La caution de l’Esprit
« En [Christ] vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l’Évangile de votre salut, en lui vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis, lequel est un gage de notre héritage, pour la rédemption de ceux que Dieu s’est acquis, pour célébrer sa gloire. » (Éphésiens 1.13-14)
Charcot, le grand explorateur des terres polaires, préparait une nouvelle expédition. Ceux qui devaient l’accompagner (et qui avaient déjà fait d’autres voyages avec lui) avaient accepté ses plans et son itinéraire, quand brusquement, il dut changer de programme. Le voyage comportait encore plus de fatigue et plus de dangers ! Il prévint ses collaborateurs, les invitant à reconsidérer leur choix. Savez vous quelles ont été les réponses ? Elles se résumaient toutes dans le télégramme de l’un d’eux : « Où vous voudrez ; quand vous voudrez ; tant que vous voudrez. » Qu’est-ce qui peut faire qu’un homme soit prêt à tant de périls ? À tant de sacrifices ? Probablement une seule chose : la confiance dans les capacités de ce leader.
Dieu nous invite à un voyage qui n’est pas toujours facile. La foi, la marche chrétienne est parfois inconfortable. Qu’est-ce qui est susceptible de nous encourager pour que nous puissions dire à Dieu : « Où tu veux ; quand tu veux ; tant que tu veux. » La présence et l’œuvre du Saint-Esprit sont des soutiens primordiaux dans notre voyage terrestre.
L’Esprit est donné en réponse à notre foi (v. 13)
L’Épître aux Éphésiens commence par une longue phrase qui constitue la prière de louange de Paul (1.3-14) : l’apôtre y présente Jésus Christ comme le centre et l’objet de notre foi. En lui nous sommes bénis, choisis, adoptés. En lui nous avons la possession du pardon, le privilège de la compréhension, et le sens d’appartenance. En lui aussi, comme si cela n’était pas suffisant, nous recevons l’Esprit saint, dont nous allons détailler le ministère.
Le Saint-Esprit vient sur les Juifs et les païens
Le changement dans les pronoms est significatif : du v. 3 au v. 12, Paul utilise « nous ». Au v. 13, soudainement, Paul utilise « vous ». Paul veut s’assurer que les lecteurs païens convertis à Christ, comprennent bien qu’ils font partie du même plan de rédemption. Vous aussi qui n’êtes pas de la famille juive, vous êtes au bénéfice de ce salut.
Le Saint-Esprit vient dans l’individu en réponse à la foi dans l’Évangile
Dieu sauve par l’Évangile ; c’est pourquoi il est qualifié d’Évangile « de votre salut ». En Luc 11.13, Jésus annonce que notre bon Père céleste donnera le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent. La venue du Saint-Esprit n’est pas une seconde expérience, postérieure à la conversion (1 Cor 12.13 ; Rom 8.9). Le Saint-Esprit vient en réponse à la compréhension de la « Parole de vérité ». L’Évangile est une sorte de contrat qui sauve dans la mesure où il est retenu dans des termes où il est proclamé (cf. 1 Cor 15.1-3) : « Vous êtes sauvés [par l’Évangile], si vous le retenez dans les termes où je vous l’ai annoncé ; autrement, vous auriez cru en vain. » (v. 2) La clause suspensive doit inciter les chrétiens à présenter un Évangile authentique. L’Évangile sauve les pécheurs, les malades spirituels, ceux qui ont conscience de leur misère. Dans un premier temps, l’Évangile est choquant, car il parle de péché et de culpabilité. Et nous ne saurions éviter d’aborder la question du péché sous prétexte qu’elle est gênante. Dieu ne sera pas honoré par un Évangile tronqué. Le Saint-Esprit vient dans une personne lorsque celle-ci croit au véritable Évangile.
