Dossier: Miraculeux dites-vous ?
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Comment comprendre les miracles de Jésus dans les Évangiles ?

Comme en témoignent les quatre Évangiles, les signes miraculeux étaient un des trois axes essentiels du ministère terrestre de Jésus.
Matthieu 4.23 résume en effet : « Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité parmi le peuple. »

Jésus proclamait la Bonne Nouvelle aux foules, l’enseignait et enfin, il accomplissait des miracles. La question que l’on se pose est celle-ci  : pourquoi Jésus a-t-il accompli autant de miracles  ? Essayons de comprendre la signification, la portée de ces miracles.
Cette question est d’autant plus importante qu’aujourd’hui la poursuite du merveilleux fait partie de ce que recherche la société. J’en veux pour preuve le regain d’intérêt pour la science-fiction et le fantastique, notamment dans le cinéma, avec l’univers DC comics1, Marvel et autres super-héros. Jésus était-il un super-héros qui voulait épater la galerie, un justicier, un défenseur de la veuve et de l’orphelin ? Oui et non ! Faisons ensemble un tour d’horizon.

Jésus faisait des miracles pour révéler qu’il était le Messie attendu

Une étude globale de l’Évangile selon Jean révèle que les douze premiers chapitres sont articulés autour de sept miracles de Jésus, connus parfois comme « les sept signes de Jean ». L’accent est mis sur le fait que les miracles avaient avant tout pour but de montrer qu’il était le Messie attendu. Le 1 er  signe (l’eau changée en vin) par exemple, se conclut par le fait que ses disciples croient en lui (Jean 2.11). Le 4e signe (la multiplication des pains) se conclut avec la foule reconnaissant que «  Celui-ci est vraiment le prophète qui doit venir dans le monde » (Jean 6.14). Il y a ceux qui croient, mais il y a aussi ceux qui ne croient pas.
Il existe en effet une dualité entre ceux qui disent de Jésus qu’il a un démon (Jean 8.48,52), qu’il ne respecte pas la loi (Jean 7.23-24), ou qu’il est fou (Jean 10.19-21, cf. aussi Marc 3.20-23), et ceux qui témoignent, «  ce ne sont pas les paroles d’un démoniaque  ; un démon peut-il ouvrir les yeux des aveugles  ?  »2. En bref, le débat quant aux miracles de Jésus tourne autour de cette question : est-il le Messie qui devait venir ou ne l’est-il pas ? (cf. Jean 7.25-26). Il est clos par la confession de Marthe «  Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir dans le monde » 3 , qui est confirmée par le 7 e signe de Jean, la résurrection de son frère (cf. Jean 11.38-46).
Dans l’Évangile selon Marc nous avons également la confession d’un proche de Jésus en lien avec les miracles que Jésus fait. Marc  8 rapporte une série de miracles, puis Jésus pose cette question « Et vous, leur demanda-t-il, qui dites-vous que je suis  ?  » (Marc  8.29). La réponse de Pierre ne se fait pas attendre : « Tu es le Messie ».
Mais pourquoi Jésus devait-il démontrer qu’il était le Messie qui devait venir en faisant des miracles ?
La  raison est simple  : nombre de prophéties, annonçant la venue de celui qui devait venir (appelé prophète 4 , Messie 5 , serviteur 6 ) mentionnent qu’il sauvera, guérira et fera des miracles. Jésus accomplit donc les prophéties de l’Ancien Testament.
Matthieu fait lui-même ce lien en citant le 4 e chant du serviteur d’Ésaïe 53. « Le soir, on amena auprès de Jésus plusieurs démoniaques. Il chassa les esprits par sa parole, et il guérit tous les malades, afin que s’accomplisse ce qui avait été annoncé par Esaïe, le prophète  : Il a pris nos infirmités, et il s’est chargé de nos maladies.  » 7 Tous ceux qui attendaient le Messie connaissaient ce texte comme en témoigne Jean 7.31 : « Plusieurs parmi la foule crurent en lui, et ils disaient : Le Christ, quand il viendra, fera-t-il plus de miracles que n’en a fait celui-ci ? ». En Luc 4.14-21, Jésus lit la  prophétie d’Ésaïe 61.1-2, parlant de l’ère messianique avec le salut et les miracles qui l’accompagneront et termine en disant  :
«  Aujourd’hui cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, est  accomplie.  » Enfin, quand Jean-Baptiste demande à Jésus une preuve pour savoir s’il était celui qui devait venir, Jésus répond, en citant Ésaïe 53.5-6 et 61.1 : « Aujourd’hui cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, est accomplie » (Luc 7.22), mettant en avant les miracles qu’il accomplit comme l’une des preuves qu’il est bien le Messie.
Le fait que Jésus fasse des miracles est donc un point central de son identité de Messie et se trouvait au cœur des débats de l’époque : pour les uns, une preuve que Jésus était celui qui devait venir, pour les autres, une preuve que Jésus était un usurpateur au service du mal.
Mais est-ce la seule dimension de l’utilisation des miracles par Jésus ? Est-ce qu’il « utilisait » la maladie des gens qui souffraient pour son propre intérêt ?
Peut-on prêter de telles pensées égocentriques à notre Sauveur et Seigneur ?

