Dossier: Dieu le Saint Esprit
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Soyez remplis de l’Esprit

Soyez remplis de l’Esprit. (Éphésiens 5.18)

Un seul verset de l’Écriture nous commande : « Soyez remplis de l’Esprit ». Il s’agit d’un impératif passif, forme grammaticale rare et paradoxale, puisque l’impératif laisse penser que nous devons agir et le passif implique que quelqu’un d’autre est à l’œuvre ! Quelle finesse dans ces quelques mots qui indiquent déjà que nous sommes responsables et actifs pour accueillir la plénitude de l’Esprit saint, tandis que tout est grâce et que c’est la personne divine du Saint-Esprit qui verse en nous cette plénitude.

Cette bénédiction est à la fois cadeau de Dieu et conquête humaine, comme bien d’autres trésors de la vie chrétienne, la joie, par exemple : « Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie » (Rom 15.13) et « Soyez toujours joyeux » (1 Thes 5.16).

Dans l’étude d’un sujet biblique, il est bon de relire le texte et son contexte :

« C’est pourquoi ne soyez pas inconsidérés, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur. Ne vous enivrez pas de vin, c’est de la débauche. Soyez, au contraire, remplis de l’Esprit ; entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre cœur les louanges du Seigneur ; rendez continuellement grâces à Dieu le Père pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, vous soumettant les uns aux autres dans la crainte de Christ. » (Éph 5.17-21)

Dans ce paragraphe, la vie par l’Esprit se décline successivement par :

1. comprendre la volonté du Seigneur,

2. être rempli de l’Esprit,

3. s’entretenir par des psaumes, des hymnes, des cantiques en chantant et en louant le Seigneur,

4. rendre grâces à Dieu,

5. être soumis les uns aux autres.

À la suite du paragraphe, l’apôtre développe quatre situations de la vie quotidienne marquées par une vie remplie de l’Esprit :

1. la vie conjugale, rendue magnifique et élevée en ce qu’elle est une image de la relation entre Christ et son Église (Éph 5.22-33),

2. l’éducation des enfants (Éph 6.1-4),

3. les relations sociales entre les esclaves et leurs maîtres (Éph 6.5-9),

4. le combat spirituel du croyant (Éph 6.10-20).

Reprenons quelques-unes des expressions de notre passage.

Comprenez quelle est la volonté du Seigneur.

Comprendre la volonté du Seigneur suppose que nous utilisions notre intelligence, notre réflexion. Nous lisons, quelques versets plus tôt dans le même chapitre : « Examinez ce qui est agréable au Seigneur. » (Éph 5.10)

Il ne s’agit pas de mysticisme, de révélations, de sentiments intérieurs, mais de réflexion dans la dépendance de l’Esprit et avec le profond et honnête désir de faire la volonté de Dieu.

Ne vous enivrez pas de vin mais soyez remplis de l’Esprit.

Nous pourrions être étonnés qu’un sujet aussi élevé soit introduit dans le contexte très terre-à-terre de l’excès d’alcool. Mais cela nous aide sûrement à mieux comprendre.

Entre l’excès d’alcool et la plénitude de l’Esprit, nous trouvons en effet quelques ressemblances :

?  Nous sommes dans les deux cas sous l’influence d’une puissance extérieure. Les alcools sont parfois appelés les « spiritueux ».

La ferveur caractérise les deux cas. À la Pentecôte, lors du baptême du Saint-Esprit, certains observateurs déclarèrent : « Ils sont pleins de vin doux. » (Act 2.13) Le sacrificateur Éli croyait que la prière d’Anne était animée par le vin (1 Sam 1.13).

Dans les deux cas, notre marche est affectée.

La personne ivre chante ; le chrétien chante des cantiques.

La personne ivre n’a pas honte ; le chrétien rempli de l’Esprit surmonte ses inquiétudes pour rendre témoignage, pour accomplir une action publique dans l’église.

Il y a de la convivialité et de la sympathie autour d’un verre. Quand deux personnes remplies de l’Esprit se retrouvent, il y a convivialité et sympathie.

