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La 8ème lettre aux 7 églises

      A 7 églises d’Asie mineure du 1er siècle de notre ère, le Chef de l’Eglise a fait adresser par Jean des messages en rapport avec l’état et la situation de chacune d’elles (Apoc 2-3). A chacune il se présente sous l’aspect convenant au message qu’il lui destine. A toutes il affirme d’entrée sa parfaite connaissance de ses circonstances. Louanges, reproches, avertissements, appels à la repentance ou à la persévérance précèdent une promesse et un renvoi à ce que l’Esprit dit aux églises. Outre ces lettres particulières, propres à chaque église destinataire, une 8ème leur est commune; il en émane un message général, valable pour l’ensemble de toutes les églises aussi bien que pour l’Eglise de Christ dans tous les temps et tous les lieux (Apoc 1:4-6).

      Toute lettre comporte 4 éléments un auteur, un destinataire, un message et un but. Nous les trouvons réunis dans celle qui va nous occuper.

1. L’AUTEUR

      Il se présente comme Jean:
– serviteur (ou esclave) de Jésus-Christ (Apoc 1.1),
– frère des destinataires (1.9),
– parmi les prophètes (22.9),
sans se désigner plus précisément. Aussi la tradition apostolique unanime a-t-elle reconnu en lui l’apôtre Jean, celui qui, dans son évangile, se fait connaître seulement comme le disciple que Jésus aimait.

      Mais Jean n’apparaît que dans le rôle d’un rédacteur sur ordre (Apoc 1.11,19) et non comme l’auteur véritable de cette extraordinaire révélation.

      Celui-ci n’est autre que le vivant aux siècles des siècles (1.18), le ressuscité, Jésus-Christ. Cette révélation (ou dévoilement) de lui-même lui a été donnée par Dieu (1.1), dont les paroles sont rapportées en Apoc 19.9. Le livre de l’Apocalypse, ou « Révélation de Jésus-Christ », est ainsi attesté, dès le 1er verset, par 4 autorités: Jésus-Christ, Dieu, l’ange et Jean. Il s’agit donc d’une portion de l’Ecriture particulièrement digne d’être reçue comme parole de Dieu, par les croyants (ses serviteurs ou « esclaves »); de plus, il s’agit d’un livre ouvert (Apoc 22.10) et non fermé ou obscur, comme Satan essaie de le faire croire pour en décourager la lecture, car son jugement et sa fin y sont annoncés et décrits.

      Il convient de considérer séparément la personne et les attributs de Jésus-Christ présentés dans ce chapitre (Apoc 1).

a) La personne de Jésus-christ

      Aux versets 13 à 16 apparaissent 10 aspects de Jésus-Christ qui sont autant de caractères significatifs de sa personne.

      1. Fils d’homme
      L’humanité de Jésus rappelle son abaissement (Phil 2.7-8). Pour entrer dans sa création, il lui fallut un corps (Héb 10.5). Dieu a été manifesté en chair (1 Tim 3.16) pour rejoindre les hommes, chez eux, comme eux dans la vie de chaque jour.

      Jésus fut l’homme selon le cour de Dieu. Il a connu les peines et les joies de cette vie; aussi est-ce comme Homme qu’il jugera un jour les vivants et les morts (Act 10.42; 17.31).

      2. La robe évoque le sacrificateur revêtu de fin lin pour le sacrifice d’expiation (Lév 16.4), après avoir ôté sa robe glorieuse, pour la revêtir après le sacrifice. Christ aussi s’est dépouillé en venant sur la terre (Phil 2.7-8); mais il a revêtu la gloire céleste antérieure à la création (Jean 17.5), après la résurrection. Il fut le sacrifice sur la croix; il est maintenant notre grand souverain sacrificateur au ciel (Héb 4.14), pour plaider devant Dieu la valeur de son sang, en faveur de tous ceux qui s’approchent de Dieu par lui.

      3. La ceinture d’or parle aussi du sacrificateur. A la hauteur de la poitrine, elle souligne la pureté glorieuse des affections du Fils pour son Père et pour les siens, jusqu’à la mort.

      4. La tête et les cheveux blancs sont ceux du roi de justice (Pr 16.31) qui a souffert et, par cette voie, a atteint l’âge et le niveau de la sagesse et de l’autorité.

      5. Les yeux font penser au prophète (appelé aussi « voyant » en 1 Sam 9.9). Ils sont le siège de la connaissance, de l’intelligence et du discernement (Apoc 5.6). Environ 80 % de nos perceptions sensorielles nous parviennent par les yeux.

      6. Les pieds et l’airain brillant évoquent encore le sacrificateur et le feu du jugement. Le serpent au désert et la cuve du tabernacle étaient d’airain. Quand le Seigneur posera ses pieds sur la terre, ce sera pour le jugement des nations. Auparavant, pour enlever les siens, il se tiendra dans les nuées; la rencontre avec lui aura lieu en l’air (1 Thes 4.17).

