Dossier: Dieu le Saint Esprit
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Le fruit de l’Esprit

« Le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi ; la loi n’est pas contre ces choses. » (Galates 5.22-23)

Nous examinerons d’abord les différents sens du mot « fruit » et le rôle de l’Esprit en relation avec ces différentes significations ; puis nous examinerons ce qu’évoque l’allégorie du « fruit de l’Esprit » ; enfin nous regarderons brièvement les différents aspects de ce fruit.

A. Qu’est-ce qu’un fruit ?

Considérons trois sens du mot « fruit » :

• organe végétal succédant à la fleur et protégeant la graine ;

• aliment sucré produit par un arbre ;

• au sens figuré : résultat, bénéfice, but (« il récolte le fruit de son travail »).

Un fruit, comme porteur de graines et comme aliment, vise deux finalités évoquées dans le récit biblique de la création :

1. Transmettre la vie et la disséminer (le fruit a le sens de « porteur de graines ») : « Dieu dit : Que la terre produise […] des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence sur la terre. » (Gen 1.11) Le fruit protège les graines, puis les dissémine. Par exemple, une noix de coco flotte, et, en échouant sur un rivage lointain, peut faire germer un cocotier.

Dans un sens figuré, ces graines de vie ainsi semées sur toute la terre évoquent le résultat du travail de l’Esprit : il produit d’abord là où il le juge bon (il souffle « où il veut ») une conviction de péché qui conduit à accepter le salut en Jésus-Christ (Jean 16.8). L’Esprit peut alors transmettre la puissance d’une vie éternelle (Jean 3.5 ; 6.63).

2. Entretenir, fortifier la vie (le fruit a alors le sens d’aliment, de nourriture). Adam a entendu autrefois la voix de Dieu : « Tu peux manger les fruits de tous les arbres du jardin » (cf. Gen 2.16) et depuis, l’homme se nourrit de tous ces fruits délicieux qui désaltèrent et fournissent de l’énergie. De tous ces fruits sans lesquels nous manquerions de vitamine C, nourriture essentielle pour notre santé (entre autres pour éviter la maladie du scorbut !) Non seulement les fruits entretiennent la vie de l’homme, mais ils procurent aussi un plaisir renouvelé par leur immense variété en goût, en consistance, en couleur, en taille, etc.

De même, la vie de l’homme intérieur doit être renouvelée : « Qu’il [le Père] vous donne, selon la richesse de sa gloire, d’être puissamment fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur » dira Paul (Éph 3.16). « Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi selon l’Esprit. » (Gal 5.25)

B. L’allégorie du « fruit de l’Esprit »

L’expression « le fruit de l’Esprit » est en relation avec le sens figuré du mot fruit (résultat, bénéfice, but).

L’action de l’Esprit dans le croyant a donc pour « but » les neuf caractères énumérés en Galates 5.22 : l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi.

Le choix inspiré du terme « fruit » est magnifique ! Paul reprend le terme que Jean-Baptiste ou le Seigneur lui-même avaient déjà utilisé dans son sens figuré : « Produisez donc du fruit digne de la repentance. » (Mat 3.8) « Tout bon arbre porte de bons fruits » (Mat 7.17)

Un FRUIT

Le fruit de l’Esprit est différent des dons de l’Esprit, lesquels sont accordés à différents chrétiens, à des moments choisis par Dieu (1 Cor 12.7-11). Par contre, le fruit de l’Esprit doit être porté par tous les chrétiens de tous les temps !

Mais ces caractères ne sont pas « portés » d’une façon automatique. Comme pour l’arbre, des conditions sont nécessaires, que le Seigneur précise à ses disciples : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit. » (Jean 15.5)

La fragilité de certains fruits peut évoquer aussi la fragilité de notre relation avec Dieu. Le fruit de l’Esprit pourrait-il disparaître ? « N’attristez pas le Saint-Esprit » enjoint Paul (Éph 4.30). Le contexte de cette exhortation indique comment ne pas attrister cet hôte divin en nous : par une vie droite, honnête, communiquant la grâce, sans amertume, dans un chemin de pardon et d’amour. Paul évoque aussi un cœur disposé à la prière et à la reconnaissance, et l’abstention de toute espèce de mal quand il écrit : « N’éteignez pas l’Esprit. » (1 Thes 5.19)

Comme le sarment de vigne « porte » la grappe de raisin, le chrétien « porte » ces caractères produits par l’Esprit ; le fruit est vu comme le résultat direct de la vie de Christ (la sève) dans le chrétien (Jean 15.1-8).

