Les écrits bibliques : des témoignages historiquement crédibles ?
Cet article est un extrait traduit de l’ouvrage Why Trust the Bible?1de G. D. Gilbert. L’auteur ydéveloppe une ligne apologétiquequ’on appelle parfois « évidentialiste ». Ce terme vient de l’anglais evidence, qui signifie preuve. Dans cette démarche, on rassemble tous les éléments objectifs de la réalité susceptibles deconforter la nature divine du texte sacré, afin de disposer les non-croyants à en examiner plus à fond le contenu. C’est la démarche traditionnellement en faveur chez les évangéliques fondamentalistes non calvinistes.
Examinons les documents qui forment le Nouveau Testament non pas d’abord comme étant la Parole de Dieu, mais simplement comme étant des documents historiques, puis en partant de là, voyons s’il est possible d’en arriver à une conclusion fiable selon laquelle Jésus serait ressuscité des morts. Même le non‑chrétien ne devrait pas s’y opposer. Après tout, aborder le Nouveau Testament simplement comme un recueil de documents historiques n’exige aucun plaidoyer particulier, aucun statut particulier, ni aucune prétention particulière à la vérité. Laissons donc parler ces documents devant « le tribunal de l’opinion historique », en quelque sorte.
De plus, le fait d’aborder le Nouveau Testament sous l’angle historique ne devrait soulever aucune objection particulière parmi les chrétiens. Après tout, ce n’est pas comme si nous cherchions à le traiter comme s’il s’agissait d’autre chose que ce qu’il est. Les documents néotestamentaires affirment eux‑mêmes leur historicité ; leurs auteurs les ont voulus historiques. Prenons l’exemple de Luc. Il amorce son Évangile en disant qu’il l’écrit dans le but de raconter à son destinataire la vie et les enseignements de Jésus « de manière suivie » (Luc 1.3). On aura beau lui prêter toutes sortes d’autres intentions, Luc n’en écrivait pas moins l’Histoire. Bien entendu, la méthode employée dans l’Antiquité pour écrire l’Histoire diffère de notre méthode contemporaine, mais l’idée fondamentale demeure la même : les auteurs rapportaient des événements qu’ils croyaient avoir réellement eu lieu. Or, étant donné que Luc et les autres auteurs s’employaient à ce type de travail, il n’y aurait certainement rien de répréhensible dans le fait de laisser ses livres, et ceux des autres, s’exprimer conformément à leur intention de toujours.
Par ailleurs, le christianisme se présente lui‑même comme historique, plus encore que les religions du monde. Il ne s’agit pas d’une simple liste d’enseignements moraux, d’une collection de chimères philosophiques ou de « vérités » mystiques, ni même d’un recueil de mythes et de fables. Le christianisme constitue foncièrement une déclaration selon laquelle [des choses extraordinairesse sont produites au fil du temps, en particulier la résurrection de Jésus – des choses concrètes, réelles et historiques.]
Une chaîne de fiabilité
Même si c’est le cas, reste qu’une autre question s’impose ici. Les documents néotestamentaires — plus particulièrement les quatre Évangiles, en l’occurrence — sont‑ils vraiment fiables en tant que témoins historiques ? À savoir, pouvons‑nous nous fier à eux pour nous renseigner avec justesse au sujet des événements de la vie de Jésus, surtout de sa résurrection, afin que nous puissions en venir à déclarer : « Oui, j’ai l’assurance que cela s’est produit » ? Personnellement, je suis d’avis que nous pouvons nous fier aux documents néotestamentaires, mais qu’afin de parvenir à cette conclusion, il nous faudra beaucoup y travailler précisément parce que, comme c’est le cas de tout document historique, de nombreuses questions relatives à leur fiabilité risquent d’être soulevées chemin faisant.