      7. La voix est bien caractéristique du prophète; il parle pour Dieu aux hommes. Jésus fut la Parole faite chair (Jean 1.14). Auprès des chutes du Niagara, toute voix humaine est couverte. Après tous les discours tonitruants de ce monde, un jour Dieu parlera plus fort que tous ceux assemblés qui l’auront blasphémé parmi les nations, il leur parlera dans sa colère et, dans sa fureur, il les épouvantera (Ps 2.5).

      8. La main droite est forte et active. Par elle s’exercent la direction et l’autorité du roi qui conduit à la sécurité. Personne ne pourra ravir les rachetés de la main qui fut percée pour eux.

      9. La bouche assortie de l’épée aiguë (longue) évoque la parole du prophète. C’est cette parole de Dieu qui discerne les pensées et les intentions du cour, dans l’Eglise (Héb 4.12); c’est elle aussi qui jugera le monde (Apoc 19.13).

      10. Le visage d’un éclat insoutenable rappelle celui du grand roi qu’Esaïe vit sur son trône (Es 6.1-5). Plus tard, Paul en fut aveuglé 3 jours (Act 9.9). Le Seigneur habite la lumière inaccessible (1 Tim 6.12). On ne peut le voir et vivre. On comprend donc la fuite des hommes à l’approche du jugement divin (Apoc 6.16-17).

      Cette description fait usage de maintes notions et images de l’Ancien Testament. Sur les 405 versets de l’Apocalypse, 285 s’y rapportent. Dans cette apparition, le Ressuscité se tient au milieu des 7 lampes représentant les 7 églises. Il est personnellement leur seul lien intercommunautaire. Aucune organisation humaine ne peut se substituer à l’autorité du seul Chef de l’Eglise sur chaque assemblée locale. Il ne s’agit plus du chandelier à 7 branches du tabernacle d’Israël, formé d’une seule pièce. La nuance souligne l’importance du changement intervenu. La lumière du témoignage dû à Dieu n’est plus le fait d’un peuple dans un pays; elle est portée dans le monde entier par une multitude d’églises locales dispersées.

      L’apparition du vivant laisse Jean comme mort. En revanche, près de la croix, le disciple vivant avait vu le Maître mort. La résurrection a bouleversé toute ancienne relation avec Jésus ( 2 Cor 5.16).

      Une autre cause de stupeur pour Jean est de voir réunis en un seul homme les attributs du prophète, roi et sacrificateur, parfaitement équilibrés (3 fois chacun). Les deux dernières fonctions s’excluaient mutuellement en Israël (Héb 7.13-14). Pour pouvoir tenir les trois rôles à la fois, il fallait que le Fils de Dieu devienne homme (fils d’homme est le caractère en tête de la liste).

      La notion de roi n’est pas familière dans l’Eglise. En fait, le chrétien n’y est pas roi lui-même; il est membre d’un royaume (Apoc 1.6,9) sous l’autorité de Christ, qui n’est jamais appelé le roi de l’Eglise, ni son Seigneur non plus, mais le Chef de l’Eglise, la tête du corps (Col. 1.18). Il est le Seigneur du croyant individuellement.

b) Les 7 attributs de Jésus-Christ

      Il suffit ici de les citer (versets 5 et 8):

  1. Le témoin fidèle (ce qu’il fut sur la terre)
  2. Le premier-né des morts (ce qu’il est au ciel)
  3. Le prince des rois de la terre (ce qu’il sera sur terre)
  4. L’alpha (le commencement)
  5. L’oméga (la fin)
  6. Seigneur Dieu (comp. Jean 20.28!)
  7. Tout-puissant (Mat 28.18)

2. LE DESTINATAIRE

      L’Apocalypse s’adresse en premier lieu aux 7 églises qui sont en Asie (1.4), à la fin du 1er siècle: Ephèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie, Laodicée. A travers elles se présentent 7 types d’églises susceptibles de correspondre à une église actuelle, la vôtre peut-être. On a vu aussi, dans la succession de ces 7 églises, une vaste fresque de l’église chrétienne, des temps apostoliques à l’enlèvement des croyants.

      L’Ecriture associe le chiffre 7 à l’idée de plénitude, de perfection aussi. Ainsi, cette 8ème lettre adressée en commun aux 7 églises, vaut pour chacune d’elles. On peut l’envisager aussi comme un saisissant condensé, enfermant la plénitude du message de Dieu à l’Eglise universelle, de tous les temps et en tout lieu. A ce titre, la lettre nous concerne encore aujourd’hui, aussi vraie et vivante qu’au temps de son envoi initial en Asie.

