Les Béatitudes dans l’Apocalypse
Le titre de cet article va peut-être vous surprendre ! La tradition évangélique réserve d’ordinaire le terme de « béatitudes » aux listes de Matthieu 5.1-12 et Luc 6.20-23. Par ces paroles, Jésus-Christ avait un but particulier : enseigner aux siens les normes que Dieu fixe à disciple — dans sa conduite spirituelle personnelle et dans ses relations interpersonnelles. Le mot « béatitude » signifie à l’origine « un état de bien-être ». Déclarer un individu « bienheureux » est lui souhaiter d’être dans un état de bonheur, de félicité, d’honneur.
Mais connaissons-nous les sept « béatitudes » du livre de l’Apocalypse (1.3 ; 14.13 ; 16.15 ; 19.9 ; 20.6 ; 22.7.14) ? Elles sont bien différentes de celles des Évangiles dans leur sens et leur portée, car leurs contextes et leurs contenus sont tout autres. Celles de Jésus ont été énoncées dans l’environnement paisible du début de la prédication du royaume de Dieu, tandis que celles de l’Apocalypse ont été écrites pendant une période de sévère persécution à la fin du 1er siècle. Elles s’inscrivent dans un kaléidoscope eschatologique catastrophique de la fin des temps, où certaines promesses et assurances sont destinées à encourager le disciple à rester fidèle à l’Agneau envers et contre tout. Ces exhortations de l’Apocalypse ont affermi le dévouement des disciples persécutés depuis lors.
Les sept bénédictions
1. « Heureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie, et qui gardent les choses qui y sont écrites ! » (1.3)
« Heureux » peut aussi être traduit par « béni » : vu les thèmes fréquemment tragiques de ce livre, il me semble que « béni » est mieux adapté que « heureux ». On peut recevoir une bénédiction de Jésus même pendant une crise décourageante ! La bénédiction vient encore d’En-haut, malgré les drames horribles qui se déroulent pendant la période de la tribulation. Cette bénédiction venait et viendra à la suite de la lecture attentive et obéissante de la Parole écrite. La lecture et la compréhension de ce livre s’avèrent un peu difficiles ; une promesse de bénédiction est donc offerte pour inciter le disciple à aller jusqu’à la fin de son engagement envers Christ.
Voici trois leçons à tirer du verset :
(a) Les seuls vrais bienfaiteurs sont le Père et l’Agneau, par l’Esprit. La bénédiction n’est pas à chercher en idolâtrant tel ou tel « grand ».
(b) Il y a une vraie bénédiction à recevoir la Parole de Dieu (cf. 1 Thes 2.13).
(c) La lecture publique est bénie ; donc lisons davantage la Bible à haute voix, en particulier en réunion d’église.
Prière : Seigneur Jésus, fais de moi un lecteur quotidien fidèle et obéissant à la parole de Dieu. Amen.
2. « J’entendis du ciel une voix qui disait : Écris : Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur ! Oui, dit l’Esprit, afin qu’ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent. » (14.13)
Le contexte indique que cette bénédiction est réservée aux persécutés, qui font face à une mort certaine en raison de leur fidélité à la parole du Père et à la foi prêchée en Jésus (14.12-13). Leur réconfort vient du fait qu’ils sont déjà dans un état de bénédiction, car ils seront bientôt avec le Père et l’Agneau (cf. Phil 1.21,23 ; 3.20-21). Le Saint-Esprit vient confirmer la première promesse. La persécution pourrait épuiser le corps et assommer l’âme et l’esprit ; on pourrait être tenté de lâcher prise et se dire intérieurement : « À quoi tout cela sert-il ? » La voix venant du ciel réconforte les fidèles chancelants : « Votre prochaine arrivée là-haut vaut la peine ; donc restez fermes, car l’épreuve qui peut vous conduire à la mort ouvre la porte au repos. » En plus, « leurs œuvres les suivent » : toute leur activité pour représenter fidèlement Jésus en face de l’opposition diabolique acharnée sera largement récompensée au ciel (cf. Luc 10.7 ; 1 Tim 5.18 ; Jean 4.36).
Prière : Seigneur Jésus, fortifie-moi par l’Esprit saint pour que je te reste fidèle malgré l’opposition et la tentation de te renier. Amen.