Pour bien comprendre ce que je veux dire par là, envisagez les choses de la manière suivante : si vous lisez un passage relatant un événement particulier de la vie de Jésus, disons dans l’Évangile selon Matthieu, vous savez qu’au moins trois personnes ont participé à ce récit et l’ont donc influencé d’une certaine façon. Premièrement, et le plus évident, c’est que le récit provient de l’auteur qui l’a mis par écrit. Deuxièmement, il y a au moins une personne, et probablement d’autres, qui a copié cet écrit original et l’a transmis, pour ainsi dire, au fil des siècles jusqu’à ce qu’il nous arrive entre les mains. Troisièmement, quelqu’un (ou un comité) a traduit cette copie de sa langue d’origine dans votre langue maternelle afin que vous puissiez la lire. Or, à chaque étape de ce processus, des questions ont été soulevées quant à la fiabilité du récit dont vous faites la lecture, à savoir s’il vous rapporte avec exactitude ce qui s’est réellement produit. Ainsi, en remontant le temps jusqu’au moment de l’événement raconté, vous finirez avec une chaîne constituée de cinq grandes questions :
- Pouvons‑nous avoir l’assurance que la traduction de la Bible de sa langue d’origine dans notre langue rend l’écrit original avec justesse, ou lui fait‑elle dire des choses qu’il n’a jamais dites ?
- Pouvons‑nous avoir l’assurance que les copistes nous ont transmis une copie exacte de l’écrit original, sans y ajouter, en retrancher ou en déformer quoi que ce soit (délibérément ou non) au point de rendre celle que nous avons en main infidèle à l’écrit original ?
- Pouvons‑nous avoir l’assurance que nous examinons le bon ensemble de livres dans son intégralité, sans passer à côté ou omettre d’autre ensemble de livres donnant une perspective de Jésus qui serait différente, mais tout aussi fiable et plausible ? Pouvons‑nous donc être certains d’avoir raison d’examiner ces livres plutôt que les autres ?
- Pouvons‑nous avoir l’assurance que les auteurs d’origine étaient eux‑mêmes fiables ? Cherchaient‑ils donc véritablement à nous relater les événements tels qu’ils se sont déroulés ou poursuivaient‑ils un autre but — par exemple, écrire une fiction ou même tromper leurs lecteurs ?
- Et pour terminer, si nous pouvons avoir l’assurance que les auteurs ont effectivement voulu raconter avec exactitude ce qui s’est produit, pouvons‑nous avoir la certitude que ce qu’ils ont décrit a réellement eu lieu ? Bref, pouvons‑nous avoir l’assurance que ce qu’ils ont écrit est réellement véridique ? Ou encore, serions‑nous mieux avisés de les croire erronés à certains égards ?
Si nous pouvons répondre à chacune de ces questions (traduction / transmission / choix des livres / fiabilité / véracité) par l’affirmative et avec certitude, alors nous aboutirons à une chaîne de plausibilités nous reliant aux événements mêmes qui nous sont rapportés. Nous pourrons ainsiestimer avec raison que :
- nous disposons de bonnes traductions des manuscrits bibliques ;
- ces manuscrits sont des copies recevables de ce qui a été écrit à l’origine ;
- les livres que nous examinons sont effectivement les bons et donc les meilleurs que nous puissions examiner ;
- les auteurs de ces documents désiraient réellement nous rapporter avec exactitude ce qui s’est produit ;
- nous n’avons aucune bonne raison de penser qu’ils se sont trompés en nous racontant ce qu’ils ont vu et mis par écrit.
Peu importe sous quel angle nous les examinons, ces affirmations donnent un fondement très solide à la pensée que nous pouvons tout à fait accepter la Bible comme étant d’une historicité fiable. Et si nous le pouvons, c’est donc dire que nous pouvons aussi déclarer au sujet du récit biblique de la résurrection de Jésus : « Oui, je crois vraiment que cela s’est produit. Autant que je crois que tout autre événement de l’Histoire s’est produit, je crois que Jésus est ressuscité des morts. »2
- Crossway, 1300 Crescent Str, USA, Wheaton, Illinois 60187, 2015, ch. 1, p.19-22.
- Comme aucun article de ce numéro ne traite systématiquement les cinq questions mentionnées dans l’article de G. D. Gilbert, nos lecteurs ont le choix entre : lire le livre de cet auteur ; ou bien partir à la recherche de nombreux indices de la fiabilité de l’Écriture dans des ouvrages traitant de l’histoire de la Bible, des prophéties accomplies, des découvertes archéologiques confirmant les données bibliques, etc. Cela dit, nous croyons que même les preuves les plus flagrantes ne convaincront jamais un incrédule qui a décidé de le rester (cf. Jean 3.19-21 ; Luc 16.27-31). (NDLR)