Dossier: Qui sont nos modèles ?
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Marie de Magdala, une servante du Seigneur passionnée

Philip Nunn sert le Seigneur depuis 1992 comme missionnaire en Colombie. Il est particulièrement impliqué dans l’évangélisation dans les écoles et dans la formation de nouvelles assemblées chrétiennes dans ce pays. Il est marié avec Anneke et a quatre enfants.

Nous pensons habituellement à Jésus qui marchait, enseignait et guérissait, entouré de ses douze disciples. Et pourtant, lorsque nous regardons de plus près les récits de l’Évangile, nous découvrons plusieurs femmes qui aimaient Jésus et montraient un intérêt actif dans ce qu’il disait et faisait. Certaines, comme les deux sœurs Marthe et Marie, lui offraient une chaleureuse hospitalité ; d’autres, telle la femme samaritaine, lui amenèrent une foule pour qu’il l’enseigne. Parfois, une femme reconnaissante le parfumait, ou lavait ses pieds sales et fatigués. Marie, sa mère, se tenait près de lui quand elle le pouvait. D’autres, comme Jeanne et Susanne, suivaient Jésus et les Douze, et « l’assistaient de leurs biens » (Luc 8.1-3). Il me semble, en considérant toutes ces femmes merveilleuses, que la vie et le caractère de l’une d’entre elles brillent au-dessus des autres : Marie de Magdala. Vous êtes-vous demandé pourquoi le Christ ressuscité a choisi de se montrer vivant à Marie de Magdala avant tout autre personne (Marc 16.9) ? Il y a quelque chose de spécial en ce qui la concerne. Elle rayonne, lorsqu’on la compare aux attitudes et au comportement des apôtres. Elle avait beaucoup à leur apprendre par ses actes. Et elle peut également être un modèle pour nous aujourd’hui.

1. Tourmentée par les démons

Il n’est pas dit grand chose au sujet de l’environnement de cette femme. Le nom de « Magdala » signifie « tour ». Peut-être l’appelait-on ainsi à cause de sa constance ou de sa force de caractère. Mais il y avait également une ville appelée Magdala sur la rive occidentale de la mer de Galilée (même si certaines cartes ont une orthographe différente). Il est plus vraisemblable que cette Marie ait été différenciée des autres du fait qu’elle venait de cette ville. Il était tout à fait courant à l’époque d’identifier les femmes par rapport à leur parenté, comme « Jeanne, femme de Chuzas », et « Marie, mère de Jacques et de Joses » (Luc 8.3 ; Matt 27.56). Marie de Magdala est mentionnée au moins douze fois par son nom, mais sans connexion familiale. Cela signifie pour certains qu’elle était célibataire. Mais surtout, un élément singulier de son passé attire l’attention : c’est son rapport avec les démons.

Lorsque nous suivons les voyages de Jésus, nous lisons que « des femmes aussi qui avaient été guéries d’esprits malins et d’infirmités » le suivaient, et parmi elles, il y avait « Marie, qu’on appelait Magdeleine, de laquelle étaient sortis sept démons » (Luc 8.1-3). Certains esprits malins peuvent provoquer des maladies. Lorsque le démon est sorti, la personne est de nouveau en bonne santé. Mais attention, si les démons « sortent », il faut qu’à un moment, ils soient « entrés ». D’après ce que j’ai pu observer ici en Colombie, les démons peuvent s’attaquer à la fois aux chrétiens et aux incroyants. Mais il y a en général une raison ou un événement « historiques » qui permettent aux démons d’ « entrer », de demeurer ou de prendre possession d’un non chrétien. Dans la plupart des cas, vous trouverez dans le passé familial sorcellerie, drogue, inceste, prostitution et autres. Si vous avez rencontré quelqu’un possédé ou tourmenté par un démon, vous comprendrez aisément la peur, l’insécurité et l’impuissance que ressentait Marie de Magdala. Il n’est pas inhabituel pour ces personnes désespérées d’envisager le suicide. Et c’est dans cet état-là qu’elle a rencontré Jésus. Les démons ne se contentent habituellement pas de « sortir ». Ils peuvent se cacher à l’intérieur un moment. Dans le cas de l’homme possédé de Marc 5, la sortie de ses démons relève plus du processus que de l’événement immédiat.