Le Saint-Esprit vient lorsqu’une personne choisit de croire
C’est l’autre côté de la vérité présentée dans les v. 3 à 12 : Dieu choisit, Dieu nous a élus, selon un choix souverain caché et mystérieux, selon un plan arrêté d’avance avant que le monde existe, sans toutefois que ce plan ne diminue en quoi que ce soit la responsabilité et la liberté humaines. L’homme choisit de croire en l’Évangile. En cela, il prend une décision. L’homme peut choisir de refuser l’Évangile. 2 Thessaloniciens 1.8 évoque le jugement de ceux « qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus ». Le salut ressemble à une auberge portant un panneau : « Ouvert à tous » mais quand nous y entrons, nous y trouvons un badge à notre propre nom et sur lequel est gravé : « Élu de Dieu ». Ces deux aspects de la vérité sont irréconciliables dans une logique humaine.
Le Saint-Esprit forme un sceau divin
Nous sommes « scellés » du Saint-Esprit. Un sceau évoque :
( La propriété : Dieu nous a scellés afin que nous soyons pour lui un peuple qui marche selon sa volonté ;
( L’authenticité : Le chrétien authentique n’est pas quelqu’un qui suit une religion. Il est un fils de Dieu, il appartient à une famille, et vit comme un fils avec son père. Il reflète l’Esprit saint dans la manière dont il vit et conçoit la vie ;
( La protection : Au xiiie siècle, Marco Polo fut un jour pris par une patrouille de soldats en Mongolie. Son père et son oncle s’étaient éloignés du campement et devaient revenir assez vite, mais, à ce moment là, il était seul. Les soldats mongols étaient réputés pour leur sauvagerie et ils avaient décidé de couper la tête de Marco Polo. Pleurant de crainte, il se souvint d’un sceau que lui avait donné Khan Qubilaï, fils de Genghis Khan. Ce sceau lui sauva la vie, et poussa les soldats à se retirer ;
( La sécurité : Christ nous a scellés pour que personne ne nous vole ! L’Esprit est comme notre marque antivol. Et la Bible dit que rien ni personne ne nous arrachera de sa main (Jean 10.28).
Le Saint-Esprit vient comme le promettait l’A.T.
Sous la nouvelle alliance (Jér 31.31-34), la Bible devient parole intérieure et personnelle, désirée au plus profond de soi, une relation directe et filiale avec Dieu, une connaissance intime et complète de Dieu. Les bienfaits spirituels de cette alliance sont une réalité, précisément parce que le Saint-Esprit vient résider à l’intérieur du croyant : « Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés ; je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon Esprit en vous, et je ferai en sorte que vous suiviez mes ordonnances, et que vous observiez et pratiquiez mes lois. Vous habiterez le pays que j’ai donné à vos pères ; vous serez mon peuple, et je serai votre Dieu. » (Éz 36.25-28) L’Esprit nous donne la capacité de pratiquer ce que la loi ordonnait (Rom 8.4).
Le Saint-Esprit vient comme le promettait Jésus-Christ
Jean-Baptiste, voyant venir Jésus pour être baptisé, dit de lui : « Lui, il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu. » (Luc 3.16) Jésus lui-même a promis la venue du Saint-Esprit (Jean 14 ; 16 ; Act 1.8), ce qui n’était possible qu’après sa glorification (Jean 7.39 ; 16.7).
L’Esprit est un acompte sur notre salut (v. 14)
Le Saint-Esprit sert de « caution », de « garantie » pour la suite.
Lorsqu’on acquiert une maison en France, il est obligatoire de consigner immédiatement 5 % du prix de vente pour rassurer les propriétaires et prouver le sérieux des intentions de l’acheteur.
Il en est de même avec la rédemption. Elle comporte plus que le simple pardon de nos péchés que nous recevons immédiatement. Beaucoup est à venir. Nous avons reçu, en la personne du Saint-Esprit, sa présence et son ministère : « 5 % » du reste !