Nous avons tous, certainement à des degrés divers, des capacités naturelles, mais limitées : par exemple, les uns auront plus de douceur ou de patience que d’autres… L’Esprit saura sans doute utiliser ces capacités, mais fera en sorte qu’elles soient transcendées, et subsistent même au travers d’épreuves trop grandes pour nos forces naturelles.

Un fruit issu DE L’ESPRIT

Il est donc le résultat d’une action surnaturelle de Dieu en nous. Dieu souhaite nous rappeler que les caractères du fruit de l’Esprit sont le résultat, non de nos efforts ou de nos œuvres, mais de la présence du Saint-Esprit en nous.

Paul donne aux Éphésiens une autre description du fruit de l’Esprit (appelé ici le « fruit de la lumière »), qui complète bien celle donnée aux Galates : « Maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Marchez comme des enfants de lumière ! Car le fruit de la lumière consiste en toute sorte de bonté, de justice et de vérité. » (Éph 5.8-9) À la liste des neuf caractères du fruit de l’Esprit de Galates 5, s’ajoutent donc la justice et la vérité. (D’ailleurs, l’absence de ces deux caractères aurait été très surprenante !)

UN fruit au singulier, bien que multiple

L’utilisation du singulier suggère non seulement que le Saint-Esprit ne produit qu’une sorte de fruit (il transforme le chrétien pour le rendre semblable à l’image de Christ), mais aussi que le résultat de l’action de Dieu en nous est globale, harmonieuse, équilibrée dans ses effets. Inutile donc de revendiquer une marche juste et vraie, si nous sommes dépourvus d’amour et de bonté, et réciproquement !

Un fruit en contraste avec les ŒUVRES de la chair

Par opposition aux « œuvres de la chair » (Gal 5.19-21), on s’attendrait à l’expression « les œuvres de l’Esprit ». Mais l’apôtre parle du « fruit de l’Esprit » pour montrer l’aspect intérieur du développement de la vie nouvelle, dont la source est l’Esprit de Dieu en l’homme.

Les œuvres sont produites par l’énergie humaine. Le fruit pousse quand la branche reste attachée au cep (Jean 15.5). La différence est comparable à celle qui existe entre une usine et un verger ! Dans le contexte de cette comparaison, les « œuvres » de la chair évoquent une activité fiévreuse alors que le « fruit » de l’Esprit évoque un verger paisible.

C. Les différentes facettes du fruit de l’Esprit

Examinons succinctement tous les aspects de ce fruit :

1. L’amour : En Galates 5.14, nous comprenons que toute la loi est contenue dans un seul commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Nous avons tous besoin de l’œuvre de Dieu dans nos cœurs pour aimer vraiment Dieu, notre conjoint, nos frères et sœurs, etc. Et c’est l’Esprit saint qui va verser dans nos cœurs l’amour même de Dieu (Rom 5.5).

2. La joie : La joie qui subsiste au sein de la souffrance ne peut que découler de la grâce de Dieu, comme celle par exemple de la joie de notre salut (Luc 10.20 ; Ps 51.12).

3. La paix : Elle désigne avant tout la paix avec Dieu. Elle nous est acquise par la foi en Christ (Rom 5.1). Si nous avons trouvé la paix avec Dieu, nous devons, par la puissance de l’Esprit en nous, nous efforcer de vivre en paix avec nos frères et nos sœurs dans l’Église (Rom 14.19) pour que l’unité de l’Esprit soit gardée par le lien de la paix (Éph 4.3) ! De même, cherchons à vivre en paix avec tous les hommes (Rom 12.18).

Ces trois vertus évoquent aussi la confiance en notre Père céleste.

4. La patience : Elle décrit la persévérance dans l’épreuve. Être patient, c’est savoir supporter, attendre, faire preuve de sympathie et de compréhension envers notre frère malgré ses faiblesses et ses péchés (Éph 4.2). En puisant dans la patience dont Jésus a fait preuve à notre égard, usons de patience les uns envers les autres (1 Tim 1.16).

5. La bienveillance : Elle est la disposition d’accueillir favorablement dans son cœur l’autre, tel qu’il est. La bienveillance recherche les occasions de faire le bien envers tous les hommes.

6. La bonté : Être bon, c’est être compatissant et faire du bien à son prochain.

Ces trois vertus de Christ — la patience, la bienveillance et la bonté — conduisent tout naturellement au pardon (Mat 18.21-22).

7. La foi ou la fidélité : Être fidèle, c’est être loyal et fiable dans nos affections, nos pensées, nos engagements. La fidélité et la confiance constituent le fondement sans lequel la société, le couple et la famille ne peuvent subsister !

8. La douceur : Souvenons-nous de ce que dit l’apôtre Pierre : « Un esprit doux et paisible […] est d’un grand prix devant Dieu » (1 Pi 3.4). La douceur intérieure est synonyme d’humilité. Un homme humble, animé d’un esprit de douceur, ne se préoccupe pas de son honneur (Gal 5.26), mais il se soucie de l’honneur de Christ (Gal 6.1-2).