Je pense que la compréhension du milieu d’où Marie venait est indispensable pour comprendre la passion inébranlable et la fidélité tenace avec lesquelles elle a suivi son Maître. Quelle est la mesure de votre dévotion à Jésus ? Votre christianisme peut-il être décrit comme une « bonne habitude » ou un « passe-temps » plutôt que comme une « passion » ? Jésus s’est servi de la présence d’une autre femme pécheresse pour mettre en évidence cette réalité spirituelle : « Celui à qui il est peu pardonné aime peu » (Luc 7.47). Une énorme dette a été pardonnée à chaque chrétien. Tout comme Marie de Magdala, nous devrions aimer passionnément. Et pourtant, nous prenons nos péchés tellement à la légère ! Nous venons à Jésus sans nous presser, sans angoisse, sans désespoir. Nous nous considérons comme de relativement bons citoyens, qui ont juste besoin d’un coup de pouce pour aller au Ciel. Il est tout simplement impossible aux Pharisiens, et à leurs équivalents modernes, d’aimer comme Marie de Magdala.

2. Au service de Jésus

Une fois que Jésus l’a complètement libérée, elle l’a suivi et l’a servi. Vous avez peut-être croisé la route de l’un de ces chrétiens enthousiastes et toujours actifs. Ce qu’ils aiment, c’est servir. Peut-être êtes-vous l’un d’eux. Eh bien, Marie de Magdala nous enseigne deux leçons simples et puissantes :

– Pour le servir comme il le désire, vous devez d’abord être libre. Trop de croyants essaient de le servir tout en étant toujours liés par des souvenirs tristes, un complexe, un esprit rancunier, de l’amertume ou autre chose. Nous finissons par avoir l’habitude de vivre notre christianisme sous un nuage gris. Puis-je vous conseiller d’arrêter votre service et de rechercher une pleine libération ? La liberté en Christ n’est pas une doctrine académique, c’est une expérience réelle à la disposition de chaque croyant.

– Pour le servir comme il le désire, il faut le suivre. Le fait d’être né de nouveau et actif dans les activités chrétiennes ne suffit pas.

Il nous faut avoir le désir de servir nous-mêmes le Seigneur, et pourtant, la plupart du service chrétien est effectué en équipes. Le Seigneur a constitué une équipe d’apôtres, Paul a voyagé et servi avec d’autres. Nous voyons également que Marie de Magdala a servi Jésus au sein d’une équipe de femmes. Les équipes sont habituellement faites de personnes aux caractères différents, et cela peut facilement devenir une source de problèmes. Vous seriez surpris de savoir combien de conflits et de tensions existent entre des missionnaires qui ont donné leur vie pour servir le même Maître ! Même l’équipe des apôtres a eu ses moments de conflits et de stress internes (Marc 9.34). Marie de Magdala n’était pas une solitaire, ni ne se distanciait du service en équipe, et pourtant, l’Écriture ne la cite dans aucune des situations de conflit. Elle aimait avec passion, et pourtant était assez souple pour travailler avec « plusieurs autres » (Luc 8.3). Marie de Magdala partageait son Seigneur et son service avec bon nombre de personnes différentes :

(a) Les hommes (Luc 8.1). Les Douze avaient été choisis spécialement par Jésus. Ils étaient parfois un peu autoritaires et critiques vis-à-vis des autres. Les yeux de Marie de Magdala, comme les yeux de la plupart des autres femmes sensibles, devaient l’avoir remarqué. Il n’y a aucune preuve qu’elle ait été en concurrence avec eux, ni qu’elle soit entrée en conflit avec eux. Elle était active et heureuse dans son rôle d’aide.

(b) Les femmes riches. D’entre celles qui servaient, on trouvait des femmes comme « Jeanne, la femme de Chuzas, intendant d’Hérode » (Luc 8.3). Les femmes d’un milieu aisé ont souvent l’habitude de faire comme elles l’entendent et de dire aux autres quoi faire. Il n’est pas toujours aisé de travailler avec elles. Il n’y a aucune preuve que Marie de Magdala soit entrée en conflit avec elles.

(c) Les femmes politiques. Le Seigneur avait appelé deux frères, Jacques et Jean, fils de Zébédée, un pêcheur. Ils se sont joints aux Douze (Marc 3.13-19). Leur mère était également parmi ces femmes, qui suivaient et servaient Jésus (Matt 27.55-56). Il me semble qu’elle devait être une femme quelque peu ambitieuse. À un moment où les dix autres apôtres étaient occupés ailleurs, elle amène Jacques et Jean à Jésus, s’agenouille devant lui et lui dit : « Ordonne que mes deux fils que voici, s’asseyent, l’un à ta droite et l’un à ta gauche, dans ton royaume. » Lorsque les autres disciples l’apprirent, cela créa des tensions entre eux. (Matt 20.21). Jésus avait surnommé ces deux jeunes gens « Fils du Tonnerre » (Marc 3.17), et je me suis parfois demandé si ce surnom avait quelque chose à voir avec le caractère de leur mère ! Et pourtant, nous ne trouvons aucun rapport de conflit entre Marie de Magdala et cette femme. Elle était préparée à « partager » Jésus avec des femmes compliquées.

