Dossier: Pardon et réconciliation
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Le vrai fondement du pardon

Notre monde postmoderne est confronté à des paradoxes frappants. Un exemple : on parle de « pardon collectif » pour enterrer « le passé », alors que, parallèlement à ces efforts humains, violence, haine et guerre remplissent nos quotidiens. On assiste à un renversement des valeurs, et « le mal est appelé bien et le bien est appelé mal ». À l’instar des habitants de Ninive, notre société ne « sait plus distinguer sa droite de sa gauche » (Jonas 4.11). Les termes « pardon », « réconciliation », « paix », n’ont plus la même connotation que jadis. L’Église, annonciatrice de la Bonne Nouvelle, est-elle à même aujourd’hui d’être le héraut du pardon ancré dans les Écritures, ou sonne-t-elle de plus en plus du même cor que le monde ? Avons-nous un message libérateur clair à vivre et à annoncer au milieu d’un monde déchiré par des conflits ? Posons donc les bases nécessaires à un vrai pardon.

A. L’homme en guerre avec Dieu

La réalité de la corruption totale de l’être humain depuis la chute d’Adam et Eve n’est plus à prouver. Nous sommes tous pécheurs et avons tous des penchants vers le péché :

« Il n’y a point de juste, non pas même un seul, il n’y a personne qui ait de l’intelligence, il n’y a personne qui recherche Dieu ; ils se sont tous détournés, ils se sont ensemble rendus inutiles ; il n’y en a aucun qui exerce la bonté, il n’y en a pas un seul… » (Rom 3.10-18).

« Il n’y a pas de différence, car tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu » (Rom 3.23)

Nous sommes « ennemis » de Dieu (Rom 5.10), spirituellement morts (Éph 2.1) et « enfants de colère » (Éph 2.2).

Dieu, juste et saint, hait le péché, le mal. Il n’en est pas l’auteur. Les chapitres 1 à 3 de la Genèse nous enseignent cette vérité historique que Dieu a créé le monde parfait, mais que par « un seul homme le péché est entré DANS le monde et par le péché la mort et qu’ainsi la mort a passé à tous les hommes en ce que tous ont péché » (Rom 5.12). Séduite par Satan, « le serpent ancien », Ève a cédé à la tentation et a entraîné Adam dans le péché par sa désobéissance à Dieu.

Comment dès lors concilier la justice de Dieu et sa colère face au péché et à celui qui le commet ? Nous devons être conscients que Dieu « s’irrite en tout temps » (Ps 7.12) et « hait ceux qui commettent l’iniquité » (Ps 5.6). Justice doit être faite parce que la loi de Dieu le réclame. De plus, on ne peut pas innocenter celui qui a commis l’iniquité et déclarer coupable celui est innocent d’un acte criminel : « celui qui absout le coupable et celui qui condamne le juste sont tous deux en abomination à l’Éternel » (Prov 17.15).

Donc, « la colère de Dieu est révélée du ciel contre toute impiété et toute iniquité des hommes qui possèdent la vérité (tout en vivant) dans l’iniquité » (Rom 1.18).

B. L’intervention de Dieu en Christ, le pardon

« Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici toutes choses sont faites nouvelles ; et toutes sont du Dieu qui nous a réconciliés par Christ, et qui nous a donné le service de la réconciliation, savoir, que Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes et mettant en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes ambassadeurs pour Christ, – Dieu pour ainsi dire exhortant par notre moyen ; nous supplions pour Christ : soyez réconciliés avec Dieu ! Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous, afin que nous devenions justice de Dieu en lui » (2 Cor 5.17-21).

La vérité de l’œuvre substitutive de Christ est le fondement de la foi chrétienne. Dieu a fait de son Fils la victime expiatoire pour nos péchés. Sans l’œuvre de la rédemption qui nous apporte le pardon de Dieu, il n’y a pas de salut, ni de réconciliation, ni de paix pour le pécheur.

– Dieu est l’auteur et l’initiateur du pardon

Dieu est l’auteur et l’initiateur de la réconciliation du pécheur avec lui. Esclave du péché et hostile à Dieu, l’homme est dans l’incapacité de s’approcher de lui si le Père ne l’attire pas. Personne ne peut expier son péché pour apaiser la colère de Dieu et ne satisfaire à sa justice. « Nous sommes des impurs, et toute notre justice est comme un vêtement souillé » (És 64.5). Ni par sa volonté, ni par aucun autre moyen le pécheur peut satisfaire la justice de Dieu. Ésaïe, face à la justice et à la sainteté de Dieu, s’écriait : « Malheur à moi ! Je suis perdu, je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures » (És 6.5).

– Dieu a donné le moyen de réconciliation et de pardon

Ce qui fait obstacle au pardon du pécheur, c’est la colère de Dieu contre le péché. Il faut que justice soit faite et que le coupable soit châtié pour apaiser la colère de Dieu et satisfaire sa justice.

