Dossier: Miraculeux dites-vous ?
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Avoir des songes, le rêve ?

« Dieu parle cependant, tantôt d’une manière, tantôt d’une autre, et l’on n’y prend point garde. Il parle par des songes, par des visions nocturnes, Quand les hommes sont livrés à un profond sommeil, quand ils sont endormis sur leur couche. Alors il leur donne des avertissements et met le sceau à ses instructions, afin de détourner l’homme du mal et de le préserver de l’orgueil, afin de garantir son âme de la fosse et sa vie des coups du glaive. Par la douleur aussi l’homme est repris sur sa couche, quand une lutte continue vient agiter ses os »  (Job 33.14-19).

Les rêves communs

L’interprétation du rêve, édité en 1900, est un texte de Sigmund Freud considéré comme un livre fondateur de la psychanalyse. Pour Freud, le rêve n’est ni dénué de sens, ni surnaturel, mais il consiste à répondre aux désirs « refoulés » dans l’inconscient du rêveur.
La Bible, quant à elle, ne s’attarde pas trop sur la nature des rêves et sur leur signification. On n’y trouvera pas d’encouragement à analyser ses rêves pour être heureux. L’Ecclésiaste dira simplement que « si les songes naissent de la multitude des occupations, la voix de l’insensé se fait entendre dans la multitude des paroles. » Ou encore que « s’il y a des vanités dans la multitude des songes, il y en a aussi dans beaucoup de paroles » (Ecc 5.2 et 6). Les rêves y sont décrits comme la conséquence d’une « décharge » anarchique du cerveau à la suite de nos multiples activités journalières. Le parallèle négatif de ces sentences insiste sur le caractère confus et vain de ces rêves.
Au lieu d’aller chercher en nous-même quels seraient les désirs cachés de notre cœur par l’analyse des rêves, la Bible nous invite plutôt à chercher la sagesse divine pour trouver une vie abondante : « Mon fils, que ces enseignements ne s’éloignent pas de tes yeux, garde la sagesse et la réflexion : elles seront la vie de ton âme » (Pr 3.21-22).

Mais la Bible nous relate des rêves qui viennent directement de Dieu. Qu’en est-il de ces rêves-là ? Les récits de rêves dans l’Ancien Testament

Dans l’Ancien Testament, quatorze songes distincts nous sont rapportés.
On peut classer ces rêves en fonction du moyen de communication utilisé par Dieu.
Dieu parle parfois directement, ou via un ange, à la personne qui rêve (dans cinq cas 1 ). Ces rêves contiennent des avertissements, des recommandations de Dieu sur une conduite à suivre ou encore une promesse prophétique (comme l’échelle de Jacob en Gen 28.12).
Le rêve de Salomon est un peu particulier car Dieu ne se contente pas de communiquer un message, il pose une question (1 Rois 3.5). Salomon y répond, ce qui étonne, puisqu’il dort. Son âme est-elle capable d’interagir avec Dieu dans ce moment, ou bien sa réponse fait-elle partie du rêve envoyé par Dieu ?
Cette deuxième option est aussi possible, car l’Éternel sonde les cœurs et connaît notre réponse avant que nous la prononcions (Ps 139). Dans les neuf autres songes racontés dans l’A.T., le message divin est moins direct, il prend une forme imagée, mêlant des éléments du quotidien avec des situations plus ou moins réalistes ou étonnantes. Il laisse une vive impression sur ceux qui le reçoivent.
Dans chacun de ces récits, l’interprétation du message divin est donnée par un moyen ou un autre. On peut donc se demander l’intérêt pour Dieu de communiquer un message « encodé ». Mais Dieu est souverain et se révèle de la manière la plus appropriée.
Dans plusieurs situations, Dieu parle à des personnes haut placées et ne leur fait pas « l’honneur » de s’adresser à elles sans détour. Cela les humilie et les pousse à demander le secret de l’interprétation à une personne plus humble que Dieu va éclairer. C’est le cas du panetier, de l’échanson et du Pharaon à qui Joseph explique les songes respectifs (Gen 40 et 41).
C’est aussi le cas pour Nebucadnetsar dont les songes prophétiques annonciateurs de jugement sont interprétés par Daniel (la grande statue et le grand arbre en Daniel 2 et 4).
L’usage de ces images a souvent un caractère prophétique, c’est le cas pour Gédéon (gâteau qui roule en Juges 7.13) et pour les deux songes que Joseph fait dans sa jeunesse (les gerbes de blé et les astres en Genèse 37.5-11). L’interprétation de ces derniers est assez facile, puisque les frères et les parents de Joseph se mettent en colère, en comprenant qu’ils devront s’incliner devant Joseph. C’est d’ailleurs en tentant de mettre en échec cette prophétie que les frères de Joseph participent ironiquement à son accomplissement (en le livrant comme esclave à des marchands ismaélites allant en Égypte). La réalisation prophétique prendra cependant son sens définitif bien des années après.