(d) La parenté de Jésus. L’apôtre Jean rapporte que Marie de Magdala était présente à la Croix, avec la mère de Jésus et l’une de ses tantes (Jean 19.25). La mère de Jésus et sa tante avaient d’étroits liens de famille avec Jésus, mais pas Marie de Magdala. Les liens familiaux peuvent aisément provoquer des frictions au sein d’équipes, et pourtant Marie de Magdala aimait et servait son Maître sans aucune manifestation de jalousie ou d’esprit de compétition. Pouvez-vous travailler de manière heureuse avec ceux qui pensent qu’ils sont plus proches du Seigneur, ou plus spirituels que vous ?

3. Près de la croix

Marie de Magdala est connue pour s’être tenue près de la croix du Seigneur. Pour certains, le fait de se tenir là pouvait être considéré comme une attitude de passivité, comme une présence relativement insignifiante. Regardons-y de plus près. Marie de Magdala, ainsi que les autres femmes, avait marché depuis la Galilée jusqu’à Jérusalem. Jésus avait été fait prisonnier le jeudi soir, et ces femmes avaient dû rester éveillées toute la nuit du jeudi, en se demandant ce qui allait arriver à leur Seigneur. Pouvez-vous imaginer ce qui s’est passé dans leur cœur quand elles ont entendu le peuple crier : « Crucifie, crucifie-le ! » Le vendredi matin, elles ont suivi Jésus au Calvaire. Elles l’ont vu être crucifié et élevé sur cette croix. Elles n’ont trouvé aucun réconfort moral dans les Douze : en fait, l’un d’eux l’avait trahi, et un autre l’avait publiquement renié. Si vous avez déjà été à l’hôpital voir un proche souffrir, vous pouvez bien comprendre que Marie de Magdala devait être, à ce moment-là, épuisée émotionnellement.

Mais Matthieu rapporte quelques autres incidents : pour ajouter à la peine, « ceux qui passaient par là l’injuriaient, hochant la tête » (27.39). Et pourtant, Marie de Magdala n’avait pas honte de son Seigneur. Ensuite à partir de midi et pendant trois heures, « il y eut des ténèbres sur tout le pays » (27.45). Je me souviens d’une éclipse totale de soleil qui s’est déroulée ici en Colombie quand j’étais un jeune garçon. Pendant une chaude après midi, nous avons connu quelques minutes de ténèbres. Outre quelques chiens qui hurlaient et des poulets affolés qui allaient se jucher pour dormir, je me rappelle d’un froid étrange. Pendant les trois heures de ténèbres, Marie de Magdala, ainsi que les autres femmes, devaient se sentir fatiguées, mais avoir également très froid. Alors, elles ont entendu celui qu’elles aimaient crier encore d’une voix forte et mourir (27.50). « Et voici la terre trembla, et les rochers se fendirent, et les sépulcres s’ouvrirent » et des personnes mortes revinrent à la vie (27.51-52). Un tremblement de terre provoque de la panique, sans parler des tombes ouvertes et des morts ressuscités. Il nous est même dit que le centurion et son équipe de tueurs professionnels « eurent une fort grande peur » (27.54). Qu’est-ce qui retenait ainsi Marie de Magdala près de cette croix ? Pourquoi ne s’était-elle pas enfuie avec les autres disciples ? Je pense que ce qui a fait la différence, c’est le milieu d’où elle venait : « Celui à qui il est peu pardonné, aime peu » (Luc 7.47). Une gratitude profondément ressentie était le moteur de sa dévotion.

