Dossier: Egaux mais différents
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Les chapitres 1 à 3 de la Genèse

Tant notre Seigneur Jésus que l’apôtre Paul se réfèrent à des détails historiques de Genèse 1 à 3 pour étayer leur enseignement sur le rôle des femmes par rapport à celui des hommes dans le foyer et dans l’assemblée. Regardons plus en détail six textes qui sont utilisés dans le N.T.

1. Genèse 1 : Hommes et femmes, images de Dieu

Le premier chapitre de la Genèse décrit comment Dieu a créé les êtres vivants et leur habitat. Le chapitre culmine au v. 27 où Dieu crée « l’homme à son image — homme et femme ». Qu’implique cette image ? Quelles en sont les conséquences ? On a beaucoup écrit sur cette imago Dei, mais la plupart des commentateurs chrétiens sont d’accord pour dire que nous, les humains, ressemblons à Dieu, et que cette image nous rend différents du reste de la création. Il y a au moins trois domaines où nous ressemblons à Dieu.

a. Adam et Eve comme individus

Il est des domaines, comme la créativité, la spiritualité, la moralité, la capacité à établir des relations, à penser, à se réjouir, etc. où les hommes et les femmes sont conjointement l’image de Dieu. Sous d’autres aspects, peut-être l’un des sexes reflète-t-il mieux l’image de Dieu que l’autre : la tendresse, les soins et l’affection sont généralement mieux exprimés par les femmes.

b. Adam et Eve comme couple

Nous ressemblons aussi à Dieu ensemble, dans la relation homme-femme. En Dieu existent éternellement des relations entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il y a aussi un ordre dans la trinité (1 Cor 11.3). En tant que couple, Adam et Eve furent aussi créés pour refléter ces aspects de relation et d’ordre. Ensemble aussi, comme homme et femme, nous sommes appelés à multiplier, soumettre la terre et exercer la domination sur la création. Ensemble, nous sommes bénis par Dieu.

c. Adam comme homme

L’apôtre Paul explique que l’homme (et non la femme) « est l’image et la gloire de Dieu, mais la femme est la gloire de l’homme » (1 Cor 11.7). Paul utilise le terme « image » dans un sens différent qu’en Genèse 1, où les êtres humains sont « l’image » de Dieu dans un sens général et sous des aspects variés. En 1 Cor 11, Paul se réfère à un aspect particulier de cette « image générale », propre à l’homme. Cette image découle de l’analogie de relations entre Adam et Eve d’une part, Dieu et Christ d’autre part : « le chef de la femme est l’homme, et le chef de Christ est Dieu » (1 Cor 11.3). Dieu constitue la « tête » dans une relation entre égaux ; de même, l’homme est la « tête » dans une relation entre égaux. Dans ce sens, l’homme (et non la femme) est l’image de Dieu.
Avant de passer au chapitre suivant, notons que Genèse 1 dit que nous sommes créés à l’image de Dieu, mais n’explique pas vraiment ce que cela signifie. Tout au plus, cela évoque la nécessité d’unité, de collaboration et de coopération entre hommes et femmes. Mais il n’y a rien qui suggère des rôles égaux ou différents pour l’homme et la femme.

2. Genèse 2 : Adam créé avant Ève

En 1 Timothée 2.12, Paul explique qu’il ne permet « pas à la femme d’enseigner, ni de prendre de l’autorité sur l’homme; mais elle doit demeurer paisible. Car Adam a été formé le premier, Ève ensuite ». L’ordre dans lequel les choses furent créées est-il si important ? Certainement, Dieu aurait pu créer l’homme et la femme en même temps. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? Et pourquoi ce « détail » est-il mis en avant quand il s’agit de définir l’autorité dans l’église ? Dans la pensée de Dieu, le premier-né d’une famille avait une place spéciale. Dans l’A.T., le fils aîné héritait d’une double portion et, à la mort de son père, remplaçait celui-ci comme chef de famille.

Le thème de l’autorité et de la responsabilité du premier-né est également développé en Col 1.15-18 en relation avec notre Seigneur Jésus. Christ est présenté comme « le premier-né de toute la création », celui qui est « avant toutes choses » et qui est « la tête du corps, de l’Église », « le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier ». Le fait que l’homme ait été créé avant la femme est par conséquent riche de sens. Dès le commencement, Dieu avait en vue une fonction spéciale pour les hommes et une fonction spéciale pour les femmes.

Si l’ordre de la création fait sens, les animaux ont-ils alors, dans une certaine mesure, autorité sur les êtres humains parce qu’ils ont été créés les premiers ? Non, car ils n’appartiennent pas à l’espèce humaine. L’autorité de l’homme sur eux se montre par le fait que Dieu a donné à l’homme le privilège et la responsabilité de les nommer.