 Évidemment de grandes différences distinguent ces deux expériences et confirment que la plénitude de l’Esprit constitue la bonne décision, ainsi que l’apôtre l’indique :

?  L’alcool conduit à la débauche, l’Esprit à la pureté.

L’alcool fait perdre le contrôle de soi, tandis que le contrôle de soi (la tempérance) est un fruit de l’Esprit (Gal 5.23). Les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes (1 Cor 14.32).

L’alcool permet de fuir le quotidien, tandis que le Saint-Esprit inscrit notre action dans le quotidien.

 En choisissant la vie par l’Esprit, plutôt que l’alcool, nous ressemblons au nazaréen de Nombres 6 qui témoignait de sa consécration à Dieu par le renoncement aux produits de la vigne.

Le parallèle surprenant entre vin et Esprit montre aussi que la vie par l’Esprit n’a rien de magique, de mystique, mais qu’elle est pragmatique et concrète.

Malgré sa forme impérative, « soyez remplis » n’implique pas un effort, comme si Dieu hésitait à nous remplir, comme s’il fallait le convaincre. Le Saint-Esprit est un Dieu souverain. Nous sommes soumis à sa volonté. Ce n’est pas nous qui avons l’Esprit, c’est lui qui nous a. Nous n’avons pas de puissance, nous sommes revêtus de la puissance d’en haut (Luc 24.49). En complément, les expressions « N’attristez pas l’Esprit » (Éph 4.30) et « N’éteignez pas l’Esprit » (1 Thes 5.19) montrent qu’au lieu de s’efforcer de persuader Dieu de nous remplir de son Esprit, nous devrions plutôt veiller à ne plus contrarier l’œuvre que l’Esprit est en train de faire dans nos vies.

Par le baptême de l’Esprit (1 Cor 12.13), j’appartiens au corps de Christ. Par la plénitude de l’Esprit, mon corps et ma vie appartiennent au Christ. Il serait néanmoins inexact de lire dans ce passage une théologie à deux étapes distinctes, très ancienne, qui dirait : « Être rempli de l’Esprit est une expérience qui hausse le croyant à un autre niveau de la vie chrétienne et qui se manifeste par des signes comme le parler en langues. » Cette théologie « des deux étapes » pourrait aussi s’exprimer par des formules comme :

?  la conversion, puis la sanctification ;

le salut, puis l’affranchissement ;

avoir Jésus comme Sauveur, puis Jésus comme Seigneur.

 Notre passage n’enseigne pas cette doctrine des deux stades. Au contraire, « soyez remplis » est au présent continu : « soyez continuellement remplis » est une expérience constante, journalière, qui marque tous les gestes et comportements de notre vie. La vie dans la sainteté, la liberté par rapport au péché, la soumission à l’autorité de Jésus, sont autant de fruits d’une vie remplie par l’Esprit, et il y en a beaucoup d’autres : l’amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi (Gal 5.22).

Après l’impératif passif, l’apôtre exhorte par des impératifs actifs, qui vont nous aider à vivre une vie remplie de l’Esprit.

Entretenez-vous par des psaumes, des hymnes, des cantiques spirituels, chantant et apportant la louange, de votre cœur au Seigneur.

Le fait de chanter est en priorité tourné vers le Seigneur Jésus, notre cœur apporte la louange, mais c’est aussi bien souvent une activité collective, qui contribue au bien de tous ceux qui y participent.

Dans la vie de couple et avec les enfants (les deux sujets qui suivent dans le chapitre), la pratique du chant est un enrichissement pour tous.

Rendez toujours grâce.

Quand nous commençons à nous plaindre, le diable réussit son œuvre. Pratiquons la culture de reconnaissance et enseignons-la à nos enfants, car le cercle familial peut facilement être empoisonné par la critique ou transformé positivement par la reconnaissance. Quelqu’un a écrit : « La maison est le lieu où nous sommes traités le mieux et où nous nous plaignons le plus ! »

Nous avons de multiples raisons d’être reconnaissants, non seulement pour la santé, le vêtement, la nourriture, le travail, le logement, et tant d’autres bienfaits, mais aussi pour les personnes, le conjoint, les autres membres de la maison, de l’église, du voisinage, de l’entreprise.