Avant de continuer, nous devrions peut-être nous demander comment notre foi et notre dévotion à Christ répondent à l’injustice, à la peine et à la souffrance. Nos « pourquoi » sans réponse nous écartent-ils du Seigneur ? Comment notre expérience chrétienne nous fait-elle répondre aux rires et au ridicule ? Comme Pierre, nous tenons-nous à distance d’une identification publique avec Jésus ? Et qu’en est-il de ces moments de ténèbres, où le futur semble si incertain. Restons-nous fermes, et dans la proximité de notre Seigneur ? Parfois, la mort inattendue de l’un de ceux que nous aimons ébranle notre monde. Parfois, nous nous trouvons dans d’autres tremblements de terre (comme le chômage, le divorce, les divisions d’assemblée) qui ébranlent les fondations de nos certitudes. Parfois, nous nous trouvons face à la résurgence de problèmes financiers ou de santé oubliés depuis longtemps. Comme Marie de Magdala, dans le trouble, la douleur, le froid et la fatigue, restons près de notre Seigneur.

4. Face à la mort de son Maître

Jésus est mort après 3 heures le vendredi après midi. Au coucher du soleil, le sabbat allait commencer, et il n’y avait plus que quelques heures pour préparer le corps de Jésus et le mettre dans une tombe. Joseph d’Arimathée et Nicodème se chargèrent de l’ensevelissement (Matt 27.57-61 ; Jean 19.38-42). Pendant ce temps-là, « Marie de Magdala et l’autre Marie étaient là, assises vis-à-vis du sépulcre » (Matt 27.61).

Auriez-vous critiqué Marie de Magdala si elle était rentrée à la maison après la crucifixion ? N’avait-elle déjà pas fait plus que son devoir ? En fait, maintenant que Jésus était mort et qu’elle était inoccupée, il aurait été tout à fait raisonnable qu’elle rentre se reposer. Mais Marie de Magdala n’est pas partie. Elle a suivi le corps jusqu’à ce qu’une grande pierre soit roulée devant l’entrée du tombeau. Un cœur aimant et dévoué fait toujours plus que ce qui est strictement nécessaire. Il marche un kilomètre de plus. Il va au-delà de son devoir. Mesurez-vous votre service ? Comparez-vous votre degré de dévouement avec celui des autres ? Un cœur qui aime vraiment le Seigneur ne s’embarrasse pas de telles comparaisons !

5. Face au tombeau vide

« De fort grand matin, le premier jour de la semaine, […] comme le soleil se levait, » Marie de Magdala et deux autres femmes « viennent au sépulcre » (Marc 16.1-3). Êtes-vous de ceux qui se lèvent tôt le matin ? Bien sûr, nous pouvons méditer la Parole de Dieu et jouir de la communion avec le Seigneur à tout moment de la journée, mais le matin tôt est un moment spécial. Notre esprit est frais. Nous sommes dispos. Nous donnons le ton de la journée qui commence. Vous pouvez trouver des références à Abraham, Josué, Gédéon et au Seigneur lui-même, qui se levaient tôt le matin. Lorsque l’on s’intéresse aux biographies d’hommes et de femmes de Dieu, on découvre que presque toujours, ce sont des lève-tôt. Et qu’est-ce qui a fait se lever tôt ces femmes fatiguées ? L’ange du sépulcre le savait. Il leur dit : « Je sais que vous cherchez Jésus le crucifié. » Et alors, il ajoute la bonne nouvelle : « Il n’est pas ici ; car il est ressuscité, comme il l’avait dit. » (Matt 28.5-6).

Vous avez sans doute remarqué que l’amour et la passion ne sont pas toujours logiques et rationnels. Il y a quelques mois, nous avons offert à une voisine d’emmener régulièrement son enfant avec les nôtres à l’école en voiture. Cela lui épargnerait ainsi du temps et de l’argent. À notre surprise, la maman a décliné notre offre : « J’aime emmener et aller chercher mon petit garçon », nous a-t-elle dit. Lorsqu’une femme pécheresse a versé un parfum coûteux sur les pieds de Jésus, certains de ses disciples s’en sont indignés : « A quoi bon cette perte ? » (Matt 26.8). Ce n’était pas une utilisation rationnelle des ressources. Marie de Magdala et les autres femmes ont acheté des aromates pour oindre le corps de Jésus. Elles se sont levées et sont allées tôt le matin, et en chemin, « elles disaient entre elles : Qui nous roulera la pierre de devant la porte du sépulcre ? » (Marc 16.3) Bonne question ! La garde romaine serait-elle coopérative ? C’était peu vraisemblable ! Elles auraient peut-être dû en parler avant d’acheter les aromates ! Mais leur cœur et leur esprit étaient fixés sur Jésus, pas sur ces détails techniques. L’amour trouve toujours un moyen.