3. « Voici, je viens comme un voleur. Heureux celui qui veille, et qui garde ses vêtements, afin qu’il ne marche pas nu et qu’on ne voie pas sa honte ! » (16.15)
Le contexte est celui de la 6e coupe de jugement (16.12-16) qui décrit la préparation à la longue campagne1 d’Harmaguédon. C’est à la fois une promesse (celle d’avoir la surprise de voir le Seigneur) et un avertissement solennel. Jésus cherche à préparer les siens (ceux convertis pendant la période de la grande tribulation) à lui rester fidèles en dépit de l’opposition injuste venant d’hommes inspirés par Satan et sous le contrôle de l’antichrist. « Veiller », « rester en éveil » signifie anticiper la visite de quelqu’un d’important (ici Jésus) à n’importe quel moment en gardant ses vêtements (on ne se met pas en pyjama si l’on attend un visiteur de marque !) « Marcher nu » est une image annonçant une réprimande au jour de jugement ; « garder ses vêtements » signifie pratiquer de bonnes œuvres (Éph 2.10) en accord avec le salut qu’on possède (cf. 19.8).
Je vois personnellement des leçons spirituelles pratiques pour nous :
– Jésus n’a pas encore dévoilé le moment exact de son retour pour nous ; aussi soyons préparés (cf. Mat 25.1-13), ne nous relâchons pas (cf. 1 Thes 5.5-8).
Continuons à faire du bien aux autres en dépit des circonstances contraires (cf. 1 Th 2.8-10 ; Mat 25.35-36 ; Tite 2.13-14 ; 3.1-2 ; 2 Cor 9.8 ; Éph 2.10).
Rappelons-nous que nous comparaîtrons devant le tribunal de Christ (2 Cor 5.10) : quel embarras pour nous s’il nous trouve dans un état incompatible avec les exigences morales de sa Parole (cf. 3.18)…
Prière : Seigneur Jésus, stimule-moi par l’Esprit à prendre au sérieux ma responsabilité de te représenter avec fidélité, parce que je ne veux pas avoir honte devant toi. Amen.
4. « L’ange me dit : Écris : Heureux ceux qui sont appelés au festin des noces de l’Agneau ! Puis il me dit : Ces paroles sont les véritables paroles de Dieu. » (19.9)
Tout né de nouveau en Jésus-Christ depuis la Pentecôte est au bénéfice de cette bénédiction : l’Église de tous les siècles participera à une fête céleste grandiose, le « banquet nuptial » qui suivra son mariage spirituel avec l’Époux (l’Agneau, Jésus-Christ) (19.7).
Prière : Merci, Seigneur Jésus, pour ce privilège futur.
Le verset 10 décrit la réaction appropriée : adorer Dieu le Père pour cette perspective inestimable concernant Jésus et nous, les sauvés.
Ne serait-t-il pas convenable que nous fassions pareil ? Si cette bénédiction est surtout réservée pour le ciel, nous avons le privilège maintenant de nous réjouir en attendant la gloire ! Ne nous en privons pas ici-bas, frères et sœurs ! Vibrons dans l’anticipation de cette expérience future inouïe, en dépit des tempêtes de la vie.
Prière : Père Céleste, fortifie-moi pour rester fidèle à l’Agneau immolé malgré toute opposition qui me pousse à le renier. Gloire à toi ! Amen.
5. « Heureux et saints ceux qui ont part à la première résurrection ! La seconde mort n’a point de pouvoir sur eux ; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et de Christ, et ils régneront avec lui pendant mille ans. » (20.6)
Le mot « saint » signifie une séparation du mal puis une consécration — un dévouement au service de Dieu. Le croyant sauvé, ayant été mis à part et justifié à sa conversion (Rom 3.22-26 ; 5.1-2 ; 8.30), cherche pendant son pèlerinage ici-bas à se séparer quotidiennement de ce qui ne correspond pas au saint caractère moral de Dieu.
Les saints mis à mort pendant la période de la tribulation seront ressuscités pour participer activement avec Christ à son règne millénaire : c’est leur récompense pour leur fidélité face à des persécutions souvent mortelles. Ils vont servir d’intermédiaires entre le Roi Jésus et les pécheurs (ceux nés pendant le millénium naîtront avec la nature adamique et vont donc pécher, cf. 20.7-9).
Notre texte mentionne une « seconde mort » : elle aura lieu après le jugement du grand trône blanc après la fin du millénium. C’est la mort après laquelle il n’y aura aucune possibilité de retour ni de pardon. Tous les perdus de toute l’histoire humaine y seront rassemblés pour subir leur juste jugement !