L’expiation par substitution

Comment un pécheur peut-il prétendre au pardon ? Pour comprendre en profondeur le pardon, la clé nous est donnée dans 2 Cor 5.21 : « Celui qui n’a point connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu ».

Christ a souffert la mort à notre place et subi le jugement pour nos péchés. « Les implications profondes de cette vérité sont que la mort de Christ est un paiement pour les péchés de ceux qui croiraient. Il s’est substitué à eux à la barre du jugement. Il a porté leur culpabilité et a subi le châtiment à leur place1 ». Nous l’entendons s’écrier à la Croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mat 27.46 ; Marc 15.34). Toute la colère de Dieu s’est déversée sur Christ à la Croix, où il a expié nos péchés, en subissant le jugement à notre place (És 53.4-6). Il y a eu satisfaction totale des exigences de la justice de Dieu par la mort de Christ à ma place.

Il a payé la rançon (Marc 10.45) pour satisfaire la justice de Dieu. La théorie d’une rançon payée à Satan n’a aucun fondement biblique. Pour le libéralisme théologique et l’humanisme séculier, la doctrine de l’expiation par substitution reste inhumaine, cruelle, inadmissible et simpliste. On la range parmi les concepts des religions, antiques en particulier, de propitiation sous deux aspects : celui d’apaiser les divinités païennes et celui de s’approprier vie et puissance par des rites sacrificiels, l’immolation d’animaux. Mais l’œuvre expiatoire de Christ va à l’encontre de ces théories et religions diverses en apportant la seule et véritable solution au problème du péché et de la mort. En voici les raisons :

– Pour l’humanisme, le péché est d’abord une violation commise contre l’homme et contre la nature, tandis que, pour Dieu, le péché est d’abord une violation de sa loi, une transgression contre la justice et la sainteté du Dieu vivant.

– L’homme verse du sang par l’homme parce qu’il est pécheur. Pour combattre la violence, il utilise la violence. Mais il ne traite pas la cause véritable. Quant à Dieu, offensé par l’homme pécheur, il a fallu un moyen qui satisfasse sa justice et sa sainteté, les conciliant avec son amour. Pour Dieu, la seule expiation acceptable pour le péché était un sacrifice sanglant, car « sans effusion de sang, il n’y a pas de pardon » (Héb 9.22). Christ est ce sacrifice en ce qu’il a donné sa vie, ce dont témoigne son sang versé, ce sang qui conduit à la rémission de nos péchés (Héb 9.11-28).

– Dans toute religion, nous retrouvons l’élément que Dieu a mis dans le cœur de l’homme : «la pensée de l’éternité » et la soif de connaître l’Ultime, Dieu, le Créateur de l’univers. L’homme est toujours à la recherche du « paradis perdu » et les diverses religions sont une simple manifestation des efforts humains et vains pour essayer de le retrouver à tout prix.

– Soudainement, nos premiers parents, lors de la chute, ont pris conscience de leur nudité devant Dieu. Leurs yeux furent ouverts sur leur propre misère, le péché. Ils découvrirent leur culpabilité par imputation devant le Créateur. Les religions antiques portaient ces traces, cherchant par des rites sacrificiels à s’approcher de Dieu. Mais c’est impossible, car aucun moyen humain n’est à même de se substituer au sacrifice de Christ à la croix de Golgotha.

– Dieu, dans sa grâce, a merveilleusement pourvu à notre incapacité de nous approcher de Dieu, de nous sauver par quelque œuvre ou sacrifice humains que ce soit. Pour cela, « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais qu’ils ait la vie éternelle » (Jean 3.16). Il a donné son sang, symbole de la vie, car « sans effusion de sang, il n’y a pas de pardon » (Héb 9.22).

– Le sang est donc d’une importance capitale. Il charrie la vie à travers nos artères, nos veines et nos capillaires. Il apporte de l’oxygène pour alimenter les tissus et éliminer le dioxyde de carbone avec d’autres « déchets », en renouvelant ainsi tout le corps. Tant que le sang coule dans nos veines, il y a la vie. La vie est sacrée, car « l’âme de la chair est dans le sang » et… « c’est le sang qui fait propitiation pour l’âme » (Lév 17.11). Le terme « sang » se trouve 365 fois dans la Bible, dont 103 fois en relation avec le sang sacrificiel. Les sacrifices d’animaux devaient être sans cesse répétées ; ils ne pouvaient enlever la culpabilité du pécheur. Jésus, lui, s’est substitué à nous en mourant à notre place pour nos péchés et notre culpabilité. En « entrant une fois pour toutes dans le lieu très saint, non avec le sang des boucs et des veaux, mais avec son propre sang, il a obtenu une rédemption éternelle » (Héb 9.11-12).

« Il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait sa propre voie ; et l’Éternel a fait retomber sur lui l’iniquité de nous tous» (És 53.5-6).