Ce triste vendredi, après avoir laissé le corps de Jésus dans le tombeau, Marie de Magdala et les autres femmes, « s’en étant retournées, […] préparèrent des aromates et des parfums » (Luc 23.55-56). Cela n’était-il pas du gaspillage ? Pourquoi une telle dépense ? Personnellement, je serais enclin à me passer des aromates et du parfum. Ce que vous mettez sur un corps mort n’a pas vraiment d’importance, n’est-ce pas ? Les femmes savaient que Nicodème et Joseph avaient déjà enveloppé le corps avec « une mixtion de myrrhe et d’aloès, d’environ cent livres ». (Jean 19.38-42). N’était-ce pas assez ? Mais un cœur aimant et dévoué ne raisonne pas ainsi. Ce que font les autres n’a pas d’importance. Il fallait exprimer leurs propres sentiments. Tant de cantiques chrétiens ont déjà été composés, pourquoi vouloir en composer un nouveau ? Tant de livres chrétiens et de traités ont déjà été écrits, pourquoi faire l’effort d’en écrire un autre ? Tant de chrétiens aisés donnent généreusement à l’œuvre du Seigneur, pourquoi donc apporter ma petite contribution ? Tant d’évangélistes éloquents annoncent l’évangile à la radio et à la télévision, pourquoi m’occuperais-je à distribuer quelques traités ? Tant de grandes organisations s’occupent d’aider les personnes nécessiteuses dans ce monde, alors pourquoi m’occuper de cette famille d’émigrés qui vient juste d’arriver à côté de chez nous ? Notre apport peut être petit, et pourtant un cœur aimant et dévoué ne raisonne pas comme ça. Comme Marie de Magdala, nous voulons aussi donner à Jésus quelque chose qui sente bon. « Mais n’oubliez pas la bienfaisance, et de faire part de vos biens, car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices. » (Héb 13.16) Ces actes sont également appelés « un parfum de bonne odeur, agréable à Dieu » (Phil 4.18).

6. Rencontrée par le Ressuscité

Comme je l’ai souligné plus haut, Marie de Magdala était allée au sépulcre pour chercher Jésus (Matt 28.5). Ce n’est pas facile de se lever tôt quand on est fatigué. Près du sépulcre, elles ont subi un autre « grand tremblement de terre » lorsque l’ange du Seigneur a roulé la pierre (Matt 28.2). Vous pouvez rencontrer des difficultés dans le chemin, mais quiconque cherche vraiment Jésus le trouvera finalement. « Vous me chercherez, et vous me trouverez, car vous me rechercherez de tout votre coeur, et je me ferai trouver à vous, dit l’Éternel » (Jér 29.13-14). Dans l’Évangile selon Jean, nous trouvons racontée la rencontre émouvante entre Marie de Magdala et le Christ ressuscité. Les disciples étaient entrés dans le tombeau vide et « s’en retournèrent donc chez eux. Mais Marie se tenait près du sépulcre, dehors, et pleurait. » (Jean 20.10-11) Elle était seule avec sa peine. Celui que son cœur aimait avait disparu. Dans son angoisse, elle ne semble pas remarquer que deux anges lui parlent. Dans sa profonde détresse, elle regarde à Jésus qui se tient à côté d’elle et ne le reconnaît pas. Ce n’est que lorsqu’elle entend la voix chaleureuse et familière du Seigneur qui l’appelle par son nom qu’elle sort de ses tristes affres et qu’elle l’adore.

Parfois, notre tristesse naturelle peut mettre une distance entre nous et la bénédiction que le Seigneur voudrait nous donner. Le Seigneur peut se servir d’autres chrétiens, et même d’anges, pour consoler nos cœurs. Nous écoutons leurs mots, nous savons qu’ils sont vrais, et pourtant nous ne les laissons pas atteindre notre âme. Nous voyons la preuve de la bonté du Seigneur à notre égard ; dans notre cœur nous savons que le Seigneur est proche, et pourtant, dans notre détresse, nous ne lui permettons pas de réjouir notre cœur. Êtes-vous seul ? Êtes-vous blessé ? Le même Seigneur Jésus, qui s’est soucié de Marie de Magdala, se soucie aussi de vous. Il vous invite à élever vos yeux au-dessus de vos tristes circonstances et à le regarder. Il veut que vous l’aimiez et l’adoriez.