Jésus guérissait pour témoigner du salut autant physique que spirituel qu’il offrait aux personnes ayant la foi

Dans les prophéties de l’Ancien Testament, le Messie allait faire des signes miraculeux, mais il allait aussi sauver, libérer, apaiser, restaurer 8 .
Les miracles ne sont donc pas le seul signe, le salut par la foi fait également partie de la mission de Jésus. C’est donc un but global, à plusieurs facettes qu’il faut voir là. Jésus avait assurément le souci des personnes dans leur entièreté — corps, âme et esprit — apportant le salut physique mais surtout spirituel dans son amour pour l’être humain.
Un exemple significatif se trouve dans la guérison du paralytique en Marc 2.1-12. Ne pouvant pas entrer dans la maison où Jésus enseignait, ses amis l’introduisent par le toit. Lors du déroulement de la guérison, Jésus pardonne premièrement les péchés du malade puis le guérit physiquement. Jésus connaissait la foi de cet homme et de ses amis, il désirait le guérir complètement, car il l’aimait profondément et était venu pour sauver le monde.
Dans l’épisode précédent, lorsque Jésus guérit un lépreux, il est dit qu’il était rempli de compassion pour lui (Marc 1.41) manifestant un amour authentique qui «  n’utilisait  » pas les malades uniquement pour asseoir son identité de Messie.
Un autre exemple où le salut physique (guérison) et spirituel (paix avec Dieu) sont conjugués, se trouve en Marc 5 qui rapporte le récit de la guérison d’une femme souffrant de saignements depuis 12 ans.
Après l’avoir guérie, Jésus lui déclare : « Ma fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix, et sois guérie de ton mal » (Marc 5.34). Comme elle a eu foi en la personne de Jésus, elle reçoit la paix, le salut de l’âme, en plus de la guérison physique.
À ce stade, non seulement nous pouvons dire que les miracles de Jésus attestaient qu’il était le Messie, mais encore que la foi en ces miracles, en tant que bénéficiaire ou témoin, incluait les autres aspects de la mission de Jésus, à savoir le salut qu’il apporte et pour lequel il allait mourir à la croix 9 . Jésus est le Messie annoncé par les prophètes, il est aussi le sauveur du monde, qui réconcilie ceux qui croient en lui avec le Père Céleste et donne la vie éternelle.

Jésus est particulièrement du côté des laissés pour compte, de ceux qui souffrent

Il est intéressant de constater que la plupart des miracles accomplis par Jésus ont pour bénéficiaires des gens humbles, mal-aimés, pécheurs ou de mauvaise réputation, et non des personnages de l’élite d’Israël. Il y avait sans doute des malades chez les pharisiens, les scribes ou les maîtres de la loi, pourtant Jésus n’est pas allé en priorité vers eux. Luc nous signale que le roi Hérode voulait rencontrer Jésus dans l’espoir de voir des miracles (Luc 23.8). Cela aurait été une chance à ne pas laisser passer que de pouvoir révéler son identité de Messie directement devant la cour du roi. Mais Jésus avait d’autres plans.
Des plans cohérents avec le fait que, tout au long de la Bible, Dieu prend soin du faible, du laissé pour compte et se révèle à ce genre de personnes en premier lieu.
« Il fait droit aux opprimés ; il donne du pain aux affamés ; l’Éternel délivre les captifs ; l’Éternel ouvre les yeux des aveugles ; l’Éternel redresse ceux qui sont courbés ; l’Éternel aime les justes.  L’Éternel protège les étrangers, il soutient l’orphelin et la veuve, mais il renverse la voie des méchants » (Psaume 146.7-9).
Que ce soit Dieu en tant que créateur 10 , les prophéties concernant le Messie ou les actions de Jésus, tout nous parle d’un profond souci de relever, guérir, sauver le faible. Jésus est clair dans sa réponse au sujet de ses intentions : « Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. 11  ».
Luc nous fournit nombre d’exemples que l’on trouve seulement dans son  Évangile, où nous voyons qu’il va à contre-courant de son époque, accueillant ceux qui étaient alors en marge de la société 12 . En voici quelques-uns : les Samaritains étaient vus comme des gens impurs et pourtant Jésus les cite en exemple dans la parabole du Bon Samaritain (Luc 10.30-37) ou dans l’épisode des dix lépreux guéris (Luc 7.11-19).
Les collecteurs d’impôts étaient détestés, pourtant seul Luc parle de Zachée qui devient disciple et rayonne autour de lui (Luc 19.1-10). Les femmes étaient négligées, pourtant Jésus les a traitées d’une manière révolutionnaire pour l’époque. Il a été rempli de compassion pour la veuve qui enterrait son fils unique et l’a ressuscité (Luc 7.11-18). Seul Luc parle de la prophétesse Anne qui loue Dieu pour la naissance de Jésus (Luc 2.36-38). Enfin, Jésus redonne espoir aux pauvres avec la parabole de Lazare et de l’homme riche, dans laquelle le pauvre mendiant va avec Abraham, alors que le riche est séparé (Luc  16.19 -31).
Dans le contexte de ce thème, présent dans l’ensemble de l’Écriture, les miracles de Jésus illustrent concrètement un aspect du cœur de Dieu, à savoir qu’il bat, dans son amour infini, d’une manière toute spéciale pour celui qui est mis de côté, celle qui souffre. Cela ne veut pas dire que Dieu ne prend pas soin de ses enfants qui jouissent d’une situation aisée ou qui sont en position de force. Cela ne veut pas non plus dire que Jésus ne guérissait pas ce type de personnes. Nous avons, par exemple, la guérison du serviteur de l’officier romain en Luc 7.1-10. Cependant « L’Éternel est près de ceux qui ont le cœur brisé, et il sauve ceux qui ont l’esprit dans l’abattement. » (Psaume 34.19).