3. Genèse 2 : Ève prise d’Adam

La formation d’Ève à partir d’une côte d’Adam souligne probablement l’égale valeur de chacun d’eux. Ils ont été faits de la même substance. Cette idée est confirmée par la réaction enthousiaste d’Adam quand il rencontre Ève pour la première fois : « Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair ! ». Mais l’apôtre Paul utilise cet acte de Dieu pour fonder la position de l’homme comme « tête » dans le couple, et pour justifier les fonctions différenciées que Dieu réserve à chaque sexe : « En effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l’homme. » (1 Cor 11.8) Quel est le raisonnement de l’apôtre ?

Dans la pensée de Dieu, il y a une association entre origine et autorité. Cette idée est appliquée à notre Seigneur Jésus : « En lui ont été créées toutes les choses. Tout a été créé par lui et pour lui. » (Col 1.16) Nous retrouvons le même principe dans les relations de famille : les enfants tirent leur origine de leurs parents et ces derniers exercent leur autorité sur eux tant qu’ils sont à la maison (Éph 6.1-2). Telle est probablement la ligne de pensée de Paul en 1 Corinthiens 11. Adam est la source de laquelle Ève (et à travers elle le reste de l’humanité) a tiré son origine ; c’est pourquoi Adam a reçu une place d’autorité1 .

Anticipant les abus possibles de cette autorité associée à l’origine, Paul ajoute immédiatement : « Toutefois, dans le Seigneur, la femme n’est point sans l’homme, ni l’homme sans la femme. Car, de même que la femme a été tirée de l’homme, de même l’homme existe par la femme, et tout vient de Dieu. » (1 Cor 11.11-12) Le fait qu’après Adam tous les hommes soient nés d’une femme est le rappel constant que les hommes et les femmes ont besoin l’un de l’autre, qu’ils dépendent l’un de l’autre et qu’ils sont d’égale valeur. De même, le fait que Dieu ait choisi de créer Eve à partir d’Adam est un rappel symbolique constant que Dieu, dès le commencement, avant que le péché soit entré dans le monde, avait assigné un rôle spécial aux hommes.

4. Genèse 2 : Ève créée pour être l’aide d’Adam

Adam éprouvait une forme de manque. Dieu attendit jusqu’à ce qu’il se sente seul. Alors il créa une femme pour être sa compagne et sa collaboratrice. Dieu dit : « Je lui ferai une aide qui lui corresponde. » (Gen 2.18) Le mot hébreu traduit ici par « aide » est aussi utilisé maintes fois pour décrire Dieu comme l’« aide » d’Israël2

Parallèlement, en Genèse 2, il est évident qu’Ève a été créée pour aider Adam, sans pour autant obtenir une autorité sur lui. Paul, inspiré par le même Esprit que celui qui avait inspiré le texte de la Genèse, le confirme : « L’homme n’a pas été créé à cause de la femme, mais la femme a été créée à cause de l’homme. » (1 Cor 11.9) Ève a été faite pour le bien d’Adam et non le contraire. Adam et Ève travaillaient comme une équipe de partenaires d’égale valeur, où Ève était appelée une « aide ». Avant la chute, hommes et femmes avaient été créés avec des rôles différents et complémentaires

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5. Genèse 3 : Ève a été trompée et non Adam

En Genèse 3, un serpent « rusé » s’approcha d’Ève et lui suggéra de manger du fruit défendu. Elle mangea, en donna à Adam et il mangea. Quelle différence y a-t-il entre le péché d’Ève et celui d’Adam ? L’apôtre Paul explique qu’Ève a été trompée et non Adam : « Adam n’a pas été séduit, mais la femme, séduite, s’est rendue coupable de transgression. » (1 Tim 2.14) Adam était-il moins pécheur ? De toute évidence, non ! A tout prendre, il était plus coupable parce qu’il pécha sciemment, sans être trompé. C’était une rébellion consciente.

Certains suggèrent que Paul ne veut pas qu’une femme enseigne ou prenne de l’autorité sur l’homme parce que les femmes sont plus crédules ou plus faciles à tromper que les hommes. Ce n’est pas la pensée de Paul, puisque par ailleurs il encourage les femmes âgées à enseigner les jeunes femmes (Tite 2.3,4). Du reste, les hommes eux aussi sont tentés et pèchent !

Le dénouement de l’épisode de la Chute ne remet pas en question l’autorité conférée à Adam :
– Après que les deux ont mangé du fruit défendu, c’est Adam qui doit comparaître le premier devant Dieu (3.9). Même si Ève a péché la première, Adam, en tant que « tête », doit répondre d’abord.
– Quand Dieu voulut parler, il choisit Adam. Satan choisit d’approcher d’abord Ève. Adam était-il auprès d’elle quand cela eut lieu (Gen 3.6) ? Ève choisit de dialoguer directement avec le serpent et prit alors l’initiative de manger du fruit. Les actes de Satan et d’Ève montrent leur indifférence quant au rôle de « tête » d’Adam.
– Ève est-elle responsable de l’entrée du péché dans le monde ? La réponse de l’apôtre est claire : « Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort. […] La mort a régné depuis Adam jusqu’à Moïse, même sur ceux qui n’avaient pas péché par une transgression semblable à celle d’Adam. » (Rom 5.12,14) Bien qu’Ève ait péché la première, c’est Adam, en tant que représentant de la race humaine, qui est tenu pour responsable collectif.