Être reconnaissant pour les autres, c’est se réjouir de leur personne, de leur présence : c’est une marque d’amour.

Être reconnaissant pour les autres, c’est admettre que l’on est enrichi par eux : c’est une marque d’humilité.

Au travail, dans l’église, dans la famille, suis-je dans la critique permanente ou dans la reconnaissance ?

Soyez soumis les uns aux autres dans la crainte du Christ.

La reconnaissance et la soumission sont spirituellement liées, car l’attitude de reconnaissance, pour tout ce qui nous est donné et pour les autres, empreinte d’amour et d’humilité, nous prépare à accepter la soumission et l’autorité placée au-dessus de nous. De façon très pragmatique, si je prie pour mon supérieur hiérarchique et que je suis reconnaissant qu’il soit mon chef, j’aurai moins de mal à lui être soumis et à accepter ses directions, conseils ou exigences.

Le principe de la soumission mutuelle est développé ensuite par le biais des cas particuliers de l’épouse, des enfants, des esclaves (applicable en partie aux employés). Le fait même de s’adresser directement aux femmes, aux enfants et aux esclaves, est extrêmement moderne et inhabituel à l’époque de l’apôtre. Ce détail montre que Paul écrit pour tous les temps, qu’il ne se laisse pas influencer par le monde qui l’entoure et qu’il attache une grande valeur à chaque membre de l’église.

Comparons notre texte au paragraphe parallèle de l’épitre aux Colossiens (Col 3.16-4.1). Nous y retrouvons la sagesse, l’exhortation par les psaumes et le chant, le fait de rendre grâce et la soumission avec ses manifestations dans la vie conjugale, dans l’éducation et dans les relations entre maîtres et esclaves. L’apôtre Paul ne commence pourtant pas son paragraphe avec la plénitude de l’Esprit, mais que dit-il ? Que la parole du Christ habite en vous richement (Col 3.16). N’est-ce pas un parallèle qui nous aide pratiquement ? Si la parole du Christ habite en nous richement, nous serons naturellement remplis de l’Esprit, de cet Esprit qui est l’inspirateur de la Parole de Dieu, de la Bible.

Quelques exemples de serviteurs de Dieu dans la Bible dont il est dit qu’ils ont agi dans la plénitude de l’Esprit :

?  Au sujet de Jean-Baptiste, l’ange a annoncé : « Il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira ni vin, ni liqueur enivrante, et il sera rempli de l’Esprit saint dès le sein de sa mère ; il ramènera plusieurs des fils d’Israël au Seigneur, leur Dieu. » (Luc 1.15-16)

Élisabeth fut remplie de l’Esprit saint, et elle s’écria à haute voix et dit (à Marie) : « Tu es bénie entre les femmes et le fruit de ton sein est béni. » (Luc 1.42)

Zacharie, le père de Jean-Baptiste, « fut rempli de l’Esprit saint, et il prophétisa, en ce mots : Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, de ce qu’il a visité et racheté son peuple. » (Luc 1.67-68)

Les chrétiens rassemblés à Jérusalem le jour de la Pentecôte furent tous remplis de l’Esprit saint, et commencèrent à parler d’autres langues (Act 2.4).

Pour sélectionner les diacres, les apôtres dirent : « Frères, choisissez parmi vous sept hommes, de qui l’on rende un bon témoignage, qui soient pleins d’Esprit-Saint et de sagesse. » (Act 6.3)

« Étienne, rempli du Saint-Esprit, et fixant les regards vers le ciel,vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. » (Act 7.55)

Barnabas « était un homme de bien, plein d’Esprit-Saint et de foi. » (Act 11.24)

 Quels exemples stimulants pour rechercher cette plénitude de l’Esprit !

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Jean Frédéric
Frédéric Jean habite à Düsseldorf (Allemagne) depuis vingt ans ; il travaille comme cadre dirigeant dans une grande entreprise d’adhésifs. Avec son épouse, Isabelle, ils ont six fils. Il participe à l’enseignement biblique oral et écrit.