Conclusion

Pourquoi rechercher les miracles aujourd’hui ? Pour le spectacle ou un bénéfice personnel  ? Ou alors, comme une preuve nouvelle de la puissance de Jésus  ? Pour attester le fait qu’il est le Messie qui devait venir ? Jésus est le plus grand de tous les super-héros, il prend soin de la veuve et de l’orphelin, mais avant tout, il nous offre bien plus qu’une potentielle guérison physique, il nous donne la vie éternelle et la paix avec Dieu.
Les miracles de Jésus sont là pour nous rappeler ces différents aspects. Comme pour les gens de l’époque de Jésus, ils nous poussent à nous positionner vis-à-vis du Messie et à comprendre les implications de ses actes pour notre vie. Ai-je besoin d’un Messie qui me donne une bonne santé, qui me fait voir des choses surnaturelles ou qui m’éblouit à la manière des hommes ? Ou ai-je besoin d’un Sauveur aimant qui s’approche de moi quand ça va mal, qui me relève, qui m’accompagne et me dit simplement : « Je suis là, je prends soin de celui qui a le cœur brisé, fais-moi confiance, je ne te laisserai jamais » ?

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  1.  DC comics est l’une des principales maisons d’édition BD américaines. « DC » signifie « Detective Comics ». Les super-héros Batman, Superman, et Wonder Woman font notamment partie de cet univers.
  2. Voir Jean 9.16 ; 10.19-21,42
  3. Jean 7.40-44 ; 11.27
  4. Deutéronome 18.15 ; Jean 1. 21,25,45-46 ; 6.14 ; Actes 3.22 ; 7.37
  5. Jean 7.40-41
  6. Esaïe 42.1-9 ; 49.1-7 ; 50.4-11 et 52.13 – 53.12
  7. Matthieu 8.16-17 où est cité Esaïe 53.4
  8. Esaïe 42.7 ; 62.2-3 ; Jérémie 23.5-6
  9. G. H. Twelftree, ‘Miracles and Miracle Stories,’ in Dictionary of Jesus and the Gospels, Second Edition, ed. Joel B. Green, Jeannine K. Brown, and Nicholas Perrin (Downers Grove, IL; Nottingham, England: IVP Academic; IVP, 2013) : p. 602.
  10. Proverbes 14.31 dit également : « Exploiter le faible, c’est insulter son créateur, mais faire grâce au pauvre, c’est l’honorer. »
  11. Marc 2.17 ; Luc 5.30-32.
  12. Blomberg Craig L., Jesus and the Gospels: An Introduction and Survey , 2nd ed. (Nashville, TN: B&H Publishing. Group, 2009) : p. 163-165.
Dossier : Miraculeux dites-vous ?
 

Lechot Cédric
Cédric Léchot a travaillé plusieurs années en Indonésie dans le développement agricole. Son fardeau pour l’Asie l’a ensuite conduit en Corée du Sud où il a obtenu un Master of Divinity en études pastorales, orientation missionnaire. Il est marié avec Chanmi, une jeune fille coréenne qu’il a rencontrée lors de ses études. En 2017, on lui a diagnostiqué une spondylarthrite périphérique ce qui l’a amené à réfléchir et à méditer sur ce thème de la souffrance.