Les dangers des rêves trompeurs

En plus de ces récits, plusieurs passages de la Bible font référence aux songes, avec une connotation principalement négative.
Si en Nombres 12.6, Dieu affirme qu’il parlera aux prophètes par des songes, il met en contraste ce procédé avec sa manière directe de se révéler à Moise, « sans énigme » (v. 8).
En Deutéronome 13.1-5, l’Éternel met en garde contre le piège de faux prophètes qui se serviraient de songes pour égarer le peuple et l’entraîner vers l’idolâtrie. La réalisation du rêve n’est pas une preuve qu’il vient de Dieu. Si le contenu du rêve amène à détourner nos yeux de Dieu en les attirant sur une idole (au sens large), il ne peut pas venir de lui, même s’il vient d’un soi-disant homme de Dieu.
Un deuxième passage sévère à l’égard de ces faux prophètes se trouve en Jérémie 23. Dieu dit à leur propos : « J’ai entendu ce que disent les prophètes qui prophétisent en mon nom le mensonge, disant : J’ai eu un songe ! J’ai eu un songe ! » (v. 25).
Et encore « j’en veux aux prophètes qui prennent leur propre parole et la donnent pour ma parole » (v. 31).
Ces faux pasteurs « tordent les paroles du Dieu vivant » (v. 36), entraînent leurs auditeurs vers des choses futiles (v. 16), promettent la paix à ceux qui méprisent l’Eternel et rassurent ceux qui suivent leurs mauvais penchants (v. 17).
Dans le Nouveau Testament, Jude 8 donne une description complémentaire des faux enseignants : ils sont qualifiés d’hommes « entraînés par leurs rêveries », qui « souillent pareillement leur chair, méprisent l’autorité et injurient les gloires ». Ces faux leaders existent encore aujourd’hui, et l’attrait des foules pour le surnaturel et les discours agréables aux oreilles leur permet de prospérer.
Enfin, nous trouvons en 1 Samuel 28.6,7 le récit de Saül, effrayé par une attaque imminente des Philistins. « Saül consulta l’Éternel ; et l’Éternel ne lui répondit point, ni par des songes, ni par l’urim, ni par les prophètes. » Après avoir été abandonné par Dieu à cause de sa désobéissance (1 Sam 15), Saül tente de se tourner vers l’Éternel par tous les moyens parce qu’il est terrorisé. Paradoxalement, désespéré de ne pas recevoir un songe ou une révélation divine, il en arrive à enfreindre un des interdits les plus graves : « Et Saül dit à ses serviteurs : Cherchez-moi une femme qui évoque les morts, et j’irai la consulter. » Les voyants et astrologues attirent beaucoup encore aujourd’hui (un quart des Français y ont eu recours au moins une fois 2). Si nous ne nous satisfaisons pas des claires révélations bibliques mais que nous cherchons à lever le voile sur notre futur, la Bible nous met clairement en garde contre la tentation de faire appel à ces pratiques occultes (en Deut 18.11-14).

Les rêves dans le Nouveau Testament

On trouve six songes distincts dans le Nouveau Testament. Cinq d’entre eux sont en rapport avec la naissance (ou la jeunesse) de Jésus. Dans ces songes
très clairs, Dieu avertit Joseph successivement : de prendre Marie pour femme, de fuir en Égypte, de revenir en Israël lorsque Hérode est mort mais d’éviter la Judée pour aller en Galilée (Mat 1 et 2). Un des songes est destiné aux mages afin qu’ils changent de chemin et n’avertissent pas Hérode de l’endroit où Jésus est né. Tous ces rêves permettent à Dieu d’influencer le cours de l’histoire pour accomplir son plan du salut en réalisant les prophéties bibliques.
Enfin, le dernier songe mentionné est en rapport avec la mort de Jésus. Lors du « procès », l’épouse de Pilate le prévient qu’elle a beaucoup souffert en songe à cause de Jésus (Mat 27.19). Cela ne suffira pas à arrêter Pilate dans sa volonté de satisfaire la foule en colère.
Notons qu’il existe aussi quelques autres récits de visions nocturnes (Actes 16.9 ; 18.9 p. ex.), où il n’est pas facile de savoir si la personne dormait. La frontière entre ces deux types de communications est donc ténue.
Enfin, un passage important se trouve en Actes 2.14-21, à l’occasion de la Pentecôte. Pierre y annonce un accomplissement, au moins partiel, de la prophétie de Joël 2.28 : « Dans les derniers jours, dit Dieu, je répandrai de mon Esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions, et vos vieillards auront des songes. » Certains pensent qu’à partir de ce moment (début de l’Église), ce verset implique que les chrétiens doivent recevoir beaucoup de songes ou de visions. Cependant, nous pensons que l’accomplissement de cette prophétie est partiel, et qu’il témoigne de l’entrée dans les « derniers jours » après le rejet du Messie. En effet, les versets suivants ont une portée eschatologique clairement à venir (v. 19, 20). Une effusion particulière de l’Esprit se manifestera probablement « sur toute chair », c’est-à-dire sur l’humanité entière, juste avant l’avènement du Seigneur et pendant le millénium.

