Dossier: La Bible, parole de Dieu ou paroles d'hommes ?
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Douter de la Parole de Dieu ?

Être chrétien et douter ? Ces deux verbes apparaissent a priori contradictoires. Pourtant, se déclarer chrétien tout en éprouvant des doutes fut l’expérience de plusieurs (de beaucoup ?). En témoignent par exemple des paroles de cantiques :

« Tel que je suis, bien vacillant,
En proie au doute à chaque instant,
Lutte au dehors, crainte au dedans… » (Charlotte Eliott)

ou :

« Et si parfois dans mon cœur vient le doute… » (auteur inconnu)

De tels accents permettent déjà de prendre conscience que, si je doute, je ne suis pas le seul !

Pourquoi est-ce que je doute ?

Les raisons peuvent être multiples, d’origine et d’importance variées. En voici quelques-unes :

– Parce que la foi est un sujet important : Si je base ma vie présente et mon avenir après la mort sur une croyance, il est naturel que j’attache une importance particulière à ce sujet et que je me pose sérieusement des questions sur son fondement.

– Parce que j’ai un tempérament « à douter » : Nous ne sommes pas égaux dans notre fonctionnement psychologique. Certains reçoivent simplement ce qu’on leur dit ; d’autres, plus méfiants, remettent vite en cause la véracité de ce qu’ils lisent ou entendent.

– Parce que je n’ai pas de solides principes bibliques : Je douterai d’autant plus facilement que je connais peu la Bible ou que j’ai cultivé une vision déformée de Dieu, peut-être liée à mon histoire personnelle ou à la culture dans laquelle je baigne.

– Parce que cela me permet d’éviter d’obéir à Dieu : Le « je ne sais pas » déguise en fait un « je ne veux pas ». On pense au célèbre aphorisme de Mark Twain : « Ce ne sont pas les parties de la Bible que je ne comprends pas qui me gênent, ce sont les parties que je comprends. » Douter, c’est alors esquiver l’exigence divine.

– Parce que cela « fait bien » de douter : Notre génération récuse les absolus et absolutise le relativisme. Gare à celui qui prétend avoir trouvé « la » vérité ! « Réinterroger les textes », « revisiter les doctrines », « découvrir une nouvelle perspective », … — les euphémismes abondent pour désigner au fond une posture systématique de remise en cause permanente et de soupçon envers ce qui nous est présenté comme la vérité.

Le doute fondamental : faire douter de la Parole de Dieu

Dans un Éden où tout était paix, le mal surgit brusquement, rompant l’harmonie initiale. « Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que l’Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? » (Gen 3.1) Une traduction plus littérale pourrait donner : « Ben alors ! Dieu a dit ça ? » — avec une nuance d’ironie et de moquerie1.

Le doute qu’instille le tentateur s’attaque d’abord à ce que Dieu a « dit », à sa Parole. Il sait que, s’il arrive à remettre en cause ce fondement, la partie est bien entamée pour lui : il n’aura qu’à « tirer sur la pelote » pour petit à petit éloigner le croyant désormais suspicieux du Dieu dont il vient de lire les paroles.

Le doute est le contraire de la foi, qui « vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ » (Rom 10.17). Si je doute de la Parole de Dieu, je n’ai plus de base objective à ma foi, qui devient alors une croyance subjective et mouvante ; je perds tout fondement solide et je deviens « semblable au flot de la mer, agité par le vent et poussé de côté et d’autre » (Jac 1.6).

Ce doute initial, au jardin, se marque par plusieurs détails significatifs :

– Tout d’abord, il est une distorsion de la parole véritable de Dieu, par exemple en extrayant un verset de son contexte. Une contrevérité patente est bien plus facile à discerner qu’une remise en cause « en biais », partielle, mais néanmoins réelle de ce que Dieu a dit. Aussi revenons avec humilité au texte tel que Dieu nous l’a transmis et non pas tel que d’autres l’ont compris.