Si vous n’avez pas encore accepté le salut par la repentance envers Dieu et la foi en Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés, c’est le moment de lui offrir votre soumission. Ainsi vous n’entrerez jamais dans la deuxième mort éternelle qu’est l’étang de feu (20.14-15).
Prière : Merci, Seigneur ressuscité, de récompenser activement tes fidèles d’une manière juste pendant le millénium. Amen.
6. « Et voici, je viens bientôt. — Heureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre ! » (22.7)
Le Seigneur interpelle le lecteur brusquement, puis il promet que son apparition sera soudaine. « Bientôt » n’est pas une mesure sur l’échelle du temps, mais un mode d’apparition : « rapidement ». Si lors de sa première venue, Jésus était entré progressivement dans son ministère, sa seconde venue sera subite.
Le Seigneur promet une bénédiction spéciale à toute personne qui prend au sérieux le contenu du livre. Une des leçons principales est l’exaltation de la gloire du Père et du Seigneur Jésus-Christ, l’Agneau. Preuve en est la présence de 15 doxologies (1.5b-6 ; 4.8,11 ; 5.9-10,12,13 ; 7.10,12 ; 11.16-18 ; 15.3-4 ; 16.5-6,7 ; 19.1-3,4,6-8), dont 9 sont réservées uniquement au Père, 3 uniquement à l’Agneau, et 3 au Père et à l’Agneau2.
Prière : Aide-moi à apprécier et à garder dans mon cœur et dans ma vie les vérités apprises par la lecture et la méditation de ce livre.
7. « Heureux ceux qui lavent leurs robes, afin d’avoir droit à l’arbre de vie, et d’entrer par les portes dans la ville ! » (22.14)
Le sang de Jésus-Christ joue un rôle primordial dans l’accomplissement de notre salut, car il signifie que nos péchés ont été enlevés éternellement et le résultat est notre droit d’accès auprès du Père et de l’Agneau (1.6 ; 5.9 ; 7.14). Au millénium, les rachetés ressuscités de la tribulation vont jouir de tous les privilèges de la citoyenneté (És 25.8 ; Rom 8.29 ; 1 Jean 3.2 ; Apoc 7.13-17 ; 22.1-5).
Prière : Merci, notre Père Céleste, parce que, par le sang versé de Jésus-Christ notre Sauveur, toute personne née de nouveau va pouvoir bénéficier abondamment de tous les privilèges que tu nous réserves avec le Seigneur.
Résumé et conclusion
Ce livre unique dans toute la Bible est un mélange d’extrêmes : il va des hauteurs de l’existence céleste avec Dieu le Père et avec Jésus, l’Agneau, par l’Esprit, jusqu’aux profondeurs de la dépravation humaine attisée par Satan. Sa lecture doit conduire le pécheur à la repentance et à la foi pour échapper à l’étang de feu, et stimuler le converti à une vie de fidélité disciplinée en face de toute opposition.
Au milieu de toutes ces descriptions, le lecteur peut désaltérer son âme et son esprit à sept oasis de « bénédictions » qui nous sont déjà accessibles. Pour en jouir, souvenons-nous que :
– la lecture de la Parole est une nécessité pour rester proche de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.
– la Parole lue apporte du bien-être seulement si on y obéit et la met en pratique.
– la Parole avertit chacun qu’il existe une règle inviolable et indestructible : tout sera récompensé à la fin, soit le mal, soit le bien. Chacun donc doit décider maintenant de quel côté il veut se ranger.
– les bénédictions divines sont innombrables (et vont bien au-delà des sept traitées dans cette étude). Elles sont utiles pour soutenir chaque sauvé dans toutes les situations imaginables. À nous de décider si nous voulons les recevoir.
1Le mot grec indique une bataille qui n’est pas courte.
2 Au ciel, la louange et l’adoration sont spécialement et exclusivement adressées aux deux premières personnes de la Trinité. L’Esprit ne reçoit ni adoration ni prière. De ce fait, il me semble raisonnable de croire que notre adoration et nos prières ici-bas doivent être uniquement réservées à Dieu et à Jésus, avec l’aide précieuse et l’inspiration du Saint-Esprit (1 Cor 14.15 ; Éph 6.18 ; Phil 3.3).