Dieu peut-il nous parler par des rêves aujourd’hui ?

La bonne question n’est pas de savoir si Dieu peut nous parler par des rêves, mais plutôt s’il le veut.
Bien sûr que Dieu peut parler aujourd’hui par des rêves puisqu’il l’a fait par le passé. On entend d’ailleurs des récits actuels difficilement contestables de musulmans qui se convertissent après un rêve ou une vision de Jésus, les conduisant à aller vers des chrétiens. Ces témoignages viennent confirmer l’universalisme de l’offre du salut annoncé par Joël et cité en Actes 2 (« Je répandrai de mon Esprit sur toute chair »). Dans le magazine Portes Ouvertes 3 de mai 2022, on peut aussi lire le témoignage d’un Colombien, issu d’une tribu animiste. Les gens se moquaient de lui car il était tombé malade alors qu’il venait de se convertir. « Dans un rêve, Dieu lui a parlé et lui a montré qu’il devait ramasser des feuilles et des écorces d’arbres, les faire infuser et les boire. Il a suivi les conseils divins et sa santé s’est améliorée. »
Dieu peut donc utiliser des songes, en particulier dans le but d’amener des gens à le rencontrer.
En revanche, certains pasteurs encouragent leurs auditeurs à rechercher ou à prier Dieu pour qu’il leur envoie des rêves, ou encore qu’ils reçoivent un don d’interprétation. Dans la Bible, nous ne trouvons pas d’exemples de prières à Dieu qui lui imposeraient le moyen désiré pour la réponse. Les personnes qui reçoivent des rêves n’ont rien demandé, parfois elles s’en seraient bien passé ! En général, dans ces récits, l’interprétation n’a d’ailleurs pas tardé à venir, d’une manière ou d’une autre.
D’autres disent que pour savoir si un rêve vient de Dieu, il faut savoir si nous sommes en paix au réveil.
Pourtant, Daniel 7.28 met en échec ce test puisque le prophète se retrouve « extrêmement troublé » jusqu’à « changer de couleur » après sa vision. L’essentiel est plutôt de se demander si ce rêve s’oppose d’une manière ou d’une autre au message biblique, auquel cas il faut le rejeter sans hésiter.
Un verset souvent invoqué à l’appui de la recherche du surnaturel et de la communication divine par les rêves se trouve en Job 33.14-19 (paragraphe
d’en-tête). Le jeune Élihu y explique que Dieu peut transmettre à l’homme de la façon dont il le souhaite.
Deux manières de communiquer à l’homme au repos « sur son lit » sont citées : les songes et la souffrance physique (qui concerne plus directement Job dans le
contexte).
On notera dans ce passage que ces deux types de communication sont utilisés par Dieu comme «  avertissement  », pour «  détourner du mal  », « préserver de l’orgueil » ou « reprendre l’homme ».
Si quelqu’un se vante d’avoir une vie très riche en songes et autres communications « surnaturelles » avec Dieu, cela semble donc opposé à l’objectif des songes (à celui qui est énoncé dans ces versets du moins).
Il faut aussi remarquer que la plupart des songes, comme la plupart des maladies, ne sont pas le signe d’une communication divine. Enfin, bien que Dieu puisse tout à fait utiliser un songe pour adresser un avertissement particulier à un chrétien, nous ne sommes plus aujourd’hui dans la situation d’Élihu.
Nous avons le privilège d’avoir la Bible qui est « vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu’à partager âme et esprit, jointures et moelles ; elle juge les sentiments et les pensées du cœur » (Héb 4.12).
Si Dieu voit la nécessité de nous parler par un songe, il le fera et nous donnera le moyen de comprendre son message. Ce qui est certain, c’est que sa volonté pour nous est claire dans la Bible ; cherchons-y notre nourriture :« Désirez, comme des enfants nouveau-nés, le lait spirituel et pur, afin que par lui vous croissiez pour le salut, si vous avez goûté que le Seigneur est bon » (1 Pi 2.2,3).

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  1. Les cinq rêves de l’A.T. où Dieu s’exprime directement sont ceux d’Abimélec (Gen 20), de Jacob (Gen 28 et 31), de Laban (Gen 31) et de Salomon (1 Rois 3).
  2. Selon une enquête IFOP 2020 disponible sur le lien : https://www.ifop.com/publication/les-francais-et-les-parasciences/
  3. L’association Portes Ouvertes a pour mission de venir en aide aux chrétiens persécutés à cause de leur foi partout dans le monde et de fortifier l’Église dans les pays où elle est opprimée, pour qu’elle puisse vivre pleinement selon la Bible. Plus d’informations sur : https://www.portesouvertes.fr/
Dossier : Miraculeux dites-vous ?
 

Combe Silvain
Silvain Combe est marié et père de deux enfants. Il travaille dans le domaine de l’énergie et s’implique dans son église locale à Grenoble. Passionné par l’étude de la Bible, il étudie notamment la théologie à l’Institut Biblique de Genève à distance.