6. Genèse 3 : Ève et Adam punis par Dieu

Après qu’Ève et Adam eurent péché, Dieu maudit le serpent et la terre, et punit l’homme et la femme. Les effets de cette punition affectent, entre autres, trois domaines :

a. Les effets de la punition de Dieu sur les hommes

Dieu accusa Adam de deux mauvaises actions :
– il avait « écouté la voix de sa femme » : c’est-à-dire qu’il avait suivi passivement, au lieu de protéger sa femme en exerçant une autorité selon Dieu ;
– il avait « mangé de l’arbre » : c’est-à-dire qu’il avait choisi de désobéir à l’interdiction positive de Dieu.
Quelle fut la malédiction ? Des ronces et des épines croîtraient désormais pour rendre le travail d’Adam plus difficile. Notons que le travail en lui-même n’est pas une malédiction (comme le pensent certains paresseux !) ; en Gen 2.15, avant la chute, « l’Éternel Dieu prit l’homme, et le plaça dans le jardin d’Éden pour le cultiver et pour le garder ».
-> Le péché d’Adam et sa punition ont déformé et rendu plus difficile à vivre un bon projet de Dieu : le travail.

b. Les effets de la punition de Dieu sur les femmes

En punissant la femme pour sa mauvaise action, Dieu dit : « J’augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur. » (3.16) Donner naissance à des enfants n’était pas une punition, car Dieu avait demandé de « fructifier et de multiplier » avant la chute (Gen 1.28). La punition d’Ève était la douleur liée à l’enfantement.
-> Le péché d’Ève et sa punition ont déformé et rendu plus difficile à vivre un bon projet de Dieu : l’accouchement.

c. Les effets de la punition de Dieu sur la relation homme-femme

La seconde punition sur la femme a affecté les deux : « Tes désirs se porteront vers ton mari, mais, il dominera sur toi. » Que signifient les mots « désirs » et « dominer » ? Au chapitre suivant, Dieu utilise les mêmes termes quand il dit à Caïn : « Le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi : mais toi, domine sur lui. » (Gen 4.7) Peut-être dans ce contexte, le « désir » signifie une tendance à contrôler et « dominer », gouverner, être le maître dans un sens fort. La rivalité s’est introduite dans la relation homme-femme.
-> Le péché d’Adam et Ève et sa punition ont déformé et rendu plus difficile à vivre un bon projet de Dieu : l’autorité aimante et protectrice de l’homme dans la relation mari-femme.

Conclusion

Genèse 1 enseigne que Dieu avait conçu l’homme et la femme pour travailler ensemble, comme une équipe d’êtres humains d’égale valeur, créés tous deux à l’image de Dieu. Genèse 2 met en évidence que les hommes et les femmes sont égaux, mais avec cependant des rôles différents : Dieu a donné à l’homme la responsabilité d’exercer l’autorité et à la femme la responsabilité d’aider. Aux yeux du Créateur, l’homme, la femme et leur relation étaient toutes « très bonnes ». Genèse 3 décrit comment le péché est entré et a déformé la bonne création originelle de Dieu. Ce n’est pas la chute qui donne à l’homme et la femme des rôles différents, mais la chute est la raison qui les rend plus difficiles à vivre.

Ces textes de la Genèse forment ainsi le fondement de notre compréhension des relations hommes-femmes. Toutefois, ils ne sont pas tout l’enseignement biblique sur ce sujet et, à leur lumière, il nous appartient de chercher dans tout le reste des Écritures d’autres textes, d’autres exemples, pour vivre ces relations selon Dieu.

1Le lien entre la formation d’Ève de la côte d’Adam et l’autorité d’Adam sur Ève n’est pas évident dans le texte de Genèse 2. En effet, Adam n’a pas été directement responsable de la création d’Ève : il dormait et c’est Dieu qui a tout fait (Gen 2.21-22). La relation entre origine et autorité se discerne surtout dans ce texte par le fait qu’Adam reçoit l’autorité pour donner un nom à sa femme : Ève (Gen 2.23b).
2Voir, parmi d’autres citations : Deut 33.7,26,29 ; Ps 33.20 ; 121.2.

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Dossier : Egaux mais différents
 

Nunn Philip
Philip Nunn a travaillé de 1992 à 2007 en Colombie comme missionnaire. À ce titre, il a été très impliqué dans l’implantation de plusieurs nouvelles assemblées chrétiennes. Toujours en contact avec la Colombie, il vit aux Pays-Bas, à Eindhoven, où il s’est établi. Il a aujourd’hui principalement un ministère d’enseignement, dont une partie est disponible en ligne en différentes langues : www.philipnunn.com.