Il a « fait la paix par lui par le sang de sa croix » (Col 1.20).

Ennemis de Dieu jadis, nous avons été réconciliés avec lui par la mort de son Fils, et « nous sommes maintenant justifiés par son sang, et serons sauvés par lui de la colère » (Rom 5.6-11).

L’imputation

« Celui qui a n’a pas connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous » (2 Cor 5.21). Ma culpabilité devant Dieu a été imputée à Christ ; elle a donc été portée à son compte. C’est lui qui a été déclaré coupable à la place du pécheur. La culpabilité des péchés a été imputée à Christ, mais « non pas transmise » (John F. McArthur). Dieu a mis ma culpabilité sur le compte de Christ qui a été pleinement jugé pour moi.

La justification

À la Croix, le Seigneur a mis sa justice à notre compte. Nous bénéficions de la justice de Dieu, en ce qu’elle a été mise sur notre compte : nous avons été déclarés justes par imputation.

Comment cela ? Dieu, par l’Esprit Saint, a produit la repentance dans le cœur du pécheur qui le cherche, et par la foi en Jésus-Christ il a été sauvé, régénéré.

« La justice de Dieu vient par la foi. » (Phil 3.9)

« Celui qui croit en celui qui justifie l’impie, sa foi est comptée à justice. » (Rom 4.5)

« Repentez-vous… en rémission de vos péchés. » (Act 2.38)

« Dieu… ordonne maintenant aux hommes que tous, en tous lieux, ils se repentent. » (Act 17.30).

Nous recevons ainsi une vie nouvelle, et sommes devenus une « nouvelle création, car les choses vieilles sont passées. Voici toutes choses sont faites nouvelles » (2 Cor 5.17). Nous sommes « devenus justice de Dieu en Christ » (2 Cor 5.21).

Devenus justes par imputation de la justice de Dieu en Christ, nous restons néanmoins des pécheurs sauvés par grâce, marchant sur la voie de la sanctification progressive.

La réconciliation et la paix

« Ayant été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par Jésus-Christ » (Rom 5.21). « Dieu nous a réconciliés avec lui-même par Christ » (2 Cor 5.18). Sous l’angle juridique, la réconciliation de Dieu avec le pécheur s’est faite en vertu de l’œuvre rédemptrice de Christ. Par la foi, nous avons pu saisir la main tendue du Sauveur. C’est le pardon judiciaire de Dieu.

Dès lors, nous sommes devenus « ambassadeurs de Christ, et Dieu exhorte les hommes par nous à être réconciliés avec Dieu » (2 Cor 5.20). Notre message est pressant : « Nous supplions les hommes » à se repentir de leurs péchés et à saisir le pardon offert par Christ. « Bienheureux ceux qui procurent la paix, parce qu’ils seront appelés fils de Dieu » (Mat 5.9).

Nos églises ont besoin de redécouvrir la doctrine biblique cardinale du pardon qui implique les différents aspects présentés ci-dessus.

Jamais on a autant parlé de paix, de pardon et de réconciliation dans le monde. Mais est-ce vraiment ce pardon de Dieu ou simplement une sorte de « pardon collectif » provenant d’une grâce à bon marché ?

L’Église remplit-elle cette mission urgente d’apporter le message du pardon, de la réconciliation et de la paix, d’abord de Dieu avec le pécheur, puis des hommes entre eux ? Le pardon, la réconciliation et la paix passent nécessairement par une véritable confession des péchés, par la repentance et la foi en Jésus-Christ qui se traduiront par un changement radical du pécheur coupable.

« Oh, si mon peuple m’avait écouté ! Si Israël avait marché dans mes voies ! En un instant j’aurais confondu leurs ennemis, j’aurais tourné ma main contre leurs adversaires. Ceux qui haïssent l’Éternel, se seraient soumis à lui ; et leur temps, à eux, aurait été à toujours. Et il les aurait nourris du meilleur froment, et je t’aurais rassasié du miel du rocher ! » (Ps 81.13-16).

Le message du pardon de Dieu en Christ transforme le cœur de l’homme. Si le peuple de Dieu vit et proclame ce message-là, nous verrons des réconciliations dans les familles, dans les Églises et parmi les hommes, les tribus, les peuples2.

1John F. McArthur, La liberté et la puissance que procure LE PARDON, édition Impact, Cap-de-la-Madeleine, p. 20.

2Nous recommandons l’excellent ouvrage de John F. MacArthur, La liberté et la puissance que procure LE PARDON, édition Impact, Cap-de-la Madeleine, Québec (Canada). Ce message est un résumé du premier chapitre, Le fondement de tout pardon.

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Dossier : Pardon et réconciliation
 

Lüscher Henri
Cofondateur de la revue, il y a 48 ans, Henri Lüscher se consacre encore à plusieurs tâches administratives et rédactionnelles en faveur de Promesses.