3. LE MESSAGE

      Le contenu de la lettre comprend deux parties.

a) Versets 4-5a: un message appuyé par 3 signatures

      1. Le message est sobre et net: « grâce et paix »
      La première fois qu’apparaissent ensemble les deux termes se situe dans le livre des Nombres (6.25-27), avec la formule de la salutation-bénédiction au peuple de Dieu.

      La grâce est bien le seul terrain de rencontre entre le Dieu trois fois saint et le pécheur. Ne l’oublions jamais. Jusqu’au bout, nous dépendrons de la grâce miséricordieuse de Dieu.

      La paix est la conséquence directe de la grâce accordée par la justice de Dieu accomplie à la croix. Etant donc justifiés parla foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ (Rom 5.1).

      Ce fut aussi le message du soir de Pâques, dans la chambre haute (Jean 20.19). Jésus ressuscité (la grâce en personne) apporte la paix à ses disciples apeurés.

      « Grâce et paix », c’est enfin la salutation apostolique en tête des épîtres de Paul et de Pierre.

      2. Les 3 signatures ne sont en rien inférieurs au message qu’elles attestent. Ce sont:
l’Etre absolu en soi-même, par nature; hors du temps et de toute création, mais aussi dans le temps qui enferme notre condition présente; souverain universel dont le trône est inébranlable et la domination éternelle (Ex 3.14, Jean 8.58).
l’Esprit dans sa plénitude absolue (voir 3.1; 4.5; 5.6); on relève le chiffre 7, dans l’Apocalypse, 49 fois (7 x 7)!
Jésus-Christ, sous trois aspects dans le temps, en rapport avec son incarnation.

      L’autorité suprême de la trinité divine suffit-elle à accréditer le message de grâce et de paix à votre conscience et à votre cour?

b) Versets 5b-6: une réponse en 2 mots pour 3 raisons

      Cette 8ème lettre, en effet, est une lettre avec réponse payée par le précieux sang de Christ. Aussi est-ce à lui que monte la reconnaissance de 1’Eglise.

– Celui qui nous aime = un présent permanent, à tout âge de la vie, dans toutes les circonstances, pour tous les temps et sous tous les cieux.

– Il nous a délivré de nos péchés = un passé accompli à la croix une fois pour toute, mais qui prolonge ses effets dans notre présent vécu et jusque dans l’avenir sans fin (notez les 3 temps en vue dans 2 Cor 1.10).

– Il a fait de nous un royaume, des sacrificateurs. A la sortie d’Egypte, Dieu voulait pour lui un peuple entier de rachetés, qui soit un royaume formé de sacrificateurs (Ex 19.6). Mais seul la tribu de Lévi tint ce rôle. Or, dans l’Eglise, ce peuple des rachetés de la nouvelle alliance, ce nouveau royaume, tous sont sacrificateurs (1 Pi 2.9), appelés à offrir des sacrifices spirituels (Héb 13.15) et matériels (Heb 13.16). Pensons-y en pratique, aussi bien pour la louange que pour la bienfaisance.

      A Celui en qui nous avons tout pleinement, l’Eglise apporte la gloire et la force pour l’éternité ! Deux simples mots aussi, mais qui enferment l’expression de la reconnaissance, en retour d’un si grand salut offert à tout pécheur qui se repent et qui croit. Cette louange commence déjà sur la terre, mais elle se prolongera aux siècles des siècles, sans jamais s’épuiser. Cette note finale de la réponse rejoint ainsi la révélation du premier signataire du message: l’Eternel en personne. Quel admirable message et quelle admirable réponse!

Dieu à son Eglise : « grâce et paix à vous »
L’Eglise à son Chef: « à lui gloire et force »!

4. LE BUT

      L’Apocalypse est devenue synonyme de frayeur et d’épouvante. C’est vrai pour ceux qui n’ont pas la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ. C’est le livre des trois malheurs (Apoc 8.13; 9.12; 11.14).

      Mais la « révélation de Jésus-Christ », c’est aussi le livre des sept bonheurs (Apoc 1.3; 14.13; 16.15; 19.9; 20.6; 22.7; 22.14).

      Lire, comprendre, garder le message de cette 5ème lettre, et du livre entier, n’est-ce pas se préparer sagement au temps de l’accomplissement prochain des choses annoncées? Ce temps approche rapidement. Le Seigneur est proche.

      Plus le monde dérive vers le jugement de Dieu, plus aussi se fait pressant l’appel du verset 7: Voici il vient avec les nuées. Plus aussi le but du message est de préparer son peuple au retour du Seigneur. Oui, dans cette attente patiente, confiante et active, la 8ème lettre ouvre magistralement le dernier livre de la Bible, dans lequel on a pu voir la campagne électorale du Roi des rois !

      AMEN; VIENS, SEIGNEUR JESUS (Apoc 22.20).

Jean CHOPARD
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