9. La maîtrise de soi : Cette vertu consiste à placer notre « vieille nature » pécheresse sous le contrôle de l’Esprit et à ne pas accomplir les désirs de la chair (Gal 5.16). C’est aussi la retenue par rapport à la colère, aux paroles, aux désirs, à la passion pour l’argent ou le pouvoir…

Paul souligne la valeur de ces neuf facettes par une litote : « La loi ne condamne certes pas de telles choses. » (Gal 5.23)

D. La maturité du fruit de l’Esprit

Un fruit a besoin de temps pour mûrir. Minuscule au départ, il se développe, croît lentement et arrive progressivement à maturité grâce aux éléments nutritifs apportés par la sève et à l’énergie des rayons du soleil.

De même, le terme « fruit » évoque une action progressive de Dieu en nous. Dieu nous fait cheminer pas après pas, progrès après progrès. « Le sentier des justes est comme la lumière resplendissante, dont l’éclat va croissant jusqu’au milieu du jour. » (Pr 4.18)

Comment savoir si le fruit de l’Esprit en nous est « mûr » ? Quels sont nos critères pour savoir si une pêche est arrivée à maturité ? En la pressant ! N’est-ce pas les circonstances difficiles de la vie qui mettent le plus en relief le fruit de l’Esprit ? Tant que tout va bien, il nous semble facile d’être chrétiens. Le fruit de l’Esprit peut donner l’impression qu’il est arrivé à maturité. Lorsque l’épreuve survient, lorsque nous sommes « pressés », nous savons si le fruit de l’Esprit est réellement mûr ou pas. Comment réagissons-nous lorsque nous sommes confrontés à la calomnie, à l’injustice, à une simple contrariété ? Que sort-il du fruit pressé ? Un jus amer de récriminations ? Un jus d’orgueil blessé, de colère ? Un jus de mépris ? Ou un jus fait d’amour, de joie, de patience, d’humilité ?

E. Les bienfaits du fruit de l’Esprit

Quand nous voyons de beaux fruits sur un arbre ou sur l’étalage d’un marché, nous sommes attirés par eux. Ce fut l’expérience de Salomon : « Ce qui attire dans un homme, c’est sa bonté. » (Pr 19.22, Darby) Le fruit de l’Esprit que nous pourrons porter (souvent à notre insu) non seulement nous fera du bien, mais aussi sera bénéfique pour nos proches (notre conjoint, nos collègues de travail, nos frères et sœurs dans l’église, etc.). « Le fruit que porte le juste est un arbre de vie » (Pr 11.30, Semeur). Autrement dit, tout ce qui procède du juste (paroles et actions) est salutaire à ses proches. Quel encouragement pour nous !

F. Un fruit durable

Jésus l’évoque : « C’est moi qui vous ai choisis ; je vous ai donné mission d’aller, de porter du fruit, du fruit qui soit durable. » (Jean 15.16, Semeur) Le bon fruit porté aujourd’hui a produit des conséquences pour l’éternité ! L’habit de toile fine de l’Épouse, dans le ciel, sera constitué des « œuvres justes des saints » (Apoc 19.8) !

L’apôtre Paul dit aussi : « Le fruit que vous portez, c’est une vie sainte, et le résultat auquel vous aboutissez, c’est la vie éternelle » (Rom 6.22, Semeur) et nous paraîtrons devant lui « chargés d’œuvres justes, ce fruit que Jésus–Christ aura produit en vous, à la gloire et à la louange de Dieu. » (Phil 1.11, Semeur)

Conclusion

Pour paraphraser une publicité qui vantait les bienfaits d’un yaourt bio, on pourrait dire, à la suite de la description que Paul fait du « fruit de l’Esprit » : « Ce que l’Esprit fait dans votre être intérieur se voit à l’extérieur ! »

L’expression « le fruit de l’Esprit » indique une action :

– surnaturelle de Dieu,

– globale, touchant tout l’être, harmonieuse, équilibrée dans ses effets,

– progressive tout au long de la vie,

– tranquille, paisible, attirante

Que Dieu nous aide à pouvoir dire à notre bien-aimé Sauveur qui vient bientôt : « Tous les fruits exquis [dans ma vie avec toi], nouveaux et anciens : mon bien-aimé, je les ai gardés pour toi ! » (Cant 7.13, Darby)

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Charrière Pierre-Yves
Pierre-Yves Charrière est ancien d’une église de la région parisienne. Il est impliqué dans de multiples services pastoraux. Il est professeur de physique, marié et père de trois grands enfants.