7. Contestée dans son témoignage

Lorsque Jésus a été tenté par Satan, il lui a répondu : « Tu rendras hommage au Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul » (Luc 4.8). Après l’adoration vient le service. Le Seigneur demande alors à Marie de Magdala d’aller porter un message aux autres disciples, « qui étaient dans le deuil et pleuraient. » (Marc 16.10). Le Seigneur s’occupait aussi d’eux. Lorsque nous nous ouvrons à la consolation de notre Seigneur, il nous donne habituellement assez de grâce pour que nous puissions aussi réconforter les autres (2 Cor 1.3-4). Marie de Magdala était très spéciale aux yeux du Seigneur, mais elle n’était pas la seule.

Marie a essuyé ses yeux et a obéi au Seigneur Elle a fait exactement ce qu’il lui a demandé, et elle l’a fait immédiatement. Comment les disciples ont-ils réagi à son message ? « Et ceux-ci, apprenant qu’il était vivant et qu’il avait été vu d’elle, ne le crurent point. » (Marc 16.11) Essayez d’imaginer cette rencontre. Avec joie et passion, Marie de Magdala annonce la bonne nouvelle, et tout simplement les disciples ne la croient pas. D’autres ont-ils remis en question la véracité de votre témoignage ? Savez-vous ce que l’on ressent lorsque l’on est soupçonné de déformer la vérité ? Comment a-t-elle réagi à cette situation émotionnelle très inconfortable ? A-t-elle reproché aux disciples d’être sexistes pour refuser un témoignage féminin ? A-t-elle juré, comme Pierre, pour ajouter du poids à ses mots ? (Matt 26.74). A-t-elle couché son récit par écrit en le faisant circuler pour prouver ses dires ultérieurement ? S’est-elle mise en colère en protestant ? Non ! Marie de Magdala a simplement fait ce que Jésus lui avait demandé, et a remis la réaction des disciples au Seigneur. Le Seigneur a remarqué cette situation tendue. Nous lisons que « plus tard, il apparut aux onze, comme ils étaient à table, et leur reprocha leur incrédulité et leur dureté de cœur, parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu ressuscité » (Marc 16.14). Ensuite, et comme toujours, le Seigneur se tient à côté et soutient ses serviteurs. Nous avons ici en Colombie un dicton qui affirme que « tôt ou tard, un corps mort refait surface ». Le Seigneur fait en sorte que la vérité se fasse jour à un moment ou à un autre (Luc 12.1-3). Certains jettent-ils le discrédit sur vos motifs, vos paroles ou vos actes ? Avez-vous l’impression d’être incompris ? Comme Marie de Magdala, dites la vérité calmement et clairement. Adorez-le avec joie. Et continuez à faire ce que le Seigneur vous a demandé de faire. L’opposition ne justifie jamais l’amertume ni la paralysie.

Attachés à Lui sans réserve

Après que j’ai apporté un message dans une église en Allemagne, un jeune frère m’a demandé comment obtenir « un cœur passionné pour Jésus ». Marie de Magdala nous en montre le chemin.

1. Reconnaissez votre état de péché. À moins que vous ne ressentiez véritablement ce que Christ a fait (et fait actuellement) pour vous, vous ne pourrez qu’ « aimer peu ».
2. Continuez à suivre le Seigneur, pas les disciples, pas l’église locale, pas les illustres et pieux prédécesseurs, pas même les doctrines. Nous devons suivre le Seigneur avec les autres, mais nous ne suivons pas les autres1.
3. N’ayez pas un cœur partagé. Les douceurs et les en-cas coupent l’appétit. Si vous suivez des conventions religieuses et vous efforcez de satisfaire des attentes humaines, vous en tirerez suffisamment de satisfaction pour perdre l’appétit quant à la réalité profonde. À la fin de la vie de Josué, son conseil au peuple d’Israël a été : « Or prenez bien garde à vos âmes pour aimer l’Éternel, votre Dieu. » (Josué 23 : 11).

Notes:
1 Cette affirmation ne contredit pas les propos de l’auteur de l’article sur Paul, l’anti-modèle pour aujourdh’hui (p.1). Même si nous sommes appelés à imiter les croyants qui ont marché fidèlement à la suite de Christ, nous devons suivre Christ, et non des hommes (note de l’éditeur).

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Dossier : Qui sont nos modèles ?
 

Nunn Philip
Philip Nunn a travaillé de 1992 à 2007 en Colombie comme missionnaire. À ce titre, il a été très impliqué dans l’implantation de plusieurs nouvelles assemblées chrétiennes. Toujours en contact avec la Colombie, il vit aux Pays-Bas, à Eindhoven, où il s’est établi. Il a aujourd’hui principalement un ministère d’enseignement, dont une partie est disponible en ligne en différentes langues : www.philipnunn.com.