéresse à mes paroles. J’ai si peu de choses valables à lui exposer.
Valério – Cela ne devrait pas t’étonner, puisque l’Écriture elle-même déclare que « nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières » (Rom 8.26). Rassure-toi donc et reconnais que Dieu sait à l’avance ce dont tu as besoin (Mat 6.8). C’est pourquoi, ne te hâte pas d’ouvrir la bouche et surtout, garde-toi de multiplier les phrases. S’il le faut, reste silencieux devant lui, puis bénis-le, conscient que le Saint-Esprit, par « des soupirs inexprimables », intercède en ta faveur et obtient tout ce qui t’est présentement nécessaire. N’est-ce pas là déjà un beau sujet de reconnaissance ?
Barnabé – La prière ne m’apporte pas la joie que j’attendais y trouver. Je voudrais tellement être porté par elle et connaître les émotions profondes qu’éprouve celui qui se tient dans la présence du Seigneur.
Valério – Halte-là! Qui t’a dit que ta prière te porterait ? Que tu connaîtrais à chaque rencontre des états d’âme merveilleux ? En réalité, tu te recherches toi-même dans tes prières et tu es surtout préoccupé de ta joie et non de la joie de Dieu. Autrement dit, tu viens pour toi d’abord. Veux-tu être béni ? Alors consens à « mourir à toi-même » et sois tout entier désireux de plaire à ton Maître. Quand il le jugera bon, le Dieu souverain te donnera d’expérimenter l’ineffable. En tout cas, si tu ne ressens rien, bénis-le quand même, sachant que la louange lui est agréable plus que les sacrifices les plus coûteux (Ps 69.31-32).