– Il ironise sur ce que Dieu dit. Des incrédules qui raillent les soi-disant incohérences de l’Écriture peuvent instiller en moi un doute d’autant plus difficile à contrer que j’aurais peur de me ridiculiser si j’essaie de prendre sa défense.

– Il met l’accent sur le négatif. Implicitement, Dieu est celui qui « empêche », qui « frustre ». Alors que le Créateur avait tout fait « bon », le diable instille l’idée qu’il a privé le premier couple d’un bienfait — qu’au fond, ce Dieu n’est pas bon. Douter, c’est souvent imaginer autre chose sur Dieu que ce qu’il nous révèle de lui-même. Alors, laissons de côté nos idées préconçues et cherchons à voir Dieu « tel qu’il est, vraiment ».

– Dans une seconde étape, le tentateur s’oppose frontalement à la Parole divine : « Vous ne mourrez point. » (Gen 3.4) Au fil des siècles, cette opposition a pris des formes variées. Mais chaque fois, c’est l’orgueil de l’homme (la « faute du diable » !) qui place sa pensée au-dessus de la révélation de Dieu. On juge ce que Dieu dit et on estime si c’est vrai ou non, au lieu de le recevoir avec humilité et reconnaissance. Reconnaissons notre orgueil et « soumettons-nous à Dieu » : c’est ainsi que nous résisterons au diable (Jac 4.7).

Comment en sortir ?

Sur un plan plus pratique, que faire pour retrouver une pleine confiance dans la Parole de Dieu ? Voici quelques pistes :

– Je peux avoir confiance dans la Bible parce que Dieu a donné des preuves externes nombreuses, pertinentes et vérifiables de sa véracité. Quelques exemples : l’abondance des prophéties déjà réalisées, le miracle de sa transmission au cours des siècles, la concordance toujours croissante entre les découvertes archéologiques et l’histoire biblique, etc.

– Je peux avoir confiance dans la Bible parce que Dieu a donné des preuves internes de sa véracité. La cohérence de son message au travers des 15 siècles de sa rédaction et de la multiplicité de ses auteurs humains frappe de façon croissante le lecteur non prévenu. L’honnêteté de son propos qui « parle vrai », loin de mythes enjolivés, contraste avec tout autre livre fondateur de religion.

– Je peux avoir confiance dans la Bible parce que, par elle, je vois Dieu transformer des hommes et des femmes. Que ce soit au travers de biographies historiques, de témoignages actuels ou de constatations personnelles chez des proches, la Parole de Dieu a montré et continue à montrer sa puissance. À moi de me laisser aussi transformer par elle.

Je décide alors de faire face à mon doute : au lieu de chercher à le camoufler, il vaut bien mieux se l’avouer à soi-même et en parler à d’autres. Ma foi chancelante pourra se fortifier au contact de plus solides que moi. Je dois aussi éviter de me complaire dans mon doute et d’y trouver un plaisir malsain : la foi est aussi « vertu » et décision. Comme ce père de l’Évangile, je crierai : « Je crois ! Viens au secours de mon incrédulité ! » (Marc 9.24)

Et pour éviter de retomber dans le doute, je vais affermir ma foi :

– en la détachant de mes sentiments subjectifs, si fluctuants au gré des circonstances et de mes humeurs,

– en évitant certains contacts nocifs (personnes, écrits, etc.) qui m’éloignent de Dieu et de sa Parole,

– en m’abreuvant d’une lecture régulière et sans a priori de l’Écriture pour que ma foi soit toujours plus fondée sur l’objectivité du texte,

– en cherchant la face du Seigneur par la prière et la louange : les deux chants cités en introduction ne se terminent-ils pas par ces invitations : « Agneau de Dieu, je viens » et « Si tu lèves vers Jésus les yeux » ?

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  1. Luther disait : « Le mot sonne comme si quelqu’un fronçait le nez et se moquait en ricanant. »
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Prohin Joël
Joël Prohin est marié et père de deux filles. Il travaille dans la finance en région parisienne, tout en s'impliquant activement dans l’enseignement biblique, dans son église locale, par internet, dans des conférences ou à travers des revues chrétiennes.