La grâce de Dieu selon le Nouveau Testament
Vous ne pouvez pas lire les livres du Nouveau Testament sans constater la place importante que le mot « grâce » occupe dans ces écrits. En effet, les différents auteurs l’ont employé 158 fois comme nom et 23 fois dans sa forme verbale. Par contre, le lecteur d’aujourd’hui pourra facilement passer à côté de la richesse de sa signification, en attribuant à ce terme son sens actuel au lieu de le comprendre selon son usage au premier siècle et dans le contexte de la révélation de Dieu.
La grâce, l’amour et la miséricorde de Dieu
Que veut dire « la grâce » de Dieu et quelle relation entretient-elle avec son « amour » et sa « miséricorde » ? Un texte vient à l’esprit qui utilise ces trois mots et peut nous aider à en déceler le sens :
« Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus vivants avec Christ (c’est par grâce que vous êtes sauvés). » (Éph 2.4-5)
Ce passage suggère que l’amour de Dieu est la source de sa miséricorde et de sa grâce. Souvent on définit la miséricorde de Dieu comme son comportement d’amour envers ceux qui souffrent et qui sont dans le besoin. Si le mot « grâce » peut avoir une gamme large de sens, il est très souvent l’expression de l’amour de Dieu dans sa faveur, sa bienfaisance envers ceux qui méritent plutôt sa colère et son jugement.
La grâce précieuse à nos yeux
Un survol de quelques passages bibliques permettra de voir pourquoi la grâce de Dieu est si précieuse pour tous ceux qui ont accepté le salut en Christ.
– La grâce de Dieu est la source de salut pour tous les hommes (Tite 2.11). Ne sous-estimons pas la gravité de nos injustices devant la « sévérité de la justice de Dieu ». Voyant toute une génération de son peuple périr dans le désert, Moïse s’écrie à Dieu : « Qui prend garde à la force de ta colère et à ton courroux ? » (Ps 90.11) Quelle faveur, quelle grâce révèle le Juge de l’univers en offrant le salut à nous qui méritions plutôt un bannissement éternel loin de sa face !
– Elle ne dépend ni de mes mérites ni de mes œuvres (Rom 4.4 ; 11.5-6). Un condamné à mort ne peut pas demander à être relaxé de sa peine en promettant de faire de bonnes œuvres. D’ailleurs, le prophète Ésaïe déclare que, devant Dieu, « toute notre justice est comme un vêtement souillé » (És 64.5). ; le mot hébraïque désigne un linge très repoussant. C’est par pure grâce que notre Dieu nous pardonne et nous accepte comme ses bien-aimés.
– Tous mes dons et mes capacités sont autant de manifestations de la grâce de Dieu (Rom 12.6). Il serait alors très arrogant de me croire supérieur à un autre : « Car qui est-ce qui te distingue ? Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l’avais pas reçu ? » (1 Cor 4.7).
– « Par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis. » (1 Cor 15.10) C’est le constat de Paul lorsqu’il se rappelle comment le Christ l’a appelé pour être son porte-parole alors qu’il s’acharnait auparavant contre Jésus et ses envoyés. Hors la grâce de Dieu, « je suis » une personne égoïste, sans la capacité de faire le bien ou de connaître Dieu, esclave de mauvaises motivations et convoitises. En Christ, et par sa grâce, sa faveur, « je suis » une nouvelle création, déclaré juste, mis à part pour lui, et même glorifié.
– Dieu me l’affirme : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. » (2 Cor 12.9) Quelle promesse merveilleuse… et insolite ! Penser que c’est surtout dans nos difficultés, nos infirmités et nos tracas que Dieu non seulement nous soutient, mais encore montre sa puissance. C’est pour cela que même la souffrance est une grâce : « Il vous a été fait la grâce, par rapport à Christ, non seulement de croire en lui, mais encore de souffrir pour lui. » (Phil 1.29)
La grâce précieuse aux yeux de Dieu
Cependant, si Dieu nous prodigue sa grâce « gratuitement », cela ne signifie pas pour autant qu’elle soit gratuite. Paul nous rappelle combien elle a coûté à notre Seigneur : « Car vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, qui pour vous s’est fait pauvre, de riche qu’il était, afin que par sa pauvreté vous soyez enrichis. » (2 Cor 8.9) Alors, cette grande bienveillance de Dieu et de Jésus doit avoir un impact profond dans notre vie et dans nos attitudes. Considérez le témoignage et les conseils de l’apôtre Paul :
– « Je ne rejette pas la grâce de Dieu ; car si la justice s’obtient par la loi, Christ est donc mort en vain. » (Gal 2.11)
– « Puisque nous travaillons avec Dieu, nous vous exhortons à ne pas recevoir la grâce de Dieu en vain. » (2 Cor 6.1)
– « Sa grâce envers moi n’a pas été vaine ; loin de là, j’ai travaillé plus qu’eux tous, non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. » (1 Cor 15.10)
Ces trois textes nous avertissent du danger de recevoir sa grâce « en vain ». Que voulait dire l’apôtre ? Comment éviter de tomber dans le « panneau » ?
– Les Galates vidaient le sens de la grâce de Dieu en croyant qu’ils arriveraient à être juste devant Dieu par leurs œuvres. Comme les Juifs à Rome, ils avaient du zèle pour Dieu, mais « ne connaissant pas la justice de Dieu, et cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu » (Rom 10.3). Nous évitons cette erreur quand nous nous approprions pleinement cette déclaration : « Christ est la fin de la loi pour la justification de tous ceux qui croient. » (Rom 10.4) Lorsque nous comprenons l’immensité de sa grâce, de sa faveur envers nous.
– Pour les Corinthiens, le danger provient d’une autre attitude, qui pourrait se résumer ainsi : puisque nous sommes sauvés par sa grâce, peu importe notre manière de vivre, nous sommes en sécurité. C’est montrer un comportement indigne de la faveur de Dieu, un cœur ingrat. Le conseil de Paul par la suite indique l’attitude juste (6.4-10) : étant l’objet d’un tel amour et d’une telle grâce de la part de Jésus, puisqu’il est mort pour nous, nous ne pouvons plus vivre pour nous-mêmes, mais pour lui.
– Le témoignage de Paul dans le troisième passage (1 Cor 15) le confirme. Sa gratitude envers son Dieu de grâce le pousse à consacrer toute sa vie et son énergie à l’honorer. De plus, il reconnaît que même ses efforts et sa bonne disposition sont une faveur, une grâce venant de son Maître.
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Oui, la grâce de Dieu est l’expression de son grand amour pour nous. Nous comprenons alors pourquoi la plupart des lettres du N.T. commencent avec un souhait, une prière semblable à celle-ci : « Que la grâce et la paix vous soient multipliées par la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur ! » (2 Pi 1.2)