Nous avons tous déjà été frustrés de l’écart entre notre désir de vivre selon Dieu et la réalité de notre marche avec Dieu, loin d’atteindre les 100 %. Nous regrettons les débordements de notre caractère (colère, irritation, impatience, etc.). Nous avons parfois un mal terrible à canaliser nos pensées, à nous éloigner de certains péchés, etc. Néanmoins nous pouvons avoir confiance pour la suite, parce que Dieu nous a donné avec l’Esprit un acompte qui nous assure qu’il terminera ce qu’il a commencé en nous (2 Cor 1.22 ; Éph 4.30 : « pour le jour de la rédemption »).
Pourquoi Dieu ne nous a-t-il pas tout donné ? C’est vrai que cela aurait été sympathique ! D’abord, n’oublions pas que Dieu ne nous doit rien du tout ! Ensuite, l’homme sent plus profondément son besoin de Dieu lorsqu’il est en partie dérangé par ses penchants et ses tendances. Cela le force à chercher refuge en Dieu. Et l’homme croît dans son amour pour Dieu. Enfin, Dieu se plaît à l’intimité que forge le combat. Dieu révèle sa grâce, sa patience et sa miséricorde, enseignant par là même les anges (3.9-10 ; 1 Pi 1.12).
Mais cette caution n’est pas seulement un prépaiement. C’est beaucoup plus :
– Avant la conversion, le Saint-Esprit donne cette conviction d’un problème spirituel majeur et oriente les âmes vers Dieu (Jean 16.8) ;
– Lors de la conversion, l’Esprit renouvelle (Tite 3.5), fait entrer le croyant dans le royaume de Dieu (Jean 3.5), baptise (cf. supra), lave, sanctifie et justifie (1 Cor 6.11) ;
– Au cours de la vie chrétienne, l’Esprit conduit (Rom 8.14 ; Act 8.29 ; 10.19-20 ; 13.2, 4), témoigne que nous sommes enfants de Dieu (Rom 8.15-16). Il est le Consolateur qui nous enseigne dans la vérité (Jean 14.26). Il donne la justice, la paix et la joie (Rom 14.17). Il répand l’amour de Dieu dans nos cœurs (Rom 5.5). Il donnera de quoi nous défendre devant nos agresseurs (Marc 13.11 ; Act 6.5). Il intercède secrètement en fonction de nos besoins (Rom 8.26), etc. ;
– Collectivement, l’Esprit agit et édifie l’Église, qui est son temple (1 Cor 3.16).
En face de toutes ces bénédictions déjà présentes dans cet « acompte », le chrétien est responsable :
– de se laisser continuellement remplir par l’Esprit (Éph 5.18) ;
– de ne pas attrister le Saint-Esprit de Dieu (Éph 4.30) ;
– de ne pas éteindre l’Esprit (1 Thes 5.19) ;
– de marcher par l’Esprit (Gal 5.16).
Nos enfants ont appris à faire du vélo, et cela a été une joie de leur apprendre l’équilibre sur deux roues. Au début, il faut les mettre en selle, et puis courir avec eux, les tenant pour imposer l’équilibre. Petit à petit, conseils aidant, des petites touches ici et là, et les voilà partis d’eux-mêmes.
C’est un peu la même chose avec l’Esprit saint, mais d’une manière inverse. Il nous est donné et nous met en selle. Mais sa participation à notre vie ne va pas diminuant, mais croissant. Il prend de plus en plus de place, pour que Christ apparaisse de plus en plus en nous.
Jésus a dit de lui qu’il demeurerait éternellement avec nous (Jean 14.16). L’Esprit nous accompagne, dès le moment de la conversion, accomplissant en nous la nouvelle naissance, puis nous apprenant les rudiments de la marche chrétienne. Enfin, il réalisera notre résurrection, et la transformation de notre corps, et, sans que je sache comment, nous accompagnera pendant toute l’éternité. Par son Esprit, Dieu terminera son œuvre. Le paiement sera alors complet et l’héritage complètement touché.